Annexes
Les recommandations de la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) consistent à mettre en place des actions que le service de police de Toronto (SPT) et la Commission des services policiers de Toronto (CSPT) doivent prendre pour :
Les recommandations s’appuient sur les constatations faites par la CODP au cours de son enquête. Elles sont fondées sur des recherches et des consultations auprès de différent(e)s intervenant(e)s :
La plupart des recommandations sont adressées au SPT et à la CSPT, et peuvent être appliquées sans modifier la législation existante. Certaines recommandations peuvent exiger des modifications à la législation ou des changements à certaines pratiques policières de longue date à l’échelle de la province pour atteindre leurs objectifs. Ces recommandations s’adressent à toute la province, bien qu’elles invitent la CSPT à collaborer avec le gouvernement provincial pour traiter les problématiques que nous avons cernées à l’échelle provinciale.
La CODP reconnaît que depuis le lancement de l’enquête, la CSPT et le SPT ont mis en place des initiatives pour lutter contre le racisme et la discrimination envers les personnes noires, qui sont documentées dans le présent rapport. Les recommandations visent à combler les lacunes persistantes identifiées lors de l’examen par la CODP en matière de politiques, de procédures, de formation et de mécanismes de responsabilisation.
Bien que la CODP se soit efforcée de veiller à ce que ses recommandations reflètent les initiatives actuelles, elle reconnaît que, depuis la rédaction du présent rapport, le SPT et la CSPT peuvent avoir mis en œuvre de nouvelles initiatives ou renforcé celles qui étaient déjà en place.
Pour de nombreuses recommandations, il est clair que le SPT et la CSPT devront faire appel à divers(es) expert(e)s pour les guider, comme ce fut le cas lors de l’élaboration de leurs pratiques en matière de collecte de données fondées sur la race. Outre leur expertise en la matière, ces expert(e)s devraient être sensibles aux enjeux relatifs au racisme systémique dans les services de police, y compris le racisme envers les personnes noires, et, dans la mesure du possible, disposer de témoignages pertinents.
La CODP recommande ce qui suit :
Le changement transformateur des pratiques policières à Toronto doit s’appuyer sur les points de vue, les expériences et les perspectives de la communauté. Pour ce faire, il est nécessaire de s’engager de manière significative auprès des groupes consultatifs et des membres concerné(e)s des communautés noires de manière plus générale. Comme l’indique le rapport, il est clair que le SPT et la CSPT ont pris des mesures pour s’assurer que des consultations publiques sont menées et qu’elles sont en mesure de fournir des renseignements sur l’élaboration de leurs projets.
Ainsi, nos recommandations dans ce domaine cherchent à s’appuyer sur ces efforts afin de garantir que le développement, la mise en œuvre et l’examen des pratiques policières soient continuellement éclairés par les voix des communautés noires, et ce, de manière significative et fondamentale.
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande que cet engagement reconnaisse les incidences particulières des pratiques policières sur l’ensemble des expériences vécues et des identités intersectionnelles qui existent dans les communautés noires, et qu’il en tienne compte. La participation des communautés doit provenir d’une variété d’organisations, de comités et de groupes, y compris, mais sans s’y limiter, le Groupe consultatif sur la lutte contre le racisme (ARAP), le Police and Community Engagement Review (PACER) et/ou l’unité Confronting Anti-Black Racism (CABR) de la Ville de Toronto.
a. En consultation avec les communautés noires, la CSPT doit évaluer si ce plan d’action peut faire partie du plan stratégique en matière de services policiers, conformément au par. 39(1) de la Loi sur les services de police de l’Ontario, lorsqu’elle entrera en vigueur.
Compte tenu des conclusions de ce rapport sur le racisme systémique envers les personnes noires, le SPT et la CSPT devraient reconnaître officiellement les conclusions de l’enquête de la CODP, et ce, de façon substantielle et précise.
La CODP recommande ce qui suit :
Au cours de l’enquête, la CODP a tenu des consultations approfondies auprès d’un large éventail d’intervenant(e)s. Il s’agissait notamment de rencontres avec des membres des communautés noires et des organisations au service des communautés noires dans divers contextes, notamment des entrevues, des groupes de discussion et une table ronde sur les politiques, qui ont permis à des membres de la communauté et à des dirigeant(e)s de la police de discuter d’enjeux pressants et de réformes possibles.
La CODP a également consulté les têtes dirigeantes du SPT ainsi que de la CSPT et de la Toronto Police Association (TPA), en plus de mener un sondage auprès des agent(e)s (de rang inférieur à celui d’inspecteur(-trice). Chacun de ces groupes a fait part de ses préoccupations et de son point de vue sur la façon de lutter contre la discrimination systémique.
Au cours de nos discussions avec les personnes noires, nous avons entendu parler du manque de confiance entre les communautés noires et la police. Le manque de confiance découle en grande partie du traumatisme causé par les interactions négatives avec le SPT. Nous constatons un fort soutien à l’action du SPT pour remédier à ce traumatisme par des mesures réparatrices tangibles.
La CODP recommande ce qui suit :
Les membres de la collectivité ont régulièrement informé les élaborateur(-trice)s de politiques que l’allocation des ressources en matière de sécurité publique ne correspondait pas aux besoins de la communauté. Par exemple, les trois principales recommandations que le SPT a reçues des communautés lors des assemblées générales sur la réforme de la police en 2020 consistaient en le retrait de certaines tâches à la police et à l’arrêt de son financement, et un investissement dans les services de santé mentale et les toxicomanies. De même, la CODP a régulièrement été informée du fait que certains enjeux de sécurité communautaire auxquels le SPT répond pourraient être traités plus efficacement par un organisme non policier.
Comme l’indique très justement le rapport Missing and Missed, de nombreuses personnes souhaitent que la police abandonne certaines tâches au profit d’autres organismes publics et communautaires plus compétents, comme la prise en charge des personnes en crise de santé mentale ou le travail avec les personnes en situation d’itinérance2. Toutes les recommandations formulées dans Missing and Missed, y compris celles portant sur ces enjeux, ont été acceptées par le SPT et la CSPT.
En réponse aux préoccupations des communautés et au discours actuel sur le maintien de l’ordre qui appelle à repenser la manière dont la police doit mener ses activités, la CODP formule les recommandations suivantes.
La CODP recommande ce qui suit :
Pour faire évoluer la culture policière, le SPT doit refléter la diversité des collectivités qu’il dessert. Les personnes noires ayant été victimes de racisme peuvent contribuer à améliorer les processus internes et à changer les mentalités qui, jusqu’ici, n’ont pas permis d’enrayer le racisme envers les personnes noires et les préjugés raciaux systémiques au sein des services policier(-ière)s.
La CODP recommande ce qui suit :
Le pouvoir d’un(e) agent(e) d’approcher, d’interpeller ou de questionner un(e) civil(e) a fait l’objet de vives contestations. La pratique du fichage est l’exemple le plus frappant des préoccupations des personnes noires en ce qui concerne l’exercice du pouvoir discrétionnaire de la police lors d’interpellations et de questionnements et son incidence sur les communautés noires.
La CODP reconnaît les initiatives prises par le SPT, la CSPT et le gouvernement provincial pour communiquer avec les communautés noires et réviser les pratiques dans ce domaine. Cela inclut le Règl. de l’Ont. 58/16 : Collecte de renseignements identificatoires dans certaines circonstances, qui interdit les interpellations arbitraires.
Malgré l’interdiction de procéder à des interpellations arbitraires et la décision de surveiller chaque année le nombre de contrôles de routine effectués par le SPT, la CODP a continué de prendre connaissance de préoccupations importantes liées à des interpellations injustes au cours de son enquête. L’enquête a mis en évidence des lacunes importantes dans les politiques et procédures du SPT et de la CSPT concernant les interpellations et les fouilles, qui contribuent à perpétuer la discrimination raciale systémique.
En réponse à ces préoccupations, la CODP recommande les mesures suivantes, qui vont au-delà de la protection offerte par le Règl. de l’Ont. 58/16 et les politiques et procédures qui s’y rapportent.
La CODP recommande ce qui suit :
Ces critères sont plus rigoureux que ceux imposés par la province dans le Règl. de l’Ont. 58/16, Collecte de renseignements identificatoires dans certaines circonstances – interdiction et devoirs.
Dans le rapport Un impact disparate, l’analyse par des expert(e)s des données liées aux accusations, aux arrestations et aux remises en liberté par le SPT a révélé que les personnes noires sont largement surreprésentées dans les statistiques sur les accusations discrétionnaires de faible gravité et qu’elles sont plus susceptibles que les personnes blanches de faire face à des accusations ayant peu de chances d’aboutir à une condamnation. Parmi les accusations examinées dans le cadre de l’enquête, le taux d’accusations visant les personnes noires était 3,9 fois plus élevé que pour les personnes blanches et 7,1 fois plus élevé que pour les personnes issues d’autres groupes racialisés.
Bien qu’elles fassent l’objet d’accusations à un taux disproportionnellement élevé, les personnes noires étaient surreprésentées dans les statistiques sur les accusations retirées. Les cas impliquant des personnes noires étaient également moins susceptibles d’entraîner une condamnation que ceux impliquant des personnes blanches.
Au chapitre 7, nous reconnaissons les mesures que le SPT a prises afin de mieux comprendre et traiter le racisme envers les personnes noires et la discrimination raciale lors d’accusations et d’arrestations. Cela implique un travail considérable en matière de collecte, d’analyse et de production de rapports sur les données dans ce domaine.
En 2022, le SPT a publié son analyse de ses données fondées sur la race en lien avec le recours à la force et les fouilles à nu. Il s’agit notamment des données relatives aux « mesures d’application de la loi », qui contiennent des données sur les accusations et les arrestations. Par exemple, les données montrent que les personnes noires sont 2,2 fois plus susceptibles d’être impliquées dans des « mesures d’application de la loi », c’est-à-dire des « incidents qui entraînent des arrestations, des accusations, des déjudiciarisations, des contraventions ou des avertissements pour des infractions provinciales graves, et qui incluent les personnes classées comme suspects ou sujets dans les constats d’incidents »6 [traduction].
La CODP propose que le SPT et la CSPT s’attaquent à la disparité raciale lors des accusations et des arrestations en améliorant les politiques et les procédures en matière d’accusations et d’autres mesures d’exécution (par exemple, les avertissements par la police, les mesures de rechange). Cette proposition est fondée sur la constatation que les procédures et la formation du SPT ne fournissent pas suffisamment de directives aux agent(e)s pour déterminer s’il convient de porter des accusations, de procéder à une arrestation ou de recourir à des mesures de rechange.
La CODP a également étudié les avantages possibles du processus d’approbation de la Couronne avant la mise en accusation. La mise en œuvre du processus d’approbation de la Couronne avant la mise en accusation nécessiterait la participation de la province. À ce titre, elle est abordée conjointement avec d’autres recommandations adressées à la province un peu plus loin dans le présent document.
La CODP recommande ce qui suit :
La CSPT a publié une politique sur le recours à l’intelligence artificielle, qui vise à garantir que l’utilisation des technologies d’IA par le SPT n’a pas de répercussions disproportionnées sur les communautés noires et d’autres communautés marginalisées. Il est important que le SPT n’utilise pas les technologies d’IA de manière à entraîner une situation de discrimination raciale.
La CODP recommande ce qui suit :
Le recours à la force par la police envers les personnes noires est l’un des enjeux les plus controversés auxquels sont confrontées les forces de l’ordre dans l’ensemble de l’Amérique du Nord. Les incidents lors desquels la police a recours à un usage excessif de la force minent la confiance dans le maintien de l’ordre et peuvent entraîner des décès injustifiés.
Compte tenu de l’importance cruciale de cet enjeu, le SPT et la CSPT doivent veiller à ce que leurs politiques, pratiques, formations et mécanismes d’examen exigent que les agent(e)s du SPT ne recourent à la force qu’en dernier ressort et que tout recours déraisonnable à la force soit identifié et fasse l’objet de mesures de responsabilisation rigoureuses. De plus, le SPT et la CSPT doivent veiller à ce que les agent(e)s utilisent des techniques de désescalade et des méthodes sans recours à la force pour faire respecter les ordres de la police chaque fois que cela est possible.
La CODP recommande ce qui suit :
Les interactions mortelles entre les civil(e)s et la police peuvent miner la confiance du public dans les services de police et avoir une incidence traumatisante sur les individus, les familles et les communautés. Comme le démontre le présent rapport, les personnes noires sont touchées de manière disproportionnée par les pratiques de recours à la force du SPT, y compris la force létale. Les personnes noires sont plus susceptibles d’être abattues par le SPT.
La CODP a reconnu les mesures importantes prises par le SPT pour éviter le recours à la force, notamment la mise à jour de la politique de réponse aux incidents (Use of Force/De-Escalation), la collecte de données sur le recours à la force et les plans d’action connexes mentionnés dans le corps du présent rapport.
La CODP recommande ce qui suit :
a. continuer de surveiller de près ces disparités et d’en faire rapport, et prendre des mesures immédiates pour établir des plans d’action afin de les réduire;
b. rendre compte de l’efficacité des techniques de désescalade dans les interactions avec les communautés noires.
L’obligation d’intervenir est une obligation d’empêcher les autres agent(e)s de recourir à une force excessive ou de se livrer à une conduite interdite. La CODP accueille favorablement la décision de la CSPT d’imposer une obligation d’intervenir à tou(te)s les membres du SPT qui observent un(e) agent(e) ayant recours à une force prohibée ou excessive, ou se livrant à des actes constituant une mauvaise conduite. En tant que meilleure pratique, cette obligation devrait être contrôlée et améliorée en fonction des commentaires fournis par les agent(e)s qui ont été appelé(e)s à intervenir.
À ce titre, la CODP recommande ce qui suit :
Les définitions du « recours à la force » qui justifient l’établissement d’un rapport sont trop étroites et ne reflètent pas les réalités du maintien de l’ordre moderne. Par exemple, l’analyse des expert(e)s de la CODP a abouti à des conclusions importantes sur l’impact disparate du recours à la force de faible intensité sur les communautés noires. Toutefois, le recours à la force de faible intensité n’entre pas dans le cadre des incidents qui doivent être signalés.
Une définition qui considère que le recours à la force n’entraîne que des blessures ou la nécessité d’une hospitalisation ne tient pas compte de l’impact et du traumatisme psychologiques que le recours à la force par la police a sur les communautés.
La CODP recommande ce qui suit :
Le déchargement d’une AI devrait être assujetti aux mêmes normes en matière d’enquête que celles relatives au déchargement d’une arme à feu, car l’utilisation de ces armes est potentiellement mortelle et que les groupes protégés par le Code sont soumis à leur utilisation de manière disproportionnée.
La CODP recommande ce qui suit :
Les procédures du SPT et les politiques de la CSPT devraient fournir des directives supplémentaires dans les circonstances où un(e) agent(e) interagit avec un(e) jeune(e) et envisage le recours à la force.
La CODP recommande ce qui suit :
La politique de la CODP sur l’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre comprend des recommandations pour lutter contre le racisme systémique envers les personnes noires dans les services de police qui concernent le SPT. Par exemple La CSPT et le SPT n’ont pas élaboré de politique ou de procédure distincte sur le profilage racial. L’absence de politique et de procédure adéquates pour prévenir la discrimination peut contribuer aux disparités raciales et saper la confiance de la communauté envers la police.
La CODP recommande ce qui suit :
L’enquête de la CODP a révélé que le SPT et la CSPT se sont engagés à étudier le profilage racial et la discrimination raciale et à offrir de la formation et un enseignement sur le sujet. Des mesures importantes ont été prises pour créer une formation utile sur les préjugés raciaux, le profilage racial et la discrimination raciale.
Malgré ces mesures, la formation et l’enseignement du SPT en matière de racisme envers les personnes noires, de profilage racial et de discrimination raciale présentent encore des lacunes qu’il convient de combler. Elles comprennent des éléments qui devraient être inclus dans une politique de la CSPT et une procédure du SPT sur le profilage racial.
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
Sur la base des résultats de l’enquête, la CODP a conclu que pour qu’un réel changement se produise, le SPT et la CSPT doivent s’engager à prendre des mesures précises, systémiques et concrètes qui ont force exécutoire. Toutes ces années où des rapports ont été produits et pendant lesquelles les communautés noires réclamaient que des actions soient prises nous montrent que si la CSPT et le SPT s’engagent à entreprendre des changements, il doit s’agir d’engagements qui ont force exécutoire.
La CODP a proposé des recours juridiquement contraignants et exécutoires comme mesure de responsabilisation qui encouragera le SPT et la CSPT à travailler avec la CODP et la collectivité pour mettre en œuvre les recommandations qui découlent de cette enquête.
La CODP recommande ce qui suit :
Qu’il s’agisse de l’adoption d’une politique particulière en matière de collecte de données fondées sur la race ou de la collecte de données sur les rapports de recours à la force, les fouilles à nu, les accusations, les arrestations, les remises en liberté et les mesures de déjudiciarisation impliquant des jeunes, le SPT et la CSPT ont pris des mesures importantes en matière de collecte de données, comme indiqué au chapitre 9. Il existe toutefois des lacunes qui méritent une attention particulière.
Pour que la collecte de données permette de lutter contre le racisme systémique, les données doivent favoriser une analyse solide de l’ensemble des interactions entre la police et les civil(e)s, identifier les disparités raciales et fournir des conclusions sur lesquelles il est possible d’agir de manière décisive.
Comme indiqué dans le présent rapport, des lacunes subsistent dans la politique actuelle :
La CODP recommande :
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
Le SPT devrait revoir le rapport Wortley intitulé Disparité raciale dans les interpellations et les accusations : Analyse des données sur les interpellations et les accusations transmises par le service de police de Toronto (2020), y compris les données manquantes pertinentes qui ont été signalées.
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
a. Les examens de supervision des incidents de recours à la force doivent être liés à l’évaluation du rendement des agent(e)s. À cet égard, la CODP adopte la proposition du jury à ce sujet dans le cadre de l’enquête sur le décès de Jermaine Carby33.
La CODP recommande ce qui suit :
Les considérations relatives à la protection de la vie privée dans le cas de données fondées sur la race sont toujours importantes. Ce constat est particulièrement vrai pour les données recueillies en l’absence de tout cadre réglementaire, comme ce fut le cas pour les données relatives aux contrôles de routine pendant plusieurs années jusqu’en 2017. En outre, comme l’indique le présent rapport, le SPT et la CSPT n’ont pas procédé à l’élimination des données historiques sur les contrôles de routine, dont une grande partie est le résultat d’un profilage racial.
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
Les systèmes d’intervention précoce (SIP), également connus sous le nom de systèmes d’alerte précoce, doivent recueillir des données fondées sur la race afin d’alerter les superviseur(e)s de tout problème possible de performance et d’inconduite. De plus, ces systèmes offrent « des ressources et des outils afin de prévenir les mesures disciplinaires et de promouvoir la sécurité, la satisfaction et le bien-être des agent(e)s » [traduction]34.
Le SIP devrait recevoir des renseignements sur les membres et les intégrer afin d’identifier tout modèle de comportement ou d’incident révélateur d’un comportement à risque. Par ailleurs, les renseignements recueillis par le SIP devraient permettre d’assurer la supervision régulière des membres[35]. Le SIP peut également être utilisé pour suivre les indicateurs de bien-être des agent(e)s et prévenir les préjudices subis par les agent(e)s et les membres du public.
Les SIP ont généralement des objectifs correctifs et, par conséquent, les résultats de ces systèmes ne sont pas destinés à déclencher des mesures disciplinaires. Néanmoins, les services de police ont la possibilité d’utiliser les renseignements d’un SIP pour justifier l’imposition éventuelle de mesures disciplinaires, le cas échéant.
Sachant que les indicateurs de discrimination raciale peuvent varier d’un(e) agent(e) de police à l’autre, d’un peloton à l’autre, d’une unité à l’autre ou d’une division à l’autre, l’éventail des points de données pertinents est précisé ci-dessous.
La CODP recommande ce qui suit :
Ce système devrait capter et signaler les tendances sur le plan des disproportions et disparités raciales36, y compris celles qui touchent les éléments suivants :
a. Lorsque les superviseur(e)s n’identifient pas d’explication crédible et non discriminatoire, la conduite de l’agent(e) et les préoccupations du (de la) superviseur(e) doivent être signalées dans le SIP et être transmises à l’Unité des normes professionnelles aux fins d’enquête complète.
La CSPT et le SPT ont consulté la CODP au sujet des caméras corporelles (CC) afin de guider l’élaboration de la politique de la CSPT et de la procédure du SPT à l’automne 2020. Par ailleurs, la CODP a présenté des observations écrites exposant les préoccupations que suscitent les CC41. À la lumière de la décision du SPT et de la CSPT d’aller de l’avant avec la mise en œuvre des CC, la CODP recommande de suivre les lignes directrices suivantes :
La CODP recommande ce qui suit :
Il est important, en tant qu’employeur(-euse)s, de mener des enquêtes approfondies sur les plaintes liées à la discrimination. Les organisations devraient disposer d’un mécanisme clair, équitable et efficace pour recevoir, examiner et résoudre les plaintes liées à la discrimination, et pour veiller à ce que les préoccupations en matière de droits de la personne soient portées à leur attention de manière efficace.
Au cours de l’enquête, la CODP a constaté l’absence de surveillance et de responsabilisation efficaces en matière de racisme envers les personnes noires et de discrimination raciale à leur égard de la part du SPT et de la CSPT. Pour répondre à cette préoccupation, le chef de la police doit exercer largement son pouvoir discrétionnaire pour enquêter et traiter les cas éventuels d’inconduite d’une manière équitable et transparente. La CSPT doit revoir l’administration des plaintes et établir des lignes directrices disciplinaires appropriées.
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
Le processus d’évaluation du rendement doit aborder activement la question de la discrimination systémique dans les services de police. La motivation des pratiques policières qui produiront de meilleurs résultats devrait être un objectif clé du processus d’examen.
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP recommande ce qui suit :
Ces renseignements devraient également être rendus publics chaque année d’une manière cohérente avec les dispositions en matière de confidentialité de la Loi sur les services policiers (LSP) et de toute législation ultérieure telle que la Loi de 2019 sur la refonte complète des services de police de l’Ontario (LRCSPO).
Le SPT devrait également divulguer des renseignements sur la nature de la réponse fournie par le service de police55 et sur le temps consacré à répondre à l’appel.
La CODP recommande ce qui suit :
La CODP reconnaît que l’Ontario joue un rôle essentiel dans l’établissement du cadre législatif et réglementaire qui régit les services de police et dans lequel opèrent le SPT et la CSPT, et que ces derniers peuvent, dans certains cas, ne pas avoir la compétence d’adopter les changements nécessaires sans l’aide du gouvernement provincial.
Pour reprendre les termes de la conclusion de la vérificatrice générale, une approche pangouvernementale et communautaire est nécessaire pour traiter un grand nombre des enjeux auxquels la police répond, et il faut investir dans l’infrastructure des services sociaux et dans des stratégies de rechange56. De plus, ces recommandations peuvent avoir une incidence sur les autres services de police de l’Ontario.
Bien que le Règl. de l’Ont. 58/16 : Collecte de renseignements identificatoires dans certaines circonstances interdise les interpellations arbitraires, comme indiqué au chapitre 6 du présent rapport, la CODP continue d’être très préoccupée par les interpellations non justifiées57.
La CODP recommande ce qui suit à la province de l’Ontario :
Ces critères sont plus drastiques que ceux imposés par la province dans le Règl. de l’Ont. 58/16.
La CODP recommande ce qui suit à la province de l’Ontario :
La CODP recommande ce qui suit à la province de l’Ontario :
•Les résultats de cette évaluation devraient servir à définir des pratiques exemplaires en vue de mettre à jour le matériel didactique.
La CODP recommande ce qui suit à la province de l’Ontario :
La CODP recommande ce qui suit à la province de l’Ontario :
La CODP recommande ce qui suit à la province de l’Ontario :
La CODP recommande ce qui suit à la province de l’Ontario :
La CODP recommande ce qui suit à la province de l’Ontario :
Par exemple, les affaires traitées par des mesures disciplinaires informelles devraient faire l’objet d’un rapport public62.
b) Modifier les restrictions du Règl. 926/90 qui interdit d’utiliser les rapports sur le recours à la force pour régler tout problème de rendement des agent(e)s.
Lorsque le procureur prend connaissance de renseignements crédibles et fiables selon lesquels un(e) agent(e) s’est rendu(e) coupable de discrimination raciale et/ou de profilage racial, ou d’une violation de la Charte reflétant un comportement correspondant à la discrimination raciale et/ou au profilage racial, il(elle) doit transmettre l’affaire au (à la) procureur(e) de la Couronne qui, à son tour, avisera le (la) chef de la police.
La CODP recommande ce qui suit à la province de l’Ontario :
La CODP recommande ce qui suit à la province de l’Ontario :
La CODP recommande que la province de l’Ontario collabore avec le SPT et la CSPT afin de :
Plus précisément, la CODP encourage le SPT et la CSPT à faire appel au ministère de la Santé de l’Ontario pour obtenir une accessibilité complète des équipes mobiles d’intervention en cas de crise (EMIC), 24 heures sur 24, à Toronto.
La CODP recommande ce qui suit :
Conformément à l’article 11 du Règl. de l’Ont. 267/18 en vertu de la Loi sur les services de police, les chefs de police municipale sont tenus d’enquêter sur tout incident ayant fait l’objet d’une déclaration à l’Unité des enquêtes spéciales (UES), sous réserve que cette dernière joue un rôle prépondérant dans l’enquête sur l’incident. Les chefs de police sont également tenus de présenter une copie de leur rapport d’enquête à leur commission des services policiers. Les conseils d’administration ont le pouvoir discrétionnaire de rendre ces rapports publics.
La CODP recommande ce qui suit :
Un impact collectif, le premier rapport d’enquête de la CODP, comprenait une analyse des données obtenues par la CODP auprès de l’Unité des enquêtes spéciales (UES). De plus, la CODP a rencontré Joseph Martino, le directeur de l’UES.
Grâce à ce travail, plusieurs recommandations ont été transmises directement au SPT et à la CSPT.
La CODP recommande ce qui suit à l’UES :
1 « Report of the Independent Civilian Review into Missing Person Investigations ». En ligne : https://www.tps.ca/chief/chiefs-office/missing-and-missed-implementation...
2 « Missing and Missed: Report of the Independent Civilian Review into Missing Person Investigations, vol. 3 Commission des services policiers de Toronto », 2021, p. 694. En ligne (PDF) : l’honorable Gloria J. Epstein, examinatrice indépendante <https://www.tps.ca/media/filer_public/34/ba/34ba7397-cbae-4f44-8832-cd9cb4c423ca/71ed3bb5-65a5-410e-a82f-3d10f58d0311.pdf>
3Une vérification du SPT réalisée par KPMG a mis en avant la civilarisation comme moyen de réponse aux exigences du service. La vérification recommande ce qui suit : « Procéder à un examen, à l’échelle du service, de tous les postes, de toutes les descriptions de poste et de toutes les attentes en matière de rendement au sein du SPT, en fonction des exigences opérationnelles et de la nécessité de maintenir une masse critique de capacités assermentées. Cette démarche permettra de déterminer quels postes requièrent les compétences de personnel en uniforme et/ou constituent un service de police essentiel, afin de mettre en évidence les rôles à envisager pour la civilarisation, avec pour résultat par défaut l’externalisation si l’option est jugée plus rentable et permet d’obtenir un meilleur résultat que le statu quo » [traduction]. En outre, l’étude de KPMG note que d’autres grandes villes ont transformé des services traditionnellement assurés par des agent(e)s en services assurés par des civil(e)s. Par exemple :
Voir Commission des services policiers de Toronto, « Opportunities for the Future for the Board’s Consideration », 2015. En ligne (PDF) : www.tpsb.ca/KPMG%20-%20Comprehensive%20Organization%20Review%20-%20Potential%20Opportunities%20for%20the%20Future%20Report%20to%20the%20TPSB%20(FINAL)%2017Dec%202015.pdf.
Le SPT a mis en œuvre les programmes suivants, qui permettent de transformer les services de base en services civils :
9-1-1 Call Diversion Project : Le SPT et le Gerstein Crisis Centre, une organisation civile, travailleront « en collaboration, mais de manière distincte, pour aider à détourner les appels non urgents liés à la santé mentale et éviter ainsi une intervention de la police » [traduction]. Ce programme pilote a été créé en réponse aux 81 recommandations du rapport sur la réforme de la police. (Voir : Services de police de Toronto, « 9-1-1 Call Diversion Project », novembre 2021. En ligne : https://www.tps.ca/media-centre/stories/9-1-1-call-diversion-project/.)
Traffic Agent Program : Selon le Code de la route, seuls les agent(e)s de police sont autorisé(e)s à diriger la circulation aux intersections dotées de feux de signalisation. En conséquence, le SPT a collaboré avec la Ville de Toronto pour que les agent(e)s de la circulation soient nommé(e)s agent(e)s spéciaux(-ales) dans le cadre du Traffic Agent Program (programme des agent(e)s de la circulation). Les agent(e)s de la circulation ont le pouvoir de gérer la circulation à toutes les intersections de Toronto à la place des agent(e)s de service rémunéré(e)s. (Voir : Ville de Toronto, « Traffic Agent Program ». En ligne : https://www.toronto.ca/services-payments/streets-parking-transportation/traffic-management/traffic-agent-program/). Le SPT a également créé un poste d’agent(e) spécial(e) de district qui peut être chargé(e) du transport des détenu(e)s et des personnes appréhendées.
La CODP prend acte de la lettre du 20 janvier 2021 de la CSPT au ministère fédéral de la Santé, au ministère provincial de la Santé et à la Ville de Toronto, dans laquelle la CSPT demande des investissements supplémentaires et durables pour les services communautaires en matière de santé mentale et de toxicomanie à Toronto. La lettre répond à la recommandation 11 du Rapport sur la réforme de la police.
4 Il s’agit notamment du Community Crisis Service (CCS) de Toronto lancé par la Ville de Toronto. Voir : https://www.toronto.ca/community-people/public-safety-alerts/community-safety-programs/toronto-community-crisis-service/
5 Commission ontarienne des droits de la personne, « Mémoire présenté au ministère de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels », 29 avril 2016. En ligne : <Stratégie pour une meilleure sécurité en Ontario – Mémoire de la CODP présenté au MSCSC | Commission ontarienne des droits de la personne>.
6 Services de police de Toronto : Stratégie de collecte de données fondées sur la race, « Use of Force : Measurement & Outcomes RBDC Video 4 Transcript ». En ligne (PDF) : https://www.tps.ca/media/filer_public/b9/f4/b9f492b5-8e11-450a-af6e-deae2658010b/1ec05b46-427f-41eb-8697-cd12e95dad0b.pdf
7 African Canadian Legal Clinic, « Civil and Political Wrongs: The Growing Gap Between International Civil and Political Rights and African Canadian Life », 2015, p 12. En ligne (PDF) : <(rmozone.com)> « Dans le passé, les stéréotypes sur les personnes noires ont été utilisés pour justifier l’esclavage et la ségrégation. Aujourd’hui, ils constituent la base de politiques et de pratiques discriminatoires qui violent les droits civils et politiques des Afro-Canadien(ne)s. Il s’agit notamment de la surpopulation des communautés afro-canadiennes, de la brutalité policière, des disparités dans les peines et des institutions policières de responsabilisation qui exonèrent les forces de l’ordre de toute faute lorsque la victime est afro-canadienne » [traduction].
[7] Le President’s Task Force (groupe de travail du président) sur les politiques du 21e siècle a souligné dans ses recommandations l’importance d’explorer des solutions de rechange aux accusations. La recommandation 2.2.1 souligne que : « Les politiques des organismes chargés de l’application de la loi en matière de formation sur le recours à la force devraient mettre l’accent sur la désescalade et les mesures de rechange à l’arrestation ou à la citation à comparaître dans les situations qui s’y prêtent » [traduction]. Voir : President’s Task Force on 21st Century Policing, « Final Report of the President’s Task Force on 21st Century Policing (Washington, DC: Office of Community Oriented Policing Services », 2015. En ligne (PDF) : (usdoj.gov). Certains postes de police de Seattle et des environs ont mis en place une stratégie de déjudiciarisation avant la mise en détention; voir également le programme Law Enforcement Assisted Diversion. Le programme donne aux agent(e)s de police la possibilité de transférer les personnes arrêtées pour des infractions liées aux drogues et à la prostitution vers les services sociaux plutôt que de les engager plus loin dans le système de justice pénale. National Institute of Corrections, « Jail Alternatives (U.S. Department of Justice) ». En ligne (PDF) : <https://nicic.gov/tags/jail-alternatives>.
