9. Maladie mentale, dépendances et motifs intersectants du Code

Un sujet important abordé au cours de la consultation a été de savoir où se trouvent les intersections de l’identité d’une personne, fondée sur des troubles mentaux ou une dépendance, et d’autres aspects de son identité liés au Code (comme la race, le sexe ou l’âge), qui peuvent être la base de formes uniques ou distinctes de discrimination. On nous a dit qu’il était beaucoup plus difficile d’obtenir un emploi, un logement ou des services en raison de la discrimination fondée sur deux motifs prévus au Code ou plus. Par exemple, nous avons appris que les jeunes Canadiens d’origine africaine ayant un trouble psychique ont plus de difficulté à trouver un logement en raison de stéréotypes liés à la race, à l’âge, au sexe et à un handicap.

Beaucoup d’intervenants ont parlé des conséquences de la discrimination, du harcèlement ou des stéréotypes négatifs sur la santé mentale d’une personne. Ils ont souligné les impacts systémiques profonds – notamment sur la santé physique et mentale – de la discrimination de longue date et de l’exclusion sociale sur les communautés marginalisées. Selon l’Organisation mondiale de la santé :

La vulnérabilité peut conduire à une mauvaise santé mentale. La stigmatisation et la marginalisation engendrent une mauvaise estime de soi, une faible confiance en soi et une perte de motivation et d’espoir pour l’avenir. En outre, la stigmatisation et la marginalisation peuvent mener à l’isolement, qui est un facteur de risque important pour les troubles mentaux futurs. L’exposition à la violence et aux mauvais traitements peut entraîner de graves problèmes de santé mentale, notamment la dépression, l’anxiété, des troubles psychosomatiques et une toxicomanie. De même, la santé mentale est affectée négativement lorsque l’on bafoue les droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux ou quand les gens sont tenus à l’écart des études ou des occasions de tirer un revenu[52].

L’Empowerment Council – un regroupement d’usagers et d’ex-usagers du Centre de toxicomanie et de santé mentale – a souligné l’importance de tenir compte des déterminants sociaux de la santé pour mettre de l’avant une approche fondée sur les droits de la personne. Les déterminants sociaux de la santé expliquent en partie comment les inégalités dans les facteurs sociaux affectent la santé mentale. Ces déterminants comprennent le logement, les soins de santé, la sécurité alimentaire, le sexe, le pays d’origine, l’exposition à la discrimination et au racisme, et l’éducation[53].

On nous a dit qu’il était très difficile d’obtenir des soins de santé et des services de soutien appropriés comprenant des services adaptés sur le plan culturel – c’est-à-dire qui respectent les besoins propres des différentes communautés desservies et y répondent[54]. Les services sont souvent conçus en fonction de modèles généraux qui ne tiennent pas compte des communautés marginalisées ou des différences culturelles dans les perspectives, cadres et définitions de la santé mentale[55]. Cela peut faire en sorte que des organisations pratiquent une discrimination non intentionnelle à l’endroit de membres de communautés immigrantes et racialisées, d’Autochtones, de personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles et transgenre, et d’autres personnes protégées par l’inclusion de motifs dans le Code. Il se peut que les services aient des politiques, des procédures et des pratiques décisionnelles exclusives et une culture organisationnelle qui n’est pas inclusive.

Selon l’Ontario Federation of Indian Friendship Centres (OFIFC), un manque de services culturellement appropriés peut mener à des soins de moins bonne qualité, et ainsi contribuer indirectement à la détérioration de la santé mentale. Le stéréotypage racial ou une compréhension déficiente des cultures et communautés particulières au cours de l’admission et de l’évaluation peut entraîner un diagnostic erroné, un diagnostic défaillant ou un traitement de mauvaise qualité des gens de communautés racialisées[56].

On nous a présenté plusieurs cas de traitement différent en raison d’un manque de compétence culturelle. Nous avons entendu que les personnes gaies, lesbiennes et bisexuelles peuvent trouver difficile de divulguer leur orientation sexuelle dans les hôpitaux et programmes de soins psychiatriques en raison d’un environnement non inclusif. Cela peut décourager les gens d’utiliser ces services. Une femme autochtone a déclaré que des médecins n’ont pas tenu compte de sa préférence pour les médicaments propres aux Autochtones et les médecines alternatives. Elle n’est pas retournée les voir et a eu peu de choix de soins alternatifs.

Le représentant d’un organisme francophone à Ottawa a déclaré que, au lieu de fournir des services en français ou de mettre un interprète à leur disposition, certains fournisseurs de services anglophones peuvent voir les clients francophones comme ayant une capacité réduite de communiquer leurs volontés, et ils cherchent quelqu’un pour agir ou parler en leur nom, par exemple, par procuration.

Sauf pour [un organisme communautaire en santé mentale], qui n’est pas couvert par le RAMO, [les conseillers en santé mentale] que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant ont très peu de connaissances ou sont très peu disposés à composer avec la sexualité (gaie), et lorsque la question raciale entre en jeu, leurs connaissances étaient étonnamment faibles. Je recherche toujours un professionnel de santé qui pourrait ou qui voudrait vraiment comprendre les intersections de questions (de race, de sexe ou celles qui touchent les nouveaux arrivants) en counselling!

