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Gala de remise des prix pour le 10e anniversaire de la South Asian Bar Association

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Le 1er décembre 2015
Notes d’allocution : commissaire en chef Renu Mandhane
(Sous réserve de modifications)

Introduction

Merci de m’avoir invitée pour prendre part aux célébrations de votre 10e anniversaire.

Je reconnais dans l’assemblée de nombreux amis et alliés, et beaucoup de personnes dont le parcours symbolise la réussite de la communauté sud-asiatique de l’Ontario.

Je suis fière d’être l’une des vôtres. Ce soir, je vais vous parler un peu de mon parcours et de ce que l’avenir nous réserve.

Toute petite déjà, j’avais un sens aigu de la justice, de ce qui était bien et de ce qui était mal… Je suis sûre que beaucoup d’entre vous se retrouvent là-dedans.

Dans mes tout premiers souvenirs, je tiens tête à mes parents pour des règles que je trouve arbitraires ou du moins injustes.

Je me rendais régulièrement en Inde et j’étais profondément troublée par les rôles sexuels rigides et imposés que mes cousins, garçons comme filles, étaient censés respecter.

Pourtant, ce sont ma famille et la communauté sud-asiatique très soudée de Calgary qui m’ont inspiré certaines de mes valeurs et convictions fondamentales, comme le sens de l’effort, l’entraide au sein de ma communauté et le respect des aînés qui sont nos maîtres et qui nous guident.

Savoir que mes parents ont pu venir dans ce pays et réussir m’a montré que le Canada était une terre d’avenir pour les gens de cultures et de milieux divers.

À l’adolescence, j’ai compris que le profond engagement du Canada en faveur de l’inclusion et de la diversité est unique et spécial et mérite d’être défendu.

Mon engagement en faveur des droits de la personne a commencé dans le domaine de la violence fondée sur le sexe.

Petite déjà, j’avais parfaitement conscience de la peur et de la honte que de nombreuses femmes de notre communauté éprouvaient au sujet de la violence fondée sur le sexe.

Encore récemment, il était tabou de parler de ces problèmes et, même maintenant, bien des femmes sont rejetées par leur famille et leur communauté si elles demandent des comptes pour la violence qu’elles subissent.

Ce sont ces premières impressions qui ont fait que je me suis impliquée dans le mouvement de lutte contre la violence faite aux femmes.

  • D’abord, comme étudiante en droit en faisant du bénévolat à METRAC pour renseigner les femmes sur leurs garanties juridiques,
  • Puis, au conseil d’administration d’un refuge local pour femmes,
  • Puis, comme avocate représentant les plaignantes dont les dossiers privés étaient examinés dans les poursuites pour agression sexuelle,
  • Et, plus récemment, en attirant l’attention dans des forums internationaux sur la violence et le harcèlement sexuel que subissent les filles dans le monde entier dans le cadre scolaire.

Mais la décision de consacrer ma carrière à mettre fin à la discrimination envers les personnes et groupes vulnérable n’a pas été simple.

La raison est que, pour beaucoup dans notre communauté, la réussite a un sens relativement restreint : gravir les échelons professionnels, décrocher un poste rue Bay, se marier et avoir des enfants ainsi que gagner beaucoup d’argent.

Et s’écarter de ce schéma est souvent considéré avec scepticisme.

Lorsque j’ai décidé de quitter la rue Bay pour être en prise directe avec la réalité en tant que criminaliste déjà très sollicitée, mes parents et la plupart de mes homologues sud-asiatiques ont exprimé leur appréhension.

Pourquoi voulais-je quitter un bon poste stable? Pourquoi voulais-je abandonner une situation si prestigieuse pour défendre des criminels? 

Et, bien entendu, ma mère s’est demandé si cela allait compromettre mes perspectives de mariage et comment elle allait expliquer ma décision à ses amis!

Quinze ans ont passé et ma nomination en tant que commissaire en chef de la Commission ontarienne des droits de la personne a été saluée dans Desi Magazines et le Times of India, et mes parents n’auraient pas pu être plus fiers.

Les oncles et tantes de tout le pays m’ont félicitée.

Je ne dis pas cela parce que je pense que tous les juristes sud-asiatiques devraient poursuivre une carrière dans le domaine de la justice sociale.

Non, il est tout aussi important pour nous de faire preuve de réussite dans tous les aspects de la profession, pour lever les obstacles et briser les plafonds de verre.

Mais, j’espère vraiment que la réussite commence à avoir pour nous un sens plus large et que nous encourageons et guidons les jeunes juristes qui s’intéressent à la justice sociale pour qu’ils se sentent soutenus dans la poursuite d’une carrière dans cette voie.

Quel que soit votre domaine de travail, si vous êtes dans cette salle, c’est que comme moi, vous êtes très privilégié au vu de l’éducation que nous avons reçue et des possibilités qui se sont offertes à nous.

Ce privilège s’accompagne toutefois de responsabilité.

Nous devons reconnaître que de nombreuses autres personnes de la communauté sud-asiatique de l’Ontario font face à de réels obstacles systémiques à la réussite.