À Toronto, le pouvoir exercé par la police s’applique en grande partie aux décisions de déposer ou non des accusations. Il est fréquent que le SPT classe les dossiers sans avoir déposé d’accusations. Par exemple, en 2019, 21,4 % des dossiers classés en vertu du Code criminel (autres que ceux liés à la circulation) à Toronto (9 043 sur 42 221) ont été « classés sans mise en accusation. » Statistique Canada, « Tableau : 35-10-0180-01 : « Statistiques des crimes fondés sur l’affaire, par infractions détaillées, services de police en Ontario », 29 juillet 2013. En ligne : <https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=3510018001&request_locale=fr>
Comme l’explique le Centre canadien de la statistique juridique : « Il y a des cas où la police peut classer (ou résoudre) une affaire, sans toutefois déposer d’accusations criminelles ou recommander à la Couronne d’en porter. Pour qu’une affaire soit « classée sans mise en accusation », elle doit satisfaire à deux critères : 1) au moins un(e) accusé(e) ou suspect(e) pouvant être inculpé(e) (ASI) doit avoir été identifié, et 2) la preuve doit être suffisante pour qu’une accusation soit portée relativement à l’affaire, mais la personne identifiée ne fait pas l’objet d’une mise en accusation et l’affaire est classée par d’autres moyens. » Centre canadien de la statistique juridique, « Révision de la classification des affaires criminelles fondées et non fondées dans le cadre du Programme de déclaration uniforme de la criminalité, produit no 85-002-X au catalogue de Statistique Canada », 12 juillet 2013, p. 8. En ligne (PDF) : <https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2018001/article/54973-fra.pdf>.
La décision de classer un dossier sans mise en accusation peut être prise pour diverses raisons, y compris le « pouvoir discrétionnaire du service de police » (ibid. 5, figure 1). Cette recommandation repose sur la proposition selon laquelle ce pouvoir discrétionnaire devrait être exercé de manière à contrer les tendances actuelles en matière d’accusations excessives propres à la race de la part du SPT.
8 Commission ontarienne des droits de la personne, « Mémoire sur le cadre ontarien pour la fiabilité de l’IA », juin 2021. En ligne : (ohrc.on.ca)
9 Commission ontarienne des droits de la personne, « Soumission sur la politique d’utilisation des technologies d’intelligence artificielle du CSPT », septembre 2021. En ligne : Soumission sur la politique d’utilisation des technologies d’intelligence artificielle du CSPT | Commission ontarienne des droits de la personne (ohrc.on.ca)
10 Commission ontarienne des droits de la personne, « Politique sur l’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre, gouvernement de l’Ontario, 2019, section 4.2.6. – Intelligence artificielle ». En ligne (PDF) : Politique sur l’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre (ohrc.on.ca), qui explique pourquoi ces dimensions de la prévision policière peuvent alimenter, ou alimentent actuellement, des services de police racialement discriminatoires.
11 « La CODP est d’avis que la RF (reconnaissance faciale) n’est pas encadrée de façon appropriée par les lois existantes... Yuan Stevens de l’Université Ryerson et Sonja Solomun de l’Université McGill ont observé : Au Canada, il est actuellement possible de recueillir et de transmettre des images faciales à des fins d’identification, et ce, sans consentement et sans modalités juridiques appropriées, notamment concernant le droit de contester les décisions prises à l’aide de cette technologie. » Voir : Commission ontarienne des droits de la personne, « La CODP commente le document d’orientation préliminaire de la CIPVP sur la protection de la vie privée à l’intention des services de police relativement au recours à la reconnaissance faciale », 19 novembre 2021. En ligne : <https://www.ohrc.on.ca/fr/centre_des_nouvelles/la-codp-commente-le-document-d%E2%80%99orientation-pr%C3%A9liminaire-de-la-cipvp-sur-la-protection-de-la-vie>. Voir également : Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, « Document d’orientation sur la protection de la vie privée à l’intention des services de police relativement au recours à la reconnaissance faciale », mai 2022. En ligne : <https://www.priv.gc.ca/fr/sujets-lies-a-la-protection-de-la-vie-privee/surveillance/police-et-securite-publique/gd_rf_202205/>. Les commissaires à la protection de la vie privée à l’échelle fédérale, provinciale et territoriale au Canada estiment que le contexte législatif actuel entourant l’utilisation de la technologie de RF par les services de police est insuffisant. En l’absence d’un cadre juridique complet, une incertitude importante demeure quant aux situations dans lesquelles l’utilisation de la RF par les services de police est légale. »
12 Commission ontarienne des droits de la personne, », Politique sur l’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre », section 4.2.6. – Intelligence artificielle, 2019, pp. 46-49. En ligne (PDF) : L’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre (ohrc.on.ca)
13 Conformément à une recommandation du rapport de l’honorable Frank Iacobucci sur les interactions entre la police et les personnes en situation de crise, le SPT et John Tory, le maire de Toronto, ont convenu d’adopter un engagement « zéro préjudice et zéro décès » pour préserver la vie des personnes en situation de crise. Le SPT devrait adopter cet objectif pour tou(te)s les civil(e)s, mais devrait mettre un accent particulier sur les interactions avec les personnes noires et d’autres personnes racialisées, ainsi qu’avec les personnes en situation de crise, car ces groupes sont surreprésentés dans les interactions avec la police qui peuvent entraîner le recours à la force létale. Dans le cadre de cette stratégie, le SPT a étudié les possibilités de recours à une force moins meurtrière. Voir : « Police Encounters with People in Crisis, An Independent Review Conducted by The Honourable Frank Iacobucci for Chief William Blair of the Toronto Police Service », 2014, pp. 8, 126. En ligne (PDF) : <police_encounters_with_people_in_crisis.pdf (ciddd.ca)>
Directeur indépendant de l’examen de la police de l’Ontario, « Police Interactions with People in Crisis », mars 2017, p. 4. En ligne (PDF) : <www.oiprd.on.ca/wp-content/uploads/Police-Interactions-with-People-in-Crisis-and-Use-of-Force-Systemic-Review-Report-March-2017-Small.pdf> : en référence aux interactions mortelles entre la police et des personnes en situation de crise, le BDIEP note : « Nous ne pouvons pas ignorer le fait que, dans beaucoup de ces cas, la personne décédée était noire ou de couleur » [traduction]; service de police de Toronto, « Achieving Zero Harm/Zero Death—An Examination of Less-Lethal Force Options, including the Possible Expansion of Conducted Energy Weapons (CEWs) » (consultation publique), 19 octobre 2017. En ligne (PDF) : <TPSBCEWConsultation_Agenda_DisPaper.pdf>
14 Les équipes de sensibilisation et de soutien en cas de crise (COAST) du service de police régional de Peel sont composées d’un(e) agent(e) et d’un(e) travailleur(-euse) communautaire de l’Association canadienne pour la santé mentale. Voir : Service de police régional de Peel, « Applying the CSWB Framework at Peel Regional Police », 2018. En ligne : Community Safety and Well-Being < https://www.peelpolice.ca/en/in-the-community/community-safety-and-well-being.aspx#Mobile-Crisis-Rapid-Response-Teams-MCRRT->
15 Camden County Police, « Use of Force Policy », art. 4.5-4. Voir Camden County Police, « Use of Force Policy », (procédure normale d’exploitation), décembre 2021. En ligne (PDF) : < https://camdencountypd.org/wp-content/uploads/2021/12/USE-OF-FORCE-123121.pdf>
16 La version actuelle de l’article 14.5 prévoit la production de rapports sur le recours à la force lorsqu’un(e) membre du service « utilise la force physique sur une autre personne et cause des blessures nécessitant des soins médicaux » [1. Voir : Commission ontarienne des droits de la personne, « Mémoire concernant la modification du règlement sur le matériel et l’usage de la force et la mise en œuvre du rapport modernisé sur l’usage de la force », octobre 2022. En ligne : <https://www.ohrc.on.ca/fr/m%C3%A9moire-concernant-la-modification-du-r%C3%A8glement-sur-le-mat%C3%A9riel-et-l%E2%80%99usage-de-la-force-et-la-mise-en>
Une définition exhaustive devrait englober tous les cas où la force physique est utilisée, y compris les touchers coercitifs comme la clé de poignet ou de bras, ou le fait de frapper la personne avec les mains ou les pieds. La portée des incidents soumis à la production d’un rapport sur le recours à la force devrait inclure l’utilisation de menottes (contentions mécaniques), les contentions physiques ou les attaches autobloquantes.
17 JKB v Regional Municipality of Peel Police Services Board, 2020 TDPO 1040, par. 98.
18 Commission ontarienne des droits de la personne, « Politique sur l’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre, à la section 4.2.1, Déploiements non justifiés », août 2019. En ligne (PDF) : <https://www3.ohrc.on.ca/sites/default/files/Policy%20on%20Eliminating%20Racial%20Profiling%20-%20French.pdf?_gl=1*1qaz5se*_ga*MTQ4MzE1MTQyMS4xNjk1MjE4MzAy*_ga_K3JBNZ5N4P*MTY5OTU0NTcxMy4zMi4xLjE2OTk1NDczNTEuMC4wLjA.>
19 Le module d’apprentissage en ligne de 2021 du SPT comprenait une formation sur la façon dont les expériences antérieures en matière de profilage racial ou de discrimination raciale dans les interactions avec la police peuvent influer sur la perception qu’a une personne lors d’une interaction avec la police, la façon dont les personnes qui croient raisonnablement qu’elles font l’objet d’un profilage racial peuvent réagir avec colère et agressivité verbale, et la façon dont les agent(e)s peuvent répondre d’une manière conforme au modèle LEED (Listen and Explain with Equity and Dignity—Écouter et expliquer avec équité et dignité). La formation dans ce domaine doit être maintenue. Module de formation en ligne du SPT : Let’s Talk How Anti-Black Racism Affects Impartial Policing.
20 Voici quelques exemples : L’enquête sur les décès de Jardine-Douglas, Klibingaitis et Eligon (JKE) a porté sur les décès de personnes en situation de crise lors d’une interaction avec le SPT. Bureau du coroner en chef, « Jury Recommendations Inquest into the deaths of Reyal Jardine-Douglas, Sylvia Klibingaitis et Michael Eligon », février 2014. En ligne (PDF) : <https://www.oha.com/Documents/Jardine-Douglas%20-%20Klibingaitis%20-%20Eligon%20Inquest.pdf>. Jermaine Carby, un homme noir souffrant de maladie mentale, a été abattu par un membre de la police régionale de Peel lors d’un contrôle routier à Brampton, le 24 septembre 2014. Bureau du coroner en chef, « Jury Recommendations Inquest into the deaths of Jermaine Carbt », 16 mai 2016. En ligne. La recommandation 38 est en partie fondée sur les recommandations formulées à l’origine par le jury du coroner dans les enquêtes sur JKE et sur Jermaine Carby. Le cas Carby a été identifié comme un scénario possible, car il s’agit de l’une des seules affaires dans lesquelles l’UES a pris en compte le rôle de la race.
21La formation sur les services de police équitables et impartiaux n’est pas récurrente et les notions de profilage racial, de discrimination raciale, de préjugés raciaux et de racisme envers les personnes noires n’ont pas été intégrées de manière efficace dans d’autres programmes de formation (voir chapitre 8 – Politiques, formation et évaluation contre le racisme : lacunes dans les politiques et les procédures).
22 Les recommandations formulées à l’issue de l’enquête Loku étaient les suivantes : « Modifier le processus annuel de recertification en matière de recours à la force afin d’y inclure des qualifications dans des domaines tels que la santé mentale et/ou la toxicomanie, la lutte contre le racisme, en particulier le racisme envers les personnes noires, les préjugés implicites et inconscients, l’inoculation de la peur, la désescalade et la communication en cas de crise » [traduction]. Bureau du coroner en chef, « Jury Recommendations Inquest into the death of Andrew Loku », 30 juin 2017, recommandation 7. Toutefois, le rapport final a constaté que l’intégration des concepts de racisme envers les personnes noires dans les programmes de formation ne semble pas significative, y compris dans la formation sur le recours à la force. Voir le chapitre 9, qui traite des lacunes dans les initiatives de lutte contre le racisme et la discrimination raciale du SPT et de la CSPT.
23 Par exemple, en commençant les exercices de simulation dynamique par les « réponses stratégiques » enseignées dans le module d’apprentissage en ligne de 2021 du SPT intitulé « Let’s Talk How Anti-Black Racism Affects Impartial Policing », comme « l’épreuve décisive », qui consiste à se demander « est-ce que je ferais la même chose si les rôles étaient inversés? » [traduction].
24 Voir Commission ontarienne des droits de la personne, « Un impact disparate : Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto », août 2020. En ligne (PDF) : <https://www3.ohrc.on.ca/sites/default/files/Un%20impact%20disparate%20%28mise%20à%20jour%202023%29.pdf>
25 Voir le chapitre 9, qui traite des lacunes dans les initiatives de lutte contre le racisme et la discrimination raciale du SPT et de la CSPT. Avant 2017, rien ne prouve que la formation sur le profilage racial, la discrimination raciale ou le racisme envers les personnes noires ait fait l’objet d’une évaluation. L’évaluation du volet sur la lutte contre le racisme envers les personnes noires du Programme de formation en cours d’emploi (PFECE) de 2020 est insuffisante et contraire aux recommandations de l’enquête Loku. Aucune nouvelle question ou question récurrente n’a été posée aux agent(e)s, et l’évaluation des connaissances ne comportait pas de notes de passage ou de mention d’échec.
26 La CODP reconnaît que le SPT a tenté de trouver un tiers pour effectuer quelques évaluations à ce niveau, mais n’a reçu aucune offre, et qu’il continue d’examiner cet enjeu, conformément à une motion adoptée lors de la réunion de la CSPT du 11 octobre 2022. Voir l’entrevue de la CODP avec le surintendant Frank Barredo (29 novembre 2022).
27 Voir par exemple : Département des droits civiques du ministère de la Justice des États-Unis, « Investigation of the Ferguson Police Department », 4 mars 2015, pp. 91-92. En ligne (PDF) :https://www.justice.gov/sites/default/files/opa/press-releases/attachments/2015/03/04/ferguson_police_department_report.pdf; « United States v The City of Ferguson — Consent Decree [FPD Consent Decree] », avril 2016, pp. 102, 103, 108-115. En ligne (PDF) : Justice Department and City of Ferguson, Missouri, Resolve Lawsuit with Agreement to Reform Ferguson Police Department and Municipal Court to Ensure Constitutional Policing: Ferguson Consent Decree; « United States of America v Police Department of Baltimore City, the Mayor and City Council of Baltimore — Consent Decree [BPD Consent Decree] », janvier 2017, pp. 28-30, 67 et 72-74. En ligne (PDF) : <US v. Baltimore Police—Consent Decree—January 12, 2017 (justice.gov)>
28 La CODP a facilité le dialogue entre M. Wortley et les expert(e)s retenu(e)s par la CSPT et le SPT en reconnaissant que, bien qu’il existe des différences dans les approches méthodologiques de l’analyse, les conclusions finales sont semblables. La CODP encourage la poursuite de ce dialogue.
29 La norme 32 stipule ce qui suit : « Les organisations du secteur public doivent, pour chaque mesure des répercussions d’un programme, d’un service ou d’une fonction, établir des seuils indiquant une différence notable s’ils sont atteints ou dépassés. Ces seuils doivent : être raisonnables, établis de bonne foi et témoigner de la participation des populations visées; être établis de manière uniforme pour tous les groupes raciaux (on ne peut pas établir différents seuils pour différents groupes); porter sur les conséquences néfastes ou les répercussions désavantageuses qui nécessitent des mesures correctives. » Voir : gouvernement de l’Ontario, « Normes relatives aux données en vue de repérer et de surveiller le racisme systémique », avril 2022. En ligne (PDF) : https://files.ontario.ca/solgen_data-standards-fr.pdf.
30 Les disparités notables devraient être déterminées conformément à la norme 32 des Normes relatives aux données en vue de repérer et de surveiller le racisme systémique (Établir des seuils en vue de déceler les différences notables). Voir : gouvernement de l’Ontario, « Normes relatives aux données en vue de repérer et de surveiller le racisme systémique », avril 2022. En ligne (PDF) : https://files.ontario.ca/solgen_data-standards-fr.pdf.
31 Commission ontarienne des droits de la personne, « Politique sur l’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre », 2019. En ligne (PDF) : https://www3.ohrc.on.ca/sites/default/files/Policy%20on%20Eliminating%20Racial%20Profiling%20-%20French.pdf Les données collectées devraient également inclure : la durée de l’interpellation, si le sujet avait ou était perçu comme ayant une déficience mentale ainsi que la durée de la fouille.
32 Cette collecte de données devrait également inclure :
33 Bureau du coroner en chef, « Jury Recommendations Inquest into the death of Jermaine Carby », 16 mai 2016, recommandation 12.
34 Karen L. Amendola et Robert C. Davis, « Best Practices in Early Intervention System Implementation and Use in Law Enforcement Agencies », novembre 2018, p. 1. En ligne : National Policing Institute <www.policefoundation.org/publication/best-practices-in-early-intervention-system-implementation-and-use-in-law-enforcement-agencies/?gclid=EAIaIQobChMIj73Fk8qX8QIVIWxvBB1KtAR1EAAYASAAEgLUMfD_BwE>.
35 Voir : Service de police de La Nouvelle-Orléans, « Orleans police Department Operations Manual », chapitre 35.1.9; Insight: Early Intervention System, 2016. En ligne (PDF) : https://nola.gov/getattachment/NOPD/Policies/Chapter-35-1-9-INSIGHT-EFFE...
36 Comme indiqué au chapitre 10 qui porte sur les lacunes dans les mécanismes de responsabilisation, le système d’alerte précoce du SPT n’inclut pas de données fondées sur la race et la politique de la CSPT en matière de collecte, d’analyse et de communication de données fondées sur la race interdit l’utilisation de données fondées sur la race dans le cadre de la gestion du rendement. Voir Commission des services policiers de Toronto, « Politique sur la collecte et l’analyse de données relatives à la race, et la production de rapports publics », septembre 2019. En ligne : <https://www.tpsb.ca/policies-by-laws/board-policies/177-race-based-data-collection-analysis-and-public-reporting>
37 Voir : Commission ontarienne des droits de la personne, « Politique sur l’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre », août 2019. En ligne (PDF) : https://www3.ohrc.on.ca/sites/default/files/RACIAL%20PROFILING%20Policy%20FINAL%20for%20Remediation.pdf. Pour davantage de détails, le système doit saisir :
tous les cas où on avise le service de police :
38 Exemple : Service de police de La Nouvelle-Orléans, « Orleans police Department Operations Manual », chapitre 35.1.9; Insight: Early Intervention System », novembre 2016. En ligne (PDF) : <www.nola.gov/getattachment/NOPD/NOPD-Consent-Decree/Chapter-35-1-9-INSIGHT.pdf/.>
39 Service de police de La Nouvelle-Orléans, « Orleans police Department Operations Manual », chapitre 35.1.9; Insight: Early Intervention System », novembre 2016, p. 3. En ligne (PDF) : <www.nola.gov/getattachment/NOPD/NOPD-Consent-Decree/Chapter-35-1-9-INSIGHT.pdf/>
40 Cette mesure s’applique à la loi qui succède à la Loi sur les services policiers, par exemple la Loi de 2019 sur la refonte complète des services de police de l’Ontario (LRCSPO), 2019, L.O. 2019, ch. 1– Projet de loi 68, en ligne : <https://www.ontario.ca/fr/lois/loi/s19001>
41 Commission ontarienne des droits de la personne, « Lettre à la Commission des services policiers de Toronto et au service de police de Toronto à propos de la consultation sur les caméras corporelles », 28 octobre 2020. En ligne : <https://www.ohrc.on.ca/fr/centre_des_nouvelles/lettre-%C3%A0-la-commission-de-services-policiers-de-toronto-et-au-service-de-police-de-toronto-%C3%A0-propos>.
42 Commissaires à la police et à la criminalité des comtés d’Avon et de Somerset, « Independent Scrutiny of police Powers Panel », 18 mai 2018. En ligne : https://www.avonandsomerset-pcc.gov.uk/get-involved/volunteering-opportu... Commissaires à la police et à la criminalité des comtés d’Avon et de Somerset, « Scrutiny of Police Powers Panel » 18 mai 2018. En ligne : https://www.avonandsomerset-pcc.gov.uk/wp-content/uploads/2022/02/SPPP-C....
43 Voir le chapitre 9 qui traite de la responsabilisation lorsque du profilage racial et de la discrimination raciale par des agent(e)s du SPT sont identifiés par des pairs.
44 Toutes les références au BDIEP devraient s’appliquer à l’APFO, dès que celle-ci entrera en fonction.
45 Par exemple, lorsque l’UES fait part dans sa lettre au (à la) chef de la police de ses préoccupations concernant une détention abusive et que le(la) plaignant(e) est identifié(e) comme étant de race noire. Cette mesure s’applique à la Loi sur les services policiers et aux lois qui lui succèdent, par exemple la Loi de 2019 sur la refonte complète des services de police de l’Ontario (LRCSPO), L.O. 2019, ch. 1– Projet de loi 68, en ligne : <https://www.ontario.ca/fr/lois/loi/s19001>
46 Le mémoire de la CODP à l’intention de la Commission des services policiers de Toronto du 18 août 2020 a fourni l’exemple suivant pour illustrer les préoccupations dans ce domaine : « Par exemple, en 2011, dans l’affaire civile Elmardy v Toronto Police Services Board, la Cour divisionnaire a conclu qu’un homme noir avait été victime de discrimination raciale alors qu’il revenait de la prière. Il a été interpellé par des agent(e)s du SPT, frappé deux fois au visage, fouillé, menotté et laissé à son sort. Par ailleurs, lors du procès, les policier(-ière)s ont menti au juge au sujet de leur comportement. Toutefois, aucune sanction disciplinaire sérieuse n’a été imposée : il n’y a eu aucun avis d’audience ni aucune décision du tribunal disciplinaire du SPT concernant la conduite des policier[ière]s. » Voir : La Commission ontarienne des droits de la personne, « Mémoire à l’intention de la Commission des services policiers de Toronto concernant son Rapport sur la réforme de la police à Toronto destiné à lutter contre le racisme systémique, à établir d’autres modèles de sécurité communautaire et d’intervention », 18 août 2020. En ligne : <https://www.ohrc.on.ca/fr/codp-m%C3%A9moire-%C3%A0-l%E2%80%99intention-de-la-commission-de-services-policiers-de-toronto-concernant-son-rapport>
47 L’article 11 du Règl. de l’Ont. 267/18 en vertu de la Loi sur les services policiers L.R.O. 1990, chap. P.15, stipule que le (la) chef de la police doit mener une enquête sur tout incident dont l’UES a été informée. L’enquête du (de la) chef de la police a pour but de revoir les politiques ou les services fournis par le SPT et la conduite de ses agent(e)s de police. Le (la) chef de police doit faire part de ses conclusions et de toute mesure prise ou recommandée au conseil dans les 30 jours suivant la date à laquelle le directeur de l’UES a informé le (la) chef de police qu’il a fait rapport au procureur général des résultats de l’enquête de l’UES; Le Règl. de l’Ont. 267/10 a été révoqué le 1er décembre 2020. La Loi sur les enquêtes spéciales, 2019 L. O. 2019, chap. 1, ann. 5 et le Règl. de l’Ont. 268/10 est entrée en vigueur le même jour. L’article 32 du Règl. de l’Ont. 268/10 stipule que le (la) chef de la police doit « faire mener promptement une enquête sur tout incident mettant en cause un[e] agent[e] de police du corps de police du [de la] chef qui fait l’objet d’une enquête [de la direction ]de l’UES. » Les fins de l’enquête sont les mêmes que celles du Règl. de l’Ont. 267/10.
48 La CODP recommande que les évaluations soient basées sur les notes de réévaluation et le nombre de plaintes déposées contre l’agent(e), ainsi que sur les données du SIP en utilisant des critères de référence établis par le (la) contrôleur(-euse) indépendant(e) en consultation avec l’expert(e) en collecte externe du SPT.
49 Évaluation basée sur le pourcentage d’appels de crise désescaladées par l’agent(e).
50 Cette mesure peut nécessiter une modification de la procédure « Incident Response (Use of Force/De-escalation) » du SPT (15-01). Voir : Service de police de Toronto, « Chapter 15: Incident Response (Use of force/De-escalation) », 27 juin 2022. En ligne (PDF) : <https://www.tps.ca/media/filer_public/3c/44/3c44bb8e-f95b-4d98-b02d-9ac61650e5f3/15-01_incident_response_-_use_of_forcede-escalation_20220627ext.pdf> et « Evaluation Reclassifications and Appraisal Procedure (14-02) ».
51 Commission ontarienne des droits de la personne « Stratégie pour une meilleure sécurité en Ontario – Mémoire de la CODP présenté au ministère de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels »,2016, à la recommandation 19. En ligne : <https://www.ohrc.on.ca/fr/strat%C3%A9gie-pour-une-meilleure-s%C3%A9curit%C3%A9-en-ontario-%E2%80%93-m%C3%A9moire-de-la-codp-pr%C3%A9sent%C3%A9-au-mscsc>. La recommandation 19 stipule que : « Adopter et mettre en place toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que les services de police et les commissions des services policiers reflètent bien les groupes protégés par le Code et la communauté qu’ils servent. Publier des rapports sur les activités, les résultats (données de recensement) et les progrès. » La recommandation a été élaborée par le jury du coroner dans le cadre de l’enquête sur le décès de Jermaine Carby. La liste complète des recommandations peut être consultée en ligne : Recommandations du jury « Enquête sur le décès de Jermaine Carby », 16 mai 2016. En ligne :
52 Par exemple, la ligne téléphonique de signalement éthique du Programme de solution de problèmes (PSP) (présentée dans le document ci-dessous) pourrait contribuer de façon utile à l’élaboration de recommandations révisées dans le cadre du devoir d’intervention. Lors de la réunion de la CSPT du 22 juin 2022, il a été noté que l’EIHR (équité, inclusion et droits de la personne) développe actuellement un processus de signalement des cas de harcèlement et de discrimination en milieu de travail. Voir : Commission des services policiers de Toronto, « Public Meeting Minutes, Workplace Well-Being, Harassment and Discrimination Review - Appendix C: Survey and Focus Group Questions », 22 juin 2022. En ligne (PDF) : <https://tpsb.ca/jdownloads-categories?task=download.send&id=747&catid=62&m=0> p. 720.
53 Cette mesure s’applique à la Loi sur les services policiers L.R.O. 1990, chap. P.15 et la loi qui lui a succédé, p. ex. Loi de 2019 sur la refonte complète des services de police de l’Ontario (LRCSPO), L.O. 2019 2019, ch. 1– Projet de loi 68, en ligne : <https://www.ontario.ca/fr/lois/loi/s19001>
54 Jeff Asher and Ben Horwitz, The New York Times « How do the Police Actually Spend their Time? », 19 juin 2020. En ligne : www.nytimes.com/2020/06/19/upshot/unrest-police-time-violent-crime.html. « Seules quelques villes publient en ligne des données sur l’emploi du temps de leurs services de police. La part consacrée à la lutte contre les crimes violents est très faible, de l’ordre de 4 % » [traduction].
55 Par exemple, a-t-on déployé un(e) agent(e) pour intervenir, combien a-t-on déployé d’agent(e)s et combien de temps sont-ils(elles) resté(e)s sur place?
56 Vérificatrice générale, « A Journey of Change: Improving Community Safety and Well-Being Outcomes, Review of Toronto Police Services — Opportunities to Support More Effective Responses to calls for Service, (Toronto: juin 2022 p. 20. En ligne (PDF) : <https://tpsb.ca/consultations-and-publications/items-of-interest?task=download.send&id=737&catid=65&m=0>
57 Commission ontarienne des droits de la personne, « Un Cadre pour un changement destiné à lutter contre le racisme systémique dans les services policiers », 29 juillet 2021. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/un-cadre-pour-un-changement-destin%C3%A9-%C3%A0-lutter-contre-le-racisme-syst%C3%A9mique-dans-les-services.
58 Commission ontarienne des droits de la personne « Stratégie pour une meilleure sécurité en Ontario – Mémoire de la CODP au MSCSC », avril 2016. En ligne : Stratégie pour une meilleure sécurité en Ontario – Mémoire de la CODP au MSCS | Commission ontarienne des droits de la personne
59 Commission ontarienne des droits de la personne, « Un Cadre pour un changement destiné à lutter contre le racisme systémique dans les services policiers », 29 juillet 2021, no 2. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/un-cadre-pour-un-changement-destin%C3%A9-%C3%A0-lutter-contre-le-racisme-syst%C3%A9mique-dans-les-services.
60 Conformément à l’action 16, dans Commission ontarienne des droits de la personne, « Soumission sur la politique d’utilisation des technologies d’intelligence artificielle du CSPT », 2021. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/centre_des_nouvelles/soumission-sur-la-politique-dutilisation-des-technologies-dintelligence-artificielle-du-cspt
61 Cette mesure s’applique à la Loi sur les services policiers et aux lois qui lui succèdent, par exemple la Loi de 2019 sur la refonte complète des services de police de l’Ontario (LRCSPO), L. O. 2019, chap. 1 – Projet de loi 68
62 Commission ontarienne des droits de la personne, « Un Cadre pour un changement destiné à lutter contre le racisme systémique dans les services policiers », 29 juillet 2021, no 7. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/un-cadre-pour-un-changement-destin%C3%A9-%C3%A0-lutter-contre-le-racisme-syst%C3%A9mique-dans-les-services.
63 Cette recommandation s’appuie sur la recommandation 43 du Rapport sur la réforme de la police, qui stipule ce qui suit : « Demander au [à la] président[e] d’écrire une lettre à l’appui des demandes du conseil municipal concernant des modifications à la Loi sur les services de police et à d’autres lois ou règlements applicables qui élargiraient les cas dans lesquels la suspension sans solde et la révocation de la nomination d’un[e] agent[e] de police sont possibles et d’appuyer les modifications qui, au minimum, mettraient en œuvre les éléments pertinents de la Loi de 2018 sur les services de police qui traitent de la suspension sans solde et les éléments pertinents de la Loi de 2018 sur la surveillance des services de police qui créent la capacité de révoquer la nomination d’un[e] agent[e] de police en Ontario. Conseil municipal, no 20; CABR, no 17.2 » [traduction]. Cette recommandation vise également à répondre aux préoccupations de la communauté et à préciser le type d’inconduite d’un(e) agent(e) qui pourrait faire l’objet de mesures disciplinaires envisagées dans la lettre de la CSPT du 22 septembre 2020 adressée au Solliciteur général de l’Ontario, « appuyant la demande de la Ville de Toronto en faveur d’amendements législatifs concernant la suspension sans solde et la révocation de la nomination d’un(e) agent(e) de police » [traduction] (voir : https://www.tpsb.ca/jdownloads-categories/send/60-policing-reform-deliverables/665-recommendation-27-letter)
64 Commission ontarienne des droits de la personne, « Un Cadre pour un changement destiné à lutter contre le racisme systémique dans les services policiers », 29 juillet 2021, no 4. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/un-cadre-pour-un-changement-destin%C3%A9-%C3%A0-lutter-contre-le-racisme-syst%C3%A9mique-dans-les-services.
65 Commission ontarienne des droits de la personne, « Un Cadre pour un changement destiné à lutter contre le racisme systémique dans les services policiers », 29 juillet 2021, no 5. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/un-cadre-pour-un-changement-destin%C3%A9-%C3%A0-lutter-contre-le-racisme-syst%C3%A9mique-dans-les-services.