            – Participant(e) au sondage

Nous avons également entendu que des gens ont été la cible de harcèlement ou de commentaires discriminatoires fondés sur des motifs prévus au Code au sein de services.


 

[52] Organisation mondiale de la santé, Mental Health and Development: Targeting People with Mental Health Conditions as a Vulnerable Group, 2010. Accessible en ligne : Organisation mondiale de la santé, www.who.int/mental_health/policy/mhtargeting/en/index.html, p. xxv- xxvi.

[53] Organisation mondiale de la santé, WHO Resource Book on Mental Health, Human Rights and Legislation, Genève, Organisation mondiale de la santé, 2005, cité dans Fédération des programmes communautaires de santé mentale et de traitement des toxicomanies de l’Ontario, Embracing Cultural Competence in the Mental Health and Addiction System, juin 2009. Accessible en ligne : OFCMHAP www.ofcmhap.on.ca/sites/ofcmhap.on.ca/files/CulturalCompetwCp. 10020(4).pdf, p. 24; Juha Mikkonen et Dennis Raphael, Social Determinants of Health: The Canadian Facts, Toronto, York University School of Health Policy and Management, 2010. Accessible en ligne : The Canadian Facts, www.thecanadianfacts.org/The_Canadian_Facts.pdf, p. 9; Groupe de travail sur la diversité de la Commission de la santé mentale du Canada, Améliorer les services en santé mentale pour les immigrants, les réfugiés et les groupes ethnoculturels ou racialisés – Enjeux et options pour l’amélioration des services, le 12 novembre 2009. Accessible en ligne : Commission de la santé mentale du Canada, http://www.mentalhealthcommission.ca/SiteCollectionDocuments/News/fr/frIO.pdf, p. 16.

[54] Bien que les définitions varient, on entend en partie par « compétence culturelle » « le niveau de compétences fondées sur des connaissances requises pour la prestation de services significatifs, coopératifs et respectueux aux clients de divers groupes marginalisés de la société ». Les principes fondamentaux de la compétence culturelle englobent l’inclusivité, la santé holistique, l’opposition à l’oppression et l’appréciation de la diversité. Zine, en cours, cité par Fédération des programmes communautaires de santé mentale et de traitement des toxicomanies de l’Ontario, Embracing Cultural Competence in the Mental Health and Addiction System, juin 2009. Accessible en ligne : Fédération des programmes communautaires de santé mentale et de traitement des toxicomanies de l’Ontario, www.ofcmhap.on.ca/sites/ofcmhap.on.ca/files/CulturalCompetwCp. 10020(4).pdf, p. 22.

[55] Kwasi Kafele, La discrimination raciale et la santé mentale: les communautés racialisées et autochtones, décembre 2004, Mémoire présenté au Colloque sur la politique raciale de la CODP. Accessible en ligne : CODP http://www.ohrc.on.ca/fr/la-discrimination-raciale-et-la-santp. 100C3p. 100A9-mentale-les-communautp. 100C3p. 100A9s-racialisp. 100C3p. 100A9es-et-autochtones, à 13.

[56] Kwasi Kafele, Racism and Mental Health: A compendium of Issues, Impact and Possibilities, 2006. Ressource fournie à la CODP.

 

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9.1. Intersections avec d’autres types de handicap

Chaque diagnostic posé crée un autre niveau de discrimination ou un autre obstacle. – Participant(e) à la table ronde de Toronto

Des personnes peuvent être victimes de discrimination fondée sur une combinaison de handicaps liés à la santé mentale et autres. Nous avons entendu que les personnes ayant à la fois des troubles mentaux et une dépendance font souvent l’objet de mépris. Certaines personnes ont affirmé qu’en raison de troubles mentaux, on prend moins au sérieux leur handicap physique[57].

Souvent les services en santé mentale ne sont pas conçus pour servir les personnes ayant plus d’un handicap, empêchant ainsi celles qui ont des handicaps multiples tels que des troubles mentaux et une dépendance, un trouble du développement ou des troubles d’apprentissage, de recevoir des services suffisants ou en temps opportun (Association ontarienne des troubles d’apprentissage). Nous examinons cette question à la section 8. Nous avons également entendu que certains médicaments pour le traitement des troubles psychiques comme la schizophrénie, comportent des effets secondaires qui peuvent amener les gens à contracter des maladies physiques comme le diabète. Les gens pourraient alors avoir besoin d’adaptation pour les deux handicaps.

Selon les personnes consultées, il n’est pas rare que des personnes affichant des comportements associés à un handicap soient perçues comme ayant une dépendance puis traitées comme si elles posaient un risque pour la sécurité. Quelques personnes ont dit que le personnel de sécurité et la police supposaient qu’elles consommaient des drogues ou de l’alcool quand elles avaient des symptômes de handicap physique ou de trouble mental.

Certaines personnes n’ont pas pu obtenir de services ou de logement en milieu supervisé, notamment des services et soutiens en santé mentale, de manière égale, parce que l’on n’a pas offert de mesures d’adaptation pour leur handicap physique, soit leur mobilité réduite ou leur déficience auditive.

