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Dr. Uzma Jamil détient un doctorat en sociologie et est actuellement postdoctorante à l’Université de Toronto au Département d’études de sociologie et d’équité en enseignement. Sa recherche porte sur l’impact du contexte de la guerre au terrorisme sur les communautés asiatiques de l’Est et musulmanes de Toronto et de Montréal, se concentrant sur les thèmes des relations sociales et de la négociation de l’identité comme faisant partie du contexte de la société d’accueil au Canada. Elle est aussi membre de l’équipe de recherche et d’intervention transculturelle à l’Université McGill.

Résumé

Bien que les musulmans aient vécu pendant des décennies au Canada, ils sont devenus très visibles aux yeux du public après les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Au cours de la dernière décennie, ils ont subi un contrôle accru, des stéréotypes négatifs et la discrimination en raison de perceptions préexistantes des musulmans comme étant « différents » du reste de la société canadienne, ainsi que les associations négatives de leurs communautés avec la violence et le terrorisme. Basé sur l'analyse préliminaire des données d'une étude de recherche communautaire, ce texte traite de l'islamophobie dans la société de l'Ontario, dans le cadre de l'expérience quotidienne des musulmans vivant à Toronto et la GRT.

Introduction

Les musulmans sont devenus très visibles aux yeux du public depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001. La crainte évoquée par les attaques ont vu s’enflammer à nouveau les perceptions existantes des musulmans comme étant « différents » et ont renforcé le lien perçu entre eux et la violence et le terrorisme (Razack, 2008). Au lieu de s’éteindre au cours de la dernière décennie, la remise en cause de leur appartenance et de leur position en tant que membres de la société et en tant que citoyens a continué, renforcée par des préoccupations à propos du « terrorisme intérieur » issu du cas des 18 de Toronto. Ceci est illustré par une surveillance accrue, des stéréotypes négatifs et les expériences de discrimination rapportées par de nombreux Canadiens musulmans et arabes. Ces expériences sont socialement situées et contextualisées. Bien qu'elles puissent ne pas être la base d'une action juridique, elles représentent un élément important du contexte social dans lequel nous vivons et de la façon dont nous pensons à l'égalité des droits de de la personne pour tous les Canadiens. Ce texte vise à apporter une contribution par une réflexion critique sur la discrimination subie par les musulmans en Ontario dans le cadre d'une discussion sur les droits de la personne et l'avenir de la société canadienne.

Qui sont les musulmans au Canada?

Selon les données de 2010, on compte 940 000 musul-mans au Canada, ce qui représente 2,8 % de la population totale (Pew, 2011). La population musulmane au Canada a augmenté de façon exponentielle au cours des 20 dernières années, principalement grâce à l'immigration. On prévoit une augmentation à 2,7 millions en 2030, ou une projection de 6,6 % de la population totale (Pew, 2011). Selon un sondage Environics sur les musulmans canadiens en 2006, environ 60 % de tous les musulmans au Canada vivent en Ontario (Adams, 2007). Bien que les données du recensement de Statistique Canada soient basées sur le recensement de 2001, elles nous donnent une idée des caractéristiques générales de la population musulmane canadienne et des changements au fil du temps. En 2001, la population musulmane canadienne était de 579 645. La plupart (352 525 d’entre eux) était concentrée en Ontario et près de la moitié (254 110) vivait à Toronto (Statistique Canada, 2003). Environ 85 % de la population musulmane en 2001 se considérait comme une minorité visible (Selby).

Étude de recherche communautaire

Le présent texte s'appuie sur des entretiens menés dans le cadre d’une étude qualitative de recherche communautaire avec des musulmans. L'étude se concentre sur des adultes musulmans de diverses origines raciales, ethniques et économiques et vivant actuellement dans les différents quartiers à Toronto et dans la GRT. Parmi les participants figuraient des personnes qui sont nées et ont grandi au Canada, ainsi que des immigrants qui sont venus au Canada en tant que conjoints ou pour travailler ou étudier. Cette étude se penche sur leurs expériences en tant que musulmans vivant dans le monde de l'après 11 septembre, un contexte socio-politique de guerre contre le terrorisme, mais localement en tant que membres de leurs collectivités et des quartiers de Toronto/GRT, en Ontario et au Canada. Ce texte est issu d’une analyse préliminaire des données. Compte tenu de la diversité des musulmans qui vivent en Ontario, les vues de ces participants à l'étude ne devraient pas être généralisées à toute la population.