66 Voir Vérificatrice générale, « A Journey of Change: Improving Community Safety and Well-Being Outcomes, Review of Toronto Police Services — Opportunities to Support More Effective Responses to calls for Service, (Toronto: June 2022) », à la recommandation 2. En ligne (PDF) : <https://tpsb.ca/consultations-and-publications/items-of-interest?task=download.send&id=737&catid=65&m=0> « Le conseil municipal demande au (à la) directeur(trice) municipal(e), en consultation avec la Commission des services policiers de Toronto, de réitérer les demandes d’engagement financier de la Ville auprès du gouvernement du Canada et du gouvernement de l’Ontario afin d’appuyer les solutions de logement permanent et de fournir des services de soutien pour faire face aux crises en matière de santé mentale et de toxicomanie qui sévissent à Toronto. Ce faisant, la Ville devrait indiquer aux autres gouvernements qu’une approche de financement "pangouvernementale" dans ces domaines est essentielle à la mise en place de l’infrastructure permettant d’apporter une solution de rechange efficace et d’assurer les meilleurs résultats possibles pour la population de Toronto » [traduction].
67 Cela s’applique à la Loi sur les services policiers et à la loi qui lui succède, p. ex., Loi de 2019 sur la refonte complète des services de police de l’Ontario (LRCSPO) 2019, L.O. 2019, chap. 1 – Projet de loi 68.
Scot Wortley
Centre de criminologie et d’études sociolégales
Université de Toronto
ISBN : 978-1-4868-5400-4 (Imprimé), 978-1-4868-5401-1 (PDF), © 2021, Gouvernement de l’Ontario
Le Canada est l’un des pays les plus ouverts à l’immigration au monde, et ses politiques officielles en matière de multiculturalisme et d’inclusion raciale ont été vantées à l’échelle internationale. On pourrait affirmer que la réputation de tolérance raciale du Canada est bien méritée, surtout lorsqu’on compare les relations interraciales au Canada à celles des États-Unis et de certaines régions européennes. Toutefois, un examen plus approfondi des faits historiques révèle que les préjugés raciaux et la discrimination donnent lieu à de graves problèmes dans la société canadienne, particulièrement en ce qui concerne le fonctionnement du système de justice pénale. En effet, un certain nombre d’études ont démontré que des allégations de préjugés raciaux concernant la création de lois, les services de police, les tribunaux criminels et les services correctionnels existaient déjà au Canada avant la Confédération (voir par exemple Perry, 2011; Walker, 2010; Henry et Tator, 2005; Chan et Mirchandi, 2001; Mosher, 1998). Depuis au moins 60 ans, les comportements liés aux interpellations, aux questionnements et aux fouilles de la police, ainsi que la documentation officielle de ces interactions au moyen de fichage ou de contrôles de routine, ont été particulièrement controversés en matière de préjugés raciaux. Les communautés noires, autochtones et musulmanes du Canada ont fait entendre leurs voix haut et fort en ce qui a trait au « profilage racial » ou aux « préjugés raciaux dans le secteur du maintien de l’ordre ».
Par le passé, les allégations de préjugés raciaux ont été niées — souvent vigoureusement — par les principaux services de police et associations policières du Canada (voir Tanovich, 2006; Tator et Henry, 2006; Wortley et Owusu-Bempah, 2011a). En fin de compte, certaines têtes dirigeantes de la police, y compris l’ancien chef du service de police de Toronto, Bill Blair, ont admis publiquement que les pratiques de maintien de l’ordre biaisées sur le plan racial peuvent constituer un problème isolé pour certaines collectivités ou pour certain(e)s agent(e)s. Cependant, les dirigeant(e)s du service de police se sont rarement prononcés sur conséquences sur les communautés racialisées des pratiques policières systémiques et biaisées sur le plan racial. De plus, jusqu’à tout récemment, peu de services de police se sont engagés à étudier ce phénomène à long terme (voir James, 2005).
Mais cela est appelé à changer. Par exemple, en décembre 2018, à la suite d’allégations de racisme envers les personnes noires dans le cadre de l’exécution de la loi, l’ancien chef du SPT, Mark Saunders, a reconnu que le racisme envers les personnes noires constitue une « réalité » et a qualifié les critiques du public comme étant « totalement justifiées » (CBC News, 2018). De même, en août 2020, le chef intérimaire du SPT, Jim Ramer, a reconnu que les préjugés raciaux constituaient un problème et a déclaré que l’une de ses principales priorités consisterait à repérer et à éliminer le racisme systémique et les préjugés raciaux à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto (Goodfield, 2020). Enfin, la Commission des services policiers de Toronto a récemment adopté une politique qui permettra de récolter des données fondées sur la race dans le cadre des interactions entre la police et la population civile. Comme l’a déclaré le chef Saunders à l’époque : « Au bout du compte, une fois nos objectifs atteints, nous serons en mesure de cerner et de surveiller le racisme systémique potentiel » (Doucette, 2019).
Le présent rapport vise à examiner la recherche empirique sur le profilage racial à l’endroit des personnes noires impliquant le service de police de Toronto. Le service de police de Toronto se trouve au cœur du débat canadien sur le profilage racial (Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale en Ontario, 1994). Le rapport débute par l’examen de divers problèmes de définition liés au concept, y compris le concept de « fichage » tel qu’il a été décrit par le juge Michael Tulloch dans son récent rapport (Tulloch, 2019). L’analyse des divers problèmes de définition est suivie d’une analyse théorique des causes possibles des pratiques policières biaisées sur le plan racial. Cette section aborde diverses explications de la présence de profilage racial dans les pratiques d’interpellation et de fouille policières, y compris les préjugés explicites (conscients) et implicites (inconscients), les stéréotypes raciaux, la discrimination actuarielle ou statistique et les pratiques institutionnelles ou systémiques. Il y est fait mention de documents de recherche laissant fortement croire à l’existence de pratiques policières biaisées sur le plan racial en l’absence de racisme individualisé et manifeste ou d’animosité raciale. Nul besoin de prouver que la force policière est explicitement ou ouvertement raciste pour prouver l’existence du profilage racial.
La section suivante du rapport examine les recherches menées au cours des 25 dernières années, qui ont servi à documenter l’existence du profilage racial impliquant le service de police de Toronto et la mesure dans laquelle les pratiques policières biaisées ont une incidence sur les communautés racialisées de Toronto. Le rapport explore les diverses méthodes de recherche qui ont été utilisées pour documenter le profilage racial à Toronto, y compris les entrevues qualitatives, les sondages menés auprès de la population générale et les données officielles générées par la police (y compris les données sur le fichage ou les contrôles de routine). Cette section fait état des données de recherche démontrant que le profilage racial a existé — et qu’il continue d’exister — à Toronto, et que les pratiques du SPT en matière d’interpellation, de questionnement et de fouille (IQS) ont entraîné des répercussions grandement disproportionnées sur la population noire de Toronto[1].
Le rapport présente ensuite une analyse des possibles avantages des « contrôles de routine » et des pratiques d’« interpellation, de questionnement et de fouille » (IQF) de la police. J’examine d’abord les arguments de la police selon lesquels les contrôles de routine, les pratiques d’IQF et d’autres mesures de maintien de l’ordre public constituent de précieux outils d’application de la loi qui permettent de diminuer la criminalité. Cette section démontre que les données empiriques à l’appui de cette thèse sont fortement contestées. Dans l’ensemble, bien que des recherches donnent à penser que les pratiques d’interpellation, de questionnement et de fouille de la police peuvent permettre dans certains contextes de repérer les délinquant(e)s et de diminuer la criminalité, les données probantes indiquent également que les effets de la diminution de la criminalité sont plutôt faibles, incohérents, et limités dans le temps et à certains quartiers ou certaines collectivités. En général, la plupart de ces recherches concluent que les pratiques d’IQF constituent une tactique policière hautement inefficace.
La section suivante du rapport passe en revue les recherches qui ont documenté les répercussions des pratiques policières biaisées sur le plan racial — y compris les contrôles de routine — à l’endroit des personnes et des communautés racialisées. Ces répercussions comprennent : 1) les problèmes de santé mentale; 2) le manque de confiance à l’égard de la police et du système de justice pénale en général; 3) les disparités raciales au sein du système de justice pénale; et 4) les possibilités d’éducation et d’emploi limitées. Cette section du rapport traite également de la question de la conservation des données. Il est soutenu que la conservation des données de fichage ou de contrôles de routine peut avoir une incidence négative sur les personnes figurant dans les bases de données de la police. De plus, étant donné que les personnes noires sont largement surreprésentées dans les données sur les contrôles de routine, la conservation des données aura probablement des répercussions disproportionnées sur les membres de la population noire. En conclusion, grâce aux données recueillies, le rapport permet d’indiquer que les contrôles de routine présentent définitivement plus d’inconvénients que d’avantages potentiels.
La dernière section du rapport présente une brève analyse des répercussions sur les politiques. Il est soutenu qu’un large éventail de stratégies — y compris l’amélioration du processus de vérification des antécédents des recrues de la police, le recrutement et le maintien en poste d’agent(e)s racialisé(e)s, la formation contre les préjugés, l’amélioration de la réglementation et des lignes directrices relatives aux interpellations de la police, ainsi que l’amélioration de la supervision et de la surveillance des agent(e)s de première ligne — est nécessaire pour réduire les disparités raciales dans les pratiques d’interpellation, de questionnement et de fouille de la police, ainsi que l’impact négatif des pratiques de maintien de l’ordre biaisées sur le plan racial à l’endroit des communautés racialisées. Il est mentionné que l’amélioration de la collecte de données fondées sur la race est nécessaire pour évaluer l’incidence des initiatives de lutte contre les préjugés, et que l’amélioration de la collecte et de la diffusion des données permettra également d’accroître la transparence, d’améliorer la responsabilisation des forces policières et de contribuer à renforcer la confiance du public à l’égard de la police et du système de justice en général.
Au cours des trois dernières décennies, l’expression « profilage racial » est devenue partie intégrante du lexique populaire. Ce terme est souvent apparu dans tous les domaines, qu’il s’agisse de publications universitaires ou de rapports gouvernementaux, ou encore, de couverture médiatique, de musique populaire, ou d’œuvres cinématographiques ou télévisuelles. Le terme « profilage racial » a également été utilisé pour décrire divers phénomènes, y compris le comportement des agent(e)s des douanes et de l’immigration, des juges, des avocat(e)s, du personnel de sécurité privé, des enseignant(e)s, des professionnel(le)s de la santé, des fonctionnaires et des membres de la société en général.
La Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) définit le profilage racial comme suit : « Toute action ou inaction de la part de personnes ou d’organisations en position d’autorité qui est liée à des motifs réels ou allégués de sécurité ou de protection des citoyens et soumet une personne à un examen plus attentif ou moins attentif, ou à un autre traitement négatif en raison de sa race, de sa couleur, de son origine ethnique, de son ascendance, de sa religion, de son lieu d’origine ou de stéréotypes connexes » (CODP 2019, p. 17). La définition révisée du profilage racial s’appuie sur la définition de 2003 de la CODP. La nouvelle définition peut être segmentée suivant ses éléments constitutifs : (CODP 2019, pp. 17 et 18) :
Tout en reconnaissant l’utilité de la définition générale de la CODP, il est important de noter que, dans la documentation issue de la recherche, le terme « profilage racial » est le plus souvent utilisé en référence aux activités d’interpellation, de questionnement et de fouille de la police (voir Rice et White, 2010). De nombreux chercheur(-euse)s font une distinction conceptuelle entre le profilage racial et d’autres formes de pratiques de maintien de l’ordre biaisées sur le plan racial. L’expression « pratiques de maintien de l’ordre biaisées sur le plan racial » est un terme général qui renvoie à la discrimination raciale possible en ce qui a trait à une vaste gamme de comportements discrétionnaires de la part d’agent(e)s de police, y compris les pratiques d’interpellation et de fouille, mais qui comprend également les décisions d’interpellation, les pratiques de mise en accusation, les décisions relatives à la détention provisoire, les recommandations relatives à la détermination de la peine et le recours à la force. Le profilage racial, du moins aux fins du présent rapport, met l’accent sur la surveillance policière et les contrôles de routine.
Il est possible d’affirmer qu’il y a présence de profilage racial lorsque les membres d’un certain groupe racial ou ethnique font l’objet d’un niveau de surveillance policière plus élevé que d’autres. Par conséquent, le profilage racial fait référence aux disparités raciales en ce qui concerne les activités d’interpellation et de fouille par la police (on parle parfois de contrôles de routine ou de fichage), l’augmentation des patrouilles policières dans les quartiers racialisés et les opérations d’infiltration ou coups montés qui ciblent de façon sélective des groupes raciaux ou ethniques particuliers. De plus, il y a profilage racial si la présence de différences ou de disparités raciales dans les activités de surveillance policière ne peut s’expliquer par des différences raciales dans les activités criminelles, les infractions aux règlements de la circulation, les appels de service de la population ou d’autres facteurs pertinents sur le plan juridique (voir Wortley et Tanner, 2005; Wortley et Tanner, 2003). Cette définition quelque peu étroite est tout à fait conforme aux définitions formulées par les chercheur(-euse)s américain(e)s. Par exemple, Ramirez et Hoopes définissent le profilage racial comme « l’utilisation inappropriée de la race, de l’origine ethnique ou de la nationalité plutôt que d’un comportement ou d’un soupçon particulier pour justifier le fait de pousser plus loin l’investigation sur une personne en particulier » (Ramirez et Hoopes, 2003, p. 1196). De même, Warren et Tomanskovic-Devey (2009, p. 344) affirment que le profilage racial « est un terme utilisé pour décrire la pratique consistant à cibler ou à interpeller une personne en fonction principalement de sa race ou de son origine ethnique, plutôt que d’un soupçon individualisé ou d’une cause probable » .
Comme l’ont souligné Paulhamus et ses collègues (2010), une distinction a également été formulée dans la littérature universitaire entre ce qu’on appelle le « profilage racial pur » (hard racial profiling) (cas dans lesquels la police arrête un[e] civil[e] uniquement en raison de son origine raciale) et le « profilage racial modéré » (soft racial profiling) (qui consiste à justifier l’interpellation d’un[e] civil[e] par des facteurs comme la race ou l’origine ethnique parmi d’autres). Les tenant(e)s des définitions du « profilage modéré » soutiennent qu’il y a présence de préjugés raciaux dans le secteur du maintien de l’ordre si la race influence la prise de décision de la police en matière d’interpellation, de questionnement et de fouille. Par exemple, les données peuvent indiquer que les agent(e)s de police sont plus susceptibles d’interpeller et de fouiller des civil(e)s de sexe masculin tard le soir dans des collectivités pauvres présentant un haut taux de criminalité. Cependant, si les hommes noirs qui circulent dans ces mêmes collectivités à la même heure sont beaucoup plus susceptibles d’être interpellés que les hommes blancs, cela constitue une preuve de profilage racial.
On peut affirmer qu’il y a présence de profilage, car le processus décisionnel de la police est encore influencé par la race, en plus de l’heure de la journée, le type de collectivité et le sexe. En revanche, les tenant(e)s des définitions du « profilage pur » soutiendraient probablement que ce scénario ne comporte pas de préjugés raciaux, car l’origine ethnique ne constituait qu’un facteur parmi tant d’autres — y compris le sexe, le niveau de criminalité dans la collectivité et l’heure de la journée — ayant influencé les décisions des agent(e)s d’interpeller et de détenir des personnes. Ils (elles) soutiendraient probablement que ces données reflètent un modèle de profilage « criminel » plutôt que « racial » (Satzewich et Shaffir, 2009).
Certain(e)s partisan(e)s du « profilage pur » ont fait valoir qu’il est impossible d’affirmer qu’il y a présence de préjugés raciaux s’il est légal ou légitime d’interpeller les civil(e)s en question. Je conteste cet argument. Prenons, par exemple, la situation hypothétique suivante. Supposons qu’un agent de police soit affecté à la patrouille d’un tronçon de route en particulier. Supposons également que cet agent n’interpelle jamais d’automobilistes, sauf en cas d’excès de vitesse. Autrement dit, toutes les interpellations auxquelles il procède sont tout à fait « légitimes ». Cependant, supposons également que pendant sa patrouille, ce même agent interpelle huit individus racialisés en excès de vitesse sur dix (80 %), mais qu’il n’interpelle qu’un(e) automobiliste blanc(he) sur cinq (20 %). Autrement dit, cet agent est quatre fois plus susceptible d’interpeller les automobilistes racialisé(e)s que les automobilistes blanc(he)s qui dépassent la limite de vitesse. À mon avis, cet agent de police pourrait se voir accuser d’entretenir des préjugés raciaux, même si toutes ses interpellations sont légitimes d’un point de vue légal.
Un exemple semblable pourrait s’appliquer à la consommation de stupéfiants. Supposons cette fois qu’une agente arrête et fouille tous les individus racialisés qu’il voit en train fumer de la marijuana en public. Supposons également que cette même agente décide d’ignorer la plupart des individus blancs qu’elle voit se livrer à la même activité. Bien qu’on puisse soutenir que l’agente a, d’un point de vue légal, une raison légitime d’interpeller et de fouiller les individus racialisés qui consomment des stupéfiants, le fait qu’elle s’abstienne d’interpeller et de fouiller les individus blancs qui font de même constitue une preuve de profilage racial.
En bref, bien que le terme « profilage racial » ait été utilisé dans une grande variété de contextes criminologiques et sociologiques, le présent rapport se concentre exclusivement sur les préjugés raciaux potentiels lors des contrôles de routine, ou des activités d’interpellation, de questionnement et de fouille (IQF) de la police. Pour déterminer s’il existe ou non un profilage racial systémique, les chercheur(-euse)s ont d’abord établi que certains groupes raciaux ou ethniques sont plus susceptibles d’être interpellés, interrogés ou fouillés par la police que d’autres. Si l’on n’observe pas de fortes disparités raciales, il est très peu probable que le profilage racial constitue un problème. La tâche suivante consiste à explorer les raisons possibles de toute disparité raciale observée dans le cadre d’une interaction involontaire avec la police. En d’autres termes, les disparités raciales en contexte d’activités d’interpellation et de fouille par la police peuvent-elles s’expliquer par d’autres facteurs pertinents sur le plan juridique? Le rapport fait écho à cette question, tout en mettant l’accent sur le service de police de Toronto, et ce, après avoir discuté des causes ou des raisons possibles du profilage racial.
Les discussions publiques sur le profilage racial en Ontario ont été entravées par une variété de définitions. Par exemple, dans son rapport de 2018, l’honorable Michael Tulloch établit une distinction très nette entre les « contrôles de routine » et ce qu’il appelle le « fichage ». Le juge Tulloch définit le fichage par la police comme suit : « Situations au cours desquelles un[e] agent[e] de police demande aléatoirement à un particulier de fournir des renseignements identificatoires alors qu’il n’y a aucune activité objectivement suspecte, que la personne n’est soupçonnée d’aucune infraction et qu’il n’y a aucun motif de croire qu’elle détient des informations sur une infraction. Ces renseignements sont ensuite consignés et stockés dans une base de données de renseignement policier » (Tulloch, 2018 : xii-xiii). Dans une section ultérieure du rapport, le juge Tulloch explique la distinction entre les contrôles de routine « légitimes » et le fichage :
La plupart des problèmes liés au fichage et aux contrôles de routine découlent d’une mauvaise compréhension de ces deux termes. Un contrôle de routine consiste en l’obtention, par un(e) agent(e) de police, de renseignements concernant une personne, en dehors d’un poste de police, et à l’extérieur du cadre d’une enquête. Il s’agit d’une catégorie très large de collecte de renseignements par la police, dont une grande partie constitue une collecte légitime de renseignements possiblement utiles. Le fichage, tel que mentionné dans le présent rapport, est une forme de contrôle de routine au cours duquel un(e) agent(e) de police demande à une personne au hasard de fournir des renseignements identificatoires, sans que cette personne soit soupçonnée d’un crime et sans que l’agent(e) ait un motif de croire qu’elle possède des renseignements sur un crime. Ces renseignements sont ensuite consignés dans une base de données de la police (Tulloch, 2018 : p. 4).
Le juge Tulloch fait valoir que les contrôles de routine reflètent souvent une activité légitime de collecte de renseignements de la part de la police. En revanche, en raison de leur caractère aléatoire, les pratiques de fichage constituent un procédé illégitime qu’il convient d’éliminer[2].
À mon avis, les définitions de « contrôles de routine » et de « fichage » fournies par le juge Tulloch sont incomplètes lorsqu’il s’agit d’étudier le phénomène du profilage racial. Tout d’abord, par définition, le profilage racial n’est pas aléatoire ou arbitraire. Le profilage racial naît des préjugés raciaux (voir l’analyse ci-dessous) et est donc fortement associé à la race des civil(e)s ou à la composition raciale des quartiers assujettis à l’activité de la police. De plus, bien avant la nouvelle réglementation ontarienne sur les contrôles de routine et le rapport du juge Tulloch, la Charte des droits et libertés interdisait les détentions arbitraires par la police. La proposition du juge Tulloch en faveur de l’élimination du « fichage » n’a donc rien de nouveau.
Une autre faiblesse de la définition du « fichage » formulée par le juge Tulloch est qu’elle ne reconnaît pas le concept de l’interpellation invoquant de faux motifs; un concept central dans la littérature sur le profilage racial. Les contrôles d’interpellation invoquant de faux motifs concernent les situations dans lesquelles des infractions mineures (p. ex., infractions au Code de la circulation, traversées illégales, infractions aux règlements, etc.) servent de justification, d’excuse ou de prétexte pour enquêter sur des activités criminelles plus graves (p. ex., stupéfiants, armes à feu illégales, etc.). Des recherches américaines suggèrent que la population noire est beaucoup plus susceptible de faire l’objet de contrôles d’interpellation invoquant de faux motifs que les personnes d’autres origines raciales (voir Rushin et Edwards, 2021; Gizzi, 2011; Harris, 2002; Harris, 1997). Des telles recherches et un suivi semblable sont nécessaires, tant à Toronto que dans d’autres juridictions canadiennes (voir l’analyse ci-dessous).
L’utilisation de la définition du « fichage » donnée par le juge Tulloch pourrait se révéler problématique, car elle semble signifier que le profilage racial ne peut exister si les agent(e)s ont un motif « légitime » ou « justifiable sur le plan juridique » pour interpeller ou détenir une personne. Je suis en désaccord. Comme mentionné précédemment, il y a toujours présence de profilage racial si les agent(e)s accordent plus d’attention aux violations de la loi commises par des personnes noires et d’autres civil(e)s racialisé(e)s qu’aux violations de la loi commises par des personnes blanches. Par conséquent, l’analyse présentée dans ce rapport se concentre sur les disparités raciales en ce qui concerne les activités d’interpellation, de questionnement et de fouille (IQF) de la police. Elle ne se limite pas aux activités policières que le juge Tulloch qualifierait explicitement de « fichage » ou de « contrôles de routine »[3].
De plus, le fait de mettre l’accent sur les activités de la police en matière d’IQF permet de mieux refléter les préoccupations des communautés noires et des autres communautés racialisées. Par exemple, des recherches antérieures indiquent que lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux enjeux liés au profilage racial, la police et la communauté entretiennent des conceptions très différentes de ce que représente un contrôle de routine. Alors que la police considère le contrôle de routine comme un outil de renseignement précis, les communautés racialisées l’interprètent comme le fait d’être interpellé(e), questionné(e) ou « contrôlé(e) » par la police dans la rue. Il s’agit là d’une conception plus littérale (voir Wortley, p. 219).
Quelle pourrait être la cause ou la source possible du profilage racial ou des pratiques de maintien de l’ordre biaisées sur le plan racial? Bien que les chercheur(-euse)s aient déployé beaucoup de temps et d’efforts pour tenter de définir et de mesurer ce phénomène, une moins grande attention a été portée à l’élaboration d’un volet théorique, qui pourrait contribuer à expliquer l’existence du profilage racial au sein de la police. Dans la même lignée que les travaux de Tomaskovic-Devey, Mason et Zinraff (2004), je propose cinq modèles théoriques différents qui pourraient contribuer à expliquer le profilage racial : 1) le modèle de l’animosité raciale; 2) le modèle statistique de la discrimination et des stéréotypes criminels; 3) le modèle des préjugés implicites; 4) le modèle institutionnel; et 5) le modèle de déploiement des forces de l’ordre. Il convient de souligner que les trois premiers modèles mettent l’accent sur l’intention et les activités de chaque agent(e) de police, tandis que les deux derniers modèles mettent l’accent sur les mécanismes organisationnels. Il est important de noter que les deux modèles organisationnels, bien qu’ils entraîneront des pratiques policières biaisées sur le plan racial et auront une incidence disproportionnée sur les membres des communautés racialisées, n’exigent aucun préjugé racial de la part de l’agent(e) ou de l’organisation (voir Tomaskovic-Devey et coll., 2004, p. 3).
Le modèle de l’animosité raciale soutient que, dans une société donnée, certaines personnes ont une aversion ou un préjugé conscient à l’égard des membres d’autres groupes raciaux. Dans la mesure où les services de police reflètent la population desservie, il est probable que certain(e)s agent(e)s de police entretiendront aussi des croyances ouvertement racistes qui pourraient promouvoir ou cautionner le mauvais traitement des groupes racialisés. Heureusement, les recherches menées en Amérique du Nord suggèrent que les croyances ou les préjugés ouvertement racistes ont considérablement diminué au cours des 50 dernières années (voir Schuman et coll.,1997; Henry et Tator, 2005)[4]. Il est donc probable que seul un nombre relativement restreint d’agent(e)s de police entretienne une animosité raciale manifeste ou explicite. Néanmoins, ces quelques agent(e)s racistes contribuent à l’augmentation considérable du taux d’interpellation et de fouille de groupes racialisés ciblés et, par conséquent, nuisent aux relations entre la police et la collectivité (Tomoskovic-Devey et coll., 2004, p. 9).
Le modèle de l’animosité raciale suggère qu’il suffirait que les services de police identifient et éliminent ces « pommes pourries » pour enrayer la problématique du profilage racial. Cependant, comme la plupart des services de police modernes interdisent formellement l’adoption d’attitudes et de comportements racistes, déceler le racisme manifeste au sein du corps policier ne représente pas une mince tâche. En effet, la manifestation de croyances racistes par le corps policier, surtout en ce qui concerne le traitement de la population civile racialisée, est probablement plus rare que l’incidence des préjugés raciaux chez les agent(e)s de police (voir Tomoskovic-Devey et coll., 2009, p. 9).
Certains services de police comptent possiblement au sein de leurs rangs plus de « pommes pourries » que d’autres. Par exemple, dans les cas où les procédures de recrutement du service de police ne permettent pas de déceler efficacement l’animosité raciale ou si des processus informels de formation sur le terrain encouragent l’expression de croyances racistes. L’animosité raciale est également plus susceptible de se perpétuer dans les organisations policières au sein desquelles les interdictions concernant les comportements racistes ne sont pas convenablement appliquées (voir Tomoskovic-Devey et coll., 2009).
Il convient de souligner que l’explication de l’animosité raciale ou des « pommes pourries » en lien avec le profilage racial est assez populaire chez certain(e)s dirigeant(e)s de la police, étant donné qu’elle soutient que le profilage racial est un problème isolé, plutôt qu’un problème systémique, qui concerne seulement quelques agent(e)s de police corrompu(e)s (voir Tator et Henry, 2006). D’autre part, de nombreux(-ses) agent(e)s de police et dirigeant(e)s syndicaux des services de police en sont venu(e)s à associer le terme « profilage racial » à des accusations de racisme manifeste. Par conséquent, lorsque leur service de police est confronté à des allégations de profilage racial, plusieurs membres du corps policier croient qu’ils sont individuellement accusé(e)s d’entretenir des croyances ouvertement racistes et qu’ils (elles) tentent délibérément de nuire aux communautés racialisées. Évidemment, plusieurs agent(e)s de police trouvent ces accusations offensantes (voir Paulhamus et coll., 2010; Satzewich et Shaffir, 2009; Ioimo et coll., 2007)[5].
En somme, bien qu’on ne puisse pas l’écarter complètement, le modèle de l’animosité raciale ne fournit qu’une explication théorique limitée du profilage racial. D’autres explications soutiennent que le profilage racial n’est pas enraciné dans le racisme manifeste des agent(e)s de police. Ainsi, les pratiques de profilage découleraient plutôt de la culture policière en général et de pratiques organisationnelles particulières.
Le profilage racial peut également être causé par les stéréotypes raciaux liés au comportement criminel. Autrement dit, les agent(e)s de police peuvent développer des croyances et des stéréotypes, ou cerner les profils types des personnes prenant part de près ou de loin à des activités criminelles. Ces stéréotypes pourraient découler du processus de socialisation dans la sous-culture de la police, de l’expérience de travail personnelle, de l’accès aux statistiques de la criminalité ou de l’exposition à des représentations médiatiques et à des stéréotypes courants concernant la criminalité et la violence. Par exemple, les superviseur(e)s de police et les agent(e)s de première ligne peuvent être exposé(e)s à des statistiques sur la criminalité démontrant qu’une grande proportion des meurtres commis avec une arme à feu et des accusations de possession d’une arme à feu impliquent des délinquants noirs. Cette tendance peut être renforcée par la couverture médiatique racialisée de la criminalité et les expériences de patrouille. L’exposition à ces renseignements peut les mener à croire qu’il est plus rationnel pour les agent(e)s de police de porter une attention particulière aux hommes noirs qu’aux autres civil(e)s, voire de les suspecter. L’entretien conscient de tels stéréotypes pourrait contribuer de façon directe au profilage racial. Loin de constituer un « phénomène isolé », les stéréotypes raciaux peuvent devenir un phénomène informel et institutionnel.
La conception mentale du « délinquant type » a souvent été qualifiée de « profilage criminel », et comprend souvent la race ou l’origine ethnique ainsi que d’autres caractéristiques personnelles, notamment l’âge, le sexe, la classe sociale et l’apparence personnelle (voir Satzewich et Shaffir, 2009). Les stéréotypes peuvent jouer un rôle important dans les pratiques policières proactives[6]. Les superviseur(e)s de la police, tout comme le grand public, exercent des pressions sur les agent(e)s de police pour qu’ils (elles) soient en mesure d’identifier les criminel(le)s et d’assurer la sécurité publique. Le fait de démontrer une capacité à identifier et à arrêter des criminel(le)s peut parfois aussi être directement lié à des possibilités de promotion et de carrière futures. Par conséquent, plusieurs agent(e)s peuvent juger utile ou essentiel de catégoriser les personnes rencontrées dans la rue en fonction de leur probabilité à prendre part à des activités criminelles. Par conséquent, les agent(e)s pourraient avoir l’impression qu’il serait plus efficace ou rationnel, d’un point de vue de lutte contre la criminalité, de concentrer leurs activités de surveillance sur les jeunes hommes racialisés que, par exemple, sur les femmes blanches plus âgées.
Dans une analyse observationnelle classique des pratiques de patrouille policière, Skolnick (1966) a observé qu’aux États-Unis, la police a tendance à percevoir les jeunes hommes noirs comme des « agresseurs symboliques » et à recourir à des pratiques d’interpellation et de questionnement dans la rue comme un moyen efficace de « prévenir la criminalité ». Anderson (1990) a d’ailleurs expliqué cette tendance dans le cadre de son étude ethnographique d’une communauté multiraciale d’une grande ville américaine. En documentant la tendance générale de la police à interpeller, fouiller et harceler les jeunes personnes noires dans le cadre d’activités de patrouille de routine, M. Anderson fait remarquer que :
« Dans la rue, la classification par couleurs vise à confondre la race, l’âge, la classe, le sexe, la grossièreté et la criminalité des individus, et elle est représentée de façon plus concrète dans la personne de l’homme noir quelconque. Dans le cadre de leur travail, les policier(-ière)s deviennent souvent disposé(e)s à adopter cette classification par couleurs au sein de l’environnement public selon laquelle un jeune homme noir est un suspect jusqu’à preuve du contraire » (Anderson, 1990, pp. 190-191).
En effectuant des rondes de surveillance dans les rues, la police peut adopter le même type d’évaluation actuarielle des risques — et de discrimination statistique subséquente — que celles des compagnies d’assurance (voir Feeley et Simon, 1992). Par exemple, il est bien connu que les compagnies d’assurance majorent de façon importante le prix des primes des jeunes automobilistes de sexe masculin, comparativement à celle des automobilistes présentant d’autres caractéristiques démographiques. Ces prix plus élevés sont justifiés par le fait que, d’un point de vue statistique, les jeunes hommes sont plus susceptibles d’adopter des comportements de conduite à risque (excès de vitesse, conduite avec facultés affaiblies, etc.) et d’être impliqués dans de graves accidents de la route. Dans la rue, la police peut recourir à la même logique de probabilité statistique. Selon les expériences individuelles et collectives de la police, les jeunes hommes racialisés peuvent être identifiés comme étant les plus susceptibles d’être impliqués dans des crimes graves et des actes de violence. Ainsi, tout comme tous les jeunes hommes paient des primes d’assurance plus élevées, tous les jeunes hommes racialisés, quel que soit leur comportement, reçoivent davantage d’attention négative de la police.
