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5. Utilisation du langage

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Le langage est indicateur du climat social et politique actuel pour les personnes handicapées. Nous avons entendu que les termes utilisés peuvent perpétuer les iniquités ou promouvoir l’acceptation et l’inclusion. L’ARCH Disability Law Centre (ARCH) nous a dit que, « au-delà des idéologies particulières reflétées, le langage peut transformer la façon dont nous conceptualisons la santé mentale. »

Les termes décrivant les personnes aux prises avec des troubles mentaux ont évolué en fonction des progrès médicaux, des expériences des gens avec le système de soins psychiatriques et du militantisme rattaché au mouvement pour les droits civiques des ex-patients opposés à la psychiatrie[19].Le modèle médical suppose que les préoccupations pour la santé mentale se trouvent dans la personne et peuvent être surmontées par des experts médicaux qui évalueraient et tenteraient de « corriger » la déficience menant au handicap[20]. Lors de notre consultation, beaucoup de gens ont refusé d’être définis en fonction d’un trouble médical ou en relation avec le système de soins psychiatriques, parce que cela ne capture pas leur expérience comme personne à part entière. Bien qu’elles aient été nombreuses à utiliser un langage médical pour décrire leur handicap, certaines personnes ont jugé que les étiquettes médicales faisaient d’elles des victimes.

Certains participants ne se sont pas identifiés comme ayant un handicap ou un trouble psychique. Cela est attribuable en partie au fait qu’ils n’ont pas eu à surmonter d’obstacle leur ayant nui. Ils ne se reconnaissent pas dans l’étiquette. Ils croyaient que la description sous-entendait qu’ils ont une maladie chronique, qui leur a enlevé tout espoir, ou ils ont rejeté d’emblée le concept de « maladie mentale ».

J’ai fait l’objet d’un diagnostic, mais je ne me considère pas handicapé. La personne à côté de moi pourrait recevoir le même diagnostic et être handicapée. À quel point s’agit-il d’un handicap? – Représentant(e) de l’Ontario Peer Development Initiative (OPDI)

Au cours de notre consultation en 2009, on nous a dit que les termes utilisés devraient :

  • tenir compte des instruments domestiques et internationaux protégeant les droits fondamentaux des personnes handicapées
  • susciter l’approbation des personnes qui peuvent chercher à se faire traiter ou non
  • être ceux qu’utilise le mouvement des usagers/survivants
  • traduire une approche sociale plutôt que médicale au handicap
  • mettre en valeur la santé (au lieu d’insister sur la déficience).

Au cours de notre consultation, des gens se sont identifiés de nombreuses façons différentes. Le débat persiste sur la meilleure façon de décrire les personnes aux prises avec des troubles mentaux ou des dépendances[21]. Après consultation avec les groupes de personnes handicapées, le gouvernement canadien a recommandé d’utiliser le terme « personne ayant un problème de santé mentale »[22].

À l’échelle internationale et dans la documentation universitaire, le terme « handicap psychosocial » est de plus en plus accepté. Le World Network of Users and Survivors of Psychiatry (WNUSP) a adopté ce terme pour se distancier d’un modèle de pathologie individuelle, en soulignant que :

La composante psychologique se réfère à des façons de penser et de traiter nos expériences et notre perception du monde qui nous entoure. La composante sociale et culturelle se réfère aux limites sociales et culturelles aux comportements qui interagissent avec ces différences psychologiques ou cette folie, ainsi qu’à la stigmatisation que la société rattache à nous étiqueter comme personnes handicapées.[23]

Ce terme est compatible avec une approche sociale ou orientée sur les droits de la personne au handicap.

En tenant compte de ces principes, nous ferons référence aux personnes consultées dans les termes qu’elles ont utilisés pour se décrire elles-mêmes. Pour identifier les gens en tant que groupe, nous utiliserons les termes «  troubles mentaux », « problèmes de santé mentale », « troubles psychiques » et « usagers/survivants ». Nous parlerons également de « dépendances » et de « personnes aux prises avec des dépendances », et nous utiliserons le terme « handicaps psychosociaux » pour parler à la fois des troubles mentaux et des dépendances.


 

[19] Geoffrey Reaume, « Lunatic to patient to person: Nomenclature in psychiatric history and the influence of patients’ activism in North America », Int. J. of Law and Psychiatry, vol. 25, 2002, p. 405.

[20] Commission du droit de l’Ontario, supra note 8, à 16.

[21] Geoffrey Reaume, supra note 19.

[22] Ressources humaines et Développement des compétences Canada, Le pouvoir des mots et des images : Conseils généraux pour mieux représenter les personnes handicapées, Ottawa, Sa Majesté la Reine en Droit du Canada, 2006, p. 11.

[23] World Network of Users and Survivors of Psychiatry, Implementation Manual for the United Nations Convention for the Rights of Persons with Disabilities, février 2008. Accessible en ligne : World Network of Users and Survivors of Psychiatry. www.wnusp.net/UnitedNations_MMtmp03630c55/UnitedNationsConventionfortheRightsofPersonswithDisabilities.htm, à 9.

 

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