L’islamophobie

Dans son usage contemporain, le terme « islamophobie » remonte aux années 1990. Le rapport britannique Runnymede de 1997, intitulé Islamophobia : A Challenge for Us All, définit l'islamophobie comme « la crainte, la haine, l'hostilité envers l'islam et les musulmans perpétrées par une série de vues fermées qui impliquent et attribuent des stéréotypes et croyances négatifs et désobligeants aux musulmans » (Kalin, 2011, p. 8). Après le 11 septembre, le terme a été utilisé dans un rapport de 2002 publié par l'Observatoire européen sur le racisme et la xéno- phobie (EUMC) documentant les incidents de violence et de discrimination contre les musulmans en Europe (Cesari, 2011, p. 21). Bien que contesté, le terme en est venu à désigner à la fois les sentiments antimusulmans (contre le groupe de personnes) et anti-Islam (contre la religion). Ceux-ci peuvent se chevaucher avec le racisme, la xénophobie, l'anti-religion et l’anti-immigration (Cesari, 2011, p. 24). L'islamophobie ne découle pas seulement des événements du 11 septembre, mais fait partie des manières préexistantes dont les musulmans sont perçus comme étant « différents » de la société dans son ensemble.

L’islamophobie au Canada

Les enquêtes communautaires, les groupes de discussion et les sondages indiquent que de nombreux musulmans estiment qu'il y a discrimination à leur égard au Canada depuis le 11 septembre (Helly, 2004 ; CAIR-CAN, 2002 ; Adams, 2007). Dans la population générale, un récent sondage effectué par Ipsos Reid a révélé que 60 % des personnes interrogées ont estimé que la discrimination contre les musulmans a augmenté par rapport à il y a dix ans (Chung, 2011). Dans une autre étude menée par l'Association d'études canadiennes en 2011, moins de la moitié, soit 43 pour cent des 2 345 personnes interrogées, ont exprimé des perceptions « très positives » ou « plutôt positives » des musulmans (Boswell, 2011). Des incidents tels que le cas Kadri, où une femme musulmane portant le niqab a été attaquée dans un centre d’achat de Mississauga (CBC News, 2011) ne font que souligner l'hostilité envers les musulmans dans la société canadienne. Alors que les médias couvrent souvent les cas les plus éminents, l'islamophobie peut prendre des formes beaucoup plus subtiles qui s’expriment dans les façons dont les gens se comportent avec les musulmans dans leurs lieux de travail et dans la société. Sans minimiser la gravité des cas qui sont dans les médias, ce texte met l'accent sur les formes subtiles comme moyen d'élargir et de contextualiser la façon dont l'islamophobie est présente dans la société ontarienne.

Résultats

Comme musulmans canadiens vivant en Ontario, la plupart des répondants ont exprimé des opinions positives sur leurs droits et libertés de pratiquer leurs croyances religieuses. Ils considéraient ceci comme un élément important de l'identité canadienne. Alors que certains ont mentionné en particulier les dispositions de la Charte canadienne ou du Code ontarien des droits de la personne qui protègent leurs droits religieux, la plupart des gens parlaient de ce sujet de façon générale. Quant aux politiques scolaires sur les accommodements religieux pour les étudiants musulmans impliquant les fêtes religieuses, le jeûne et les prières, les gens ont aussi une opinion positive au sujet des dispositions actuelles. Certains des répondants étaient des gens ayant oeuvré, depuis les 10 ou 15 dernières années, au sein du Toronto District School Board (TDSB) comme enseignants, éducateurs ou administrateurs et qui avaient travaillé à la création et à la mise en oeuvre de ces politiques.