Même si la majorité des jeunes hommes ont un bon dossier de conduite, ils doivent payer des primes d’assurance plus élevées en raison des actions d’un nombre relativement restreint de membres de leur groupe démographique. De façon similaire, même si la majorité des jeunes hommes racialisés respectent les lois, ils doivent « payer » davantage en matière de justice pénale, ce qui se traduit par une exposition beaucoup plus grande aux activités d’interpellation, de questionnement et de fouille de la police. Frank Zimring, un professeur américain sacré champion de l’utilisation de tactiques d’interpellation et de questionnement, admet que, en raison de la discrimination statistique, les hommes noirs et les autres hommes racialisés sont soumis de façon disproportionnée aux interpellations policières. Il concède en outre que cela équivaut à une « taxe spéciale pour les hommes issus de minorités » (Bergner, 2014). Tomaskovic-Devey et ses collègues ont d’ailleurs approfondi ce thème (2004, p. 12) et ont déclaré que :
« Le recours au profilage dans le cadre de l’application de la loi est censé accroître l’efficacité des agent(e)s de police et, par conséquent, de l’organisation policière dans son ensemble. Malheureusement, les profils criminels sont souvent fondés sur des stéréotypes liés aux caractéristiques de différents groupes. Par conséquent, l’appartenance à un groupe sert d’indicateur approximatif de la criminalité présumée. Un résultat évident de ces généralisations de groupe au sein des services de police est que de nombreuses minorités non criminelles se retrouvent sous les projecteurs de la police alors que les personnes blanches — criminelles ou non — échappent à cette surveillance. Le statut criminel ne représente plus une caractéristique individuelle, mais est façonné par le statut racial du groupe » .
Il est important de souligner que ce processus de stéréotype racial ne comporte pas nécessairement d’animosité ou de haine raciale. Au lieu de cela, les stéréotypes entretenus par les policier(-ière)s au sujet du (de la) « criminel(le) probable » peuvent être enracinés dans un désir professionnel de faire preuve d’efficacité et d’efficience lorsque les ressources d’application de la loi à leur disposition sont limitées. Néanmoins, de tels stéréotypes raciaux, même s’ils sont fondés sur des statistiques et entretenus au nom de la sécurité publique, peuvent avoir une incidence négative profonde sur les communautés racialisées (voir l’analyse ci-dessous).
L’analyse ci-dessus fait référence à des processus de profilage criminel explicite ou de stéréotypes criminels qui peuvent consciemment avoir une incidence sur les actions des agent(e)s de police. Cependant, d’autres ont soutenu que des biais cognitifs implicites peuvent également exister au niveau subconscient (pour des analyses approfondies de la psychologie qui sous-tend le développement de préjugés cognitifs implicites, voir Fridell, 2017; White et Fradella, 2016; Tomaskovic-Devey et coll., 2004). La thèse principale se résume ainsi : lorsqu’ils doivent gérer un excès d’information, les gens ont tendance à catégoriser. La catégorisation procure une efficacité cognitive, parce qu’elle permet aux gens d’organiser l’information et de prendre des décisions plus rapidement.
Les études démontrent que les gens ont tendance à se catégoriser et à catégoriser les autres en groupes, et ce, de façon automatique et inconsciente. En l’absence de renseignements détaillés sur certaines personnes en particulier, les gens catégorisent les autres en fonction de caractéristiques très visibles et facilement attribuables, comme la race, le sexe et l’âge. Ce processus de catégorisation a donc une incidence presque instantanée sur la façon dont nous percevons les étranger(-ère)s et, souvent, sur la façon dont nous nous comportons à leur égard. Il existe également une tendance générale à comparer les gens en fonction de leur appartenance ou non à un groupe, et à faire du favoritisme au sein de ce groupe. Les préjugés liés à l’appartenance à un groupe, dont les perceptions négatives, peuvent avoir une incidence subconsciente sur la prise de décisions de la police. Comme Tomaskovic-Devey et ses collègues (2004, pp. 15-17) l’ont déclaré,
« Cette tendance générale à comparer les individus en fonction de leur appartenance à un groupe a des répercussions sur les préjugés raciaux entretenus par la police lors des interpellations. Comme il existe une tendance innée à faire preuve de favoritisme à l’intérieur d’un groupe — en faisant des distinctions entre les individus appartenant ou non à un certain groupe —, les agent(e)s peuvent traiter l’information concernant la dangerosité d’un(e) automobiliste en fonction de leur propre appartenance raciale ainsi que de celle de l’automobiliste. Lorsqu’il est question de pratiques policières proactives comme la patrouille d’un quartier ou d’une autoroute, les agent(e)s doivent traiter de grandes quantités d’information en peu de temps, et disposent de peu de renseignements sur les individus en question. Ils (elles) observent beaucoup de gens faire un grand nombre de choses en pleine action. Ils (elles) tentent donc de réaliser une « économie cognitive » et de traiter l’information de manière à pouvoir évaluer de manière efficace tout ce qui se trouve dans leur environnement. Catégoriser l’information constitue le principal moyen d’y parvenir. Ces catégories renforcent les stéréotypes qui contribuent à déterminer ce qui semble suspect ou inapproprié. Habituellement, la police porte son attention sur le type de renseignements généralement associés à la criminalité et à la sécurité publique. On peut s’attendre à ce que les agent(e)s se concentrent davantage sur les comportements, la langue, les caractéristiques du véhicule, l’apparence (c.-à-d. les vêtements, les bijoux) et les contextes qui évoquent des images de criminalité ou de menaces à la sécurité publique. Si le choix des individus à interpeller et à citer dépend de l’agent(e), ce type de biais cognitif peut faire en sorte que la conduite des personnes issues de minorités apparaisse comme légèrement plus dangereuse » .
L’idée que les préjugés raciaux inconscients ou implicites peuvent avoir une incidence sur la prise de décisions de la police semble avoir été adoptée par un certain nombre d’organismes canadiens de maintien de l’ordre, y compris le Durham Regional Police Service, le Peel Regional Police Services, le service de police d’Ottawa et le service de police de Toronto. Ces services ont tous commandé la prestation d’un programme de formation appelé « Fair and Impartial Policing » (services de police équitables et impartiaux) (fipolicing.com). Ce programme, élaboré par la criminologue Lorie Fridell, vise à sensibiliser les agent(e)s de police à leurs propres préjugés implicites ou inconscients et à comment ces préjugés peuvent teinter leur façon de traiter les personnes issues de divers milieux ainsi que l’attitude qu’ils (elles) adoptent en leur présence. Malheureusement, au moment de la rédaction du présent rapport, l’équipe de recherche n’avait trouvé aucun article publié évaluant la formation sur les préjugés implicites dans le contexte canadien. Par conséquent, il est impossible de déterminer si la formation sur les préjugés implicites a réellement permis de réduire les pratiques policières biaisées sur le plan racial au sein des services de police canadiens.
Dans l’ensemble, la documentation issue de la recherche indique que les stéréotypes conscients et inconscients des agent(e)s de police peuvent contribuer à exacerber les différences raciales lors des activités d’interpellation et de fouille de la police. Cependant, pour bien comprendre le phénomène du profilage racial, il faut tenir compte des facteurs organisationnels et individuels.
Dans les sections précédentes du rapport, nous expliquons comment le profilage racial peut être le résultat de stéréotypes raciaux conscients — souvent justifiés par le profilage criminel — ou de préjugés implicites qui échappent à la conscience des agent(e)s de police. Bien que les stéréotypes conscients ou les « profils » criminels puissent être largement répandus dans la sous-culture policière, et qu’ils sont possiblement transmis par des processus informels de socialisation au sein des organisations policières, les préjugés implicites, quant à eux, résultent d’un fonctionnement cognitif normal et sont donc courants chez les personnes issues de tout milieu professionnel et social. Cependant, il faut aussi garder en tête la possibilité que certains services de police adoptent des pratiques de profilage officiellement approuvées par les têtes dirigeantes de l’organisation. Aux États-Unis, le recours systématique au profilage racial remonte à la fin des années 1970, moment auquel le gouvernement fédéral a élaboré le profil des transporteur(-se)s de drogue dans le but d’appréhender les trafiquant(e)s de stupéfiant dans les aéroports américains. L’utilisation de cette pratique s’est ensuite répandue jusque sur les routes, avant d’être adoptée à grande échelle au début des années 1990, après qu’une formation sur la lutte antidrogue ait été offerte par la Drug Enforcement Agency (DEA) des États-Unis aux agent(e)s de patrouille locaux et de l’État.
Au cours de cette période, la race a été présentée à la fois comme une caractéristique légitime et normale des profils de transporteur(-se)s de drogue, et les services de police ont utilisé ces profils pour prendre des décisions en matière d’interpellation et de fouille. Un programme de lutte antidrogue sur le réseau routier appelé Operation Pipeline a permis de former plus de 27 000 agent(e)s de 48 États sur la façon d’utiliser ces profils (Harris, 2002; Warren et Tomaskovic-Devey, 2009). Des données probantes laissent également entendre que certains services de police canadiens pourraient avoir reçu une formation de la DEA conforme aux principes d’Operation Pipeline (voir l’analyse dans Tanovich, 2006). De plus, de nouvelles preuves indiquent que les profils criminels officiels fondés sur la race ont été élargis pour aider la police à identifier les membres de gangs de rue et les trafiquant(e)s de drogue (voir Zatz et Krecker, 2003; Barrows et Huff, 2009).
En résumé, il importe de souligner que ce qui motive les comportements de profilage racial ne peut pas toujours être associé aux croyances, aux stéréotypes ou aux préjugés inconscients des agent(e)s de police ni aux stéréotypes raciaux qui sont véhiculés au sein de la sous-culture informelle de la police. Parfois, ce sont les politiques officielles et les procédures de formation des organisations policières qui sont à l’origine des activités d’interpellation et de fouille biaisées sur le plan racial. Autrement dit, même les agent(e)s qui n’entretiennent pas de croyances racistes peuvent s’adonner au profilage racial en suivant les ordres ou les instructions formelles des personnes chargées de la supervision et de la formation.
Par ailleurs, bien que l’établissement de profils criminels officiels fondés sur la race soit souvent justifié par un désir d’améliorer l’efficacité des services de police et la sécurité publique, ces derniers servent également à stigmatiser des communautés racialisées entières et à soumettre tous les membres des groupes identifiés à un traitement différent de la part de la police.
Les recherches indiquent que les policier(-ière)s sont rarement déployé(e)s de façon uniforme dans toutes les régions d’une collectivité ou d’une région urbaine. Par exemple, les quartiers à forte incidence de crimes violents (homicides, fusillades, voies de fait, vols qualifiés, activités de gangs de rue, etc.) font généralement l’objet de davantage de patrouilles que les quartiers présentant un faible taux de crimes violents. En effet, les pratiques de gestion de la police modernes et axées sur des données impliquent que les « points chauds », les lieux où les taux de crimes violents sont plus élevés que la moyenne, devraient être surveillés très attentivement par la police. La recherche indique également que, en plus du déploiement inégal des patrouilles policières dans les quartiers, le style des pratiques policières peut varier d’une collectivité à l’autre. Par exemple, plusieurs études ont démontré que les pratiques policières sont souvent plus proactives ou agressives dans les régions présentant un taux de criminalité élevé. En revanche, les pratiques policières ont tendance à être plus réactives et moins agressives dans les régions présentant un taux de criminalité plus faible (Tomankovic-Devey et coll., 2004; Nobles, 2010; Parker et coll., 2010).
La recherche montre également que les nouveaux(-elles) immigrant(e)s et certains groupes racialisés sont surreprésentés dans les collectivités économiquement défavorisées et à forte criminalité, tandis que les personnes blanches sont surreprésentées dans les collectivités nanties et à faible criminalité. Par défaut, les minorités raciales sont donc plus susceptibles de faire l’objet d’une surveillance policière accrue — y compris d’activités agressives d’interpellation et de fouille — en raison de leur lieu de résidence[7]. Les critiques ont fait valoir que la présence policière accrue dans les communautés racialisées, combinée à des pratiques policières agressives ou proactives, représente une forme de préjugé systémique qui a pour effet d’exposer la population civile racialisée à de mauvais traitements de la part de la police. Autrement dit, selon le modèle de déploiement des forces de l’ordre, le profilage racial n’est pas nécessairement le produit de stéréotypes raciaux ou d’animosité raciale. En fait, cela pourrait en partie s’expliquer par l’endroit où la police est déployée et la façon dont elle exerce son pouvoir dans différentes collectivités[8].
Cela constitue une autre mise en garde concernant la prétendue « objectivité » des pratiques de déploiement des forces de l’ordre qui sont fondées sur l’analyse statistique des données sur la criminalité des quartiers. Comme nous le verrons plus loin, les pratiques policières biaisées peuvent produire des données policières biaisées. Par exemple, les pratiques policières biaisées peuvent être à l’origine, du moins en partie, des taux élevés de criminalité associés aux collectivités ou aux quartiers isolés. Quant à elles, les données biaisées peuvent être utilisées pour justifier les pratiques policières biaisées. La relation entre les taux de criminalité et les pratiques policières agressives et proactives peut ainsi être qualifiée d’effet Pygmalion.
Cette section vise à examiner les possibles explications du profilage racial. Une investigation plus poussée sera nécessaire pour déterminer laquelle des explications ci-dessus est la plus valable, ou si les cinq cadres théoriques se produisent simultanément et représentent donc une certaine proportion du phénomène de profilage racial. Certain(e)s chercheur(-se)s croient que, puisque l’animosité raciale a diminué considérablement au sein de la société, le racisme manifeste n’explique qu’en partie le profilage racial. De même, en raison des pressions politiques, il est probable qu’à l’avenir, de moins de moins de lignes directrices organisationnelles ciblent certains groupes raciaux en particulier. Cependant, les stéréotypes raciaux, les préjugés cognitifs et les pratiques de déploiement des forces de l’ordre biaisées sur le plan racial persisteront probablement, et doivent donc inévitablement être considérés par ceux (celles) qui entreprennent des recherches et élaborent des politiques. Il est également important de noter que certains des modèles théoriques mentionnés ci-dessus se prêtent mieux aux politiques que d’autres. Il est possible d’éliminer les profils criminels officiels fondés sur la race. Les services de police peuvent détecter l’animosité raciale chez les nouvelles recrues, et imposer des mesures disciplinaires ou congédier les agent(e)s assermenté(e)s qui adoptent des attitudes ou des comportements ouvertement racistes. Les interventions policières dans les quartiers à forte criminalité peuvent également être limitées à une réponse rapide aux appels de service plutôt qu’à des pratiques policières proactives qui exposent souvent la population respectueuse des lois à des contrôles de routine agressifs. Cependant, comme l’ont fait remarquer Tomaskovic-Devey, Mason et Zingraff (2004, p. 25), les préjugés implicites et les stéréotypes entretenus par les individus peuvent être plus difficiles à cerner et à contrôler.
Un examen de la littérature publiée à l’international révèle que cinq stratégies méthodologiques différentes ont été utilisées par les chercheur(-se)s pour explorer les disparités raciales dans les activités d’interpellation, de questionnement et de fouille. Ces cinq méthodes de recherche comprennent 1) des méthodes qualitatives, 2) des méthodes d’enquête par sondage, 3) des méthodes d’observation, 4) des statistiques officielles sur les interpellations de la police et 5) des données officielles sur les contrôles de routine ou de fichage. Dans cette section du rapport, nous examinons des précédentes études qui se sont attardées à la question du profilage racial à Toronto. Un examen de la documentation révèle que, en ce qui concerne le service de police de Toronto, le profilage racial n’a été examiné qu’à l’aide de trois des cinq méthodes de recherche décrites ci-dessus, soit les méthodes qualitatives, les méthodes d’enquête par sondage et les statistiques officielles sur les contrôles de routine (aussi appelées fiches de contact, rapports de collecte d’informations sur le terrain et interactions réglementées). Nous n’avons trouvé aucune étude d’observation du profilage racial ayant été menée dans la région de Toronto. De plus, malgré la demande du public et les recommandations du rapport, le SPT n’a jamais mené d’étude visant à examiner les disparités raciales en ce qui concerne les contrôles routiers et les interpellations de piéton(ne)s[9].
L’examen des données de recherche commence par une revue des études qualitatives et se poursuit avec une analyse de la recherche par sondage réalisée avant la mise en œuvre du nouveau Règlement de l’Ontario sur les contrôles de routine en 2017. Après un examen des données officielles relatives aux contrôles de routine du SPT et une description de la diminution spectaculaire du nombre de contrôles de routine documentés après l’entrée en vigueur de la réglementation, le rapport passe en revue les nouvelles recherches effectuées depuis 2017. Les résultats de ces récents sondages remettent en question l’argument selon lequel le Règlement de l’Ontario sur les contrôles de routine a eu pour effet de réduire le profilage racial et soulignent la nécessité de recueillir des données fondées sur la race en lien avec les activités d’interpellation, de questionnement et de fouille menées par le SPT.
Les premiers travaux sur le profilage racial aux États-Unis et en Grande-Bretagne ont principalement consisté en des entrevues individuelles ou des groupes de discussion avec des jeunes racialisés (Jones-Brown, 2000; Brunson, 2007). Au Canada, James (1998) a mené des entrevues intensives avec plus de 50 jeunes personnes noires originaires de six villes ontariennes, dont Toronto. Bon nombre de ces jeunes ont affirmé se faire souvent interpeller par la police. Presque tous ces jeunes ont dit croire que la police portait davantage son attention sur la couleur de la peau, et non sur le style vestimentaire. Comme un répondant noir l’a fait remarquer : « Ils passent en voiture. Ce ne sont pas vos vêtements qu’ils remarquent, mais votre couleur. C’est la première chose qu’ils voient. S’ils s’attardent tant que ça aux vêtements, pourquoi ne vont-ils pas arrêter ces garçons blancs qui sont habillés comme nous? Selon moi, si vous êtes Noir et portez un costume, ils vont penser que vous avez fait quelque chose d’illégal pour l’obtenir » (James, 1998, p. 166).
James conclut que le caractère antagoniste de ces interpellations par la police contribue fortement à l’hostilité et aux attitudes négatives entretenues par les jeunes personnes noires à l’égard de la police (James, 1998 : p. 173). Les entrevues informelles de Neugebauer (2000) avec 63 jeunes personnes noires et blanches de Toronto ont produit des résultats très semblables. Bien que l’auteure ait constaté que les jeunes de toutes origines raciales affirment souvent être harcelé(e)s par la police, tant les jeunes personnes blanches que noires s’entendent pour dire qu’à Toronto, les jeunes hommes noirs sont beaucoup plus susceptibles d’être interpellés, questionnés et fouillés par la police que les adolescent(e)s d’autres origines raciales.
Au cours d’une série de consultations publiques menées à Toronto dans le cadre de l’enquête Examen des causes de la violence chez les jeunes du gouvernement de l’Ontario, les enquêteur(-trice)s principaux(-ales) ont entendu des histoires extrêmement semblables. En effet, les jeunes personnes noires et autochtones de Toronto ont répété à maintes reprises se sentir ciblé(e)s par la police — souvent dans le cadre de pratiques agressives d’interpellation et de fouille — et que ce ciblage avait miné leur confiance dans la police et dans l’ensemble du système de justice pénale (McMurtry et Curling, 2008a; McMurtry et Curling, 2008b).
Dans le cadre d’une autre étude qualitative, la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) a recueilli des témoignages détaillés d’un échantillon non aléatoire de plus de 800 personnes en Ontario — la plupart étant des personnes noires de Toronto — qui estimaient avoir été victimes de profilage racial (Commission ontarienne des droits de la personne, 2003). Le projet de la CODP a non seulement permis de décrire de façon frappante des incidents précis de profilage racial, mais il a également fourni des renseignements détaillés sur les répercussions négatives de ces incidents sur les personnes et les collectivités racialisées (Williams, 2006). La CODP a mené une deuxième grande enquête sur le profilage racial en 2015. Cette enquête a donné lieu à des consultations auprès d’un échantillon non aléatoire de plus de 1 600 personnes et organismes. Une fois de plus, la Commission a constaté que le profilage racial est un problème majeur à Toronto (Commission ontarienne des droits de la personne, 2017).
Il importe de souligner qu’après la publication des deux premières enquêtes de la CODP, les représentant(e)s du SPT et de la CSPT ont reconnu l’existence d’un racisme systémique au sein de la police (voir Commission ontarienne des droits de la personne, 2017; Aguilar, 2020; Fox, 2020; Goodfield, 2020; Commission des services policiers de Toronto, 2020; CBC News, 2018; Doolittle, 2009).
Enfin, depuis 2018, dans le cadre de son enquête actuelle concernant les pratiques policières biaisées sur le plan racial, la CODP a mené une série d’entrevues et organisé des groupes de discussion avec des membres des communautés noires de Toronto de même que des membres du SPT. Comme lors d’enquêtes antérieures, la CODP a reçu des plaintes concernant le profilage racial et les pratiques injustes du SPT en matière d’interpellation et de fouille. Des témoignages d’agent(e)s de police sont également venus appuyer les allégations formulées par des civil(e)s. En résumé, l’idée générale qui se dégage de deux décennies de recherche qualitative de la part de la CODP est que le profilage racial au sein du SPT constitue toujours un problème.
L’argument selon lequel peu de choses ont changé en matière de profilage racial à Toronto est renforcé par un certain nombre d’études qualitatives récentes et à plus petite échelle. Ces études, menées depuis 2017 à la suite de l’imposition du règlement sur les contrôles de routine de l’Ontario, portent sur les jeunes personnes noires issues des collectivités défavorisées de Toronto. Toutes ces études documentent des interactions négatives entre les jeunes personnes noires et le SPT, y compris des allégations de pratiques racistes en matière d’interpellation et de fouille. Ces études documentent la façon dont les activités d’interpellation et de fouille du SPT alimentent la méfiance de la communauté envers la police, réduisent la probabilité que les jeunes signalent des crimes et augmentent le recours à des stratégies d’auto-assistance conçues pour assurer la sécurité personnelle des individus (voir Haag, 2021; Samuels-Wortley, 2021; Samuels-Wortley, 2020; Nichols, 2018).
Les résultats des enquêtes gouvernementales et des études universitaires susmentionnées ont été renforcés par le projet de recherche intitulé Community Assessment of Police Practices (évaluation communautaire des pratiques policières — CAPP). Au cours de l’été 2014, l’équipe de recherche, financée par la Commission de services policiers de Toronto, a mené une ambitieuse enquête communautaire qui comprenait des entrevues auprès d’un échantillon non aléatoire de 404 résident(e)s de la 31e division — l’un des secteurs les plus diversifiés sur le plan racial et les plus défavorisés sur le plan socioéconomique de Toronto. Environ la moitié des personnes composant l’échantillon se sont identifiées comme des personnes noires, 12,1 % comme des personnes blanches, et 30,4 % comme des personnes issues d’un autre groupe racialisé. Les résultats de l’étude indiquent que les répondant(e)s avaient peu confiance en la police. De plus, peu importe leur origine raciale, la majorité des personnes composant l’échantillon étaient d’avis que la police de Toronto pratique le profilage racial. Conformément à cette croyance, les personnes noires de l’échantillon étaient beaucoup plus susceptibles que les jeunes d’autres origines raciales de déclarer avoir récemment été interpellées, fouillées et « fichées » par la police. Comparativement à leurs homologues blanches, les jeunes personnes noires étaient également plus susceptibles de déclarer s’être fait intimider et traiter avec hostilité et manque de respect lors d’interactions avec la police (voir Price, 2014).
Tel que mentionné précédemment, des méthodologies qualitatives ont également été utilisées pour étudier les perceptions des agent(e)s de police sur la question du profilage racial. Par exemple, à la suite d’une série d’articles parus dans les journaux sur les pratiques de maintien de l’ordre biaisées sur le plan racial, l’ancien chef du service de police de Toronto, Julian Fantino, a demandé à plusieurs cadres supérieur(e)s noir(e)s, dont le chef de police adjoint Keith Forde, d’enquêter sur la façon dont les allégations de profilage racial étaient perçues par les membres noir(e)s des forces de l’ordre. En réponse à cette demande, 36 agent(e)s noir(e)s du SPT se sont réuni(e)s en octobre 2003 pour discuter de la question du profilage racial. Un groupe de discussion a été organisé. Tou(te)s les agent(e)s du SPT qui y ont participé ont convenu que le profilage racial représentait un problème, et que les stéréotypes criminels à l’égard de la population noire étaient répandus au sein du service de police de Toronto. La majorité des personnes répondantes ont également déclaré qu’elles avaient elles-mêmes été victimes de profilage racial. En fait, trois agent(e)s ont déclaré s’être fait interpeller et interroger par la police à plus d’une occasion au cours de la même semaine, et six agent(e)s ont déclaré s’être fait interpeller à plus de 12 reprises au cours de la même année. Dans une présentation ultérieure de ces conclusions à leurs collègues, les cadres supérieur(e)s noir(e)s chargé(e)s de l’enquête ont d’abord déclaré ce qui suit : « Nous sommes conscient[e]s que le profilage racial existe » (voir Tanovich, 2006, pp. 35-36).
Akwasi Owusu-Bempah (département de sociologie de l’Université de Toronto) a récemment mené des recherches semblables sur les perceptions et les expériences des agents de police noirs. M. Owusu-Bempah (2015) a mené des entrevues approfondies auprès d’un échantillon non aléatoire de 50 agents de police noirs de sexe masculin, dont plusieurs étaient employés par le SPT. Il soutient que cet échantillon d’agent(e)s de police offre un aperçu unique de la réalité du racisme en matière d’application de la loi, en raison de la double identité des répondants en tant qu’hommes noirs au sein de la société canadienne et agents de police, et des expériences qui y sont rattachées.
Presque tous les policiers noirs ayant participé à cette étude ont déclaré avoir été témoin, dans le cadre de leur travail, de profilage racial ainsi que d’autres formes de pratiques policières biaisées sur le plan racial. La plupart d’entre eux ont admis avoir travaillé avec d’autres agent(e)s qui se livraient ouvertement au profilage racial et qui approuvaient cette pratique. En effet, la majorité ont indiqué avoir eux-mêmes fait l’objet de profilage racial à de multiples occasions, et ce, même après avoir rejoint les forces de l’ordre.
Tous s’entendaient pour dire que ces préjugés raciaux ont eu un effet négatif sur la communauté noire de Toronto et ont fait naître une méfiance entre la police et la population noire de Toronto. Plusieurs agents ont soutenu que les pratiques policières biaisées sur le plan racial sont causées par des stéréotypes raciaux qui associent la population noire à la fois à la criminalité et à la dangerosité (Owusu-Bempah, 2015).
En conclusion, la recherche qualitative à laquelle ont participé des membres de la population torontoise et des agent(e)s de police de Toronto a rendu des conclusions qui sont tout à fait conformes à l’argument selon lequel la police de Toronto fait du profilage racial. La nature de ces résultats qualitatifs demeure inchangée depuis les trente dernières années. Les partisan(e)s soutiennent que les méthodes de recherche qualitative peuvent aider les chercheur(-se)s à comprendre les statistiques sur les interpellations et les fouilles policières, ainsi qu’à mieux saisir comment les activités de surveillance policière influent sur la vie des personnes racialisées. Comme le souligne Brunson (2010, p. 221), bien que les statistiques nous aident à cerner les différences raciales dans l’exposition globale aux activités de surveillance policière, « elles n’ont pas permis d’obtenir le type de renseignements qui permettraient aux chercheur[-se]s d’acquérir une compréhension plus approfondie des significations pour les participant[e]s à l’étude. D’autre part, les méthodes de recherche qualitative offrent une occasion unique d’examiner et de mieux comprendre la gamme d’expériences qui peuvent influencer les attitudes des personnes à l’égard de la police » . Stewart (2007, p. 124) ajoute : « Une méthode de recherche qualitative permet aux chercheur[-se]s de mesurer les diverses sources d’expériences policières négatives directes et par personne interposée, et de comprendre la signification que l’on attache à ces expériences » .
Bien que les études qualitatives permettent habituellement de récolter de nombreux renseignements sur les interactions avec la police et sur le « vécu » des minorités raciales, elles ont souvent été critiquées parce qu’elles étaient fondées sur de petits échantillons non aléatoires, habituellement provenant de collectivités économiquement défavorisées. Autrement dit, il est souvent difficile d’appliquer les résultats d’une recherche qualitative à l’ensemble de la population. De plus, la plupart des études qualitatives portent sur les expériences isolées de personnes racialisées. En d’autres termes, elles ne comparent pas directement les expériences des minorités raciales à celles des personnes blanches. À eux seuls, ces faits ont donné lieu à des accusations selon lesquelles les données de recherche qualitative qui documentent le profilage racial sont « sélectives » ou « anecdotiques » et ne sont donc pas vraiment représentatives du comportement de la police (voir Wilbanks, 1987; Melchers, 2006). Il convient toutefois de souligner que les dénégations de profilage racial par la police sont tout aussi « anecdotiques » et ont donc été largement rejetées par les organisations de minorités raciales et les spécialistes de la lutte contre le racisme (voir Tator et Henry, 2006). En somme, bien que les méthodes de recherche qualitative aient une valeur considérable lorsqu’il s’agit de documenter et de comprendre les relations entre la police et les minorités raciales, les chercheur(-se)s s’entendent généralement pour dire que, dans la mesure du possible, il faudrait plutôt adopter une approche quantitative.
Contrairement aux stratégies de recherche qualitative, les méthodes d’enquête par sondage explorent souvent les opinions et les expériences de la population à l’aide d’échantillons aléatoires de grande taille. Par conséquent, contrairement aux résultats qualitatifs, les résultats de l’enquête par sondage peuvent être plus facilement généralisés à l’ensemble de la population à l’étude. En ce qui concerne les pratiques policières biaisées sur le plan racial, des méthodes d’enquête par sondage ont été utilisées pour documenter le fait que le profilage racial est considéré comme un problème grave par une grande proportion de la population canadienne. Ainsi, un sondage mené en 2007 auprès de la population de Toronto comprenait entre autres les questions suivantes : Il y a présence de profilage racial lorsque des personnes sont interpellées, questionnées ou fouillées par la police en raison de leurs caractéristiques raciales, et non en raison de leur comportement ou de leurs actes. À votre avis, le profilage racial représente-t-il un problème au Canada? Les résultats indiquent que la population canadienne noire est beaucoup plus susceptible de percevoir le profilage racial comme un problème social important que les populations chinoise et blanche. En effet, six répondant(e)s noir(e)s sur dix (57 %) considèrent le profilage racial au Canada comme un « problème important », comparativement à seulement 21 % des personnes blanches et à 14 % des membres de la communauté chinoise[10].
On a ensuite demandé aux répondant(e)s : Imaginons que, dans un quartier donné, la plupart des personnes arrêtées pour trafic de stupéfiants, violence armée et activité de gang de rue sont issues d’un groupe racial particulier. Pour lutter contre la criminalité dans ce quartier, pensez-vous qu’il serait acceptable ou légitime que la police interpelle et fouille au hasard des gens qui appartiennent à ce groupe racial davantage que ceux issus d’autres groupes raciaux? Selon les réponses à cette question, quatre personnes blanches sur dix (39 %) et un tiers des personnes chinoises (34 %) estiment que le profilage racial représente une stratégie légitime de lutte contre la criminalité, comparativement à seulement 23 % de leurs homologues noires. Ces divergences d’opinions en fonction de l’origine ethnique sont significatives sur le plan statistique (voir Wortley et Owusu-Bempah, 2011b; Wortley et Owusu-Bempah, 2009).
Il est important de noter qu’en plus de mesurer l’opinion publique au sujet du profilage racial, les méthodes d’enquête par sondage permettent également de mesurer les expériences réelles concernant les interpellations et les fouilles réalisées par la police à Toronto. Le fait que l’enquête par sondage puisse mesurer les données relatives à l’origine ethnique — ainsi que d’autres variables qui permettent théoriquement de prédire les interactions avec la police — constitue un progrès méthodologique important qui aborde partiellement l’élément crucial de l’« analyse comparative » (voir l’analyse détaillée dans Wortley, 2019a; Wortley, 2019b). En d’autres termes, les méthodes d’enquête par sondage nous permettent d’estimer si la race a une incidence sur les interpellations et les fouilles réalisées par la police après contrôle statistique d’autres facteurs pertinents.
