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9. Maladie mentale, dépendances et motifs intersectants du Code

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Un sujet important abordé au cours de la consultation a été de savoir où se trouvent les intersections de l’identité d’une personne, fondée sur des troubles mentaux ou une dépendance, et d’autres aspects de son identité liés au Code (comme la race, le sexe ou l’âge), qui peuvent être la base de formes uniques ou distinctes de discrimination. On nous a dit qu’il était beaucoup plus difficile d’obtenir un emploi, un logement ou des services en raison de la discrimination fondée sur deux motifs prévus au Code ou plus. Par exemple, nous avons appris que les jeunes Canadiens d’origine africaine ayant un trouble psychique ont plus de difficulté à trouver un logement en raison de stéréotypes liés à la race, à l’âge, au sexe et à un handicap.

Beaucoup d’intervenants ont parlé des conséquences de la discrimination, du harcèlement ou des stéréotypes négatifs sur la santé mentale d’une personne. Ils ont souligné les impacts systémiques profonds – notamment sur la santé physique et mentale – de la discrimination de longue date et de l’exclusion sociale sur les communautés marginalisées. Selon l’Organisation mondiale de la santé :

La vulnérabilité peut conduire à une mauvaise santé mentale. La stigmatisation et la marginalisation engendrent une mauvaise estime de soi, une faible confiance en soi et une perte de motivation et d’espoir pour l’avenir. En outre, la stigmatisation et la marginalisation peuvent mener à l’isolement, qui est un facteur de risque important pour les troubles mentaux futurs. L’exposition à la violence et aux mauvais traitements peut entraîner de graves problèmes de santé mentale, notamment la dépression, l’anxiété, des troubles psychosomatiques et une toxicomanie. De même, la santé mentale est affectée négativement lorsque l’on bafoue les droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux ou quand les gens sont tenus à l’écart des études ou des occasions de tirer un revenu[52].

L’Empowerment Council – un regroupement d’usagers et d’ex-usagers du Centre de toxicomanie et de santé mentale – a souligné l’importance de tenir compte des déterminants sociaux de la santé pour mettre de l’avant une approche fondée sur les droits de la personne. Les déterminants sociaux de la santé expliquent en partie comment les inégalités dans les facteurs sociaux affectent la santé mentale. Ces déterminants comprennent le logement, les soins de santé, la sécurité alimentaire, le sexe, le pays d’origine, l’exposition à la discrimination et au racisme, et l’éducation[53].

On nous a dit qu’il était très difficile d’obtenir des soins de santé et des services de soutien appropriés comprenant des services adaptés sur le plan culturel – c’est-à-dire qui respectent les besoins propres des différentes communautés desservies et y répondent[54]. Les services sont souvent conçus en fonction de modèles généraux qui ne tiennent pas compte des communautés marginalisées ou des différences culturelles dans les perspectives, cadres et définitions de la santé mentale[55]. Cela peut faire en sorte que des organisations pratiquent une discrimination non intentionnelle à l’endroit de membres de communautés immigrantes et racialisées, d’Autochtones, de personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles et transgenre, et d’autres personnes protégées par l’inclusion de motifs dans le Code. Il se peut que les services aient des politiques, des procédures et des pratiques décisionnelles exclusives et une culture organisationnelle qui n’est pas inclusive.

Selon l’Ontario Federation of Indian Friendship Centres (OFIFC), un manque de services culturellement appropriés peut mener à des soins de moins bonne qualité, et ainsi contribuer indirectement à la détérioration de la santé mentale. Le stéréotypage racial ou une compréhension déficiente des cultures et communautés particulières au cours de l’admission et de l’évaluation peut entraîner un diagnostic erroné, un diagnostic défaillant ou un traitement de mauvaise qualité des gens de communautés racialisées[56].

On nous a présenté plusieurs cas de traitement différent en raison d’un manque de compétence culturelle. Nous avons entendu que les personnes gaies, lesbiennes et bisexuelles peuvent trouver difficile de divulguer leur orientation sexuelle dans les hôpitaux et programmes de soins psychiatriques en raison d’un environnement non inclusif. Cela peut décourager les gens d’utiliser ces services. Une femme autochtone a déclaré que des médecins n’ont pas tenu compte de sa préférence pour les médicaments propres aux Autochtones et les médecines alternatives. Elle n’est pas retournée les voir et a eu peu de choix de soins alternatifs.