Une de mes clientes a été agressée. Elle est sourde et a un trouble mental. Les policiers ne lui ont pas fourni d’interprète en langage gestuel, et au lieu d’essayer de l’écouter expliquer l’agression qu’elle a subie, ils l’ont emmenée à [un hôpital psychiatrique], où ils ont supposé qu’elle inventait toute l’histoire parce qu’ils ne lui ont pas fourni d’interprète. Ils l’ont donc « formé » [détenue à l’hôpital contre son gré]. – Représentant(e) d’un service juridique communautaire


[57] Les gens aux prises avec un trouble psychique parallèlement à un handicap physique tendent à signaler davantage de stigmatisation et de discrimination perçues de manière générale, ainsi que dans les domaines du manque de logement, de la pauvreté et du quartier de résidence en particulier. Allison Bahm et Cheryl Forchuk, « Interlocking oppressions: The Effect of a Co-morbid Physical Disability on Perceived Stigma and Discrimination among Mental Health Consumers in Canada », Health and Social Care in the Community, vol. 17, no 1, 2008, p. 63.

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9.2. Intersections avec l’orientation sexuelle

On nous a expliqué comment il est possible de porter un « double fardeau » quand on se révèle gai, lesbienne ou bisexuel(le) tout en divulguant en même temps un trouble mental. Certaines personnes ont dit que le stress qu’elles éprouvent en raison de la discrimination fondée sur leur orientation sexuelle a contribué à leurs troubles mentaux et à leurs dépendances. Les personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles (LGB) courent davantage de risques d’être aux prises avec certains troubles mentaux, notamment la dépression, l’anxiété et la toxicomanie[58]. Ces troubles ont souvent trait à des expériences de discrimination[59]. Les jeunes LGB sont plus enclins à avoir eu des idées suicidaires ou à avoir tenté de se suicider que les jeunes hétérosexuels[60].

Nous avons entendu des préoccupations à propos de stéréotypes selon lesquels les personnes gaies, lesbiennes et bisexuelles sont considérées comme « malades mentales », même si l’homosexualité n’est plus classée comme une maladie mentale dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR). Certaines personnes nous ont parlé de propos homophobes de fournisseurs de services de santé mentale ou nous ont dit que leurs fournisseurs de services manquaient de compréhension quant à leurs expériences liées à l’orientation sexuelle.

J’ai été référé à un psychiatre à [un hôpital]. Lorsque je lui ai mentionné que je suis gai et que je voulais en parler, il n’était pas prêt à écouter parce qu’il n’était « pas un expert dans ce domaine »! J’ai dû attendre encore cinq mois avant de rencontrer un conseiller ouvert aux personnes gaies à [un organisme communautaire en santé mentale]. – Participant au sondage

On nous a parlé de propos homophobes tenus par d’autres usagers dans un environnement de service, avec lesquels des fournisseurs de services peuvent composer de façon inappropriée. Dans les services de santé mentale, les partenaires du même sexe peuvent ne pas être traités comme des membres légitimes de la famille, ce qui les empêche d’obtenir des informations sur une personne qui reçoit des traitements ou du soutien.


[58] Allen M. Omoto et Howard S. Kurtzman, Sexual Orientation and Mental Health: Examining Identity and Development in Lesbian, Gay and Bisexual people, Washington, DC,  APA Books, 2006; S.D.Cochran, J.G. Sullivan, et V.M. Mays, « Prevalence of Mental Disorders, Psychological Distress, and Mental Health Services Use among Lesbian, Gay, and Bisexual Adults in the United States, », J. of Consulting and Clinical Psychology, vol. 71, 2003, p. 53; I.Meyer, « Prejudice, Social Stress, and Mental Health in Lesbian, Gay, and Bisexual Populations: Conceptual Issues and Research Evidence », Psychological Bulletin, vol. 129, 2003, p. 674; cité dans W.B. Bostwick, Mental Health Issues among Gay, Lesbian Bisexual and Transgender (GLBT) People, National Alliance on Mental Illness, 2007. Accessible en ligne : NAMI www.nami.org/TextTemplate.cfm?Section=Fact_Sheets1&Template=/ContentManagement/ContentDisplay.cfm&ContentID=54036, consulté le 5 août 2009.

[59] Pour un examen de la documentation, voir Dean L et coll. « Lesbian, Gay, Bisexual, and Transgender Health: Findings and Concerns », J. of the Gay and Lesbian Medical Association, vol. 4, no 3, 2000, p. 101.

[60] Elizabeth Saewyc et coll. Not Yet Equal: The Health of Lesbian, Gay, & Bisexual Youth in BC, Vancouver, C.-B., The McCreary Centre Society, 2007, p. 31.

 

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9.3. Intersections avec le sexe

Il existe un lien étroit entre les troubles mentaux, les dépendances et la violence fondée sur le sexe. Les femmes qui survivent à la violence, aux traumatismes et aux agressions se retrouvent souvent aux prises avec la toxicomanie et des troubles mentaux[61]. Plusieurs femmes ont fait état de violence fondée sur le sexe en lien avec des antécédents de troubles mentaux. Certaines d’entre elles ont dit qu’elles avaient été harcelées ou agressées sexuellement par des patients ou des employés lors de leur hospitalisation pour un trouble psychique.