Travail de la CODP

Et voilà qui m’amène au travail à la Commission…

La Commission ontarienne des droits de la personne est l’organisme ontarien de surveillance des droits de la personne. Elle se concentre sur la prévention de la discrimination avant qu’elle ne s’enracine, en l’éliminant lorsqu’elle se produit.

En résumé, notre activité consiste à éliminer les obstacles.

Racisme et discrimination raciale

Le racisme et la discrimination font encore partie intégrante de notre tissu social et j’inclus là le racisme envers les Ontariennes et Ontariens d'origine sud-asiatique.

Il y a plus de 50 ans, le Code des droits de la personne de l’Ontario a été promulgué, en grande partie pour développer des protections juridiques contre le racisme.

Même si beaucoup de chemin a été parcouru, les progrès ont été lents et souvent frustrants.

Au fil des ans, la Commission ontarienne des droits de la personne a pris de nombreuses mesures afin d’identifier et d’éliminer la discrimination raciale.

Nous en sommes actuellement au tout début de la rédaction d’une politique relative à l’identification et à l’élimination du profilage racial, le processus malsain qui consiste à faire subir à des innocents une vérification supplémentaire seulement à cause de la couleur de leur peau.

Tout le monde a entendu parler de la manière dont le profilage racial a affecté les jeunes Noirs. Les personnes à la peau « brune », comme les jeunes de notre propre communauté, sont également concernées.

Parmi les jeunes hommes de notre communauté, nombreux sont ceux qui subissent du profilage racial dans les aéroports et aux frontières, où la soi-disant « lutte contre le terrorisme » vient parfois justifier un traitement discriminatoire.

La Commission continue d’adopter une position ferme à l’égard de toutes les formes de profilage racial, en particulier la pratique profondément dérangeante des contrôles de police de routine, souvent appelés « fichage », dans tout l’Ontario.

Nous nous félicitions que l’appui communautaire ait été si fort et je crois que les voix de la communauté commencent à être entendues.

Lorsque nous nous attaquons à des problèmes majeurs comme le profilage racial, nous ne pouvons pas travailler seuls.

Nous avons besoin de partenaires actifs dans la communauté, qui partagent une vision de Toronto, et de l’Ontario, où un incident de racisme est toujours un incident de trop.

La SABA a été ce partenaire.

Dans notre soumission récente au ministre Yasir Naqvi, vous avez appelé le gouvernement à interdire définitivement le fichage et les contrôles de routine.

Vos commentaires font écho à la plupart des arguments que nous faisons valoir et vont dans leur sens.

Discrimination antimusulmane

Je m’en voudrais si je ne mentionnais pas la recrudescence de la discrimination antimusulmane à la suite des attaques terroristes de Paris.

La Commission a dénoncé clairement et sans équivoque les actes odieux tels que l’incendie criminel de la mosquée de Peterborough, le harcèlement de femmes portant le hijab dans les lieux publics et les menaces de mort à l’encontre des musulmans proférées en ligne.

Dans un article que j’ai écrit dans le Huffington Post, j’ai noté que « des actes éloignés peuvent causer des fissures troublantes dans notre identité collective, qui nous rappellent que l'islamophobie et le racisme sont vécus par des personnes qui vivent ici, chez nous ».

Malgré notre harmonie et notre paix relatives, il est reste encore tant à faire.

La Commission peut continuer à faire entendre sa voix, et elle le fera, afin d’aider à réduire les situations de « tension et de conflit ».

Nous ne pouvons pas minimiser les effets préjudiciables de la discrimination sur de nombreuses personnes vulnérables, y compris des membres de notre communauté, et nous avons besoin de chacun de vous pour y remédier…

Alors, nous tous présents ici ce soir, engageons-nous à nous y employer ensemble et, grâce à nos situations relativement privilégiées, à œuvrer pour mettre fin à la discrimination dans notre province, nos villes et nos communautés, et sur nos lieux de travail.

L’heure est aux célébrations

Dans le même temps, ce soir, à l’occasion de votre 10e anniversaire, l’heure est également aux célébrations.

Nous devons saluer l’important travail que la SABA accomplit en tant que défenseur de la représentation sud-asiatique dans la magistrature.

Nous devons saluer votre travail dans le cadre du Groupe consultatif sur l'équité du Barreau.

Nous devons saluer le passionnant travail de mentorat mené avec des étudiantes et des étudiants qui rêvent de rejoindre notre profession.

Et nous devons en particulier saluer votre engagement indéfectible à vous exprimer sur des problèmes importants comme le profilage racial.

Chacune de ces actions nous rapproche de l’Ontario envisagé dans notre Code des droits de la personne

Un Ontario où règnent la compréhension et le respect mutuel de la dignité et de la valeur de chaque personne, où chacun sent qu’il fait partie intégrante de la collectivité et qu’il peut contribuer à son bien-être.

Je vous remercie de l’aide que vous avez apportée au cours des dix dernières années pour nous rapprocher de cet idéal.

Et j’ai hâte de découvrir les réalisations passionnantes que nous célèbrerons au cours des dix années à venir et au-delà.