À ce jour, six grandes enquêtes canadiennes par sondage ont porté sur le profilage racial. Cinq de ces études ont été menées dans la région de Toronto, tandis que la sixième portait sur un échantillon national comprenant plusieurs membres de la communauté noire de Toronto. Les six études avaient pour but de documenter si les minorités raciales sont plus susceptibles d’être interpellées et questionnées par la police que les personnes blanches, après contrôle statistique d’autres facteurs qui pourraient augmenter ou diminuer la probabilité d’attirer l’attention de la police (voir les examens dans Wortley, 2016; Owusu-Bempah et Wortley, 2014).
D’abord, un sondage mené en 1994 auprès de plus de 1 200 membres de la population noire, chinoise et blanche de Toronto (au moins 400 personnes issues de chaque groupe racial), mené par l’Institute for Social Research de l’Université York, a révélé que les personnes noires — en particulier les hommes noirs — sont beaucoup plus susceptibles de signaler des interactions involontaires avec la police que les personnes blanches ou asiatiques. Par exemple, près de la moitié (44 %) des hommes noirs de l’échantillon ont déclaré avoir été interpellés et questionnés par la police au moins une fois au cours des deux dernières années. En fait, un tiers (30 %) des hommes noirs ont déclaré avoir été interpellés à deux reprises ou plus. En revanche, seulement 12 % des hommes blancs et 7 % des hommes asiatiques ont déclaré s’être fait interpeller plusieurs fois par la police.
Les analyses multivariées de ces données révèlent que les différences raciales relevées dans les interactions avec la police ne peuvent être expliquées par les différences raciales en lien avec la classe sociale, l’éducation ou d’autres variables démographiques. En fait, l’âge et la classe sociale sont deux facteurs qui semblent permettre aux hommes blancs d’éviter les interactions avec la police, ce qui n’est pas le cas pour les hommes noirs. Les personnes blanches qui ont un revenu élevé et un haut niveau de scolarité, par exemple, sont beaucoup moins susceptibles d’être interpellées par la police que les personnes blanches au bas de l’échelle sociale. En revanche, les personnes noires qui ont un revenu élevé et une éducation de haut niveau sont plus susceptibles d’être interpellées que les personnes noires de classe sociale inférieure. En fait, les personnes noires issues du milieu professionnel expliquent souvent l’attention reçue de la police par leur aisance relative. Comme l’a déclaré un(e) répondant(e) noir(e) : « Si vous êtes une personne noire et que vous conduisez une belle voiture, la police va vous interpeller et vous questionner en lien avec la drogue » (voir Wortley et Tanner, 2003; Wortley et Kellough, 2004).
Dans le cadre d’une deuxième étude menée en 2000, environ 3 400 élèves fréquentant les écoles secondaires de Toronto ont été interrogé(e)s au sujet de leurs expériences récentes avec la police (Wortley et Tanner, 2005; Hayle, Wortley et Tanner, 2016). Les résultats de cette étude suggèrent en outre que les jeunes personnes noires sont beaucoup plus susceptibles que les personnes d’autres origines raciales d’être soumises à des interrogatoires dans la rue. Par exemple, plus de 50 % des élèves noir(e)s ont déclaré avoir été interpellé(e)s et questionné(e)s par la police à deux reprises ou plus au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 23 % des élèves blanc(he)s, 11 % des élèves asiatiques et 8 % des élèves sud-asiatiques. De même, plus de 40 % des étudiants noir(e)s affirment avoir été fouillé(e)s par la police au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 17 % des élèves blanc(he)s et à 11 % des élèves asiatiques.
Cependant, les données indiquent également que les étudiants qui se livrent à diverses formes de criminalité et de déviance sont beaucoup plus susceptibles d’attirer l’attention de la police que les élèves qui n’enfreignent pas la loi. Par exemple, 81 % des trafiquant(e)s de stupéfiant de cet échantillon (c’est-à-dire les personnes qui ont vendu de la drogue à 10 reprises ou plus au cours de la dernière année) déclarent avoir été fouillé(e)s par la police, comparativement à seulement 16 % des élèves qui ne vendent pas de drogue. Cette conclusion concorde avec l’argument selon lequel la police se concentre davantage sur la population civile qui se livre à des activités illégales.
Les données révèlent en outre que les élèves qui passent la majeure partie de leur temps libre dans des lieux publics (p. ex., centres commerciaux, parcs publics, boîtes de nuit, etc.) sont beaucoup plus susceptibles d’être interpellé(e)s par la police que les étudiants qui passent leur temps dans des lieux privés ou en compagnie de leurs parents. Cela nous mène à la grande question : Est-ce que les élèves noir(e)s de cette étude reçoivent plus d’attention de la police parce qu’ils (elles) s’impliquent davantage dans des activités criminelles et sont plus susceptibles de participer à des activités récréatives qui se déroulent dans des lieux publics?
Bien que les données du sondage révèlent que les étudiants blanc(he)s déclarent des taux beaucoup plus élevés de consommation d’alcool et de drogues illicites, les élèves noir(e)s signalent des taux plus élevés de crimes mineurs contre les biens, de violence et d’appartenance à un gang. De plus, les élèves noir(e)s et blanc(he)s déclarent des taux plus élevés de participation aux activités publiques de loisirs que les élèves de toutes les autres origines raciales. Toutefois, ces disparités raciales sont loin d’expliquer pourquoi les jeunes personnes noires sont beaucoup plus ciblées par les interactions de la police.
L’analyse multivariée révèle qu’après un contrôle statistique de l’activité criminelle, de la consommation de drogues, de l’appartenance à un gang et des activités de loisirs, la relation entre la race et les activités d’interpellation et de questionnement du SPT devient encore plus évidente. Pourquoi? Une analyse plus approfondie indique que les différences raciales dans les pratiques d’interpellation et de fouille du SPT sont en fait plus marquées chez les élèves dont le niveau de comportement criminel est faible. Par exemple, 34 % des étudiants noir(e)s qui n’ont participé à aucun type d’activité criminelle déclarent tout de même avoir été interpellé(e)s par la police à deux reprises ou plus au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 4 % des élèves blanc(he)s de la même catégorie de comportements. De même, 23 % des élèves noir(e)s ne présentant aucun comportement déviant déclarent s’être fait fouiller par la police, comparativement à seulement 5 % des élèves blanc(he)s ne présentant aucune déviance (Wortley et Tanner, 2005). Ainsi, bien que le premier sondage dont il est question ci-dessus révèle que l’âge et la classe sociale ne permettent pas aux personnes noires d’éviter les interpellations et les fouilles policières, cette étude suggère que même si la population civile noire adopte un bon comportement, elle n’est pas non plus à l’abri de l’attention non désirée de la police.
Cette enquête menée dans les écoles secondaires a également permis de démontrer que, parce qu’elles sont soumises à des niveaux plus élevés de surveillance policière, les jeunes personnes noires de Toronto sont également plus susceptibles de se faire prendre si elles contreviennent à la loi que les jeunes personnes blanches qui se livrent exactement aux mêmes formes d’activités criminelles. Prenons l’exemple des élèves qui font le trafic de drogue. Comme nous l’avons mentionné plus tôt, nous définissons un(e) trafiquant(e) comme tout(e) répondant(e) qui a vendu des drogues illicites au moins 10 fois au cours de la dernière année. Nous constatons en outre que 65 % des trafiquant(e)s de drogue de race noire ont été interpellé(e)s à un moment ou à un autre de leur vie, comparativement à seulement 35 % des trafiquant(e)s de drogue de race blanche. Cette constatation reflète probablement le fait que les étudiants noir(e)s sont beaucoup plus susceptibles d’être interpellé(e)s et fouillé(e)s par la police (Wortley et Tanner, 2005; Hayle, Wortley et Tanner, 2016)[11].
Ces résultats ont également été reproduits à l’aide d’un échantillon national de jeunes Canadien(ne)s (âgé[e]s de 12 à 17 ans). Fitzgerald et Carrington ont utilisé les données de l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes de 2000-2001 (total de l’échantillon = 4 164 répondant[e]s) pour déterminer si les jeunes des minorités visibles « à risque élevé » (répondant[e]s noir[e]s, autochtones et arabes) étaient plus susceptibles que les jeunes blanc(he)s ou les jeunes des minorités « à faible risque » (Asiatiques du Sud et Asiatiques) d’être interpellé(e)s et questionné(e)s par la police. Il est important de noter qu’une forte proportion des personnes noires ayant répondu à ce sondage national provenaient de Toronto.
Conformément aux résultats de l’enquête sur les écoles secondaires de Toronto susmentionnée, Fitzgerald et Carrington (2011) ont constaté que les jeunes personnes noires, autochtones et arabes en provenance de Toronto et d’autres régions canadiennes étaient beaucoup plus susceptibles d’avoir été interpellées et questionnées par la police au cours de la dernière année que les jeunes personnes blanches, asiatiques ou sud-asiatiques. De plus, des analyses multivariées révèlent que l’incidence de la race sur les interpellations de la police demeure significative sur le plan statistique après prise en compte d’autres variables pertinentes sur le plan théorique, y compris la situation socioéconomique, les antécédents familiaux, la surveillance parentale, les activités de loisirs, la sécurité du quartier et la participation individuelle à des crimes violents et non violents. Autrement dit, même si les jeunes racialisé(e)s à risque élevé ont déclaré des niveaux plus élevés de criminalité que les jeunes blanc(he)s, cela n’explique pas pourquoi les jeunes racialisé(e)s étaient plus susceptibles d’être interpellé(e)s et questionné(e)s par la police.
En effet, conformément aux conclusions de Wortley et Tanner (2005), les résultats des travaux de Fitzgerald et de Carrington (2011) indiquent que les différences raciales dans les interactions avec la police sont plus marquées chez les jeunes présentant de faibles niveaux de participation à des activités criminelles. Encore une fois, les résultats obtenus au Canada laissent entendre qu’un « bon comportement » ne protège pas les personnes noires et les autres minorités contre les interactions indésirables avec la police au même titre qu’il protège les personnes blanches. Les auteur(e)s concluent que leurs découvertes concordent avec les allégations de profilage racial.
Dans le cadre d’une quatrième enquête canadienne menée en 2007, des entrevues ont été réalisées auprès d’un échantillon aléatoire de 1 500 membres de la population torontoise d’origine blanche, noire et chinoise, âgé(e)s de 18 ans et plus. Plus de 500 répondant(e)s ont été sélectionné(e)s pour chacun des groupes raciaux ciblés (Wortley et Owusu-Bempah, 2011b). On leur a demandé combien de fois, au cours des deux dernières années, ils (elles) avaient été interpellé(e)s et questionné(e)s par la police tandis qu’ils (elles) étaient au volant d’une voiture, marchaient ou traînaient dans un lieu public. Les résultats suggèrent qu’un tiers des répondant(e)s noir(e)s (34 %) ont été interpellé(e)s par la police au cours des deux dernières années, comparativement à 28 % des répondant(e)s blanc(he)s et 22 % des répondant(e)s chinois(es).
Il existe des différences raciales en matière de contrôle routier ainsi que d’interpellation de piéton(ne)s. Les personnes noires sont particulièrement susceptibles de faire l’objet de multiples interpellations policières. En effet, 14 % des répondant(e)s noir(e)s indiquent avoir été interpellé(e)s par la police à trois reprises ou plus au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 5 % des répondant(e)s blanc(he)s et à 3 % des répondant(e)s chinois(es). En moyenne, les répondant(e)s noir(e)s se sont fait interpeller 1,6 fois au cours des deux dernières années, comparativement à 0,5 fois pour les personnes blanches et 0,3 fois pour les personnes chinoises.
L’analyse de données multivariées de l’enquête de 2007 révèle que les hommes noirs de Toronto sont particulièrement vulnérables aux interpellations policières. En effet, un répondant noir sur quatre (23 %) a indiqué avoir été interpellé par la police à trois reprises ou plus au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 8 % des hommes blancs et à 6 % des hommes chinois. En moyenne, les hommes noirs se sont fait interpeller par la police 3,4 fois au cours des deux dernières années, comparativement à 0,7 fois pour les hommes blancs et à 0,5 fois pour les hommes chinois. Bien que les femmes noires soient moins susceptibles d’être interpellées et questionnées par la police que les hommes noirs, elles déclarent beaucoup plus d’interpellations de la police que les femmes blanches ou chinoises. En fait, les femmes noires (9 %) sont plus susceptibles de déclarer avoir été interpellées trois fois ou plus que les hommes blancs (8 %) ou chinois (6 %). En moyenne, les femmes noires ont déclaré s’être fait interpeller par la police 0,7 fois au cours des deux dernières années, comparativement à 0,4 fois pour les femmes blanches et à 0,2 fois pour les femmes chinoises (Wortley et Owusu-Bempah, 2011).
On a aussi demandé aux personnes ayant répondu au sondage si elles avaient été fouillées par la police au cours des deux dernières années. Encore une fois, les données révèlent que les personnes noires — en particulier les hommes noirs — sont davantage ciblées par les fouilles policières que les répondant(e)s d’autres origines raciales. Dans l’ensemble, 12 % des répondant(e)s noir(e)s ont déclaré avoir été fouillé(e)s par la police au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 3 % des hommes blancs et chinois. Les femmes noires sont aussi plus susceptibles de déclarer avoir été fouillées par la police (3 %) que les femmes blanches ou chinoises (1 %).
Les données de cette enquête menée auprès de la population de Toronto indiquent clairement que les répondant(e)s noir(e)s sont plus susceptibles d’être interpellé(e)s et fouillé(e)s par la police que les répondant(e)s blanc(he)s ou chinois(es). Cependant, comme mentionné plus haut, certains facteurs, outre la race, peuvent expliquer la surreprésentation des personnes noires dans les interactions avec la police. Par exemple, la population noire de Toronto a tendance à être plus jeune et moins bien nantie que la population blanche ou chinoise. Ainsi, c’est peut-être la jeunesse ou la pauvreté — et non les préjugés raciaux — qui explique pourquoi les personnes noires sont plus susceptibles d’être interpellées et fouillées. De même, les personnes noires peuvent être plus susceptibles d’être interpellées parce qu’elles sont plus nombreuses à résider dans des quartiers à forte criminalité où des stratégies de patrouille policière agressives sont monnaie courante. De plus, les différences raciales dans les comportements, et non la race elle-même, pourraient expliquer pourquoi les personnes noires font l’objet d’une plus grande attention de la police. Par exemple, comparativement aux personnes d’autres origines raciales, les personnes noires peuvent être plus susceptibles de se faire interpeller par la police parce qu’elles passent plus de temps à conduire ou à traîner dans les lieux publics. Enfin, les personnes noires peuvent être plus susceptibles d’attirer l’attention légitime de la police parce qu’elles sont impliquées en plus grand nombre dans des infractions aux règlements de la circulation ou dans diverses formes d’activités criminelles.
Afin de répondre à ces hypothèses concurrentes, les auteur(e)s ont produit une série de régressions logistiques qui permettent de prédire les activités d’interpellation et de fouille de la police. En plus de la race, ces régressions sont statistiquement contrôlées pour une série de variables démographiques, notamment l’âge, le sexe, le niveau de scolarité, le revenu du ménage et le lieu de naissance. Notre analyse tenait également compte du niveau de criminalité dans le quartier des répondant(e)s, de la fréquence de la conduite d’un véhicule, du niveau de participation aux activités de loisirs publiques, de la consommation d’alcool, de la consommation de marijuana et des antécédents criminels.
Les résultats des analyses multivariées indiquent que, chez la population de Toronto, les antécédents raciaux des personnes noires constituent un bon indicateur pour prédire les activités d’interpellation et de fouille après contrôle statistique d’autres variables pertinentes sur le plan théorique. Par contre, chez les personnes chinoises, aucun lien ne peut être établi entre les antécédents raciaux et la probabilité d’être interpellées et fouillées par la police. En outre, les résultats suggèrent que plus la mesure des interpellations par la police est rigoureuse, plus la relation avec les antécédents raciaux des personnes noires est forte. Par exemple, un examen des rapports de cotes indique que les personnes noires sont 1,9 fois plus susceptibles que les personnes blanches de s’être fait interpeller une ou plusieurs fois au cours des deux dernières années, 2,3 fois plus susceptibles de s’être fait interpeller deux ou plus et 3,4 fois plus susceptibles de s’être fait interpeller trois fois ou plus. De plus, les résultats suggèrent que les personnes noires sont 3,3 fois plus susceptibles que les personnes blanches d’avoir été fouillées par le SPT au cours des deux dernières années (Wortley et Owusu-Bempah, 2011b).
L’ensemble des personnes répondantes qui ont déclaré avoir été interpellées et interrogées par le SPT au cours des deux dernières années (N = 423) ont par la suite dû répondre à une série de questions au sujet de leur plus récente interaction avec la police. Les résultats indiquent clairement que la population noire de Toronto a tendance à interpréter les interpellations de la police de façon plus négative que la population chinoise et blanche. D’abord, on a demandé aux personnes répondantes si elles croyaient que leur dernière interpellation était justifiée ou non. Près de la moitié des répondant(e)s noir(e)s (47 %) estimaient que leur dernière interpellation par la police était injustifiée, comparativement à seulement 17 % des répondant(e)s chinois(es) et 12 % des répondant(e)s blanc(he)s. Comparativement aux répondant(e)s blanc(he)s et chinois(es), les répondant(e)s noir(e)s étaient également moins susceptibles de déclarer que la police avait fourni une explication adéquate concernant la raison de l’interpellation et plus susceptibles de rapporter une attitude irrespectueuse de la police à leur endroit.
Les répondant(e)s ont également dû répondre à la question ouverte suivante : La dernière fois que vous avez été interpellé(e) par la police, quel était selon vous le motif de l’interpellation? Un(e) répondant(e) noir(e) sur quatre (25 %) a déclaré expressément avoir été interpellé(e) en raison de son origine ethnique. En revanche, seules deux personnes répondantes d’origine chinoise et deux personnes répondantes blanches ont mentionné la race comme raison de l’interpellation. Fait intéressant : ces deux personnes répondantes blanches ont affirmé avoir été arrêtées par la police parce qu’elles se trouvaient à bord d’une voiture avec des personnes noires. Compte tenu de ces résultats, il n’est pas surprenant de constater que les répondant(e)s noir(e)s étaient beaucoup plus susceptibles que les répondant(e)s chinois(es) ou blanc(he)s de se déclarer « très contrarié(e)s » par leur dernière interaction avec la police (Wortley, 2011b). Ces résultats concordent très bien avec la recherche réalisée aux États-Uns qui suggère également que les personnes noires sont plus susceptibles d’avoir l’impression d’avoir été traitées injustement ou de se voir manquer de respect durant les interpellations par la police (voir Warren, 2011)[12].
La question des interactions involontaires avec la police a également été examinée dans le cadre d’un sondage mené par le Black Experience Project (Environics Institute, 2017). Réalisé en 2015, ce sondage a permis d’examiner les opinions et les expériences de 1 504 personnes noires de la région du Grand Toronto âgées de 16 ans et plus. Ma nouvelle analyse de ces données, obtenues par la CODP, confirme que les interactions négatives avec la police sont très courantes chez la population noire de la région du Grand Toronto, en particulier chez les hommes noirs. Par exemple, 71 % des personnes répondantes noires ont déclaré avoir été interpellées et questionnées par la police dans un lieu public, 53 % ont déclaré s’être fait harceler ou traiter de façon grossière par la police, 23 % ont dit s’être fait interpeller par la police à un moment donné de leur vie, et 17,5 % ont déclaré avoir fait l’objet d’un recours à la force par la police (voir la figure 1)[13].
Les données révèlent en outre que les interactions policières négatives sont légèrement plus courantes chez la population torontoise noire que chez les répondant(e)s qui vivent ailleurs dans la RGT (voir la figure 2). Par exemple, la population noire de Toronto est plus susceptible de rapporter un recours à la force, une arrestation, du harcèlement ou un traitement grossier de la part de la police.
Cependant, les autres résident(e)s de la RGT sont légèrement plus susceptibles de déclarer s’être fait interpeller et questionner par la police en public. Malheureusement, les données ne permettent pas de déterminer l’endroit où les interpellations policières ont eu lieu. Il est donc tout à fait possible que certain(e)s répondant(e)s qui vivent à l’extérieur de Toronto aient été interpellé(e)s par la police de Toronto lorsqu’ils (elles) traversaient la ville pour se rendre à leur lieu de travail ou de loisir. Toutes les différences régionales sont significatives sur le plan statistique à p > 0,05.
Dans le passé, des critiques ont soutenu que c’est la pauvreté ou le fait d’être issu(e) d’une classe inférieure, et non le racisme, qui expose la population noire à des interactions négatives avec la police. Toutefois, comme dans le cas d’études précédentes, les résultats obtenus par le Black Experience Project révèlent que l’appartenance à une classe sociale supérieure ne permet pas à la population noire d’éviter les interactions indésirables avec la police (voir les figures 3 et 4). Par exemple, les personnes noires détenant un diplôme universitaire de premier cycle sont plus susceptibles de déclarer s’être fait interpeller et questionner par la police (56,4 %) que les personnes détenant un diplôme d’études secondaires ou un niveau de scolarité inférieur (45,2 %). De même, les répondant(e)s qui gagnent un salaire annuel de 100 000 $ ou plus sont plus susceptibles de déclarer s’être fait interpeller et questionner par la police (60,3 %) que ceux (celles) dont le revenu annuel est de moins de 20 000 $ (46,7 %). Ces différences sont significatives sur le plan statistique. Ces constatations renforcent l’argument selon lequel c’est la race à elle seule qui attire l’attention de la police, et non la classe sociale ou le fait d’habiter un quartier pauvre[14].
En ce qui concerne l’étude du profilage racial, la méthode d’enquête par sondage présente trois avantages distincts par rapport aux données qualitatives. Tout d’abord, comme les sondages s’appuient sur de grands échantillons aléatoires, ils facilitent la généralisation des résultats obtenus à l’ensemble de la population. Ensuite, les sondages permettent de comparer directement les personnes qui déclarent avoir été interpellées et fouillées par la police et celles qui n’ont pas été interpellées. Ainsi, cela nous permet de déterminer si les personnes qui sont fréquemment interpellées et fouillées par la police sont différentes — en ce qui concerne la race ou d’autres facteurs pertinents sur le plan théorique — de celles qui n’ont que peu ou pas d’interactions avec la police. Enfin, en plus de documenter des expériences précises avec la police, les sondages peuvent aussi servir à enquêter sur les répercussions psychologiques des incidents de profilage racial perçu sur les populations ciblées.
Cependant, la méthode d’enquête par sondage comporte aussi des limites, y compris la possibilité d’erreurs d’échantillonnage et de problèmes concernant la structure du questionnaire, les souvenirs des répondant(e)s, l’honnêteté des répondant(e)s et l’exclusion de l’échantillon (voir Lichenberg, 2007; Lundman, 2003). Cependant, la comparaison des résultats tirés des sondages avec ceux issus d’autres méthodes de recherche qualitatives et quantitatives peut contribuer à en vérifier la validité et, donc, à accroître la fiabilité des résultats. Il est donc important de noter que les résultats des sondages menés dans la région de Toronto et abordés ci-dessus concordent très bien avec les résultats des études qualitatives (voir l’analyse ci-dessus) et des études qui examinent les statistiques officielles du service de police de Toronto. Dans la section suivante, nous procédons à l’analyse des données officielles des « contrôles de routine » du SPT.
Une quatrième stratégie pour mesurer les activités de fouille et d’interpellation de la police consiste à utiliser des dossiers de police officiels pour documenter les interactions discrétionnaires entre la police et la population civile. Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, les données officielles déclarées par la police constituent sans doute la source d’information la plus courante sur les pratiques de la police en matière d’interpellation et de fouille (Miller, 2010; Paulhamus et coll., 2010; Tillyer et coll., 2010; Batton et Kadleck, 2004). Cela n’est pas surprenant étant donné que les statistiques policières peuvent être obtenues rapidement et à peu de frais, comparativement à celles provenant des sondages à grande échelle, de l’observation sociale systématique, des entrevues, de l’ethnographie et d’autres méthodes qualitatives. Souvent, les données sont déjà disponibles, et les nouvelles stratégies de collecte de données nécessitent des changements minimes aux pratiques actuelles de collecte de données en matière d’interpellation et de fouille. Il est également possible d’obtenir une grande quantité de données policières en un temps relativement court, et ce, à un coût minime pour l’organisation. La collecte de données officielles présente également l’avantage de conserver des niveaux élevés de pouvoir discrétionnaire dans les pratiques policières, tout en permettant de répondre aux préoccupations de la collectivité au sujet du profilage racial (Data Collection Resource Centre, 2011). Enfin, les données sur les interpellations recueillies par la police permettent de tenir compte de variables juridiques et contextuelles qui peuvent ne pas figurer dans les récits de la population au sujet des interpellations de la police, comme le motif de l’interpellation, le contexte officiel de l’interpellation, la perception des agent(e)s quant à la race des civil(e)s, ainsi que la date, l’heure et le lieu exacts de l’interpellation.
Malheureusement, contrairement à ceux de l’Angleterre et de nombreuses régions des États-Unis, les services de police du Canada ne sont pas tenus de consigner la race ou l’origine ethnique des civil(e)s lors d’une interpellation ou d’une fouille. De plus, à l’exception des études spéciales menées à Kingston (Marshall, 2017; Wortley et Owusu-Bempah, 2016) et à Ottawa (Foster, Jacobs et Siu, 2016), aucun service de police canadien ne recueille et ne diffuse volontairement des données sur les contrôles routiers ou piétonniers. Par conséquent, au Canada, les statistiques officielles de la police ne peuvent généralement pas servir à enquêter sur les différences raciales dans les activités d’interpellation et de fouille policières.
Fait important : une autre source de données officielles canadiennes peut être utilisée pour évaluer les différences raciales dans les niveaux d’interactions avec la police. Ces données portent sur un éventail d’activités policières, y compris les contrôles de routine, les fiches de contact, les interactions de la police avec le public, les rapports de collecte d’informations sur le terrain et les interactions réglementées. Bien que la terminologie exacte utilisée pour identifier ces interactions entre la police et les civil(e)s varie d’un service de police à l’autre, elle tend à faire référence au même phénomène. Aux fins du présent rapport, le terme « contrôles de routine » sera utilisé pour désigner les pratiques qui comprennent les fiches de contact, les interactions de la police avec le public, les rapports de collecte d’informations sur le terrain et les interactions réglementées. Il convient de souligner que les contrôles de routine ne sont pas systématiques à chaque interpellation de la police. Avant la mise en œuvre du Règlement de l’Ontario 58/16 en 2017 (voir l’analyse ci-dessous), les contrôles de routine n’étaient effectués que lorsque des agent(e)s de police souhaitaient consigner les détails d’une interaction avec un(e) civil(e) en particulier. Il est à noter que, dans la grande majorité des cas, les contrôles de routine ne sont pas effectués lors d’interactions policières qui se terminent par des arrestations ou à la suite desquelles des accusations criminelles sont portées. Dans de tels cas, un rapport d’arrestation ou un rapport d’incident criminel est utilisé pour consigner les renseignements pertinents. Par contre, les contrôles de routine sont habituellement effectués dans les cas où aucune accusation criminelle n’est portée, mais où l’agent(e) de police veut tout de même consigner — aux fins de renseignement — des informations personnelles sur le (la) civil(e) interpellé(e) et des détails sur l’interaction. Au cours de la dernière décennie, des données sur les contrôles de routine ont été publiées par de nombreux services de police. Ces données ont toujours démontré qu’au fil du temps et sur les territoires desservis par la police, les personnes noires sont largement surreprésentées dans les statistiques sur les contrôles de routine par la police. Cependant, l’attention du public et du débat était en grande partie concentrée sur les contrôles de routine effectués par le service de police de Toronto (SPT).
Bien que depuis 1970, la police de l’Ontario ait recueilli des renseignements sur les contrôles de routine sous diverses formes, ceux-ci n’ont jamais été rendus publics. Cependant, à la suite d’une demande d’accès à l’information vivement contestée, qui s’est terminée à la Cour d’appel de l’Ontario, le Toronto Star a fini par mettre la main sur des renseignements concernant plus de 1,7 million de contrôles de routine effectués par la police de Toronto entre 2003 et 2008. Les requêtes de données subséquentes formulées par le Star ont permis de recueillir des renseignements sur plus de deux millions de contrôles de routine effectués entre 2008 et novembre 2013. Dans l’ensemble, les données indiquent que le service de police de Toronto a effectué près de trois millions de contrôles de routine au cours de la décennie allant de 2003 à 2013, soit environ 300 000 par année (voir Rankin, 2010a; Rankin, 2010b; Rankin et Winsa, 2012; Rankin et Winsa, 2014).
Les données provenant des fiches de contact ou des contrôles de routine obtenus par le Star contiennent divers éléments d’information, y compris le nom du (de la) civil(e), l’adresse de son domicile, le motif de l’interpellation ainsi que l’endroit et l’heure de l’interaction. Ces fiches comprennent également des renseignements démographiques de base, notamment l’âge, le sexe et la couleur de la peau. Les fiches contiennent souvent des renseignements sur les personnes associées au (à la) civil(e) (c.-à-d. la ou les personnes qui l’accompagnaient au moment de l’interpellation) et des observations ou des commentaires précis sur l’interaction jugés pertinents par le (la) ou les agent(e)s concerné(e)s. La police soutient que ces renseignements permettent d’assurer le suivi de la présence des individus dans les rues, à différents moments et à différents endroits, et qu’ils peuvent l’aider à identifier des suspect(e)s potentiel(le)s, des victimes et des témoins potentiel(le)s.
Les critiques soutiennent que ces fiches de contact donnent un aperçu des pratiques de surveillance de la police et illustrent en grande partie les catégories de quartiers et de civil(e)s qui font l’objet d’une surveillance policière accrue. Les données sur les fiches de contact reçues par le Star présentent un possible avantage sur le plan de la méthodologie : lors de la première requête de données, la police ne savait pas que les renseignements de la fiche de contact seraient rendus disponibles pour examen public. En d’autres termes, les actions de la police documentées par les données tirées des fiches de contact de Toronto n’ont pas été influencées par leur connaissance d’un projet de recherche en cours (pour connaître les répercussions possibles de ce qu’on appelle maintenant l’effet Hawthorne, voir Barnes, 2010).
Les résultats qui suivent découlent d’une nouvelle analyse des données sur les contrôles de routine du SPT compilées entre 2008 à 2013, effectuée aux fins du présent rapport. En plus de comporter plusieurs améliorations, les résultats sont tout à fait conformes aux conclusions publiées précédemment dans le Toronto Star. D’abord, seuls les cas où la race du (de la) civil(e) fiché(e) a été enregistrée par l’agent(e) sont inclus dans l’analyse actuelle (total de l’échantillon = 1 846 930)[15].
Les données indiquent que 25 % des contrôles de routine effectués par le SPT entre 2008 et novembre 2013 concernaient des personnes décrites comme étant « noires ». Les projections du recensement laissent toutefois entendre qu’à l’époque, seulement 8,08 % de la population de Toronto s’est déclarée noire[16]. Autrement dit, les personnes noires ont une probabilité de figurer dans les statistiques sur les contrôles de routine qui est 3,09 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population de Toronto (voir le tableau 1).
Une analyse plus approfondie indique que pendant cette période, le taux de contrôles de routine pour les personnes noires était de 2 123,0 pour 1 000. En d’autres termes, le SPT a effectué 2 123,0 contrôles de routine pour chaque tranche de 1 000 personnes noires de la population de Toronto, soit environ 2,1 contrôles pour chaque personne noire de la ville. En revanche, le taux de contrôles de routine pour les personnes blanches n’était que de 653,7 pour 1 000, soit nettement moins d’un contrôle pour chaque personne blanche de la population générale. Dans l’ensemble, le taux de contrôles de routine des personnes noires est 3,25 fois plus élevé que celui des personnes blanches. Cela indique qu’entre 2008 et 2013, les personnes noires de Toronto étaient 3,25 fois plus susceptibles de subir un contrôle de routine du SPT que les personnes blanches (voir le tableau 1)[17].