À [un hôpital], j’ai subi du harcèlement de la part d’un autre patient. Il apparaissait tous les matins à mon chevet, me réveillait et pointait vers son érection, puis me montrait sa collection de préservatifs colorés. Plus tard, on a appris qu’une autre femme s’était plainte d’une agression. J’étais terrifiée dans mon lit, j’avais peur de prendre des médicaments car je craignais d’être violée alors que je me trouverais sous sédation. L’incident a été signalé, rien n’a été fait, [l’autre patiente] a reçu son congé et il a continué de me harceler. – Mémoire écrit

Les femmes aux prises avec des troubles mentaux et des dépendances peuvent être encore plus vulnérables au harcèlement ou à la violence quand elles sont également pauvres et vieillissantes, et ont d’autres handicaps. À la fin de 2011, le ministère de la Santé et des Soins de longue durée a créé un groupe de travail pour traiter les nombreuses plaintes de mauvais traitements à l’endroit des personnes âgées dans les maisons de soins infirmiers, y compris les agressions sexuelles contre les résidentes atteintes de démence[62].

Certaines femmes ont dit que leurs préoccupations en matière de santé mentale ont été minimisées comparativement aux troubles mentaux des hommes, et que les troubles mentaux et les « affaires féminines » sont considérés comme la même chose. Par le passé, les femmes occidentales pouvaient recevoir un diagnostic « d’hystérie » – un trouble soi-disant nerveux – compte tenu de l’appareil reproducteur féminin. Cela a fourni un prétexte pour leur refuser des droits civils et politiques[63].

Une intervenante décrit les stéréotypes négatifs sur les femmes aux prises avec une dépendance – on suppose qu’elles sont des travailleuses du sexe ou qu’elles se placent dans des situations où elles contractent des maladies. Les femmes ayant un trouble psychique ou une dépendance peuvent faire face à de la discrimination fondée sur les idéaux culturels de la féminité parce qu’elles gagnent ou perdent du poids en raison de leur handicap ou des effets secondaires des médicaments.

L’expérience des femmes avec la discrimination fondée sur la santé mentale et les dépendances doit être comprise dans le contexte d’autres identités rattachées au Code, notamment l’orientation sexuelle, la race, l’ascendance, l’âge, la situation de famille et le fait d’avoir d’autres handicaps. Par exemple, nous avons entendu que les mères peuvent subir des stéréotypes multiples ou devoir surmonter des défis en raison de leur sexe, de leur statut familial ou d’un handicap. On nous a dit que les femmes aux prises avec une dépendance sont réputées être de mauvais parents ou qu’elles peuvent craindre d’utiliser les services de santé mentale ou de lutte contre les dépendances, de peur que les services de protection de l’enfance ne se mêlent de leurs affaires et leur retirent leurs enfants.


[61] Groupe de travail provisoire sur les femmes, la santé mentale, la maladie mentale et les dépendances, Women, Mental Health, Mental Illness and Addictions in Canada: An Overview, 2006. Accessible en ligne : Canadian Women’s Health Network www.cwhn.ca, p. 25.

[62] Moira Welsh et Jesse McLean, « Nursing home residents abused », The Toronto Star, le 17 novembre 2011. Accessible en ligne : The Toronto Star, www.thestar.com; Moira Welsh, « Task force gets cracking on troubled nursing home system », The Toronto Star, le 1er février 2012. Accessible en ligne : The Toronto Star www.thestar.com.

[63] Barbara Ehrenreich et Deirdre English, For Her Own Good: 150 Years of Experts’ Advice to Women, Garden City, NY, Anchor Books, 1978cité par le groupe de travail provisoire sur les femmes, la santé mentale, la maladie mentale et les dépendances, supra note 61, à 1.

 

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9.4. Intersections avec l’identité sexuelle

À mon dernier emploi, j’ai dit à ma patronne que j’étais transsexuée, et elle m’a dit sans détour de n’en parler à personne [ou] je perdrais mon emploi. Je ne gagne pas assez d’argent pour vivre en ce moment, et le stress que cela comporte pèse lourd sur ma santé mentale. Le découragement de chercher un emploi pour lequel on est qualifié, et pour lequel on sait que l’on a les compétences, et de voir sa candidature rejetée à répétition, est vraiment dommageable. 

– Participante au groupe de discussion

Les personnes transgenre nous ont parlé des répercussions importantes qu’ont sur leur santé mentale la discrimination quotidienne, le manque d’acceptation sociale, la pauvreté, les logements inabordables et l’aliénation familiale, tous fondés sur l’identité sexuelle. Un groupe de discussion coanimé par la Rainbow Health Ontario a identifié la pauvreté comme conséquence de la discrimination, mais aussi comme facteur contribuant à une mauvaise santé mentale. Dans une étude menée auprès de 433 Ontariennes et Ontariens transgenre, la moitié a « sérieusement envisagé » le suicide parce qu’ils étaient transgenre. Les jeunes transgenre (de jusqu’à 24 ans) étaient plus de deux fois plus susceptibles d’envisager sérieusement le suicide que les personnes transgenre de plus de 25 ans[64].