Le représentant d’un organisme francophone à Ottawa a déclaré que, au lieu de fournir des services en français ou de mettre un interprète à leur disposition, certains fournisseurs de services anglophones peuvent voir les clients francophones comme ayant une capacité réduite de communiquer leurs volontés, et ils cherchent quelqu’un pour agir ou parler en leur nom, par exemple, par procuration.

Sauf pour [un organisme communautaire en santé mentale], qui n’est pas couvert par le RAMO, [les conseillers en santé mentale] que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant ont très peu de connaissances ou sont très peu disposés à composer avec la sexualité (gaie), et lorsque la question raciale entre en jeu, leurs connaissances étaient étonnamment faibles. Je recherche toujours un professionnel de santé qui pourrait ou qui voudrait vraiment comprendre les intersections de questions (de race, de sexe ou celles qui touchent les nouveaux arrivants) en counselling!

            – Participant(e) au sondage

Nous avons également entendu que des gens ont été la cible de harcèlement ou de commentaires discriminatoires fondés sur des motifs prévus au Code au sein de services.


 

[52] Organisation mondiale de la santé, Mental Health and Development: Targeting People with Mental Health Conditions as a Vulnerable Group, 2010. Accessible en ligne : Organisation mondiale de la santé, www.who.int/mental_health/policy/mhtargeting/en/index.html, p. xxv- xxvi.

[53] Organisation mondiale de la santé, WHO Resource Book on Mental Health, Human Rights and Legislation, Genève, Organisation mondiale de la santé, 2005, cité dans Fédération des programmes communautaires de santé mentale et de traitement des toxicomanies de l’Ontario, Embracing Cultural Competence in the Mental Health and Addiction System, juin 2009. Accessible en ligne : OFCMHAP www.ofcmhap.on.ca/sites/ofcmhap.on.ca/files/CulturalCompetwCp. 10020(4).pdf, p. 24; Juha Mikkonen et Dennis Raphael, Social Determinants of Health: The Canadian Facts, Toronto, York University School of Health Policy and Management, 2010. Accessible en ligne : The Canadian Facts, www.thecanadianfacts.org/The_Canadian_Facts.pdf, p. 9; Groupe de travail sur la diversité de la Commission de la santé mentale du Canada, Améliorer les services en santé mentale pour les immigrants, les réfugiés et les groupes ethnoculturels ou racialisés – Enjeux et options pour l’amélioration des services, le 12 novembre 2009. Accessible en ligne : Commission de la santé mentale du Canada, http://www.mentalhealthcommission.ca/SiteCollectionDocuments/News/fr/frIO.pdf, p. 16.

[54] Bien que les définitions varient, on entend en partie par « compétence culturelle » « le niveau de compétences fondées sur des connaissances requises pour la prestation de services significatifs, coopératifs et respectueux aux clients de divers groupes marginalisés de la société ». Les principes fondamentaux de la compétence culturelle englobent l’inclusivité, la santé holistique, l’opposition à l’oppression et l’appréciation de la diversité. Zine, en cours, cité par Fédération des programmes communautaires de santé mentale et de traitement des toxicomanies de l’Ontario, Embracing Cultural Competence in the Mental Health and Addiction System, juin 2009. Accessible en ligne : Fédération des programmes communautaires de santé mentale et de traitement des toxicomanies de l’Ontario, www.ofcmhap.on.ca/sites/ofcmhap.on.ca/files/CulturalCompetwCp. 10020(4).pdf, p. 22.

[55] Kwasi Kafele, La discrimination raciale et la santé mentale: les communautés racialisées et autochtones, décembre 2004, Mémoire présenté au Colloque sur la politique raciale de la CODP. Accessible en ligne : CODP http://www.ohrc.on.ca/fr/la-discrimination-raciale-et-la-santp. 100C3p. 100A9-mentale-les-communautp. 100C3p. 100A9s-racialisp. 100C3p. 100A9es-et-autochtones, à 13.

[56] Kwasi Kafele, Racism and Mental Health: A compendium of Issues, Impact and Possibilities, 2006. Ressource fournie à la CODP.

 

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