Groupes raciaux |
Taille de la population |
% de la population |
Nombre total de contrôles de routine |
% de contrôles de routine |
Rapport de cotes |
Taux de contrôles de routine (pour 1 000) |
Personnes blanches |
1 454 030 |
54,09 |
950 457 |
51,46 |
0,95 |
653,7 |
Personnes noires |
217 360 |
8,08 |
461 468 |
25,00 |
3,09 |
2 123,0 |
Personnes à la peau brune |
337 512 |
12,55 |
308 809 |
16,72 |
1,33 |
914,9 |
Autres groupes racialisés |
679 840 |
25,28 |
126 196 |
6,83 |
0,27 |
185,6 |
Total |
2 668 742 |
100,00 |
1 846 930 |
100,00 |
1,00 |
692,1 |
Cependant, plusieurs critiques ont fait valoir que de nombreux contrôles de routine effectués par la police de Toronto impliquent probablement des civil(e)s qui habitent à l’extérieur de la ville. Si tel est le cas, cela rendrait instables les taux de contrôles de routine et les disparités raciales, présentés au tableau 1. Heureusement, l’ensemble de données 2008-2013 sur les contrôles de routine indique si les personnes résident dans la ville de Toronto ou sur un autre territoire. Une analyse plus approfondie révèle qu’au cours de cette période, 708 706 incidents de fichage — soit environ 38 % de tous les cas de fichage — impliquaient des personnes qui ne résidaient pas à Toronto. Par conséquent, le tableau 2 présente un nouveau calcul des statistiques sur les contrôles de routine basé uniquement sur les cas qui concernent les résident(e)s de Toronto et incluant la race des civil(e)s fiché(e)s (taille de l’échantillon = 1 138 224). Les résultats suggèrent que même si le retrait des non-résident(e)s a pour effet de réduire le taux global de fichage ou de contrôles de routine, l’ampleur des disparités raciales ne diminue pas pour autant. En fait, les disparités raciales s’accentuent. En limitant l’analyse à la population résidant à Toronto, le taux de contrôles de routine passe de 2 123,0 à 1 362,0 pour les personnes noires et de 653,7 à 392,6 pour les personnes blanches. Toutefois, les données indiquent également qu’entre 2008 et 2013, les résident(e)s noir(e)s de Toronto ont une probabilité d’être fiché(e)s qui est 3,22 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population de Toronto. De plus, les données indiquent que les résident(e)s noir(e)s de Toronto sont 3,47 fois plus susceptibles d’être soumis(es) à un contrôle de routine du SPT que leurs homologues blanc(he)s.
Groupes raciaux |
Taille de la population |
% de la population |
Nombre total |
% de contrôles de routine |
Rapport de cotes |
Taux de contrôles de routine (pour 1 000) |
Personnes blanches |
1 454 030 |
54,09 |
570 897 |
50,16 |
0,93 |
392,6 |
Personnes noires |
217 360 |
8,08 |
296 051 |
26,01 |
3,22 |
1 362,0 |
Personnes à la peau brune |
337 512 |
12,55 |
195 787 |
17,20 |
1,37 |
580,1 |
Autres groupes racialisés |
679 840 |
25,28 |
75 489 |
6,63 |
0,26 |
111,0 |
Total |
2 668 742 |
100,00 |
1 138 224 |
100,00 |
1,00 |
426,5 |
L’analyse comparative typique du recensement présente une autre faiblesse potentielle, soit le fait qu’elle ne tient pas compte des civil(e)s qui ont fait l’objet de multiples contrôles de routine. En effet, les personnes qui font l’objet de contrôles de routine à de multiples reprises peuvent faire grimper les taux de contrôles de routine pour l’ensemble d’un groupe racial. Par conséquent, le tableau 3 recalcule les rapports de cotes et les taux de contrôles de routine en tenant compte des personnes ayant été interpellées à plusieurs reprises. Les données présentées dans le tableau 3 éliminent l’influence des valeurs aberrantes en tenant compte de chaque civil(e) une seule fois.
Les données indiquent qu’entre 2008 et 2013, 629 556 résident(e)s uniques de Toronto ont fait l’objet de 1 138 224 contrôles de routine distincts (environ 1,8 contrôle de routine par personne pour l’ensemble de données). En moyenne, les personnes noires figurant dans les données totales relatives aux contrôles de routine ont participé à 2,23 contrôles de routine au cours de cette période, comparativement à 1,89 pour les personnes à la peau brune, 1,70 pour les personnes blanches et 1,29 pour les personnes issues d’autres groupes racialisés.
Lorsque l’on compte les personnes une seule fois, les disparités raciales diminuent sensiblement. Par exemple, le pourcentage de personnes noires figurant dans les données relatives aux contrôles de routine passe de 26,01 % à 21,06 %, et le rapport de cotes de 3,22 à 2,61. Cependant, même en comptant des individus uniques une fois, les personnes noires ont une probabilité de subir un contrôle de routine du SPT 2,6 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population de Toronto. De plus, même si l’on compte les personnes une seule fois, le taux de contrôles de routine des personnes noires (610,1 pour 1 000) reste 2,65 fois plus élevé que celui des personnes blanches (230,3 pour 1 000). Autrement dit, les données suggèrent qu’entre 2008 et 2013, le SPT a effectué des contrôles de routine auprès d’environ 61 % de la population noire de Toronto, comparativement à seulement 23 % de la population blanche de Toronto.
Groupe racial |
Chiffre de population |
% de la population |
Nombre de contrôles de routine |
% de contrôles de routine |
Rapport de cotes |
Taux de contrôles de routine (pour 1 000) |
Personnes blanches |
1 454 030 |
54,09 |
334 811 |
53,18 |
0,98 |
230,3 |
Personnes noires |
217 360 |
8,08 |
132 621 |
21,06 |
2,61 |
610,1 |
Personnes à la peau brune |
337 512 |
12,55 |
103 365 |
16,42 |
1,31 |
306,3 |
Autres groupes racialisés |
679 840 |
25,28 |
58 759 |
9,33 |
0,37 |
86,4 |
Total |
2 668 742 |
100,0 |
629 556 |
100,0 |
1,00 |
235,9 |
Les résident(e)s de la communauté soutiennent depuis longtemps que les jeunes hommes noirs sont particulièrement exposés aux contrôles de routine et aux autres activités de surveillance policière. Cette affirmation est également étayée par des recherches antérieures (voir l’analyse ci-dessus). Le tableau 4 fournit une analyse plus approfondie de cette hypothèse en examinant les différences raciales dans les pratiques de fichage de la police de Toronto entre 2008 et 2013 pour les jeunes hommes résidant à Toronto. Il convient de souligner que tous les contrôles de routine consignés dans ce tableau concernent des résidents confirmés de Toronto et non des personnes qui habitent à l’extérieur des limites de la ville.
Le premier élément à souligner concernant le fait que les jeunes hommes, quelle que soit leur origine raciale, ont tendance à être largement surreprésentés dans les incidents de fichage. Par exemple, bien que les hommes âgés de 15 à 24 ans ne représentent que 6,3 % de la population torontoise, ils représentent 30 % de tous les incidents de fichage impliquant des résident(e)s de Toronto. Dans l’ensemble, les jeunes hommes de ce groupe d’âge ont une probabilité d’être fichés qui est 4,8 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population. Cependant, les données révèlent également que les jeunes hommes noirs étaient particulièrement exposés aux contrôles de routine au cours de cette période. Bien que les estimations du recensement indiquent que les hommes noirs âgés de 15 à 24 ans ne représentent que 0,5 % de la population de Toronto, ceux-ci représentaient 10,3 % de tous les contrôles de routine effectués par le service de police de Toronto entre 2008 et 2013. En d’autres termes, les jeunes hommes noirs de cette catégorie d’âge avaient une probabilité d’être fichés 20,6 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans la population générale. En revanche, les jeunes hommes blancs de la même catégorie d’âge avaient une probabilité d’être fichés seulement 3,3 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans la population générale de Toronto.
Les données indiquent en outre que le taux de fichage ou de contrôle de routine pour les jeunes hommes noirs (8 709,7 pour 1 000) est 4,3 fois plus élevé que la moyenne de la ville pour les hommes de ce groupe d’âge (2 044,8 pour 1 000) et 6,2 fois plus élevé que le taux de fichage pour les jeunes hommes blancs (1 415,6 pour 1 000). Afin de mettre en contexte ces constatations, les données suggèrent qu’entre 2008 et 2013, le SPT a effectué environ 8,7 interpellations pour chaque jeune homme noir résident de la ville, comparativement à seulement 1,4 interpellation pour chaque homme blanc de la même catégorie d’âge qui habitait à Toronto.
Ces différences raciales ne peuvent être rejetées du revers de la main.
Groupes raciaux |
Nombre de résidents de Toronto (âgés de 15 à 24 ans) |
Pourcentage de la population de Toronto de sexe masculin (15 à 24 ans) |
Nombre de contrôles de routine impliquant des résidents de Toronto |
% de tous les contrôles de routine impliquant des résidents de Toronto |
Rapport de cotes |
Taux de contrôle de routine |
Personnes blanches |
90 333 |
3,4 |
127 877 |
11,2 |
3,3 |
1 415,6 |
Personnes noires |
13 503 |
0,5 |
117 607 |
10,3 |
20,6 |
8 709,7 |
Personnes à la peau brune |
20 968 |
0,8 |
77 188 |
6,8 |
8,5 |
3 681,2 |
Autres groupes racialisés |
42 234 |
1,6 |
18 884 |
1,7 |
1,1 |
447,1 |
Total |
167 035 |
6,3 |
341 556 |
30,0 |
4,8 |
2 044,8 |
Une analyse plus approfondie des données sur le fichage par le SPT indique qu’un nombre disproportionné de fiches de contact concernait des personnes noires de tous les quartiers de Toronto, et ce, peu importe le taux de criminalité local ou la composition raciale. En effet, les résultats révèlent que, même si les personnes noires étaient surreprésentées dans les fiches de contact recueillies dans les quartiers à forte criminalité, cette surreprésentation était encore plus grande dans les fiches de contact provenant des quartiers à faible criminalité, principalement blancs (Meng, 2017; Rankin, 2010a; Rankin, 2010b; Rankin et Winsa, 2012). Cette constatation semble contredire l’argument selon lequel les personnes noires sont davantage interpellées que les personnes blanches uniquement parce qu’elles sont plus susceptibles de vivre ou de passer du temps dans des collectivités à forte criminalité. En fait, les données révèlent que les résident(e)s noir(e)s de Toronto sont plus susceptibles que les autres groupes raciaux d’être fiché(e)s dans les zones de patrouille où ils (elles) vivent de même que lorsqu’ils (elles) se déplacent à l’extérieur de leur voisinage immédiat.
Une analyse supplémentaire de l’ensemble de données provenant des fiches de contact du SPT indique que de nombreux contrôles de routine de la police ont été effectués pour des motifs d’« enquête générale ». En d’autres termes, ces contacts n’étaient pas liés à une infraction aux règlements de la circulation, une enquête criminelle ou une description de suspect spécifique. Par exemple, en 2008, le SPT a rempli 289 413 fiches de contact : 158 685 de ces contacts (55 %) ont été effectués pour des motifs d’« enquête générale »[18]. Conformément aux constatations générales, 24 % de ces interpellations dans le cadre d’une « enquête générale » concernaient des personnes noires (un taux trois fois plus élevé que celui de la représentation des personnes noires dans la population générale de Toronto). En revanche, moins de 1 % de toutes les interpellations enregistrées ont été effectuées pour des raisons de non-respect présumé de conditions de mise en liberté sous caution, d’activité présumée de gangs de rue, d’activité présumée impliquant une arme à feu, de vol qualifié présumé ou d’introduction par effraction présumée (Rankin, 2010b). On pourrait donc faire valoir que ces conclusions sont tout à fait compatibles avec les allégations de profilage racial et le fait que la couleur de la peau rend les personnes noires plus vulnérables aux enquêtes policières générales qui ne portent pas sur un motif précis ou un soupçon particulier. À tout le moins, elles servent à souligner le grand besoin de recherches et de suivis supplémentaires en la matière[19].
Selon les nouvelles données du SPT obtenues par la CODP au sujet des contrôles de routine, le nombre de contrôles de routine effectués par le SPT a considérablement diminué, passant de 403 462 en 2012 à seulement 24 364 en 2014. Cette baisse spectaculaire est probablement attribuable aux préoccupations accrues du public au sujet des pratiques policières biaisées sur le plan racial et aux allégations de profilage racial par la communauté. Cette diminution concorde également avec la publication du rapport PACER du SPT (PACER, 2014). Ce rapport recommandait de cesser d’évaluer le rendement des agent(e)s de première ligne en fonction du nombre de contrôles de routine effectués pendant chaque quart de travail. Enfin, en 2012, la Commission de services policiers de Toronto a créé un sous-comité des contrôles de routine. Le sous-comité a finalement demandé au SPT de mettre en place un processus provisoire en lien avec l’émission d’un récépissé lors des contrôles de routine à compter du 1er juillet 2013. La mise en œuvre de ce processus de récépissé, qui exigeait que les agent(e)s du SPT remettent un récépissé à toutes les personnes faisant l’objet d’un contrôle de routine, a probablement contribué à la forte baisse du nombre de contrôles de routine entre 2012 et 2014. . Cependant, malgré la baisse spectaculaire du nombre total de contrôles de routine, l’analyse suivante révèle que les disparités raciales ont persisté en 2014.
Le tableau 5 présente des données relatives aux contrôles de routine effectués et documentés en 2014 par le service de police de Toronto. Les estimations de la population sont fondées sur le Recensement canadien de 2016. Il convient de souligner qu’en 2014, le SPT a ajouté deux catégories raciales à sa stratégie de classification en lien avec les contrôles de routine, soit Autochtones et Asiatiques. Il a toutefois continué d’utiliser une catégorie pour la couleur de peau « brune ». Aux fins de la présente analyse, les catégories raciales suivantes du recensement ont été regroupées dans la catégorie « personnes à la peau brune » : Asiatiques du Sud, Asiatiques de l’Ouest ou Arabes et Latino-Américain(e)s.
Encore une fois, les données suggèrent que la population noire est nettement représentée dans les contrôles de routine documentés par le service de police de Toronto en 2014. Par exemple, bien que les personnes noires ne représentent que 8,9 % de la population de Toronto (donnée mesurée par le Recensement de 2016), elles sont impliquées dans 26,5 % de tous les contrôles de routine que le SPT a réalisé en 2014. Cela signifie que les personnes noires ont une probabilité de figurer dans les données sur les contrôles de routine qui est 3,0 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population. Les données indiquent également
que les personnes autochtones sont surreprésentées dans les contrôles de routine à Toronto. Ainsi, proportionnellement à leur représentation dans la population, elles sont 2,9 fois plus susceptibles de figurer dans les statistiques sur les contrôles de routine. Tous les autres groupes raciaux sont sous-représentés dans les données de 2014 sur les contrôles de routine du SPT. Par contre, les personnes blanches apparaissent dans les données sur les contrôles de routine à un niveau correspondant à leur représentation au sein de la population générale.
Selon les données présentées au tableau 5, les personnes autochtones et noires ont de loin les taux de contrôles de routine les plus élevés. Les personnes autochtones présentent le taux le plus élevé (27,4 pour 1 000), suivies de près par les personnes noires (26,9 pour 1 000). Pour tous les autres groupes raciaux, les taux de contrôles de routine sont inférieurs à 10 pour 1 000. Ainsi, à Toronto en 2014, les taux de contrôles de routine pour les personnes autochtones (27,4) et les personnes noires (26,9) sont plus de trois fois plus élevés que celui des personnes blanches (8,6 pour 1 000).
Dans les données de 2014 fournies par le SPT, 1 204 contrôles de routine ne permettent pas de connaître la race des civil(e)s (soit 4,9 % de l’échantillon total). Ces données manquantes pourraient contribuer à la sous-estimation des disparités raciales. Ainsi, dans le tableau 6, nous éliminons les cas présentant des données manquantes et recalculons les rapports de cotes. Après exclusion des données manquantes, le pourcentage de contrôles de routine impliquant des civil(e)s noir(e)s passe de 26,5 % à 27,9 % et le rapport de cotes augmente de 3,0 à 3,1. En d’autres termes, après l’élimination des données manquantes, nous constatons que les personnes noires présentent une probabilité de figurer dans les données de 2014 sur les contrôles de routine du SPT 3,1 fois supérieure à ce que supposerait leur présence dans l’ensemble de la population.
De même, après exclusion des données manquantes, le pourcentage de contrôles de routine impliquant des civil(e)s autochtones passe de 2,6 % à 2,7 % et le rapport de cotes des personnes autochtones passe de 2,9 à 3,0. En d’autres termes, l’élimination des données manquantes permet de constater que les personnes autochtones présentent une probabilité de figurer au sein des données de 2014 sur les contrôles de routine à Toronto qui est 3,0 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population.
Les techniques d’analyse comparative du recensement présentent une faiblesse potentielle, soit qu’elles ne tiennent pas compte des contrôles de routine impliquant des non-résident(e)s du territoire à l’étude. L’argument avancé est que les personnes qui visitent la ville peuvent faire accroître le nombre de contrôles de routine de certains groupes raciaux. Heureusement, les données de 2014 sur les contrôles de routine à Toronto permettent de faire la distinction entre les résident(e)s et les non-résident(e)s. Le tableau 7 présente un nouveau calcul des rapports de cotes et des taux de contrôles de routine après que les données sur les contrôles de routine effectués à Toronto auprès de non-résident(e)s aient été retirées. Dans l’ensemble, les disparités raciales augmentent avec le retrait des non-résident(e)s des calculs. Par exemple, le rapport de cotes pour la population civile noire passe de 3,1 à 3,2 après la suppression des données concernant les non-résident(e)s. En d’autres termes,
les résident(e)s noir(e)s de Toronto ont une probabilité de figurer dans les données sur les contrôles de routine 3,2 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population. De plus, le taux de contrôles de routine des résident(e)s noir(e)s de Toronto (18,6 pour 1 000) est 3,3 fois plus élevé que celui des résident(e)s blanc(he)s (5,7 pour 1 000).
L’analyse comparative du recensement présente une autre faiblesse potentielle, soit le fait qu’elle ne tient pas compte des civil(e)s qui ont fait l’objet de multiples contrôles de routine. En effet, les personnes qui font l’objet de contrôles de routine à de multiples reprises pourraient faire grimper les taux de contrôles de routine pour tout un groupe racial. Le tableau 8 présente donc un nouveau calcul des rapports de cotes et des taux de contrôles de routine, en tenant compte des personnes qui ont été interpellées à plusieurs reprises. Les données présentées dans le tableau 8 éliminent l’influence des valeurs aberrantes en tenant compte de chaque civil(e) une seule fois.
Les données indiquent que 12 882 résident(e)s uniques de Toronto ont fait l’objet de 15 697 contrôles de routine distincts (environ 1,20 contrôle de routine par résident[e] de Toronto pour l’ensemble de données). Près de neuf personnes sur dix (88,2 %) ne figurent qu’une fois dans les données de 2014 sur les contrôles de routine du SPT. Seulement 11,8 % ont fait l’objet de deux contrôles de routine ou plus. Parmi l’ensemble de données, les personnes autochtones ont fait l’objet en moyenne de 1,39 contrôle de routine, suivies des personnes noires (moyenne de 1,26), des personnes asiatiques (moyenne de 1,24), des personnes blanches (moyenne de 1,17) et des personnes à la peau brune (moyenne de 1,13).
En ce qui a trait aux données de Toronto pour 2014, lorsque les résident(e)s ne sont dénombré(e)s qu’une seule fois, les disparités raciales demeurent inchangées. Par exemple, lorsque les personnes sont dénombrées une fois, les personnes noires sont toujours 3,1 fois plus susceptibles de figurer dans l’ensemble de données sur les contrôles de routine à Toronto que ce que le laisserait présager leur représentation dans l’ensemble de la population. De même, le taux de contrôles de routine pour les personnes noires (14,8 pour 1 000) demeure 3,1 fois plus élevé que celui des personnes blanches (4,8 pour 1 000).
Les données de Toronto de 2014 décrivent également la raison ou la justification du contrôle de routine (voir le tableau 9). Il convient également de noter qu’entre 2013 et 2014, des changements radicaux ont été apportés aux catégories de motifs des contrôles de routine. Les données suggèrent qu’en 2014, plus de la moitié des contrôles de routine de la police de Toronto (58,2 %) ont été classés comme des « enquêtes ». Aucun autre détail n’est fourni. De plus, 11,9 % des contrôles étaient liés à des « activités suspectes » et 10,9 % à des « véhicules ». Encore une fois, très peu de contrôles de routine portent explicitement sur des enquêtes criminelles précises. Par exemple, en 2014, seulement 1,9 % des contrôles de routine portaient sur des activités soupçonnées de gangs de rue (voir le tableau 10).
Le tableau 10 révèle qu’il existe des disparités raciales dans la plupart des types de contrôles de routine. En effet, à l’exception des contrôles de routine liés aux gangs de motards, les civil(e)s noir(e)s sont largement surreprésenté(e)s dans toutes les catégories de contrôles de routine. En revanche, les personnes autochtones sont principalement surreprésentées dans les contrôles ciblant des personnes vulnérables. De plus, d’autres groupes raciaux sont sous-représentés dans chaque catégorie de contrôles de routine. Fait intéressant, la population blanche est surreprésentée en ce qui a trait aux contrôles de routine liés aux gangs de motards et aux personnes vulnérables. Bien que la population civile noire ne représente que 8,9 % de la population, elle est ciblée par 63,1 % des contrôles de routine liés aux gangs de rue, 27,2 % des contrôles de routine liés aux stupéfiants et 25,86 % des « enquêtes générales » (voir le tableau 10).
Groupe racial |
Estimation de la population (Recensement de 2016) |
% de la population (Recensement de 2016) |
Nombre de contrôles de routine |
% de contrôles de routine |
Rapport de cotes |
Taux de contrôles de routine (pour 1 000) |
Personnes autochtones |
23 065 |
0,9 |
631 |
2,6 |
2,9 |
27,4 |
Personnes asiatiques |
548 870 |
20,4 |
1 519 |
6,2 |
0,3 |
2,8 |
Personnes noires |
239 850 |
8,9 |
6 455 |
26,5 |
3,0 |
26,9 |
Personnes à la peau brune |
597 130 |
22,2 |
3 471 |
14,2 |
0,6 |
5,8 |
Données manquantes |
---- |
---- |
1 204 |
4,9 |
---- |
---- |
Total |
2 691 665 |
100 |
24 364 |
100,0 |
1,0 |
9,1 |
« Personne à la peau brune » comprend « Asiatique du Sud »,
« Latino-Américain(e) », « Arabe » et « Autre »
Groupe racial |
Estimation de la population (Recensement de 2016) |
% de la population (Recensement de 2016) |
Nombre de contrôles de routine |
% de contrôles de routine |
Rapport de cotes |
Taux de contrôles de routine (pour 1 000) |
Personnes blanches |
1 282 750 |
47,7 |
11 084 |
47,9 |
1,0 |
8,6 |
Personnes autochtones |
23 065 |
0,9 |
631 |
2,7 |
3,0 |
27,4 |
Personnes asiatiques |
548 870 |
20,4 |
1 519 |
6,6 |
0,3 |
2,8 |
Personnes noires |
239 850 |
8,9 |
6 455 |
27,9 |
3,1 |
26,9 |
Personnes à la peau brune |
597 130 |
22,2 |
3 471 |
15,0 |
0,7 |
5,8 |
Total |
2 691 665 |
100 |
23 160 |
100,0 |
1,0 |
8,6 |
« Personne à la peau brune » comprend « Asiatique du Sud »,
« Latino-Américain(e) », « Arabe » et « Autre »
Groupe racial |
Estimation de la population (Recensement de 2016) |
% de la population (Recensement de 2016) |
Nombre de contrôles de routine |
% de contrôles de routine |
Rapport de cotes |
Taux de contrôles de routine (pour 1 000) |
Personnes blanches |
1 282 750 |
47,7 |
7 373 |
47,0 |
1,0 |
5,7 |
Personnes autochtones |
23 065 |
0,9 |
363 |
2,3 |
2,6 |
15,7 |
Personnes asiatiques |
548 870 |
20,4 |
1 078 |
6,9 |
0,3 |
2,0 |
Personnes noires |
239 850 |
8,9 |
4 463 |
28,4 |
3,2 |
18,6 |
Personnes à la peau brune |
597 130 |
22,2 |
2 420 |
15,4 |
0,7 |
4,1 |
Total |
2 691 665 |
100 |
15 697 |
100,0 |
1,0 |
5,8 |
« Personne à la peau brune » comprend « Asiatique du Sud »,
« Latino-Américain(e) », « Arabe » et « Autre »
Groupe racial |
Estimation de la population (Recensement de 2016) |
% de la population (Recensement de 2016) |
Nombre de contrôles de routine |
% de contrôles de routine |
Rapport de cotes |
Taux de contrôles de routine (pour 1 000) |
Personnes blanches |
1 282 750 |
47,7 |
6 123 |
47,5 |
1,0 |
4,8 |
Personnes autochtones |
23 065 |
0,9 |
303 |
2,4 |
2,7 |
13,1 |
Personnes asiatiques |
548 870 |
20,4 |
886 |
6,9 |
0,3 |
1,6 |
Personnes noires |
239 850 |
8,9 |
3 552 |
27,6 |
3,1 |
14,8 |
Personnes à la peau brune |
597 130 |
22,2 |
2 018 |
15,7 |
0,7 |
3,4 |
Total |
2 691 665 |
100 |
12 882 |
100,0 |
1,0 |
4,8 |
« Personne à la peau brune » comprend « Asiatique du Sud »,
« Latino-Américain(e) », « Arabe » et « Autre »
Drogue |
2 319 |
9,5 |
Gang de motards ou crime organisé |
204 |
0,8 |
Gang de rue ou armes à feu |
464 |
1,9 |
Enquête |
14 179 |
58,2 |
Activité suspecte |
2 893 |
11,9 |
Véhicule |
2 620 |
10,8 |
Contrôle ciblant des personnes vulnérables |
1 685 |
6,9 |
Total |
24 364 |
100,0 |
Motifs du contrôle de routine |
Personnes blanches |
Personnes autochtones |
Personnes asiatiques |
Personnes noires |
Personnes à la peau brune |
Données manquantes |
Total de l’échantillon |
Drogue |
48,4 |
1,6 |
4,3 |
27,2 |
13,1 |
5,5 |
2 319 |
Gang de motards ou crime organisé |
66,2 |
1,5 |
2,5 |
5,4 |
3,9 |
20,6 |
204 |
Gang de rue ou armes à feu |
16,4 |
0,9 |
6,5 |
63,1 |
6,0 |
7,1 |
464 |
Enquête |
45,9 |
3,1 |
6,6 |
25,8 |
14,3 |
4,3 |
14 179 |
Activité suspecte |
45,3 |
2,3 |
5,6 |
25,9 |
16,6 |
4,3 |
2 893 |
Véhicule |
35,7 |
0,9 |
5,6 |
32,7 |
17,6 |
7,5 |
2 620 |
Contrôle ciblant des personnes vulnérables |
58,9 |
3,5 |
8,3 |
15,4 |
9,8 |
4,0 |
1 685 |
% de la population |
47,7 |
0,9 |
20,4 |
8,9 |
22,2 |
----- |
« Personne à la peau brune » comprend « Asiatique du Sud »,
« Latino-Américain(e) », « Arabe » et « Autre »
Toronto n’est certainement pas la seule ville canadienne à afficher des disparités raciales considérables lorsqu’il est question des statistiques sur les contrôles de routine de la police. Par exemple, Charest (2009) a examiné 163 630 contrôles de routine ou d’identité réalisés par la police montréalaise (SPVM) entre 2001 et 2007. Les données montrent une augmentation marquée du nombre de contrôles d’identité de la population noire de Montréal au cours de la période d’étude. En 2006-2007, la population noire était quatre fois plus susceptible d’être interpellée et questionnée par la police que ce que supposerait sa représentation au sein de la population. En fait, 30 % de tous les contrôles d’identité effectués par la police montréalaise concernaient des personnes noires, même si celles-ci ne représentaient que 7 % de la population montréalaise (Charest, 2009, p. 3 [version originale en français]). Comme l’ont résumé Eid et coll., 2011, p. 26 :
Le rapport Charest a souligné « certaines des conséquences néfastes de la lutte contre les gangs de rue et les répercussions d’escouades comme Avance et Éclipse sur le volume et la qualité des contrôles d’identités des membres de groupes ethniques ». Il souligne qu’entre 2001 et 2007, la fréquence des contrôles d’identité a augmenté de façon significative à Montréal (60 % à Montréal, 125 % à Montréal-Nord et 91 % à Saint-Michel). De plus, il s’avère que ces augmentations sont principalement attribuables à l’interpellation des personnes d’« ascendance noire ».
De même, une enquête menée récemment par la Commission des droits de la personne de la Nouvelle-Écosse a révélé que, dans la région de Halifax, les personnes noires sont largement surreprésentées dans les statistiques sur les contrôles de routine. Bien qu’elles ne représentent que 3,7 % de la population, les personnes noires ont été impliquées dans 18,4 % des contrôles de routine effectués par la police locale entre 2006 et 2017. Cela signifie que les personnes noires ont une probabilité d’être impliquées dans les contrôles de routine cinq fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population de Halifax. D’autres conclusions de l’enquête menée en Nouvelle-Écosse révèlent que :
Fait important, ces constatations concordent avec l’argument selon lequel des taux plus élevés de surveillance policière contribuent à la criminalisation de la communauté noire de la Nouvelle-Écosse. En effet, selon les dossiers de la police, environ le tiers des hommes noirs résidant à Halifax (30,9 %) ont été accusés d’au moins une infraction criminelle entre 2006 et 2017, comparativement à seulement 6,8 % des hommes blancs (Wortley, 2019).
Au cours des dernières années, de plus en plus de services de police canadiens ont rendu publiques des données sur les contrôles de routine. Lorsque les données raciales y figurent, les résultats (voir CODP, 2016; Aide juridique Ontario, 2016; Hoffman et coll., 2015) révèlent toujours que, peu importe la municipalité, les civil(e)s noir(e)s et les autres civil(e)s racialisé(e)s sont beaucoup plus susceptibles d’être soumis(es) à des contrôles de routine que les membres de la majorité blanche :
De toute évidence, le service de police de Toronto n’est pas le seul service de police canadien en milieu urbain à procéder à des contrôles de routine ou au fichage. De plus, comme à Toronto, les données provenant d’autres villes canadiennes indiquent que la population noire est particulièrement vulnérable à cette forme proactive d’activité de surveillance policière. Toutefois, le service de police de Toronto se distingue des autres services de police par son taux élevé de recours à cette tactique, surtout entre 2008 et 2013. Le tableau 11 compile les données issues de diverses publications sur les contrôles de routine, ainsi que les estimations démographiques du Recensement de 2016, afin de produire des taux de contrôles de routine par tranche de 1 000 pour diverses villes canadiennes.
En raison de la croissance de la population, les projections de 2016 permettent une estimation plus prudente des contrôles de routine que les projections des années précises pendant lesquelles les données relatives aux contrôles de routine ont été recueillies. Néanmoins, les données révèlent qu’à Toronto, entre 2008 et 2013, le taux moyen de contrôles de routine était de 125,6 pour 1000. Ce taux est beaucoup plus élevé que celui de tous les autres services de police canadiens. Au cours de cette période, le taux de routine à Toronto (125,6 pour 1 000) était 4,3 fois plus élevé que celui de Halifax (29,4 pour 1000) — la province canadienne affichant le deuxième taux de contrôles de routine le plus élevé. Le taux de Toronto est également 5,7 fois plus élevé que celui de Calgary (21,9 pour 1000), six fois plus élevé que celui des services de police régionaux d’Edmonton et de Peel, 20 fois plus élevé que celui du service de police d’Ottawa, et 30 fois plus élevé que celui du service de police de Hamilton. Ces données indiquent clairement que la population de Toronto en général, et la population noire de Toronto en particulier, a toujours été plus susceptible d’être exposée aux pratiques policières de fichage ou de contrôles de routine que la population de tout autre centre urbain canadien.