Des gens ont exprimé leurs préoccupations au sujet de l’inclusion des « troubles de l’identité sexuelle » dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux parce qu’il traite le fait d’être transgenre comme une maladie mentale. On nous a dit que les personnes transgenre sont automatiquement réputées avoir des troubles mentaux. Cependant, il existe des dissensions quant à l’inclusion des « troubles de l’identité sexuelle » dans le DSM-IV-TR. Sans avoir fait l’objet d’un diagnostic de handicap, les personnes transgenre n’ont pas accès au Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées, aux hormones financées ou à la chirurgie de changement de sexe. Certaines personnes ont indiqué que la nécessité de faire la transition doit être considérée comme un problème de santé physique, et non de santé mentale.

Certaines personnes transgenre nous ont parlé de leur difficulté à obtenir du soutien médical pour subir la transition, comme des hormones, en raison de troubles mentaux. Elles nous ont raconté comment leur transition ou les hormones ont été considérées comme la cause des troubles mentaux, alors que le trouble mental peut avoir été relié à de plus vastes expériences de discrimination. Certaines ont indiqué qu’elles n’ont pas été traitées avec dignité lors d’une hospitalisation ou un traitement pour un trouble mental : On ne leur a pas permis d’effectuer une transition, elles ont subi du harcèlement sexuel ou on les a tenues à l’écart des autres patients. Elles ont souligné l’importance de modifier le Code pour y inclure « l’identité sexuelle » comme motif explicite afin d’assurer la reconnaissance des droits des personnes transgenre à un traitement égal et à la pleine participation à la société. En juin 2012, « l’identité sexuelle » et « l’expression de l’identité sexuelle » ont été ajoutées comme motifs de discrimination dans le Code.

 


[64] Kyle Scanlon et coll. « Ontario’s Trans Communities and Suicide: Transphobia is Bad for Our Health », Trans PULSE E-Bulletin, vol. 1, no 2, le 12 novembre 2010. Accessible en ligne : Transpulse project, transpulseproject.ca/documents/E2English.pdf.

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9.5. Intersections avec la race et les motifs connexes

Composer avec le racisme dans mon milieu de travail a considérablement contribué au développement de mes troubles mentaux.

– Participant(e) au sondage

Les médecins tiennent pour acquis que, vu que je suis femme et immigrante, je dois accepter d’être subjuguée ou traitée comme moins qu’une adulte autonome.

– Participante au sondage

Nous avons entendu parler de différents types de discriminations intersectantes exercées sur la base de la race, de la citoyenneté, de l’origine ethnique, du lieu d’origine, de l’ascendance, de la couleur ou de la croyance, en plus de troubles mentaux ou de dépendances. On nous a dit comment les perceptions des handicaps des gens peuvent contribuer à des perceptions négatives fondées sur la race de diverses manières. Par exemple, une personne nous a dit qu’elle avait été étiquetée comme « femme noire en colère » au travail en raison de ses symptômes de dépression.

La Metro Toronto Chinese and Southeast Asian Legal Clinic (MTCSALC) et le New Mennonite Centre ont déclaré que la discrimination et les obstacles à l’intégration peuvent influer sur la santé mentale des immigrants au Canada. Certaines personnes ont dit qu’elles avaient de la difficulté à divulguer leurs troubles mentaux au sein de leur communauté.

Selon la MTCSALC, la stigmatisation sociale dont sont victimes les personnes aux prises avec des troubles mentaux et des dépendances peut être plus durement ressentie par les immigrants et les personnes issues de communautés racialisées [65]  parce que la stigmatisation s’ajoute aux nombreux défis auxquels ces derniers sont déjà confrontés, et non pas parce que ces problèmes sont plus fréquents dans ces communautés. Dans un groupe de discussion organisé par l’Ethno-Racial Disability Coalition of Ontario (ERDCO), une personne a dit que le fait de demander un logement ou de parler pour affirmer ses droits s’est avéré beaucoup plus difficile lorsqu’il a fallu composer avec des questions de discrimination raciale en raison des déséquilibres de pouvoir.

On nous a dit que des gens issus de communautés racialisées, en particulier les Canadiens d’origine africaine, subissent un traitement plus éprouvant que les personnes non racialisées dans les systèmes de santé mentale et de santé mentale médico-légale (où les gens sont aussi impliqués dans le système judiciaire). Les gens sont préoccupés par la forte représentation de personnes racialisées aux prises avec des troubles mentaux dans le système de justice pénale, et que les Canadiens d’origine africaine ayant des troubles mentaux sont plus susceptibles d’entrer dans le système de justice pénale que dans le système de santé mentale communautaire[66]. L’intervenant d’un organisme desservant les communautés racialisées a dit que des erreurs de diagnostic peuvent être fréquentes à cause des stéréotypes et des obstacles culturels et linguistiques.

Un corpus croissant de recherches internationales soutient bon nombre de ces constatations[67]. Certaines études laissent croire qu’il existe un taux plus élevé de contention et de détention chez les personnes d’ascendance africaine ou antillaise par rapport aux personnes d’autres origines ethniques, bien que les raisons de cette situation puissent être complexes[68].

a) Langue

La langue n’est pas un motif interdit aux termes du Code, mais elle peut être liée à l’origine ethnique ou au lieu d’origine[69]. Le Provincial Human Services and Justice Coordinating Committee (PHSJCC) et beaucoup d’autres intervenants ont dit que le manque de mesures d’adaptation aux besoins linguistiques pour les personnes aux prises avec des troubles mentaux des dépendances est un enjeu majeur.