En dépit de ces points de vue positifs sur l'application des lois et des politiques, les répondants estimaient qu'il y avait beaucoup d’attitudes sociales et de perceptions négatives au sujet de l'islam et des musulmans dans la société canadienne. Beaucoup ont parlé de la prédominance des perceptions négatives des musulmans et de leur association avec la violence et le terrorisme. Ils croient que l'ignorance des gens et ces opinions négatives ont alimenté la perception que la communauté musulmane, dans son ensemble, était la même. « Malheureusement, ce qui tend à être, tout le monde est mis dans le même sac, comme le dit le vieil adage. N’est-ce pas ? », a déclaré une femme musulmane âgée dans la soixantaine qui vit à Toronto. En outre, les musulmans estiment qu'ils sont considérés comme collectivement responsables d’expliquer ou de justifier les différences entre eux et les terroristes/la violence s’ils veulent contester ces hypothèses. Il s'agit d'un acte de conciliation, comme une femme musulmane dans la trentaine, de Mississauga, l’a déclaré : « Donc, de devoir expliquer leurs comportements ou leurs choix est - je ne dirai pas que ce n'est pas juste, mais c’est ce que c’est. Mais [...] vous avez presque à expliquer aux gens que vous êtes différent. »

Le fait d’être « différent » a été vécu de façon plus concrète par les femmes musulmanes qui portent le hijab. Bien que la plupart des femmes portant le hijab n’aient pas vécu d’expériences négatives, quelques-unes ont été des cibles de commentaires négatifs dans les espaces publics. Dans un exemple, une jeune femme musulmane dans la trentaine a demandé des renseignements dans le train à des compagnons de voyage, un homme et une femme blancs d’âge moyen. La femme a commencé à crier et à faire des commentaires négatifs sur les musulmans. Bien que son mari semblait s'excuser, il ne dit rien pour l'arrêter. Dans un autre cas, une femme blanche âgée dans un centre commercial a dit à une femme musulmane (dans la quarantaine) à « retourner d'où tu viens ».

Les répondants se sont également sentis « différents » par le fait de vivre avec un sentiment de contrôle collectif qui a engendré un sentiment de conscience de soi. Les participants à l'étude étaient conscients de la façon dont leurs actions et leurs paroles comme individus seraient perçues par d'autres qui ont déjà des opinions négatives au sujet de leurs communautés. Cela peut avoir un effet troublant pouvant mener au silence. Une femme musulmane dans la trentaine travaillant dans une école secondaire publique à Mississauga a donné l’exemple d'être dans une réunion du personnel, où certains de ses collègues plaisantaient au sujet d'un étudiant musulman dans leur classe, en disant : « Je me demande si c'est un terroriste. » Elle voulait dire quelque chose, mais elle était mal à l'aise de les confronter. « C'était comme cette épée à double tranchant où je veux parler, parce que je veux leur dire qu'ils ont tort. Mais c'est en fait assez difficile de modifier leurs perceptions. » Elle avait également peur que si elle parlait, ils l’auraient associée avec le terrorisme elle aussi. « Je me sens mal à l'aise parce que, est-ce que cela veut dire que vous supportez, si vous défendez ? Supportez-vous le terrorisme, vous savez ? » Un autre répondant, un homme musulman d'origine pakistanaise qui travaille pour le gouvernement provincial en fait état de manière beaucoup plus succincte. « Une personne de race blanche peut dire une chose. Mais si une personne de couleur brune ou un musulman dit la même chose, ce sera pris dans un contexte différent. »

Son commentaire souligne un autre thème qui a émergé des entretiens avec les participants. Les sentiments antimusulmans étaient parfois mélangés avec les préjugés anti-immigrants et/ou à base raciale et ethnique. Un répondant, une institutrice musulmane de Toronto, a porté un shalwar kameez à l'école un jour dans le cadre d'un projet de classe sur l'Inde. Un autre professeur a fait un commentaire négatif, la comparant aux femmes immigrantes de l’Asie du Sud. « Euh ! Vous avez l'air tout comme eux ! Comme un beau costume et des baskets de merde [souliers de course]. Voilà comment ils vont faire du shopping, vous savez. » En racontant l'incident à l'intervieweur, la participante a dit, « Je pense qu'elle [l'enseignante] voulait dire quiconque portant un shalwar kameez. Et des souliers de course. Ainsi, elle aurait pu cibler les musulmans, mais je pense que c'était probablement les immigrants. Et je lui ai dit, bien, je suis musulmane. Et je porte souvent un shalwar kameez. » En fait, la répondante était une femme blanche musulmane mariée à un homme d’Asie du Sud. Le commentaire de l'enseignante illustre le chevauchement des catégories de la religion, la race, le sexe et l'origine ethnique dans la perception singulière négative d'un musulman.