Ville |
Taille de la population |
Période de collecte de données sur les contrôles de routine |
Nombre de contrôles de routine effectués |
Nombre moyen de contrôles de routine effectués chaque année |
Taux annuel moyen de contrôles de routine pour 1 000 |
Toronto |
2 688 742 |
2008-2013 |
2 026 258 |
337 710 |
125,6 |
Calgary |
1 230 915 |
2015 |
27 000 |
27 000 |
21,9 |
Edmonton |
899 447 |
2009-2014 |
105 306 |
17 551 |
19,5 |
Région de Peel |
1 381 739 |
2009-2014 |
159 303 |
26 550 |
19,2 |
London |
494 069 |
2014 |
8 400 |
8 400 |
17,0 |
Halifax |
403 390 |
2006-2017 |
142 456 |
11 871 |
29,4 |
Montréal |
1 753 034 |
2001-2007 |
163 630 |
23 376 |
13,3 |
Ottawa |
934 243 |
2011-2014 |
23 403 |
5 850 |
6,3 |
Hamilton |
747 545 |
2010-2015 |
18 500 |
3 083 |
4,1 |
Vancouver |
603 502 |
2008-2017 |
97 281 |
9 728 |
16,1 |
Le tableau 12 présente les rapports de cotes par race pour certains services de police de l’Ontario. Comme il a été mentionné précédemment, un rapport de cotes supérieur à 1,00 indique que les membres d’un groupe racial particulier sont surreprésentés dans les données relatives aux contrôles de routine d’un secteur de compétence. Un rapport de cotes inférieur à 1,00 indique que le groupe est sous-représenté. Aux fins du présent rapport, nous considérons qu’un rapport de cotes de 1,50 ou plus indique qu’un groupe est considérablement surreprésenté dans les données sur les contrôles de routine de la police. Un rapport de cotes de 1,50 indique qu’un groupe est 50 % plus susceptible de figurer au sein des données relatives aux contrôles de routine que ne le supposerait sa représentation dans l’ensemble de la population. Les données révèlent que les personnes noires sont considérablement surreprésentées dans les données relatives aux contrôles de routine pour huit des neuf secteurs de compétence de la police pour lesquels des données pourraient être obtenues. La Police provinciale de l’Ontario (OPP) constitue la seule exception. En effet, à Toronto, à Peel, à Ottawa, à London, à Kingston et à Hamilton, les personnes noires ont une probabilité de figurer dans les données sur les contrôles de routine qui est trois fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population. Dans la région de York et dans la région de Waterloo, les personnes noires présentent une probabilité de figurer dans les données relatives aux contrôles de routine environ 4,5 fois supérieure à la population générale.
Les personnes autochtones font l’objet d’une surreprésentation au sein des données sur les contrôles de routine de London, Toronto (2014), Hamilton et de l’OPP. Dans d’autres secteurs de compétence, la représentation des personnes autochtones dans les données en lien avec les contrôles de routine est équivalente à leur représentation au sein de la population générale. Les résultats indiquent que les personnes d’ascendance moyen-orientale sont largement surreprésentées dans les données relatives aux contrôles de routine d’Ottawa, et des régions de York et de Peel, tandis qu’elles sont sous-représentées dans tous les autres territoires de compétence de la police. Les données indiquent en outre que les personnes d’origine « latino-américaine » sont considérablement surreprésentées dans les données portant sur les contrôles de routine du Peel Regional Police Service. Il est intéressant de noter que les données indiquent que les personnes d’origine asiatique et sud-asiatique sont considérablement sous-représentées dans les données relatives aux contrôles de routine pour tous les services de police concernés par la présente étude (c.-à-d. des rapports de cotes de 0,5 ou moins). Enfin, dans la plupart des cas, la représentation des personnes blanches dans les données sur les contrôles de routine correspond approximativement à leur représentation dans l’ensemble de la population (voir le tableau 12).
Le tableau 13 présente les taux annuels moyens de contrôles de routine, par race, pour chaque secteur de compétence de la police. Les données indiquent que, pour tous les secteurs de compétence de la police, le taux annuel de contrôles de routine des personnes noires est de 3,0 à 4,6 fois plus élevé que le taux de contrôles de routine des personnes blanches. La seule exception à cette règle concerne l’OPP. Il est important de noter que les données démontrent également que Toronto constitue aussi une exception, en particulier entre 2008 et 2013. Au cours de cette période, le taux annuel de contrôles de routine de la population noire de Toronto (352,6 pour 1 000) était environ cinq fois plus élevé que ceux des populations noires de tout autre secteur de l’Ontario. Autrement dit, en plus d’être assujetties à des taux de contrôles de routine plus élevés dans toutes les régions de l’Ontario, les personnes noires étaient particulièrement exposées aux contrôles de routine à Toronto (surtout entre 2008 et 2013). Il convient également de noter que, pour chaque groupe racial, les taux de contrôles de routine étaient beaucoup plus élevés à Toronto entre 2008 et 2013 que dans tout autre secteur. En fait, au cours de cette période, le taux annuel de contrôles de routine pour la population blanche de Toronto (122,6 pour 1 000) était beaucoup plus élevé que celui pour la population noire de tous les autres services de police de l’Ontario (voir le tableau 13).
Service de police |
Période |
Nombre total de contrôles de routine |
Personnes blanches |
Person-nes noires |
Personnes autochtones |
Personnes originaires du Moyen-Orient |
Person-nes originai-res de l’Asie du Sud |
Personnes asiatiques |
Personnes latino-américaines |
Personnes à la peau brune |
Autre groupe racialisé |
Ottawa |
2006–2016 |
140 750 |
0,8 |
3,2 |
1,1 |
2,8 |
0,2 |
0,3 |
1,3 |
--- |
--- |
London |
2013–2016 |
36 775 |
1,0 |
3,0 |
2,3 |
0,7 |
0,2 |
0,2 |
0,3 |
--- |
--- |
York |
2013–2016 |
19 945 |
1,1 |
4,6 |
1,2 |
2,0 |
0,8 |
0,4 |
1,2 |
--- |
--- |
Waterloo |
2006–2016 |
43 716 |
1,0 |
4,7 |
1,1 |
0,7 |
0,3 |
0,3 |
1,1 |
--- |
--- |
Kingston |
2006–2016 |
31 668 |
1,0 |
3,1 |
0,9 |
0,3 |
0,4 |
0,2 |
1,0 |
--- |
--- |
Peel |
2006–2007 |
29 770 |
0,9 |
3,3 |
0,8 |
2,0 |
0,6 |
0,4 |
1,8 |
--- |
--- |
Peel |
2008–2016 |
173 725 |
1,0 |
3,0 |
1,0 |
1,3 |
0,6 |
0,4 |
2,0 |
--- |
--- |
Toronto |
2008–2013 |
1 846 930 |
1,0 |
2,9 |
--- |
--- |
--- |
--- |
--- |
0,9 |
0,3 |
Toronto |
2014 |
23 160 |
1,0 |
3,1 |
3,0 |
--- |
--- |
0,3 |
--- |
0,7 |
--- |
Hamilton |
2006–2016 |
12 565 |
0,9 |
3,2 |
2,2 |
0,7 |
0,3 |
0,4 |
1,0 |
--- |
--- |
Service de police |
Période |
Nombre total de contrôles de routine |
Taux des personnes blanches |
Taux des personnes noires |
Taux des personnes autochtones |
Taux des personnes originaires du Moyen-Orient |
Taux des personnes originaires de l’Asie du Sud |
Taux des personnes asiatiques |
Taux des personnes latino-américaines |
Taux des personnes à la peau brune |
Taux des autres groupes racialisés |
Ottawa |
2006–2016 |
140 750 |
12,3 |
48,4 |
16,6 |
41,4 |
3,6 |
4,5 |
18,1 |
--- |
--- |
London |
2013–2016 |
36 775 |
24,9 |
72,3 |
57,6 |
16,9 |
4,0 |
4,9 |
6,5 |
--- |
--- |
York |
2013–2016 |
19 945 |
5,1 |
20,7 |
5,5 |
9,3 |
3,6 |
1,9 |
5,3 |
--- |
--- |
Waterloo |
2006–2016 |
43 716 |
7,9 |
36,2 |
9,3 |
5,7 |
2,5 |
2,2 |
8,3 |
--- |
--- |
Kingston |
2006–2016 |
31 668 |
25,2 |
75,1 |
22,5 |
8,0 |
10,6 |
4,0 |
25,7 |
--- |
--- |
Peel |
2006–2007 |
29 770 |
11,8 |
42,8 |
10,6 |
26,8 |
7,8 |
4,7 |
23,7 |
--- |
--- |
Peel |
2008–2016 |
173 725 |
12,9 |
48,2 |
18,6 |
24,9 |
11,1 |
5,4 |
33,3 |
--- |
--- |
Toronto |
2008–2013 |
1 846 930 |
122,6 |
352,6 |
--- |
--- |
--- |
--- |
--- |
105,7 |
36,33 |
Toronto |
2014 |
23 160 |
8,6 |
26,9 |
27,4 |
--- |
--- |
2,8 |
--- |
5,8 |
--- |
Hamilton |
2006–2016 |
12 565 |
2,1 |
7,1 |
4,8 |
1,6 |
0,6 |
0,8 |
2,1 |
--- |
--- |
L’analyse ci-dessus présentant des données sur les contrôles de routine enregistrés officiellement par le SPT est tout à fait conforme aux résultats des entrevues qualitatives et des enquêtes menées auprès de la population générale. Les trois méthodes révèlent que les personnes noires sont largement surreprésentées lors des activités d’interpellations, de questionnement et de fouille réalisées par la police. De plus, à Toronto, entre 2008 et 2013, le taux de contrôles de routine était beaucoup plus élevé que celui de tous les autres territoires desservis par la police au Canada. Cette constatation indique que la population noire de Toronto, comparativement aux personnes noires qui résident dans d’autres juridictions canadiennes, est particulièrement ciblée par le profilage racial de la police.
Le 1er janvier 2017, le gouvernement de l’Ontario a mis en œuvre un nouveau règlement visant à régir le déroulement des contrôles de routine (Règlement de l’Ontario 58/16). Il semble que la mise en œuvre de ce règlement ait permis d’abolir pour ainsi dire les pratiques policières traditionnelles en matière de contrôle de routine dans toute la province, y compris celles du service de police de Toronto (Tulloch, 2019). La figure 5 présente le nombre de contrôles de routine officiellement documentés par le SPT entre 2008 et 2019. Le nombre annuel de contrôles de routine du SPT a augmenté progressivement, passant de 323 041 en 2008 à 403 662 en 2012.
En 2012, la question des contrôles de routine était devenue une question d’intérêt public et le SPT faisait face à des allégations de profilage racial. À la suite d’un examen interne des pratiques en matière de contrôle de routine et de l’adoption d’une nouvelle politique relative aux contrôles de routine, le nombre de contrôles de routine documentés par le SPT a chuté pour atteindre 189 536 en 2013, puis 24 364 en 2014 (PACER, 2014). Il semblerait qu’un moratoire sur les contrôles de routine ait été imposé en 2015 et 2016. Aucun contrôle de routine n’a été officiellement enregistré par le SPT au cours de cette période de deux ans. Le Règlement de l’Ontario sur les contrôles de routine est entré en vigueur en 2017. Depuis, les statistiques officielles indiquent que le SPT n’a effectué que 28 contrôles de routine : 25 en 2017, deux en 2018 et un seul en 2019. Selon les statistiques officielles de la police, les contrôles de routine ne sont plus d’actualité.
La disparition des contrôles de routine des statistiques policières officielles mène à une nouvelle question de recherche : l’élimination des contrôles de routine a-t-elle réglé le problème du profilage racial au sein des services policiers? Des recherches antérieures laissent fortement entendre que la définition de « contrôle de routine » préconisée par les membres de la collectivité diffère grandement de celle adoptée par les agent(e)s de police. Pour les membres de la collectivité, faire l’objet d’un contrôle de routine signifie se faire interpeller, questionner et fouiller par la police, tandis que pour les agent(e)s de police, cela fait référence à un éventail beaucoup plus restreint d’activités techniques associées à la collecte de renseignements (voir Wortley, 2019a). Il est également évident que les contrôles de routine sont beaucoup moins fréquents que les contrôles aux fins d’enquête réalisés par la police. Par exemple, entre 2013 et 2014, le service de police d’Ottawa a effectué plus de 81 000 contrôles routiers, comparativement à seulement 20 000 contrôles de routine (Foster et coll., 2016). Par conséquent, même si les contrôles de routine ne semblent plus exister, il convient de creuser davantage à savoir si des disparités raciales subsistent au sein des pratiques policières d’interpellation, de questionnement et de fouille (IQF). De nouvelles données tirées de trois études récentes laissent entendre que, malgré les règlements portant sur les contrôles de routine, il existe encore des différences raciales alarmantes en ce qui a trait aux pratiques d’IQF de la police.
Le Guns and Youth Violence Project de Toronto comprend des entrevues approfondies auprès de 492 jeunes âgé(e)s de 16 à 24 ans, vivant dans des collectivités économiquement défavorisées à forte criminalité de la ville de Toronto. Toutes les entrevues ont été menées en 2018 ou en 2019, soit une année complète après l’entrée en vigueur du Règlement de l’Ontario sur les contrôles de routine. Près des trois quarts des personnes composant l’échantillon (74,2 %) se sont identifiées comme des personnes noires. Un tiers (32,1 %) ont indiqué s’être fait arrêter au moins une fois au cours de leur vie. On a demandé à l’ensemble des répondant(e)s s’ils (si elles) s’étaient fait interpeller ou questionner par la police au cours de la dernière année. Au total, 197 répondant(e)s (40,0 % de l’échantillon) ont déclaré s’être fait interpeller par la police au moins une fois au cours de la dernière année, et 19 % ont déclaré avoir fait l’objet d’une fouille. Il convient de noter que le nombre d’interpellations par la police dont ce petit échantillon de 197 personnes a fait mention est 64 fois plus élevé que le nombre total de contrôles de routine officiels enregistrés par le service de police de Toronto au cours de la même période (trois).
Les données de ce projet ont également révélé que les personnes noires composant l’échantillon (44,6 %) étaient beaucoup plus susceptibles de déclarer avoir été interpellées par la police au cours de la dernière année que les répondant(e)s d’autres origines raciales (28 %). En effet, près d’un tiers des répondant(e)s noir(e)s (31,9 %) ont indiqué avoir été interpellé(e)s par la police à de multiples reprises au cours de la dernière année, comparativement à seulement 16,8 % des répondant(e)s d’autres origines raciales. De plus, 27,9 % des personnes noires composant l’échantillon ont indiqué avoir été fouillées physiquement par la police au cours de la dernière année, comparativement à seulement 14,6 % des répondant(e)s autre que noir(e)s. Ces différences raciales sont significatives sur le plan statistique (voir Wortley et coll., 2019).
Une étude intitulée Perceptions of the Toronto Police and the Impact of Rule Changes Under Regulation 58/16: A Community Survey (perceptions du service de police de Toronto et incidence des modifications de la réglementation en vertu du Règlement 58/16 : une enquête communautaire) a présenté des conclusions similaires (Fearon et Farrell, 2019). Cette étude a été menée par les professeurs Gervan Fearon (Université Brock) et Carlyle Farrell (Université Ryerson) pour le compte du comité PACER du service de police de Toronto et de la Commission de services policiers de Toronto (CSPT). Entre novembre et décembre 2017, un questionnaire structuré a été distribué à un échantillon aléatoire de 1 517 personnes habitant à Toronto. Une personne répondante sur quatre (24,4 %) s’est identifiée comme étant une personne noire, 23,3 % une personne blanche, 11,7 % une personne originaire de l’Asie du Sud, 8,3 % une personne originaire de l’Asie de l’Est, et 32,3 % comme appartenant à un autre groupe racial (Fearon et Farrell, 2019 : p. 9). L’enquête s’est intéressée à trois grands volets : 1) les perceptions du service de police de Toronto; 2) les opinions et les expériences relatives aux contrôles de routine; 3) la connaissance des membres de la collectivité des nouveaux règlements de l’Ontario sur les contrôles de routine qui sont entrés en vigueur le 1er janvier 2017.
La question suivante au sujet des contrôles de routine a été posée à l’ensemble des répondant(e)s :
Le fichage ou le contrôle de routine fait référence à une situation lors de laquelle un(e) agent(e) de police vous interpelle et vous pose une série de questions (p. ex., votre nom, votre âge, votre taille, votre poids, le nom de vos ami[e]s, etc.) pour ensuite inscrire ces renseignements sur une fiche de contact. Ces renseignements sont ensuite consignés dans une base de données pour être utilisés dans le cadre de futures enquêtes criminelles. Avez-vous déjà fait l’objet d’un fichage par la police de Toronto?
Les données indiquent que 170 répondant(e)s, soit 11,3 % de l’échantillon, ont déclaré avoir fait l’objet d’un fichage ou d’un contrôle de routine par la police de Toronto. Cependant, ma nouvelle analyse des données indique que les expériences en matière de contrôle de routine ne sont pas réparties de façon uniforme entre les groupes raciaux. En effet, 19,1 % des personnes répondantes noires déclarent avoir fait l’objet d’un contrôle de routine par le SPT, suivies de 10,3 % des personnes répondantes originaires de l’Asie du Sud, 5,5 % des personnes répondantes blanches et 4,1 % des personnes répondantes originaires de l’Asie de l’Est. Autrement dit, les répondant(e)s noir(e)s ont une probabilité de faire l’objet d’un contrôle de routine par la police qui est 3,5 fois supérieure à leurs homologues blanc(he)s. Au niveau bidimensionnel, cette différence raciale est significative sur le plan statistique. De plus, les auteur(e)s ont mené une analyse de régressions logistiques multivariée qui révèle que l’origine raciale des personnes noires demeure un indicateur important et significatif sur le plan statistique lorsqu’il est question de prédire les contrôles de routine par la police, même après la prise en compte d’autres facteurs pertinents sur le plan théorique. En effet, après contrôle d’autres variables comme le sexe, l’âge, la scolarité, le revenu et le taux de criminalité du quartier, les répondant(e)s noir(e)s étaient toujours 2,2 fois plus susceptibles de faire l’objet d’un contrôle de routine que les répondant(e)s blanc(he)s (Fearon et Farrell, 2019, pp. 66–67).
On a demandé à l’ensemble des personnes répondantes ayant déclaré avoir fait l’objet d’un contrôle de routine à quel moment elles avaient été fichées pour la dernière fois. Fait intéressant : 21 % ont indiqué avoir fait l’objet d’un contrôle de routine en 2017, soit l’année de l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation. Il est également intéressant de noter que, bien que ce petit sondage auprès de 1 500 personnes ait permis de documenter 34 contrôles de routine en 2017, le service de police de Toronto n’a officiellement enregistré que 25 contrôles de routine cette année-là, et ce, pour les 2,7 millions de personnes formant la population de Toronto. Cette conclusion renforce l’argument selon lequel, même si les contrôles de routine officiels ont effectivement été abolis, la police peut quand même interpeller et questionner les gens d’une manière qui correspond à du profilage racial. Comme le font remarquer Fearon et Farrell :
Il est également intéressant de noter que 21 % des répondant(e)s ont déclaré s’être fait ficher au cours de l’année civile 2017 (soit l’année de l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation), comparativement à 19 % des répondant(e)s qui ont déclaré s’être fait ficher au cours de l’année précédente, lorsque la nouvelle réglementation n’était pas encore en vigueur (tableau 48). Par conséquent, on peut conclure que l’imposition de cette nouvelle réglementation n’a pas fait diminuer le taux de fichage de la population de Toronto (Fearon et Farrell, 2019, p. 56).
Le dernier sondage à prendre en compte est une reproduction partielle d’une enquête initialement menée en 1994 à l’intention de la Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale de l’Ontario. Le sondage initial (dont il est question ci-dessus), mené par l’Institute for Social Research de l’Université York, a porté sur un échantillon aléatoire de plus de 1 200 personnes résidant à Toronto et s’identifiant comme étant blanches, noires ou chinoises (plus de 400 répondant[e]s de chaque groupe racial). Cette enquête — la première du genre au Canada — interrogeait les répondant(e)s de façon détaillée sur leurs expériences et leurs perceptions du système de justice pénale canadien. Il est important de noter que l’enquête de 1994 a été reproduite en 2007 par le Hitachi Survey Research Centre de l’Université de Toronto. Les enquêtes de 1994 et de 2007 ont donné lieu à plusieurs rapports et publications dans des revues spécialisées (voir Commission sur le racisme systémique,1995; Wortley, 1996; Wortley et coll., 1997; Wortley et Tanner, 2003; Wortley et Tanner, 2005; Wortley et Owusu-Bempah, 2009; Wortley et Owusu-Bempah, 2011; Owusu-Bempah et Wortley, 2013; Wortley et Owusu-Bempah, 2016).
Le sondage le plus récent a été mené en ligne par Environics Research, au nom de la Canadian Association of Black Lawyers et d’Aide juridique Ontario (voir https://cabl.ca/race-and-criminal-injustice-new-report-from-cabl-ryerson...
and-the-university-of-toronto-confirms-significant-racial-differences-in-perceptions-and-experiences-with-the-ontari/). Environics a interrogé 1 450 personnes de 18 ans et plus, habitant dans la région du Grand Toronto (RGT). Des quotas ont été établis pour veiller à ce que l’échantillon final soit composé d’au moins 450 répondant(e)s provenant de chacun des trois groupes raciaux : 450 répondant(e)s se sont identifiés comme étant noir(e)s, 450 comme étant asiatiques (y compris les personnes d’origine chinoise, coréenne, japonaise) et 550 comme étant blanc(he)s ou d’origine caucasienne. Le sondage a été mené entre le 16 mai et le 29 juillet 2019, soit plus de deux ans après la mise en œuvre du Règlement de l’Ontario sur les contrôles de routine.
Bon nombre des questions du sondage de 2019 étaient identiques à celles du sondage de 1994 et de 2007. Cette particularité permet une analyse des tendances ou une comparaison des réponses des personnes noires, blanches et asiatiques aux questions posées au sujet de la police et des tribunaux criminels au cours des 25 dernières années (Wortley et Owusu-Bempah, 2020)[20].
Comme pour les versions précédentes du sondage, on a demandé à l’ensemble des personnes ayant répondu au sondage de 2019 si elles se sont fait interpeller et questionner par la police, alors qu’elles étaient à pied ou au volant d’un véhicule, au cours des deux dernières années. Les résultats confirment que les personnes noires sont beaucoup plus susceptibles de faire l’objet d’une surveillance policière que les personnes d’autres groupes raciaux. Encore une fois, ces résultats sont tout à fait conformes aux allégations de profilage racial. Dans l’ensemble, 40,4 % des répondant(e)s noir(e)s ont déclaré s’être fait interpeller par la police au moins une fois au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 24,7 % des répondant(e)s blanc(he)s et 24,9 % des répondant(e)s asiatiques. Cependant, les résultats révèlent en outre que les répondant(e)s noir(e)s sont particulièrement susceptibles de faire l’objet de plusieurs interpellations par la police. En effet, un quart des personnes répondantes noires (26,2 %) ont déclaré avoir été arrêtées deux fois ou plus au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 11,8 % des répondant(e)s asiatiques et 9,8 % des répondant(e)s blanc(he)s. Ces différences raciales sont très significatives sur le plan statistique (voir le tableau 14).
Une analyse supplémentaire révèle que les hommes noirs sont particulièrement susceptibles de faire l’objet d’interpellations policières. Dans l’ensemble, la moitié des hommes noirs (49,2 %) déclarent s’être fait interpeller par la police au moins une fois au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 25,9 % des hommes blancs et 29,8 % des hommes asiatiques. Les hommes noirs sont également plus nombreux à déclarer avoir fait l’objet de plusieurs interpellations policières. Un tiers des hommes noirs (34,2 %) ont rapporté s’être fait interpeller par la police deux fois ou plus au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 15,6 % des hommes asiatiques et 9,1 % des hommes blancs. À titre d’autre exemple, 21 répondants de l’échantillon ont indiqué avoir été la cible de 10 interpellations policières ou plus au cours des deux dernières années. Parmi ces 21 répondants, 15 (71,4 %) étaient des hommes noirs, bien que les hommes noirs ne représentent que 13,3 % de l’échantillon total. Ces différences raciales sont très significatives sur le plan statistique (voir le tableau 15).
Même si les hommes sont beaucoup plus susceptibles que les femmes d’être interpellés par la police, il existe également des différences raciales dans l’exposition des femmes aux interpellations policières (voir le tableau 16). En général, les femmes noires se font davantage interpeller par la police que les femmes blanches ou asiatiques. Par exemple, 33,8 % des répondantes noires ont déclaré s’être fait interpeller par la police au moins une fois au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 23,4 % des femmes blanches et à 20,6 % des femmes asiatiques. Ces différences raciales sont significatives sur le plan statistique. Il est également important de noter que les femmes noires (20,2 %) sont plus susceptibles de déclarer plusieurs interpellations policières que les hommes blancs (9,1 %) ou asiatiques (15,6 %).
Fait important, l’analyse statistique multivariée révèle que les antécédents raciaux des personnes noires demeurent un bon indicateur lorsqu’il est question de prédire les interpellations policières, après prise en compte d’autres variables pertinentes sur le plan théorique, y compris l’âge, le niveau de scolarité, le revenu, le statut d’immigration, le fréquence de conduite d’un véhicule, la participation à des activités de loisirs en soirée, le niveau de criminalité et de désordre de la collectivité, la victimisation avec violence, la consommation de stupéfiants et les antécédents criminels. Après prise en compte des autres variables, les données indiquent que les personnes noires ont une probabilité 1,9 fois plus élevée de déclarer une ou plusieurs interpellations policières, 2,8 fois plus élevée de déclarer deux interpellations ou plus, 7,3 fois plus élevée de déclarer trois interpellations ou plus, et 9,0 fois plus élevée de déclarer quatre interpellations ou plus. Une analyse supplémentaire révèle qu’une fois que d’autres variables ont été prises en compte dans les statistiques, les personnes noires présentent une probabilité 6,1 fois plus élevée d’être fouillées par la police lors d’une interpellation (Wortley et Owusu-Bempah, 2020).
Nombre d’interpellations |
Personnes noires |
Personnes blanches |
Personnes asiatiques |
Aucune interpellation |
59,6 |
75,3 |
75,1 |
Une interpellation |
14,2 |
14,9 |
13,1 |
Deux interpellations ou plus |
26,2 |
9,8 |
11,8 |
Total de l’échantillon |
450 |
550 |
450 |
x2= 60,168, df = 4, p > .001
Nombre d’interpellations |
Personnes noires |
Personnes blanches |
Personnes asiatiques |
Aucune interpellation |
50,8 |
74,0 |
70,3 |
Une interpellation |
15,0 |
16,8 |
14,2 |
Deux interpellations ou plus |
34,2 |
9,1 |
15,6 |
Total de l’échantillon |
193 |
285 |
212 |
x2= 51,723, df = 4, p > .001
Nombre d’interpellations |
Personnes noires |
Personnes blanches |
Personnes asiatiques |
Aucune interpellation |
66,1 |
76,6 |
79,4 |
Une interpellation |
13,6 |
12,8 |
12,2 |
Deux interpellations ou plus |
20,2 |
10,6 |
8,4 |
Total de l’échantillon |
257 |
265 |
238 |
x2= 18,747, df = 4, p > .001
Les tableaux 17 et 18 présentent une comparaison des interpellations policières par territoire desservi par la police. Les résultats suggèrent que les différences raciales au sein des interpellations policières déclarées dans la RGT sont significatives sur le plan statistique. Cependant, elles sont beaucoup plus prononcées chez les personnes répondantes qui habitent dans la ville de Toronto que chez celles qui habitent ailleurs dans la RGT (c.-à-d. dans les régions de Peel, Durham, York et Halton). La population noire de Toronto semble particulièrement vulnérable aux interpellations policières multiples. Par exemple, 32,8 % de la population torontoise déclare avoir été interpellée par la police à plusieurs reprises au cours des deux dernières années, comparativement à seulement 18,7 % de la population noire qui réside ailleurs dans la RGT. Cette conclusion concorde parfaitement avec les données officielles dont il a été question ci-dessus et qui indiquent que le taux historique de contrôles de routine du SPT est beaucoup plus élevé que celui des autres services de police canadiens.
Nombre d’interpellations |
Personnes noires |
Personnes blanches |
Personnes asiatiques |
Aucune interpellation |
64,6 |
72,8 |
69,9 |
Une interpellation |
16,7 |
17,9 |
16,9 |
Deux interpellations ou plus |
18,7 |
9,3 |
13,2 |
Total de l’échantillon |
209 |
302 |
219 |
x2= 9,610, df = 4, p > .048
Nombre d’interpellations |
Personnes noires |
Personnes blanches |
Personnes asiatiques |
Aucune interpellation |
55,2 |
78,2 |
80,1 |
Une interpellation |
12,0 |
11,3 |
9,5 |
Deux interpellations ou plus |
32,8 |
10,5 |
10,4 |
Total de l’échantillon |
241 |
248 |
231 |
x2= 58,357, df = 4, p > .001
Comme nous l’avons vu précédemment, le sondage de 2019 est une reproduction d’enquêtes semblables menées en 1994 et en 2007. Le tableau 19 et la figure 6 présentent le pourcentage des personnes répondantes qui ont déclaré s’être fait interpeller au cours des deux dernières années, pour chaque année où l’enquête a été menée. Deux conclusions importantes se dégagent. Premièrement, les résultats de toutes les enquêtes indiquent que les répondant(e)s noir(e)s déclarent avoir des interactions involontaires avec la police à une fréquence beaucoup plus élevée que les répondant(e)s issu(e)s d’autres groupes raciaux. Deuxièmement, la fréquence des interpellations policières a augmenté considérablement entre 1994 et 2019. Par exemple, en 1994, seulement 16,8 % des répondant(e)s noir(e)s ont déclaré s’être fait interpeller par la police à deux reprises ou plus au cours des deux années précédentes. Ce chiffre grimpe à 21,0 % en 2007, et à 26,2 % en 2019. De même, en 1994, seulement 4,7 % des répondant(e)s asiatiques ont déclaré s’être fait interpeller par la police à deux reprises ou plus, comparativement à 12,5 % en 2007 et à 11,8 % en 2020. En revanche, le taux d’interpellations des personnes blanches est demeuré relativement stable. Autrement dit, les résultats de l’enquête révèlent que les disparités raciales observées dans les activités d’interpellations de la police sont devenues encore plus prononcées au cours de cette période de 25 ans.
Ces constatations revêtent une importance particulière à la lumière du nouveau Règlement de l’Ontario sur les contrôles de routine (Règl. de l’Ont. 58/16). Bien que les statistiques officielles suggèrent que les contrôles de routine ont été abolis après la mise en œuvre de ce règlement, les résultats de cette enquête de 2019, réalisée plus de deux ans après la mise en œuvre du règlement sur les contrôles de routine, indiquent que la police de la région de Toronto interpelle et questionne toujours les civil(e)s en grand nombre. De plus, les personnes noires continuent d’être interpellées et questionnées par la police à un taux beaucoup plus élevé que les membres d’autres groupes raciaux. Ainsi, même si le Règlement de l’Ontario sur les contrôles de routine a mené à l’abolition de la documentation officielle sur les contrôles de routine, il n’a pas permis de réduire les disparités raciales dans les activités d’interpellation et de questionnement de la police. L’élimination de la trace documentaire n’a pas fait disparaître toutes les preuves de profilage racial. Cette conclusion appuie également l’argument selon lequel la police devrait être tenue de recueillir des renseignements lors de toutes les interpellations policières, et pas seulement lors de celles qui donnent lieu à un contrôle de routine officiel. Cette question sera abordée dans la dernière section du présent rapport.