Nous avons entendu que l’absence d’interprétation et de traduction peut mener à une incapacité d’accéder aux services ou à un traitement différent au sein des services. Des intervenants ont dit qu’il y a un problème systémique de traitement des personnes racialisées comme « non conformes » dans le milieu hospitalier lorsque leurs besoins culturels ou linguistiques ne sont pas satisfaits, et par conséquent les gens n’ont pas été bien traités (par exemple, ils ont été mal évalués ou on leur a retiré des privilèges hospitaliers). Le PHSJCC recommande au gouvernement de l’Ontario d’élaborer des cibles pour améliorer l’accès aux services de santé mentale et de lutte contre les dépendances pour les communautés ethno-raciales, notamment en améliorant l’accès à l’interprétation linguistique.

Le Réseau des services de santé en français de l’Est de l’Ontario (RSSFEO) nous a dit qu’il y a un manque prouvé de services en santé mentale pour les Franco-Ontariens[70]. Il recommande de reconnaître la langue comme élément de discrimination pour toute personne ayant un trouble mental ou une dépendance.

b) Croyance

Nous avons entendu comment les croyances des gens n’ont pas été prises en compte dans différents types de services utilisés par les personnes ayant des troubles mentaux et des dépendances. Certaines femmes ont été empêchées de porter leur hidjab à l’hôpital en raison de « problèmes de santé et de sécurité » ou ont dû retirer leurs vêtements en présence d’hommes. Nous avons également entendu parler de certains services qui ne respectent pas les besoins alimentaires fondés sur les croyances. Certaines personnes n’appartenant à aucune religion ont déclaré que, dans ces services, les points de vue non religieux étaient considérés comme un obstacle à la guérison.

 


 

[65] La race est un construit social. Le Rapport de la Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale en Ontario a défini la racialisation comme « un processus  par lequel les sociétés assoient la notion que les races sont bien réelles, différentes et inégales, de façons qui importent pour la vie sociale, économique et politique ». Commission ontarienne des droits de la personne, Politique et directives sur le racisme et la discrimination raciale, Toronto, Imprimeur de la Reine pour l’Ontario, 2005, p. 12.

[66] Une étude réalisée à Montréal a également constaté que les Canadiens d’origine africaine sont surreprésentés dans les renvois de la police aux services psychiatriques d’urgence. G. Eric Jarvis et coll. « The Role of Afro-Canadian Status in Police or Ambulance Referral to Emergency Psychiatric Services », Psychiatric Services, vol. 56, no 6, 2005, p. 705.

[67] Des recherches menées aux É.-U., au R.-U., et certaines autres au Canada ont soutenu que les personnes d’ascendance africaine ou antillaise, en particulier les hommes et les personnes immigrantes, sont disproportionnément enclines à être représentées dans le système de santé mentale et de santé mentale médico-légale, et font l’objet d’un diagnostic de psychose ou de schizophrénie, quoiqu’il faille tenir compte de nombreux facteurs. Un rapport indique qu’il y a absence de statistique mais que les unités de psychiatrie médico-légale dans le Sud-ouest ontarien, (y compris le Centre de toxicomanie et de santé mentale), en fonction d’information anecdotique, semblent compter un nombre disproportionnément élevé d’hommes de couleur, notamment de Canadiens d’origine africaine. Pascale C. Annoual, Gilles Bibeau, Clem Marshall et Carlo Sterlin, Enslavement, Colonialism, Racism, Identity and Mental Health: Developing a new service model for Canadians of African DescentPhase I report, Toronto, CAMH, 2007. Accessible en ligne : Centre de toxicomanie et de santé mentale, www.camh.net/publications/resources_for_professionals/EACRIMH/eacrimh_report1107.pdf, p. 13; G. Eric Jarvis et coll. « High rates of psychosis for black inpatients in Padua and Montreal: Different Contexts, Similar Findings », Soc. Psychiatri. Epidemiol., vol. 46, 2011, p. 247; Kwame McKenzie et K. Bhui, « Institutional Racism in Mental Health Care », B.M.J. vol. 334, mars 2007, p. 649.

[68] G. E. Jarvis, Emergency Psychiatric Treatment of Immigrants with Psychosis, Maîtrise ès sciences en psychiatrie, Département de psychiatrie, Université McGill, Faculté de médecine, 2002 [inédit], p. 91; Amos Bennewith et coll. « Ethnicity and Coercion among Involuntarily Detained Psychiatric In-patients » British J. of Psychiatry vol. 196, 2010, p. 75; Rachel Spector, « Is There Racial Bias in Clinicians’ Perceptions of the Dangerousness of Psychiatric Patients? A Review of the Literature », J. of Mental Health, vol. 10, no 1, 2001, p. 5.

[69] Voir Commission ontarienne des droits de la personne, Politique concernant la discrimination et la langue, Toronto, Imprimeur de la Reine pour l’Ontario, 1996. Accessible en ligne : CODP, http://www.ohrc.on.ca/fr/politique-concernant-la-discrimination-et-la-langue.

