Avertissement : La présente déclaration porte sur des sujets que certains lecteurs peuvent trouver perturbants, comme le racisme, la violence psychologique et physique, ainsi que les traumatismes communautaires, familiaux et individuels. Ménagez-vous en lisant ce document. Des services de santé mentale et d’accompagnement émotionnel sûrs et respectueux sont proposés jour et nuit, sans jugement et de manière totalement confidentielle. La ligne d’écoute téléphonique nationale de Résolution des questions des pensionnats indiens est accessible à toute personne qui éprouve de la douleur ou de la détresse en raison d’une expérience dans un pensionnat indien (composez le 1 866 925-4419). La Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être est accessible à tous les peuples autochtones du Canada (composez le 1 855 242-3310 ou conversez en ligne).
Chaque 30 septembre, nous mettons à l’honneur la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, une journée qui vise à rendre hommage aux enfants qui ne sont jamais rentrés chez eux et aux survivants des pensionnats indiens, ainsi qu’à leurs familles et à leurs communautés. Les séquelles laissées par le colonialisme de peuplement et le traumatisme intergénérationnel causé aux peuples autochtones conséquemment nécessitent un travail méthodique pour réparer ces préjudices et reconstruire les relations.
La Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) a bien conscience de l’importance vitale d’établir la vérité pour continuer à avancer vers la réconciliation avec les communautés autochtones. Dix-huit ans se sont écoulés depuis que la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens a énoncé l’obligation légale pour le gouvernement fédéral et certaines églises chrétiennes de publier les documents historiques sur les pensionnats indiens. Et, il y a neuf ans, la Commission de vérité et réconciliation a lancé les appels à l’action 71 et 77, exhortant les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ainsi que d’autres entités à remettre les dossiers des pensionnats au Centre national pour la vérité et la réconciliation. Ces dossiers n’ont toujours pas été publiés.
Ces dossiers peuvent contenir des détails sur la vie et le décès des enfants qui ont fréquenté les pensionnats indiens et soutenir le travail de récupération des sépultures anonymes. Ils sont impératifs pour exposer la vérité et asseoir les circonstances de la responsabilité, de la justice et de la réparation, qui sont essentielles à la réconciliation.
Le premier pas crucial consiste à renoncer volontairement aux dossiers historiques et à faire la lumière sur les faits pour reconstruire les relations avec les peuples autochtones. Nous devons aussi continuer à dévoiler la vérité difficile sur ce qui est arrivé aux enfants qui ne sont jamais rentrés des pensionnats.
En faisant éclater la vérité, nous pouvons combattre le négationnisme, à savoir la croyance que rien ne s’est produit ou que les faits ne sont pas vrais, bien que les preuves signalent le contraire. Ce négationnisme est fondé sur des stéréotypes, des attitudes négatives et des préjugés envers des particuliers et des groupes. De telles attitudes affaiblissent notre capacité à engager un dialogue public et à reconstruire les relations avec les communautés autochtones.
Dans son récent rapport intérimaire, Kimberly Murray, l’interlocutrice spéciale indépendante pour les enfants disparus et les tombes et les sépultures anonymes en lien avec les pensionnats indiens, a révélé la hausse de la virulence des négationnistes prêts à attaquer la crédibilité de la vérité des survivants sur les enfants disparus, les sépultures anonymes et les cimetières des pensionnats indiens. Chaque partie, que ce soit un gouvernement, une organisation publique ou privée et la société civile, a la responsabilité de clamer haut et fort que le négationnisme est préjudiciable aux communautés autochtones et, au bout du compte, à nous tous qui souhaitons vivre en paix et en harmonie.
Ce n’est qu’en rendant un compte honnête du passé qu’il sera possible de parvenir à la réconciliation avec les communautés autochtones. C’est pourquoi la CODP demande à nouveau à toutes les parties de remettre immédiatement tous les dossiers des pensionnats au Centre national pour la vérité et la réconciliation, et de prendre les mesures nécessaires pour prendre acte de l’histoire de notre pays, mettre fin à ces préjudices et veiller à ce qu’ils ne se reproduisent plus jamais.