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Observations de la commissaire en chef Patricia DeGuire formulées à l’occasion du lancement de Rêves repoussés

 

La commissaire en chef Patricia DeGuire a formulé les observations suivantes lors de la conférence de presse tenue le 27 mars 2025, à l’occasion du lancement de Rêves repoussés : plan d’action sur le racisme envers les Noirs en éducation


Bonjour à tous, merci d’être des nôtres pour la publication de Rêves repoussés, le plan d’action de la CODP pour faire face au racisme et à la discrimination systémiques envers les Noirs dans le système d’éducation publique en Ontario.

Reconnaissance du territoire

En tant que représentante de la Commission ontarienne des droits de la personne, je reconnais que les bureaux de la Commission, et tous les participants ici aujourd’hui, se trouvent dans la ville maintenant connue sous le nom de Toronto, où nous sommes des invités sur les terres visées par des traités et le territoire de la Première Nation des Mississaugas de la rivière Credit. 

Je reconnais que ces terres font partie du territoire traditionnel de nombreuses Premières Nations, y compris celles des Mississaugas de la rivière Credit et des peuples haudenosaunee chippewa et wendat.

Je reconnais que Toronto est assujettie au Traité 13, aux traités Williams et au traité « du bol à une cuillère ». Et je reconnais que Toronto accueille maintenant une variété de Premières Nations et de communautés inuites et métisses. 

Cette reconnaissance territoriale revêt de l’importance; avant mes études approfondies sur les droits des Autochtones et les revendications territoriales, j’ignorais les noms traditionnels de ces territoires. Les peuples autochtones et toutes les luttes qu’ils avaient menées étaient évoqués comme des choses du passé. 

Il est facile de refuser aux Autochtones leurs droits quand on relègue leurs luttes à l’histoire, et quand on fait simplement comme s’ils n’existaient pas. 

En tant que personne déplacée de la diaspora africaine, je m’engage à poursuivre mes efforts dans la lutte contre les systèmes d’oppression qui privent les peuples autochtones de leurs terres et leur refusent le droit à l’autodétermination. Cette lutte est essentielle pour défendre les droits de la personne dans le monde entier. 

Je suis reconnaissante envers les peuples autochtones qui continuent de prendre soin des terres de l’ensemble de l’île de la Tortue.

Introduction

Il y a une semaine, nous avons souligné la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale que le Canada observe depuis maintenant plus de 30 ans. La Commission ontarienne des droits de la personne prend acte de l’appel mondial de maintenir notre engagement d’éliminer le racisme et toutes les formes de discrimination et d’intolérance qui y sont associées.

Depuis des décennies, les communautés et organismes noirs attirent l’attention sur le racisme et la discrimination dans les systèmes d’éducation de l’ensemble du Canada.  Au sein du système d’éducation de l’Ontario, la discrimination et le harcèlement fondés sur la race continuent d’assombrir le quotidien des enfants, jeunes, éducatrices et éducateurs et travailleuses et travailleurs de l’éducation noirs. Des lois, politiques et pratiques qui perpétuent des préjugés, des croyances et des stéréotypes sont enracinées dans le système d’éducation de l’Ontario.

Aujourd’hui, la Commission appelle tous les détenteurs d’obligations du système d’éducation à prendre leurs responsabilités et à respecter les obligations que leur impose le Code des droits de la personne de l’Ontario afin d’améliorer les résultats en faveur des élèves et des éducatrices et éducateurs noirs, pour qu’ils puissent apprendre et enseigner dans des milieux exempts de discrimination et de harcèlement. Cela fait partie de notre engagement de faire face au racisme et à la discrimination systémiques contre les Noirs dans le système d’éducation publique de l’Ontario. 

Qu’il s’agisse de racisme flagrant ou de microagressions subtiles, nous savons que la discrimination et le racisme sont traumatisants, très pénibles et destructeurs. 

Une discrimination et un racisme pernicieux et systémiques envers les Noirs persistent, et les parents, jeunes, groupes communautaires, éducatrices et éducateurs et autres organismes noirs doivent remettre en question les politiques et pratiques injustes qui représentent des obstacles dans la vie quotidienne des élèves – des obstacles systémiques qui retardent, repoussent ou entravent les rêves des apprenantes et apprenants noirs. 

Le plan d’action

 Le plan d’action Rêves repoussés que la Commission ontarienne des droits de la personne rend public aujourd’hui est une feuille de route pour bâtir un avenir meilleur.  

Ses trois grands thèmes sont la responsabilité et la transparence, la surveillance et l’évaluation ainsi que le bien-être des élèves.

La responsabilité est essentielle pour garantir l’égalité des élèves noirs sans discrimination. Les détenteurs d’obligations doivent se concentrer sur les résultats et non plus sur les processus, faire preuve d’un leadership engagé et responsable et accorder un soutien systémique aux initiatives de lutte contre le racisme envers les Noirs qui donnent des résultats positifs pour les élèves.  

La transparence permet de faire savoir au public si et comment les détenteurs d’obligations honorent leurs obligations en matière de droits de la personne. 

La surveillance et l’évaluation doivent avoir pour but d’obtenir des résultats en matière de droits de la personne et de réaliser des progrès mesurables contre le racisme et la discrimination envers les Noirs. 

Il faut notamment recueillir et analyser des données afin de relever et d’abattre les obstacles systémiques, et assurer une surveillance uniforme afin d’évaluer et de mesurer le rendement du système d’éducation eu égard aux enjeux en matière de droits de la personne, comme le bien-être et l’expérience des élèves. 