[70] Soixante-dix-sept pour cent des Francophones en Ontario ont un accès rare ou inexistant à des centres de traitement de l’alcoolisme en français; 66 p. 100 d’entre eux ont un accès rare ou inexistant à des centres de traitement des toxicomanies en français et 53 p. 100 d’entre eux ont un accès rare ou inexistant à des services en santé mentale (à l’exception des hôpitaux psychiatriques) en français. Commissariat aux services en français, Rapport spécial sur la planification des services de santé en français en Ontario, Imprimeur de la Reine pour l’Ontario, 2009, p. 10, tel que cité dans le mémoire du Réseau des services de santé en français de l’Est de l’Ontario.

 

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9.6. Autochtones

Je voudrais voir des intervenants en santé des Autochtones accompagner les gens à certains points de la ville parce que nous ne sommes pas toujours bien reçus là où nous devons nous rendre. Je pense que les gens sont cruels envers nous et les jeunes n’ont aucun soutien pour leur permettre de se déplacer et obtenir de l’aide. 

– Participant(e) au sondage

Les gens ne se soucient pas de me comprendre ou de comprendre ma situation en lien avec mon handicap. Les autres éléments de mon identité en tant que double esprit, identifié comme homme et comme Autochtone, influent sur la façon dont les gens me traitent, avant même que je discute des façons dont je compose et vis avec le diagnostic de trouble mental et la maladie. 

– Participant au sondage

De nombreuses personnes et organisations nous ont parlé de la façon dont les Autochtones au Canada ont été affectés par une longue histoire de colonisation, de racisme institutionnalisé et de discrimination, comme le démontrent les politiques des écoles résidentielles. L’Ontario Federation of Indian Friendship Centres (OFIFC) a dit que, pour la population autochtone urbaine, cela a mené à un traumatisme intergénérationnel, à de la violence familiale, à la pauvreté, à l’itinérance, au manque d’éducation et à des incarcérations. Tous ces éléments ont de graves conséquences négatives sur la santé mentale de la population.

Les troubles mentaux comme le suicide, la dépression et la toxicomanie sont plus élevés dans de nombreuses communautés autochtones que dans la population en général. L’OFIFC a indiqué que le taux de suicide chez les Autochtones est de 2,1 fois supérieur au taux canadien, les femmes autochtones sont trois fois plus susceptibles de se suicider que leurs homologues allochtones[71]. Le taux de suicide chez les jeunes Autochtones de 15 à 24 ans est de cinq à six fois plus élevé que celui de la population allochtone[72].

Les stéréotypes sur la consommation de drogues et d’alcool ont été abordés lors de la consultation. Beaucoup de gens ont expliqué comment ils ont fait l’objet d’iniquités dans les services ou ont subi des remarques harcelantes ou du profilage comme risque pour la sécurité en fonction de stéréotypes sur leur identité autochtone et de perceptions erronées à propos de leur consommation d’alcool et de drogues. Selon l’OFIFC, la réforme de la santé mentale adoptée par le gouvernement provincial dans les années 1990 et ayant mené à la fermeture d’hôpitaux, a signifié que beaucoup d’Autochtones aux prises avec des troubles mentaux et des dépendances ont été désinstitutionnalisés en zone urbaine et non dans leur communauté d’origine.

Beaucoup d’intervenants ont dit que le manque de logements abordables est une préoccupation importante et qu’il est beaucoup plus difficile de trouver un logement en raison de l’intersection des identités de personne aux prises avec un trouble mental ou une dépendance, et simultanément de personne d’ascendance autochtone.


[71] Conseil national du bien-être social, Agissons maintenant pour les enfants et les jeunes métis, inuits et des premières nations, Ottawa, Sa Majesté la Reine en Droit du Canada, 2007, p. 64.

[72] Jeff Latimer et Laura Casey-Foss, Profil instantané d'une journée des jeunes Autochtones sous garde au Canada : Phase II, Ottawa, ministère de la Justice du Canada, recherche sur la justice et les jeunes, février 2004, p. iii.

 

Code Grounds: 

9.7. Intersections avec l’âge

a) Jeunes

La Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (OSSTF/FEESO) s’inquiète du fait que les services de santé mentale pour les enfants et les jeunes ne sont pas sous mandat en Ontario, ce qui conduit à des approches incohérentes et fragmentées. Les jeunes (de moins de 25 ans) qui ont participé à la consultation ont dit qu’ils ne peuvent pas obtenir de services en santé mentale ou de lutte contre les dépendances parce qu’ils sont trop jeunes pour les services aux adultes et trop vieux pour les services pédiatriques ou qu’ils ne satisfont pas aux critères du programme en raison de handicaps multiples. Un intervenant auprès des jeunes a expliqué comment un programme de traitement des dépendances chez les jeunes refuse d’accepter des personnes qui ont été en contact avec les services de protection de l’enfance.

