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Éditorial d'opinion sur nationalnewswatch.com: Le combat de MLK contre la pauvreté doit inspirer notre vision de l’avenir post-COVID-19

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Avril 8, 2021

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Dans un éditorial publié en ligne sur National Newswatch le 4 avril 2021, la commissaire en chef Ena Chadha explique comment le combat de Martin Luther King contre la pauvreté doit guider notre vision de l’avenir post-COVID-19.

Le combat de MLK contre la pauvreté doit inspirer notre vision de l’avenir post-COVID-19

Tous les 4 avril, date anniversaire de son assassinat, nous commémorons la mémoire de Martin Luther King Jr. et l’héritage de son combat acharné contre le racisme et les inégalités.

En nous remémorant Martin Luther King, nous pensons à son action décisive en tant que chef de file du mouvement américain des droits civiques. Surtout célèbre pour son militantisme sur les questions raciales, Martin Luther King est peut-être moins connu pour son engagement inébranlable contre la pauvreté et pour la justice économique. Or, jusqu’à son dernier souffle, il n’a eu de cesse de souligner combien le fléau de la pauvreté était tout aussi pernicieux que le fléau du racisme.

Dans sa vision de la justice sociale, Martin Luther King concevait la pauvreté comme un joug important dans la longue et douloureuse histoire du racisme à l’endroit des personnes noires. Il estimait que, pour mettre fin à des siècles de racisme, il était fondamental de garantir aux personnes noires – et en fin de compte, à tout le monde – des emplois dignes et un revenu équitable.

Un an jour pour jour avant son assassinat, Martin Luther King a prononcé un discours dans lequel il déclarait que « le monde entier est condamné » si, dans l’évolution des droits de la personne, « rien n’est fait rapidement pour mettre un terme aux longues années de pauvreté, de souffrance et de négligence » vécues par les personnes racisées. Il exhortait la société à « abolir » la pauvreté, car il était fermement convaincu que le droit à la sécurité économique constituait une condition sine qua non à l’élimination véritable du racisme.

Peu de temps avant sa mort en avril 1968, Martin Luther King orchestrait des manifestations contre le racisme et la pauvreté. Pour lui, les droits des travailleurs, l’absence de discrimination dans l’emploi et le droit à un niveau de vie décent revêtaient une importance capitale pour remédier à l’injustice raciale. L’un de ses derniers projets avant sa mort avait été d’organiser la Campagne des pauvres, qui devait donner lieu à des manifestations quotidiennes contre la pauvreté à partir de mai 1968 à Washington, pour défendre les droits fondamentaux des personnes pauvres issues de tous les horizons. Malheureusement, Martin Luther King sera assassiné et ne verra pas les quelque 50 000 manifestants présents à la Marche des pauvres au Washington Memorial en juin 1968.

Les préoccupations soulevées par Martin Luther King dans les années 1960 restent indiscutablement d’actualité, alors que la pandémie a exacerbé les disparités raciales et économiques et intensifié les effets de la pauvreté intergénérationnelle. En Ontario, une personne sur sept vit dans la pauvreté. L’héritage de Martin Luther King dans le combat actuel contre la pauvreté importe autant que ses enseignements historiques sur le racisme. Alors que l’Ontario envisage à présent les modalités de la relance après la pandémie, la sagesse de Martin Luther King doit guider notre conception de l’égalité raciale et économique dans notre « nouvelle normalité ».

Le droit d’être à l’abri de la pauvreté est un droit de la personne et doit être compris comme un impératif racial, social, économique, culturel et géographique. Certains groupes visés par les motifs de discrimination illicites mentionnés dans le Code des droits de la personne de l’Ontario sont touchés de manière disproportionnée par la pauvreté, en plus d’avoir une moins bonne santé, un faible niveau de scolarité, un travail précaire et d’autres difficultés sociales et économiques. Si nous ne parvenons pas à remédier aux injustices sous-jacentes et aux causes profondes des désavantages en matière de santé, de revenu et d’éducation, les liens entre le racisme et la souffrance économique finiront par étrangler les communautés vulnérables, avait averti Martin Luther King.

La pandémie a des répercussions disproportionnées sur la santé physique et économique des communautés noires, autochtones et racisées. D’après une étude menée en 2021 par Statistique Canada sur le marché du travail pendant la pandémie, les Canadiens noirs affichent un taux de chômage environ 70 p. 100 plus élevé et gagnent en moyenne 3,92 dollars de moins que les Canadiens non racisés. Des données récentes confirment que 50 p. 100 des cas de COVID-19 à Toronto concernent des personnes à faible revenu et que près de 80 p. 100 des cas sont des personnes racisées.

Alors que la troisième vague de la pandémie frappe l’Ontario de plein fouet, les propos de Martin Luther King et l’urgence de son appel à lutter simultanément contre la pauvreté et le racisme doivent servir de cadre directeur. La planification post-pandémique doit reposer sur des considérations d’équité afin d’assurer la protection des communautés racisées et à faible revenu. La relance doit prévoir une gamme exhaustive de droits des travailleurs, comme des congés de maladie payés, des mesures de protection proactives à l’intention des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires, des allocations pour la garde d’enfants, des logements sûrs, accessibles et abordables, et des services complets de santé mentale. L’objectif est que la relance soit manifeste pour tous et qu’elle ne soit pas réservée à certains segments de la société.

Si nous voulons commémorer la mort de Martin Luther King, n’oublions pas que certaines de ses dernières homélies dénonçaient le fléau de la pauvreté. Pour honorer sa mémoire, nous devons nous appuyer sur un cadre des droits de la personne et une analyse intersectionnelle de la pauvreté. Les plans de relance après la pandémie doivent simultanément viser la réduction de la pauvreté et promouvoir le respect des droits de la personne, afin que tous les êtres humains puissent vivre dans la dignité, la paix et l’égalité.

Ena Chadha est commissaire en chef de la Commission ontarienne des droits de la personne.