L'une des conséquences d'être considéré comme « différent » était un sentiment de non appartenance. Bien que certains participants à l'étude qui étaient des immigrants au Canada ont estimé qu'ils seraient toujours perçus comme n’appartenant pas tout à fait à la société canadienne, d'autres participants qui sont nés et ont grandi ici ressentent la même chose, sur la base des perceptions de la société à leur sujet. « C’est malheureux que les gens ne nous voient pas comme des Canadiens. Parce que nous sommes une minorité visible », a déclaré une femme de 32 ans, une musulmane d'origine sud-asiatique vivant à Mississauga. Un autre participant à l'étude, une jeune femme musulmane dans la vingtaine, qui est née et a grandi au Canada et vit actuellement à Markham, s’inquiète à propos du fait que sa jeune fille aura à faire face aux commentaires et critiques sur les musulmans dans la société lorsqu’elle sera plus âgée. Elle craint que sa fille sera toujours perçue négativement comme « n’appartenant pas », en dépit d'être une Canadienne musulmane de deuxième génération. Sa préoccupation soulève des questions sur les effets intergénérationnels du contexte social actuel pour les musulmans.

En réponse à l'islamophobie dans la société canadienne, beaucoup de gens parlaient de l'importance de se présenter en tant qu’individus et communautés, et en tant que Canadiens et musulmans, de manière positive dans leurs interactions sociales quotidiennes. Ils ont souligné être impliqués et engagés avec d'autres groupes et communautés, prenant l’occasion de parler et de dissiper les stéréotypes à travers leurs actions en tant qu'individus. La plupart d'entre eux sont très impliqués dans leurs communautés locales actuellement, certains dans le travail interreligieux, certains avec des groupes locaux de bénévoles, et d'autres à travers leurs rôles professionnels comme éducateurs. Comme une femme musulmane l'a affirmé, « C'est pourquoi vous devez sortir et vous devez prendre la parole et vous devez parler. Et ces gens qui peuvent écrire doivent écrire. Et dire, seulement le fait d’être musulman ne fait pas de moi un terroriste. Tout simplement parce que je suis une femme, cela ne veut pas dire que je suis une musulmane qui ne peut pas parler.

Implications et conclusion

Les résultats préliminaires de cette étude communautaire montrent que les attitudes sociales et perceptions islamophobes sont présentes dans la société ontarienne à bien des égards, et ne sont pas toujours sur la scène médiatique. Les implications sociales de ces résultats sont inquiétantes, car elles peuvent contribuer au silence, à la marginalisation ou à l'exclusion des musulmans canadiens, s’ils sont considérés comme n’appartenant pas tout à fait ou s’ils ont toujours à se justifier et à s’expliquer d'une manière que les autres Canadiens n’ont pas à faire. En outre, bien que la confusion de la catégorie musulman avec minorité raciale et/ou immigré puisse refléter des changements sociodémographiques dans la société canadienne, elle reflète également la manière dont les différents types de discrimination peuvent se chevaucher. Cela renforce une vision négative des musulmans canadiens, ce qui conduit à des divisions sociales qui sont préjudiciables à la cohésion sociale.

Sur la base de ces résultats préliminaires, plusieurs suggestions pour la lutte contre la discrimination antimusulmane dans la société ontarienne peuvent être mises de l’avant. Premièrement, le gouvernement devrait continuer à soutenir la protection des droits et des libertés religieuses des musulmans canadiens en vertu de la loi. Deuxièmement, dans le domaine de l'éducation, il est important pour les écoles et pour le gouvernement de l'Ontario de continuer à soutenir l’éducation à la diversité et à l'équité, y compris l'embauche d'enseignants et d’éducateurs musulmans qui reflètent le nombre croissant d’écoliers canadiens musulmans. Cela peut aussi aider à contrer les effets négatifs sur les générations futures. Enfin, afin de contrer les perceptions négatives des musulmans canadiens comme groupe minoritaire distinct, il est important de soutenir les initiatives intercommunautaires qui favorisent de meilleures relations sociales entre tous les Canadiens et qui bâtissent la cohésion sociale.


Références

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