Le Centre hospitalier pour enfants de l’Est de l’Ontario (CHEO) a affirmé qu’après avoir ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant, le Canada est tenu de s’assurer que les enfants peuvent réaliser leur droit à la plus haute norme atteignable en santé. Le CHEO a déclaré que le Canada doit s’efforcer de voir à ce qu’aucun enfant ne soit privé de son accès à ces services de soins de santé (article 24.1). Le CHEO a ajouté que c’est une grave violation des droits des enfants que de ne pas avoir adopté de loi sur les services en santé mentale pour les enfants. Dans sa stratégie sur la santé mentale et les dépendances, le ministère de la Santé et des Soins de longue durée (MSSLD) de l’Ontario a ciblé la prestation des services accrus aux enfants et aux jeunes, en mettant l’accent sur la détection et l’intervention précoces.

b) Adultes âgés

L'Advocacy Centre for the Elderly (ACE) a parlé d’importantes questions de discrimination à l’endroit de personnes âgées aux prises avec des troubles mentaux et des dépendances. Selon les estimations, une personne de plus de 65 ans sur cinq est atteinte de troubles mentaux[73].

L’ACE est fréquemment contacté par des personnes âgées et des mandataires de personnes âgées parce les personnes âgées recevant des soins de longue durée ont reçu des médicaments, en particulier des antipsychotiques, sans consentement éclairé. L’ACE a exprimé son inquiétude au sujet du taux élevé d’utilisation des antipsychotiques pour les résidents atteints de démence dans les foyers de soins de longue durée par rapport à leur utilisation chez les personnes âgées atteintes de démence vivent dans la collectivité[74]. L’organisme a également déclaré que, contrairement aux personnes visées par la Loi sur la santé mentale, les personnes recevant des soins de longue durée n’ont pas le même accès à un conseiller juridique si elles sont jugées inaptes à consentir au traitement. D’autres questions concernant les soins de longue durée sont soulevées dans la section sur le logement (article 11.1).

D’autres nous ont dit comment la discrimination fondée sur l’âge se combine avec la discrimination fondée sur le handicap, en particulier dans le domaine de l’emploi. Ils ont dit qu’il est beaucoup plus difficile de trouver et conserver un emploi lorsqu’on doit composer avec les symptômes du vieillissement et d’un handicap.

Bien que j’aie plus de 30 ans d’expérience dans les domaines de l’administration, du secrétariat et du travail de bureau, dont près de 25 ans en organisation, planification d’événements, relations publiques, promotions et médias, je ne peux pas trouver de travail approprié en raison du fait que je suis actuellement en mesure de travailler seulement de 25 à 30 heures par semaine et que j’ai passé huit ans hors du marché du travail. Ajoutez à cela le fait qu’il ne me reste que sept ans avant de prendre ma retraite à l’âge normal de 65 ans, et vous comprendrez que beaucoup de gens ne veulent pas m’embaucher.

                  – Participante au sondage

Recommandations :

6. Le gouvernement de l’Ontario et les organisations fournissant des services aux personnes aux prises avec des troubles mentaux et des dépendances doivent cerner et éliminer la discrimination fondée sur le handicap dans leurs services, de même que la discrimination fondée sur l’âge, le sexe, la race et les motifs connexes, l’identité sexuelle, l’orientation sexuelle et les autres motifs prévus au Code. Cela peut exiger un processus d’examen des politiques, pratiques et processus décisionnels et l’élimination des obstacles qui mènent à la discrimination à l’endroit des groupes protégés aux termes du Code (voir les directives de la CODP concernant l’élaboration de politiques et de procédures en matière de droits de la personne pour plus d’informations).

Engagements de la CODP :

E4. Dans ses travaux sur ses priorités stratégiques (p. ex., la police et l’antiracisme, les droits fondamentaux des Autochtones, la situation de famille, les handicaps et l’éducation), la CODP focalisera sur les droits de la personne, la santé mentale et les dépendances.

E5. La CODP continuera d’examiner la question du niveau de conseils sur les droits fournis aux personnes âgées en soins de longue durée qui sont jugées incapables de prendre des décisions concernant leur traitement. Si cela viole potentiellement le Code, la CODP soulèvera, le cas échéant, ses préoccupations auprès des parties responsables, tiendra des enquêtes d’intérêt public, interviendra dans les affaires judiciaires ou procédera à des demandes à l’initiative de la Commission.


[73] D. Jeste, et coll. « Consensus statement on the upcoming crisis in geriatric mental health: Research agenda for the next two decades », Archives of General Psychiatry, vol. 56, 1999, p. 848, cité dans le mémoire de l’ACE.

[74] L’ACE indique que, selon l’Institut canadien d’information sur la santé, en 2006-2007, 37,7 p. 100 des résidents en maison de soins de longue durée participant aux programmes publics de médicaments ont reçu une ordonnance d’antipsychotique, par rapport à seulement 2,6 p. 100 des adultes âgés vivant dans la collectivité qui pouvaient demander une indemnisation pour des médicaments contre la démence. L’étude indique que « le taux plus élevé d’utilisation d’antipsychotiques chez les personnes âgées vivant dans des centres de soins infirmiers qui prennent des médicaments antidémence peut laisser entendre que des facteurs autres que les différences dans la prévalence de la démence contribuent à la variation des taux d’utilisation d’antipsychotiques ». Institut canadien d’information sur la santé, Utilisation d'antipsychotiques par les personnes âgées : une analyse des demandes de remboursement de médicaments, 2001 à 2007, 2009. Accessible en ligne : Institut canadien d’information sur la santé, https://secure.cihi.ca/estore/productSeries.htm?locale=fr&pc=PCC490, p. 17.

 

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