Chaque habitant de l’Ontario a le droit de marcher dans les rues, de faire ses courses, de participer à des activités récréatives, de travailler et de se rendre dans un lieu de culte en toute sécurité, sans craindre d’être attaqué en raison de sa religion, de son origine ethnique ou de sa race. En juin dernier, nous avons été témoins des conséquences fatales de l’atteinte à ce droit humain fondamental lorsque quatre membres d’une famille musulmane ont été tués et un cinquième grièvement blessé après qu’un automobiliste les a délibérément percutés à cause de leur religion. La police a déposé contre le suspect quatre chefs de meurtre au premier degré et un chef de tentative de meurtre, et a décrit son acte comme un acte planifié, prémédité et motivé par la haine et l’islamophobie.
La haine et la discrimination fondées sur la croyance n’ont pas leur place dans notre société. Et pourtant, la réalité nous rappelle bien trop de fois que l’islamophobie et la xénophobie sont tragiquement bien réelles, mortelles et présentes un peu partout en Ontario. Nous devons condamner sans équivoque la discrimination et la haine fondées sur la croyance et le racisme comme des actes déplorables qui enfreignent les valeurs et croyances fondamentales de notre société.
Il est alarmant de voir que l’islamophobie et ses conséquences tragiques ont envahi les collectivités du Canada. Le Conseil national des musulmans canadiens signale que ces cinq dernières années, un plus grand nombre de Musulmans ont été tués dans des attaques haineuses ciblées au Canada que dans n’importe quel autre pays du G7 – et ce à cause de l’islamophobie.
Statistique Canada révèle qu’une hausse marquée des crimes haineux déclarés par la police a été enregistrée en 2019, en Ontario, et que des incidents violents ciblant la population musulmane avaient plus de risques de viser des femmes que n’importe quel autre type de crime haineux. De 2010 à 2019, dans l’ensemble du Canada, presque la moitié (47 %) des victimes de crimes haineux violents ciblant la population musulmane étaient des femmes contre un tiers (32 %) de toutes les victimes de crimes haineux.
L’année passée, la CODP n’a pas cessé de dénoncer l’escalade de la haine contre les communautés religieuses et racisées. Il est impératif que nous nous mobilisions tous, et rapidement, pour démontrer notre solidarité individuelle et collective contre les actes d’islamophobie et de racisme, contre la haine et contre la violence qu’elle engendre.
Cette mobilisation doit aller au-delà d’une simple discussion sur le problème. Nous devons expressément reconnaître la présence de l’islamophobie dans toutes les sphères sociales et politiques. Il faut que les gouvernements et les organismes du pays élaborent des mesures concrètes qui véhiculeront le message que l’islamophobie et la haine fondée sur la religion ou la race n’ont pas leur place au Canada.
Un bon point de départ serait d’examiner nos lois destinées à lutter contre la haine pour garantir qu’elles fournissent une protection juridique aux victimes d’actes haineux fondés sur la religion si elles en ont besoin. Outre de renforcer les lois anti-crimes haineux, les efforts de lutte contre la haine religieuse devraient tenir compte du fait que pendant les périodes de tension sociale, les lieux de culte, comme des mosquées, pourraient avoir besoin d’un soutien proactif et de protections additionnelles contre les attaques haineuses.
Le sommet national sur l’islamophobie de demain est l’occasion idéale de donner suite à ce message et de le renforcer par des mesures concrètes qui assureront aux familles et communautés musulmanes qu’elles sont soutenues, respectées et en sécurité dans tout le Canada.
Ena Chadha
Commissaire en chef