Clé de voûte de la réussite du système d’éducation, le bien-être est essentiel pour favoriser le rendement scolaire et l’accomplissement des élèves tout en respectant leurs centres d’intérêt, leurs capacités et leurs ambitions.  Les pratiques discriminatoires nuisent au bien-être : elles sont néfastes non seulement pour les élèves noirs, mais aussi pour l’ensemble du système d’éducation et la société. 

Il est primordial d’axer le changement systémique sur un meilleur accompagnement des élèves noirs, au lieu d’attendre d’eux qu’ils s’adaptent à un milieu discriminatoire.

Le ministère de l’Éducation est appelé à prendre bon nombre de mesures immédiates, par exemple : 

  • créer un cadre provincial relatif aux droits de la personne et à la discrimination envers les Noirs;
    • élaborer une stratégie de communication concernant le cadre de responsabilité; et
    • centraliser et normaliser la collecte, l’analyse et la déclaration des données. 

Chacune des 29 mesures à prendre est assortie d’exigences claires visant à améliorer les résultats en faveur des élèves et des éducatrices et éducateurs noirs…des résultats qui sont fondés sur le respect des droits de la personne, afin que :

  • les élèves noirs soient en mesure d’apprendre dans un milieu scolaire sans discrimination ni harcèlement fondé sur la race, et sans discrimination envers les Noirs;
    • les élèves noirs bénéficient des mêmes chances de recevoir, au sein du système d’éducation, l’aide dont ils ont besoin pour réaliser leur plein potentiel et apporter leur contribution à la société;
    • les éducatrices, éducateurs, administratrices et administrateurs noirs soient en mesure de travailler dans un environnement sans discrimination ni harcèlement à caractère racial et de bénéficier de chances égales de réaliser leur plein potentiel professionnel. 

Un travail collectif

Faire face au racisme envers les Noirs est une tâche que la Commission ne peut pas prendre en charge à elle seule. Il s’agit là d’une tâche collective. Tout le monde doit y prendre part, qu’elle soit l’importance de sa contribution.

L’Ontario a une longue et riche histoire de leadership, de mobilisation communautaire et d’innovation dans la communauté noire; mentionnons notamment des avocats spécialisés dans les droits de la personne, des militants et des éducatrices et éducateurs dévoués, qui ont fait figure de pionniers et ont formé les générations futures.

Au fil des ans, des leaders noirs ont fondé des organisations qui militent pour l’inclusion sociale, économique et politique des Noirs en Ontario.  Dans le cadre de ce travail, la Commission a mené des consultations approfondies auprès d’élèves, de membres de la collectivité et de professionnels de l’éducation noirs. Elle s’est appuyée également sur des recherches déjà menées et sur des recommandations pertinentes de longue date. 

Les initiatives dont nous avons entendu parler tout au long des consultations ont été essentielles pour élaborer et éclairer ce plan d’action. Ce n’est pas d’hier que l’on discute du racisme et de la discrimination envers les Noirs, et ces discussions ne sont pas faciles.Les communautés noires en parlent depuis des décennies; elles continueront de le faire, et nous continuerons de réclamer des changements systémiques durables.  

Nous avons rencontré d’infatigables champions dont le travail a déjà eu une incidence importante en éducation. Leurs efforts, déployés souvent malgré des obstacles systémiques, témoignent de l’efficacité du plaidoyer, de la persistance et des changements pilotés par la collectivité.

Oui, il y a eu des mesures positives, dont des initiatives et des programmes qui visent à lutter contre le racisme envers les Noirs en éducation. « On a réalisé des progrès, mais il reste beaucoup à faire » : voilà un refrain connu quand on parle de discrimination raciale. En effet, des progrès ont été réalisés, mais selon George Fraser, socio économiste de renommée mondiale, il faut environ un siècle (1864 à 1964) pour que les Noirs et les Autochtones jouissent de libertés fondamentales, et un autre pour qu’ils profitent d’aspects importants de la justice sociale. 

Le changement prend du temps, mais nous savons que chaque geste, aussi modeste soit-il, compte. Nous savons que les Noirs et les Autochtones, ainsi que les membres d’autres communautés racisées et religieuses du Canada, continuent de faire l’objet de racisme et de discrimination.  Cependant, il sera difficile d’apporter des changements durables à moins de s’attaquer aux causes systémiques sous-jacentes. Un changement concret nécessite le démantèlement des structures qui perpétuent le racisme envers les Noirs dans nos écoles. 

Pour progresser, il faut faire preuve de leadership et de responsabilité et prendre l’engagement indéfectible d’abattre les obstacles qui retardent ou perturbent la réussite éducative des élèves noirs depuis trop longtemps.  

C’est pourquoi nous avons élaboré ce plan d’action. La Commission demande à TOUS les détenteurs d’obligations du secteur de l’éducation de s’attaquer délibérément et avec responsabilité aux facteurs institutionnels qui perpétuent le racisme et la discrimination envers les Noirs.  La Commission demeurera aux côtés de tous les détenteurs d’obligations pour faire fond sur les progrès réalisés et le travail déjà accompli. 

Au nom de la Commission, j’exprime ma gratitude aux nombreuses personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce plan d’action. Je tiens à remercier tout particulièrement les membres du Groupe consultatif pour la lutte contre le racisme et la discrimination envers les Noirs en éducation de la Commission et les commissaires, les détenteurs d’obligations du secteur de l’éducation, dont des membres du personnel du ministère de l’Éducation, des experts du domaine de l’éducation, des informateurs clés et des parties prenantes.  Un grand merci également à tous les dirigeants et membres de la collectivité et à ceux et celles qui ont organisé nos consultations, contribué à mobiliser les gens et fait part de leurs idées précieuses, et trouvé des locaux pour ces discussions importantes.