La discrimination à l’égard des personnes ayant des troubles mentaux ou des dépendances est souvent liée à des attitudes préjudiciables, à des stéréotypes négatifs, ainsi qu’à la stigmatisation générale des troubles mentaux et des dépendances. Tous ces concepts sont interreliés.
Les attitudes négatives et les stéréotypes à l’endroit des personnes ayant des troubles mentaux ou des dépendances, et la stigmatisation de ces personnes reposent souvent sur des systèmes de croyances axés sur le capacitisme. Le « capacitisme » fait référence à des attitudes sociétales qui dévalorisent et limitent le potentiel des personnes handicapées. Le capacitisme est :
…semblable au racisme, au sexisme ou à l’âgisme, selon lequel une personne handicapée est moins digne d’être traitée avec respect et égard, moins apte à contribuer et à participer à la société ou moins importante intrinsèquement que les autres. Le capacitisme peut s’exercer de façon consciente ou inconsciente et être inscrit dans les institutions, les systèmes ou la culture d’une société. Il peut restreindre les possibilités offertes aux personnes handicapées et réduire leur participation à la vie de leur collectivité [1].
Les stéréotypes sont des généralisations formulées à l’égard d’une personne et fondées sur des hypothèses relatives aux qualités et aux caractéristiques du groupe dont fait partie cette personne. Les stéréotypes courants à l’endroit des personnes aux prises avec des troubles mentaux incluent la perception selon laquelle ces personnes sont violentes ou incapables de prendre des décisions dans leur propre intérêt, même si cela n’est pas le cas. En raison de ces stéréotypes, certaines personnes ou organisations pourraient adopter des attitudes et des pratiques surprotectrices qui créent des obstacles pour les personnes ayant des troubles mentaux.
Le terme « préjugé » fait référence à des perceptions et sentiments négatifs profonds à l’égard des personnes aux prises avec des troubles mentaux ou des dépendances.
Selon un sondage d’opinion publique mené par l’Association médicale canadienne, une Canadienne ou un Canadien sur quatre (27 %) rapporte craindre de côtoyer une personne ayant une maladie mentale grave[2].
La stigmatisation fait référence au fait de posséder « un attribut qui fait ressortir sa différence et mène à sa dévalorisation aux yeux d’autrui »[3].
Lorsque la stigmatisation, les attitudes préjudiciables et les stéréotypes mènent à de la discrimination, ils contreviennent au Code des droits de la personne de l’Ontario
(le « Code »). Le Code interdit aux organisations et membres de la collectivité de faire de la discrimination à l’endroit des personnes ayant des troubles mentaux ou des dépendances, et les oblige à mettre fin à toute discrimination qui survient.
Les personnes ayant certains types de handicaps se heurtent à une stigmatisation considérable. Les personnes ayant la schizophrénie ou une dépendance aux drogues peuvent se heurter à des attitudes particulièrement négatives de la part d’autrui en raison de croyances relatives à leur dangerosité, à des comportements antisociaux ou au risque qu’elles représentent.
La stigmatisation, les attitudes négatives et les stéréotypes peuvent entraîner des jugements erronés sur les caractéristiques personnelles des gens. Ils peuvent aussi mener à l’adoption de politiques, de procédures et de pratiques décisionnelles qui excluent ou marginalisent les personnes aux prises avec des troubles mentaux ou
des dépendances.
Exemple : Une municipalité a élaboré un règlement restreignant le choix de l’emplacement des foyers de groupe pour personnes handicapées parce que les résidents de certains quartiers ne veulent pas de voisins aux prises avec des troubles mentaux ou des dépendances. Cela pourrait contrevenir au Code.
Les attitudes négatives, les stéréotypes et la stigmatisation peuvent aussi faire place à du harcèlement à l’endroit des personnes ayant des troubles mentaux ou des dépendances sous forme de commentaires négatifs, d’isolement social ou de gestes malvenus (dont du profilage fondé sur la santé mentale) de la part d’employeurs, de locateurs, de collègues ou de fournisseurs de services.
Comte tenu de la stigmatisation des troubles mentaux et des dépendances, de nombreuses personnes peuvent craindre de divulguer aux autres qu’elles ont un handicap. Ces personnes peuvent craindre d’être étiquetées, de se heurter aux attitudes négatives d’autrui, de perdre leur emploi ou logement, ou encore de faire l’objet de traitements inéquitables en matière de services. La peur de faire l’objet de discrimination peut aussi empêcher certaines personnes d’obtenir du soutien pour un problème de santé mentale ou de dépendance.
Prévention et règlement de la discrimination et du harcèlement
Les organisations doivent prendre des mesures pour éliminer les attitudes négatives, les stéréotypes et la stigmatisation afin de veiller à ce qu’ils ne donnent pas lieu à des comportements discriminatoires à l’endroit des personnes ayant des troubles mentaux ou des dépendances.
L’éducation en matière de droits de la personne est la plus efficace quand elle s’accompagne d’une stratégie proactive solide de prévention et d’élimination des obstacles à la participation équitable, et de politiques et procédures efficaces de règlement des questions de droits de la personne qui surgissent. À elle seule, l’éducation sur la santé mentale ne suffit pas nécessairement à modifier le comportement des gens ou la culture d’une organisation. Les stratégies exhaustives de prévention et de règlement des questions de droits de la personne incluent ce qui suit :
- un plan d’examen, de prévention et d’élimination des obstacles
- des politiques anti-harcèlement et anti-discrimination
- un programme d’éducation et de formation
- une procédure interne de règlement des plaintes
- une politique et une procédure d’accommodement.
Pour un complément d’information, consulter les documents de la CODP intitulés Politique sur la prévention de la discrimination fondée sur les troubles mentaux et les dépendances et Une introduction à la politique : Guide d’élaboration des politiques et procédures en matière de droits de la personne, accessibles en ligne à l’adresse www.ohrc.on.ca/fr.
[1] Commission du droit de l’Ontario. Promouvoir l’égalité des personnes handicapées par l’entremise des lois, des politiques et des pratiques : cadre provisoire, mars 2012, p. 3, accessible en ligne à l’adresse : www.lco-cdo.org/disabilities-draft-framework_FR.pdf.
[2] Association médicale canadienne. 8e Bulletin national annuel sur la santé, août 2008, à 27. Accessible en ligne à l’adresse www.cma.ca/multimedia/CMA/Content_Images/Inside_cma/Annual_Meeting/2008/GC_Bulletin/National_Report_Card_FR.pdf.
[3] Brenda Major et Laurie T. O’Brien. « The social psychology of stigma », Annu. Rev. Psychol., vol. 56, 2005, p. 393-421, à 395.
ISBN : 978-1-4606-4142-2 (Imprimé)
978-1-4606-4143-9 (HTLM)