Nombre d’interpellations |
Personnes noires |
Personnes blanches |
Personnes asiatiques |
||||||
1994 |
2007 |
2019 |
1994 |
2007 |
2019 |
1994 |
2007 |
2019 |
|
Aucune |
71,9 |
66,1 |
59,6 |
81,8 |
78,8 |
75,3 |
85,4 |
71,9 |
75,1 |
Une |
11,3 |
12,9 |
14,2 |
10,2 |
13,9 |
14,9 |
9,9 |
15,6 |
13,1 |
Deux ou plus |
16,8 |
21,0 |
26,2 |
8,0 |
7,3 |
9,8 |
4,7 |
12,5 |
11,8 |
Comme indiqué ci-dessus, les résultats d’études qualitatives, d’enquêtes par sondage et d’une analyse des données officielles sur les contrôles de routine du SPT mènent à une seule conclusion : la population noire de Toronto est soumise à des taux de surveillance policière beaucoup plus élevés que la majorité blanche ou les membres d’autres groupes raciaux minoritaires. À mon avis, cela constitue une preuve solide que le service de police de Toronto s’est adonné au profilage racial. De plus, des recherches menées au cours des deux dernières années laissent fortement entendre que le SPT continue de recourir à des tactiques d’interpellation, de questionnement et de fouille biaisées sur le plan racial, et ce, malgré les efforts déployés par le gouvernement de l’Ontario pour réglementer les contrôles de routine. Dans la section suivante du rapport, nous examinons l’argument selon lequel les contrôles de routine et les interpellations policières à des fins d’enquête constituent une stratégie efficace de prévention du crime. Les sections suivantes présentent les diverses conséquences associées au profilage racial. L’analyse révèle que les pratiques policières biaisées sur le plan racial présentent indéniablement plus d’inconvénients que d’avantages potentiels pour la sécurité publique[21].
Au cours des dernières années, les agent(e)s de police nord-américain(e)s ont clamé de plus en plus que les tactiques de contrôle avec fouille et les contrôles de routine étaient des stratégies efficaces de prévention de la criminalité (Zimring, 2012). Ils (elles) soutiennent que ces tactiques sont particulièrement efficaces pour lutter contre les gangs de rue et réduire la violence armée. Les arguments en faveur des interpellations et du fichage comprennent les points suivants :
Malheureusement, ces arguments servis par la police tiennent rarement compte de la légitimité de ces tactiques d’interpellation, de questionnement et de fouille d’un point de vue légal. Même si ces tactiques sont efficaces, beaucoup ont soutenu qu’elles ne peuvent être tolérées parce qu’elles violent de toute évidence les droits civils fondamentaux (Tanovich, 2006). C’est précisément cette logique qu’a appliquée la juge Shira Scheindlin de la Cour de district des États-Unis pour le district Sud de New York lorsqu’elle a statué que la politique sur l’interpellation, le questionnement et la fouille (IQF) du NYPD était anticonstitutionnelle (Bergner, 2014). Après tout, on pourrait également soutenir que l’abolition de tous les droits civils et de toutes les règles de justice procédurale faciliterait la lutte contre le crime. Il serait plus simple pour la police de repérer les activités illégales et d’arrêter les contrevenant(e)s si elle ne pouvait interpeller, détenir, questionner et fouiller n’importe qui, n’importe quand, pour quelque raison que ce soit. Elle pourrait aussi lutter plus efficacement contre la criminalité si elle avait le pouvoir de perquisitionner sur-le-champ et sans mandat des maisons et des véhicules sans avoir à expliquer ou à justifier ses actes. Même si ces tactiques étaient très efficaces pour détecter les activités criminelles, appréhender les criminel(le)s et dissuader les délinquant(e)s de commettre d’autres crimes, elles violeraient les principes généraux de la démocratie et la règle de droit.
Outre les arguments philosophiques, les données de recherche sur l’efficacité réelle des activités d’interpellation, de questionnement et de fouille par la police sont peu nombreuses. Il n’existe pratiquement aucune donnée au Canada. Cependant, certaines études américaines laissent entendre que des stratégies policières ciblées et s’appuyant sur la théorie de la vitre cassée — y compris les pratiques policières dans les zones à risque et les tactiques de contrôle avec fouille — sont à l’origine d’une baisse importante de la criminalité dans des villes comme New York, La Nouvelle-Orléans et Los Angeles (voir Land, 2015; Braga, 2015; Braga, 2012; Durlauf et Nagin, 2011). Cependant, les sceptiques soutiennent que la plupart des études ne sont pas concluantes et ne tiennent pas compte d’autres facteurs qui pourraient expliquer les récentes diminutions de la criminalité, y compris les initiatives communautaires de prévention de la criminalité et les mouvements de lutte contre la violence qui ont émergé dans les communautés pauvres et racialisées. Les sceptiques soutiennent également qu’au cours des vingt dernières années, les crimes violents ont également diminué dans de nombreux centres urbains dans lesquels les tactiques agressives d’interpellation, de questionnement et de contrôle avec fouille sont rarement utilisées (voir Doob et Gartner, 2017; White et Fradella, 2016; Apel, 2015; Meares, 2014; Tonry, 2011).
Aux États-Unis, l’analyse récente des données sur la criminalité révèle également que les propriétés préventives en matière de criminalité des pratiques policières d’interpellation, de questionnement et de contrôle avec fouille sont plutôt limitées. Par exemple, Rosenfeld et Fornago (2012) ont examiné l’incidence des pratiques d’IQF sur les taux de vols qualifiés et de vols avec effraction à New York entre 2003 et 2010. Leur analyse multivariée a tenu compte d’un certain nombre d’autres facteurs, y compris la position désavantageuse et la stabilité du quartier, le pourcentage de personnes noires dans la collectivité et les tendances globales en matière de criminalité. Les résultats suggèrent que les pratiques d’IQF n’ont eu aucune incidence sur les taux de vols avec effraction et n’ont eu qu’une incidence faible et irrégulière sur les taux de vols qualifiés. D’après les résultats de l’étude, les auteurs affirment qu’on ne peut conclure que les pratiques d’interpellation, de questionnement et de fouille (IQF) sont sans conséquence.
Cependant :
[...] si répercussions il y a, celles-ci sont si localisées et se dissipent si rapidement qu’elles ne sont pas prises en compte dans les taux de criminalité annuels du poste de police, et encore moins dans la réduction de la criminalité à l’échelle de la ville depuis une décennie, que les fonctionnaires attribuent aux politiques. Si les pratiques d’IQF sont efficaces, mais que leurs répercussions sont très ciblées et éphémères, les élaborateur(-trice)s de politiques doivent décider si le renforcement d’une politique qui mène déjà à 700 000 interpellations policières par année est justifié, particulièrement compte tenu de la controverse qui persiste au sujet de l’incidence disproportionnée des pratiques d’IQF sur les minorités raciales et ethniques et de la possibilité qu’elles remettent en cause la légitimité du service de police, ce qui pourrait miner l’effet de ces pratiques sur la réduction de la criminalité à long terme (Rosenfeld et Fornago, 2012, pp. 117-118).
Dans une autre étude récente réalisée à New York, Weisburd et coll. (2015) ont constaté que, si l’on tient compte d’une variété d’autres facteurs à l’échelle de la collectivité, les quelque 700 000 interactions liées aux activités d’interpellation, de questionnement et de fouille menées chaque année par le NYPD contribuent à réduire la criminalité de seulement 2 %. Les auteur(e)s font remarquer que même le fait d’attribuer cette petite réduction de la criminalité aux pratiques d’IQF est problématique, parce qu’il est impossible de distinguer l’incidence des interpellations policières de leur simple présence dans la collectivité. En d’autres termes, l’incidence des pratiques d’IQF sur les taux de criminalité réels est probablement beaucoup plus faible que ce que prétendent leurs défenseur(-euse)s. Les auteur(e)s concluent qu’en dépit du fait que les pratiques policières de contrôle avec fouille peuvent avoir pour effet de diminuer légèrement la criminalité :
L’utilisation agressive des pratiques d’IQF pourrait dissuader la population de signaler les crimes à la police ou de collaborer aux enquêtes et à la collecte de renseignements de la police […]. La question est de savoir si cette approche (IQF) est la meilleure pour prévenir la criminalité dans les zones à risque, et si ses avantages sont plus importants que ses répercussions négatives possibles sur l’évaluation de la légitimité de la police par la population (Weisburd et coll., 2015, p. 50).
Il est intéressant de noter que, malgré des mises en garde importantes, la nouvelle réglementation et le déclin spectaculaire des activités d’interpellations avec fouille dans la ville de New York n’ont pas entraîné de hausse considérable des infractions avec violence ou des crimes contre les biens. En fait, les taux de criminalité ont continué de diminuer pour atteindre des creux historiques (voir Chaun et coll., 2015; Wegman, 2015; Bostock et Fessenden, 2014). Par exemple, en 2003, le NYPD a mené environ 160 000 enquêtes relatives aux interpellations, aux questionnements et aux fouilles. Il y a eu 597 homicides cette année-là. En 2011, le NYPD a eu recours aux pratiques d’IQF 685 000 fois, et le nombre d’homicides a chuté à 515. Après que les pratiques d’IQF ont été déclarées inconstitutionnelles, leur nombre a chuté à seulement 47 000 en 2013. Cependant, le nombre d’homicides a continué de diminuer, et seulement 333 homicides ont été enregistrés cette année-là (Weisburd et coll., 2015).
Une situation semblable semble se dessiner à Toronto. En raison des pressions exercées par le public et de la mise en œuvre d’une nouvelle politique, le nombre de fiches de contact remplies par le service de police de Toronto a diminué de plus de 75 % entre 2012 et 2014 (voir Rankin et Winsa, 2014). Toutefois, le taux de crimes violents à Toronto a continué de chuter au cours de cette période de deux ans. En 2015, le taux de crimes violents avait atteint son plus bas niveau depuis le milieu des années 1960 (voir Boyce, 2015).
Bien que les données canadiennes ne soient pas disponibles, les recherches américaines et britanniques nous indiquent que les pratiques policières d’interpellation, de questionnement et de fouille révèlent rarement des preuves directes d’activités criminelles. On a parfois comparé cela à chercher une aiguille dans une botte de foin. Par exemple, entre 2004 et 2012, le NYPD a mené environ 4 135 000 enquêtes sur les interpellations, les questionnements et les fouilles[22]. Seulement 46 000 de ces interpellations, soit un faible 1,1 %, ont mené à la perquisition de produits de contrebande, et seulement une interpellation sur 1 000 (0,01 %) a mené à la perquisition d’une arme à feu illégale (voir Torres, 2015). L’Angleterre connaît une situation semblable. Comme l’ont documenté Bowling et Phillips (2007), en Angleterre et au pays de Galles, le taux d’interpellations policières par habitant des personnes noires est environ 6,5 fois plus élevé que celui des personnes blanches. Cependant, les données concernant les personnes noires et les personnes blanches sont presque identiques : chez les deux groupes, environ 1 % des interpellations permettent de détecter une activité illégale. Le fait que ces taux ne varient pas selon la race pourrait être interprété comme une absence de préjugés raciaux. Cependant, les données sur les résultats, combinées au taux d’interpellation et de fouille par habitant, mettent en lumière une autre réalité : chaque année, en Angleterre et au pays de Galles, les personnes noires innocentes sont 6,5 fois plus susceptibles que les personnes blanches innocentes de faire l’objet d’une interpellation et d’une fouille non nécessaires de la part de la police. Ce fait pourrait miner la confiance du public à l’égard de la police — un sujet abordé plus en détail dans la prochaine section.
À Toronto, on a récemment fait valoir que l’élimination des contrôles de routine a contribué de façon importante à l’augmentation des crimes violents, y compris les fusillades et les homicides. Par exemple, en 2012, le SPT a effectué 403 662 contrôles de routine. En revanche, en 2018, il n’a effectué que deux contrôles de routine (une baisse de 403 660 contrôles de routine sur une période de six ans). Au cours de la même période, le nombre d’homicides commis à Toronto est passé de 57 en 2012 à 96 en 2018, soit une différence de 39 homicides (une augmentation de 68 %). Toutefois, même si nous reconnaissons l’argument selon lequel le fait de recourir fréquemment aux contrôles de routine aurait permis d’éviter les 39 homicides supplémentaires, les contrôles de routine continuent d’être perçus comme une méthode de prévention de la criminalité hautement inefficace. En effet, selon ces chiffres, à Toronto, 10 350 contrôles de routine seraient nécessaires pour prévenir un homicide.
De même, selon les statistiques du SPT, à Toronto, le nombre de fusillades est passé de 213 en 2012 à 424 en 2018, soit une différence de 211 fusillades (une augmentation de 99 %). Même si nous croyons que cette augmentation du nombre de fusillades aurait pu être évitée par des contrôles de routine, les données laissent entendre qu’il faudrait 1 913 contrôles de routine pour empêcher une seule fusillade. Ainsi, lorsqu’on considère l’impact négatif que les contrôles de routine ont eu sur la communauté noire, il faut remettre en question leur valeur en tant que moyen de prévenir la criminalité[23].
Toutefois, il ne faut pas totalement lier les mains de la police. Il ne faut pas oublier que les collectivités racialisées subissent parfois les répercussions négatives des niveaux élevés de violence et que, comme toute collectivité, elles souhaitent obtenir la protection de la police au besoin. Néanmoins, même les défenseur(-euse)s des pratiques d’interpellation, de questionnement et de fouille soutiennent maintenant que les interventions policières agressives et arbitraires de tous les civil(e)s « disponibles » doivent être considérablement réduites (Zimring 2012). De plus, le recours aux rapports d’interpellations policières pour évaluer le rendement des agent(e)s n’a pas su faire ses preuves. Dans des villes comme New York et Toronto, de telles politiques ont mené à l’augmentation considérable du nombre d’interpellations effectuées, ont réduit l’utilité de ces interactions et ont grandement nui aux relations entre la police et la collectivité (White et Fradella, 2015). Il faut adopter une approche plus ciblée et axée sur la collectivité.
La mise en œuvre de stratégies de dissuasion ciblées pourrait constituer une solution. Les défenseur(-euse)s de ces stratégies soutiennent qu’elles contribuent à réduire la violence grave tout en améliorant les relations souvent tendues entre la population et la police. Pour commencer, la dissuasion ciblée rassemble directement les leaders des communautés, les fournisseurs de services sociaux et les citoyen(ne)s ordinaires autour de la planification et la mise en œuvre d’initiatives de prévention de la violence. Les partenariats entre la police et la collectivité améliorent la transparence des activités de maintien de l’ordre et donnent à la population locale la chance de se prononcer et de jouer un rôle quant au travail de prévention de la criminalité. Grâce à divers outils d’analyse, y compris les intervenant(e)s de la collectivité, permettant d’identifier les individus, les groupes et les gangs au cœur des problèmes de criminalité locale, ces initiatives sont fortement axées sur les personnes à très haut risque. Autrement dit, elles évitent aux personnes qui respectent la loi d’être la cible de mesures de surveillance et d’enquêtes policières arbitraires.
La police déploie également des efforts concertés pour communiquer avec les personnes ciblées et les informer des conséquences d’un comportement criminel continu, ainsi que pour les renseigner sur les programmes et services communautaires qui les aideront à abandonner leur mode de vie criminel. Les membres de la collectivité ont tendance à apprécier la notion de justice derrière le fait d’offrir aux jeunes contrevenant(e)s une occasion de changer leur comportement plutôt que de simplement recourir aux arrestations et aux poursuites.
Enfin, la dissuasion ciblée est axée sur les questions de justice procédurale et de légitimité. Les délinquant(e)s ciblé(e)s sont traité(e)s avec dignité et respect. Les résultats préliminaires de l’évaluation indiquent que la stratégie de dissuasion ciblée a permis de réduire les taux de criminalité et d’améliorer la confiance de la collectivité dans les opérations policières (Goff et coll., 2015; Corsaro et Engel, 2015; Brunson, 2015; Land, 2015). De tels programmes pourraient représenter l’équilibre entre les préoccupations en matière de sécurité publique et le respect des droits civils que mérite la population canadienne.
Les conséquences sociales et psychologiques du profilage racial et des pratiques policières d’interpellation, de questionnement et de fouille ont été amplement documentées (voir White et Fradella, 2016; Doob et Gartner, 2017; Glaser, 2015; Harris, 2002; Hart et coll., 2008; Tanovich, 2006; Commission des droits de la personne de l’Ontario, 2003; Tator et Henry, 2006; Bowling, 2011). En somme, les personnes qui ont la perception d’avoir été victimes de profilage racial se sentent souvent humiliées, effrayées, en colère, déprimées, frustrées et impuissantes.
Des recherches antérieures suggèrent en outre que le profilage racial — comme c’est le cas pour d’autres formes de racisme — est un problème qui affecte la qualité de vie des personnes et que l’exposition fréquente à des activités d’interpellation et de fouille par la police peut avoir une incidence négative sur la santé physique et mentale (voir White et Fradella, 2016; Glaser, 2015; Paradies et coll., 2015; Watts, 2014; Freeman, 2012; Pieterse et coll., 2012). La présente section du rapport vise toutefois à documenter de façon claire les conséquences du profilage racial sur le système de justice pénale.
Tout d’abord, la logique veut qu’il y ait un lien direct entre le degré de surveillance d’une personne par la police et la probabilité que celle-ci se fasse appréhender pour avoir enfreint la loi. Autrement dit, si les minorités raciales sont systématiquement interpellées et fouillées par la police plus souvent que les personnes blanches, elles sont également plus susceptibles d’être appréhendées, puis arrêtées pour avoir enfreint la loi que les personnes blanches qui adoptent exactement le même comportement. Ainsi, dans le cadre des activités d’interpellation et de fouille de la police, les différences raciales contribuent directement et de façon importante à la surreprésentation de certains groupes raciaux — en particulier les populations noires et autochtones du Canada — dans le système de justice pénale canadien (Wortley et Owusu-Bempah, 2016; Owus-Bempah et Wortley, 2014; Wortley et Owusu-Bempah, 2011a).
Aux États-Unis, de nombreux universitaires ont démontré que les pratiques policières d’interpellation et de fouille biaisées sur le plan racial, instaurées dans le cadre de la lutte contre la drogue, ont directement contribué à l’augmentation spectaculaire de la surreprésentation des personnes noires et d’origine hispanique dans le système correctionnel américain (Gabbidon et Greene, 2005; Walker et coll., 2004; Mauer, 1999; Cole, 1999; Tonry, 1995; Mann, 1993). Les critiques soutiennent en outre que les différentes pratiques de maintien d’ordre contribuent à expliquer pourquoi la majorité des personnes reconnues coupables de crimes liés à la drogue aux États-Unis sont noires et d’origine hispanique, même si la grande majorité des consommateur(-trice)s et des trafiquant(e)s de drogue sont blanc(he)s (Harris, 2002; Tonry, 1995).
Les données hypothétiques présentées au tableau 20 illustrent simplement comment le profilage racial peut influer sur la surreprésentation des minorités raciales dans le système de justice. Supposons qu’une communauté en particulier compte 2 000 résident(e)s âgé(e)s de 18 à 24 ans. Supposons également que de ce nombre, 1 000 jeunes sont noir(e)s et 1 000 jeunes sont blanc(he)s. Le taux de possession de stupéfiants pour usage personnel est exactement le même pour chaque groupe racial, soit 20 %. Autrement dit, la collectivité compte 200 jeunes noir(e)s et 200 jeunes blanc(he)s qui consomment des stupéfiants. Cependant, en raison des pratiques informelles de profilage racial de la police locale, 50 % des jeunes noir(e)s du quartier seront arrêté(e)s et fouillé(e)s par la police au cours de l’année, comparativement à seulement 10 % des jeunes blanc(he)s. Par conséquent, 100 des 200 jeunes noir(e)s qui consomment des stupéfiants seront repéré(e)s et accusé(e)s de possession de stupéfiants par la police, comparativement à seulement 20 des 200 jeunes blanc(e)s qui en consomment. Ainsi, le profilage de la population noire fera en sorte que les jeunes noir(e)s seront plus susceptibles d’être appréhendé(e)s pour avoir enfreint la loi que leurs homologues blanc(he)s. Ce processus finira par mener à la surreprésentation des jeunes noir(e)s dans le système de justice pénale. De plus, à la fin de l’année, au moment d’examiner ses statistiques sur les arrestations en lien avec la drogue, la police pourrait noter que 100 des 120 arrestations (83 %) effectuées dans ce quartier au cours de la dernière année impliquaient des jeunes noir(e)s. Cette statistique servira à renforcer davantage les pratiques de profilage racial. Autrement dit, le profilage racial peut devenir une prophétie autoréalisatrice.
Caractéristiques et résultats |
Jeunes noir(e)s |
Jeunes blanc(he)s |
Nombre dans la communauté |
1 000 |
1 000 |
Nombre consommant des stupéfiants |
200 |
200 |
Pourcentage consommant des stupéfiants |
20 % |
20 % |
Nombre ayant subi une fouille par la police au cours de la dernière année |
500 |
100 |
Nombre étant en possession de drogue et accusé(e)s |
100 |
20 |
Pourcentage de tou(te)s les consommateur(-trice)s de drogues repéré(e)s par la police |
50 % |
10 % |
Bien sûr, cet exemple est peut-être trop simpliste, mais il démontre comment le profilage racial peut contribuer à la surreprésentation des minorités raciales dans le système de justice pénale. En effet, une enquête récente menée par la CODP indique que la population noire de Toronto est nettement surreprésentée dans un large éventail d’infractions discrétionnaires, y compris la possession de stupéfiants. Les auteur(e)s soutiennent que cette surreprésentation est directement liée au profilage racial et à la surveillance excessive des communautés noires par le SPT (Wortley et Jung, 2020). Il est également probable que le profilage racial et les pratiques de surveillance policière biaisées contribuent directement à la surreprésentation considérable des personnes noires dans les incidents impliquant un recours à la force par le SPT. Plus la personne est exposée aux interactions avec la police, plus la probabilité d’un recours à la force augmente. De plus, les résultats de l’enquête de la CODP révèlent que, comparativement à ceux impliquant des personnes blanches, les cas de recours à la force impliquant des personnes noires sont plus susceptibles de découler de pratiques policières proactives (c.-à-d. des interpellations) que d’appels de service (voir Wortley et Laniyonu, 2020).
Bien que le profilage racial contribue à la surreprésentation des personnes racialisées au sein du système de justice, cette surreprésentation nuit grandement aux communautés et aux familles racialisées sur les plans sociaux et économiques. Les chercheur(-euse)s parlent souvent de dommages collatéraux. Les dommages collatéraux associés à l’incarcération disproportionnée des minorités raciales, par exemple, peuvent comprendre des difficultés économiques, une stigmatisation sociale, des traumatismes et un sous-développement chez les enfants, une dissolution de la famille et une mauvaise santé physique et mentale (voir Pinard, 2010; Western et Wildeman, 2009; Foster et Hagan, 2009; Pager, 2009).
Une deuxième conséquence importante du profilage racial est que les expériences négatives d’interpellation et de fouille par la police peuvent miner la légitimité de la police et du système de justice pénale en général. En effet, un volume croissant de chercheur(-euse)s américain(e)s (White et Fradella, 2016; Glaser, 2015; Zhao et coll., 2015; Coraso et coll., 2015; Gau, 2012; Unnever et coll., 2011; Gabbidon et coll., 2011; Mbuba, 2010; Higgins et coll., 2010; Gibson et coll., 2010; Slocum et coll., 2010; Gabbidon et Higgins, 2009; Lurigio et coll., 2009; Higgins et coll., 2008; MacDonald et coll., 2007; Weitzer et Tuch, 2006; Reitzel et Piquero, 2006; Skogan, 2006; Skogan, 2005; Engel, 2005; Hagan et coll., 2005; Weitzer et Tuch, 2005; Tyler, 2005; Rosenbaum et coll., 2005; Brown et Benedict, 2002; Weitzer et Tuch, 2002), britanniques (Bradford, 2011; Bradford et coll., 2009; Bowling et Phillips, 2002) et canadien(ne)s (Sprott et Doob, 2014; Cao, 2011; Wortley et Owusu-Bempah, 2011a; Wortley et Owusu-Bempah, 2011b; Wortley et Owusu-Bempah, 2009; O’Connor, 2008; Wortley et coll., 1997; Wortley, 1996) ont établi de façon claire que certains groupes de minorités raciales, y compris les personnes noires, autochtones et d’origine hispanique, entretiennent des opinions beaucoup plus négatives au sujet de la police et du système de justice en général que les personnes blanches.
En outre, des recherches supplémentaires suggèrent qu’une grande partie de la disparité raciale dans les perceptions du système de justice pénale peut s’expliquer par une exposition disproportionnée aux activités d’interpellation et de fouille de la police. En effet, un certain nombre d’études ont maintenant établi que les personnes qui sont fréquemment interpellées et fouillées par la police ont moins confiance dans le système de justice et sont plus susceptibles de considérer les institutions de justice pénale comme étant biaisées. La recherche indique également que l’exposition indirecte au profilage racial (par l’entremise des expériences des membres de la famille et des ami[e]s) peut également avoir une incidence négative sur la perception à l’égard des forces de l’ordre, des tribunaux de juridiction criminelle et des services correctionnels (Zhao et coll., 2015; Bradford, 2011; Gabbidon et coll., 2011; Wortley et Owusu-Bempah, 2011b; Gibson et coll., 2010; Rosenbaum et coll., 2005; Bradford et coll., 2009; Wortley et Owusu-Bempah, 2009; Weitzer et coll., 2008; Skogan, 2006; Weitzer et Tuch, 2005; Tyler et Wakslak, 2004; Fagan et Davies, 2000; Wortley et coll., 1997; Wortley, 1996).
Il est à noter que ces mêmes études laissent entendre que les groupes raciaux qui présentent le plus haut niveau d’interaction involontaire avec la police ont tendance à avoir les opinions les plus négatives à l’égard des services policiers et la plus faible confiance dans le système de justice (voir Wortley et Owusu-Bempah, 2009). Par exemple, l’enquête de 2019 de Fearon et Farrell auprès des résident(e)s de Toronto a révélé que, conformément aux statistiques officielles de la police, les personnes noires étaient plus susceptibles de faire l’objet d’un contrôle de routine par la police que les personnes d’autres origines raciales. Les chercheurs ont également constaté que les personnes qui avaient fait l’objet d’un contrôle de routine faisaient moins confiance à la police que celles qui n’avaient pas été la cible de telles pratiques policières. Il n’est donc pas surprenant que, dans le cadre de cette enquête, les personnes noires aient exprimé beaucoup moins de confiance envers la police que les répondant(e)s d’autres origines raciales (Fearon et Farrell, 2019).
Le sondage de 2019 de la CABL auprès des résident(e)s de Toronto, dont il a été question ci-dessus, a produit des résultats comparables. En général, l’enquête a révélé que, comparativement à leurs homologues blanc(he)s et asiatiques, les personnes noires ont beaucoup moins confiance en la police et sont beaucoup plus susceptibles de considérer que la police fait preuve de préjugés raciaux. Une analyse multivariée révèle que la méfiance des personnes noires à l’égard des services de maintien de l’ordre peut s’expliquer en partie par leurs taux plus élevés d’expériences directes et indirectes des pratiques de la police en matière d’interpellation et de fouille (Wortley et Owusu-Bempah, 2020).
Dans l’ensemble, les éléments de preuve indiquent que le profilage racial auquel se livre la police contribue à expliquer pourquoi la population noire canadienne la considère comme ayant davantage un parti pris racial que tout autre secteur d’activité de la société canadienne. Par exemple, dans le cadre du sondage de 2015 du Black Experience Project, les répondant(e)s se sont vu poser la question suivante :
Dans quelle mesure pensez-vous que la population noire de la RGT subit un traitement injuste dans les situations suivantes en raison de la couleur de sa peau? Diriez-vous que cela arrive fréquemment, occasionnellement, rarement ou jamais?
Les résultats révèlent que 86,3 % des répondant(e)s estiment que les personnes noires sont fréquemment soumises à un traitement injuste de la part de la police. En revanche, seulement 66,9 % des répondant(e)s estiment que les personnes noires sont fréquemment traitées injustement dans le secteur de l’emploi, et seulement 40,8 % croient qu’elles sont fréquemment traitées injustement dans le système d’éducation (voir figure 7).
Les perceptions négatives à l’égard du système de justice ou le manque de confiance envers la police ont des conséquences profondes sur le fonctionnement du système de justice. Par exemple, plusieurs recherches ont conclu que les personnes qui entretiennent une mauvaise perception du système de justice sont moins susceptibles de collaborer aux enquêtes policières et de témoigner devant les tribunaux (Gibson et coll., 2010; Slocum et coll., 2010; Tyler et Fagan, 2008; Hart et coll., 2008; Brunson, 2007; Stewart, 2007; Tyler, 2006; Brown et Benedict, 2002). De plus, un certain nombre de points de vue théoriques, y compris la théorie de Tyler sur la légitimité et la conformité (Tyler, 2006) et la théorie de Sherman sur le fait de défier l’autorité (Sherman, 1993) soutiennent que les personnes qui ont une mauvaise perception de la police et du système de justice en général sont moins susceptibles d’obéir à la loi que celles qui conçoivent le système comme étant légitime. En effet, de plus en plus d’études empiriques fournissent des preuves empiriques solides à l’appui de cette hypothèse, à savoir que les personnes qui estiment qu’il y a présence d’un niveau élevé de préjugés raciaux ou de discrimination dans la société sont plus susceptibles d’adopter un comportement criminel que les autres (voir Burt, 2015; Coroso et coll., 2015; James et Warner, 2015; Augustyn et Ward, 2015; Penner et coll., 2014; Intravia et coll., 2014; Martin et coll., 2010; Bouffard et Piquera, 2010; Wortley et Tanner, 2008; Stewart, 2007; Kane, 2005; Caldwell et coll., 2004; Tyler et Wakslak, 2004).
Autrement dit, les personnes qui estiment que le système de justice — et la société en soi — est fondamentalement injuste ou partial ont plus de facilité à justifier leurs actes criminels et à neutraliser la culpabilité qu’elles pourraient ressentir. De plus, en raison de leur mauvaise relation avec la police et de leur perception négative à son égard, certaines personnes racialisées estiment qu’elles doivent assumer la responsabilité de leur propre sécurité et recourir à la justice de rue, ce qui accroît davantage le niveau de violence dans les communautés composées de minorités raciales défavorisées (voir Coroso et coll., 2015; Intravia et coll., 2014; Stewart, 2007). En somme, les différences raciales dans les activités d’interpellation et de fouille contribuent aux perceptions négatives des civil(e)s racialisé(e)s à l’égard de la police et du système de justice. Ces perceptions négatives, quant à elles, entraînent un manque de collaboration avec la police et les tribunaux et, en définitive, contribuent à la participation des minorités raciales à la criminalité et à la violence.
En résumé, la documentation issue de recherche démontre de façon claire que les contrôles de routine — aussi appelés tactiques d’interpellation, de questionnement et de fouille par la police — ne sont pas inoffensifs et ne devraient donc pas être tolérés au nom de la sécurité publique ou de la prévention de la criminalité. Les données empiriques suggèrent fortement qu’ils génèrent plus de coûts que d’avantages. En effet, en ce qui concerne les activités de surveillance policière, les préjugés raciaux peuvent avoir des répercussions extrêmement néfastes sur les personnes, les collectivités et le fonctionnement du système de justice pénale. Après avoir examiné de nombreux ouvrages universitaires au sujet des interpellations policières, Tony Doob et Rosemary Gartner, d’éminent(e)s criminologues canadien(ne)s, en sont arrivé(e)s à la même conclusion :
La police a plusieurs rôles importants à jouer dans la sécurité publique et le fonctionnement du système de justice pénale. Les conclusions que nous citons ici, et qui laissent entendre que certaines approches à l’égard de la criminalité et de la protection de la population ne fonctionnent pas ou ont, en général, des répercussions négatives, devraient être replacées dans ce contexte plus large. Peut-être que la conclusion à tirer — et possiblement la moins controversée — concernerait la nécessité de surveiller et d’évaluer les politiques policières liées aux contrôles de routine pour veiller à ce que les avantages l’emportent sur les préjudices susceptibles de découler de telles interventions .
Cette même conclusion pourrait aussi bien s’appliquer aux interventions médicales ou éducatives qu’aux interventions policières.
Il est important de se rappeler qu’on ne peut pas conclure qu’une mesure est efficace, simplement parce qu’on affirme qu’elle l’est. Ce sont les données qui importent. Et parfois, les résultats sont complexes. Certains types de pratiques policières peuvent avoir des effets très positifs si la collectivité est mobilisée de façon appropriée. Mais si l’on revient à notre problématique initiale, c’est-à-dire les personnes n’ayant apparemment pas commis d’infraction qui font l’objet d’un contrôle de routine par la police, nous sommes d’avis qu’il est facile d’exagérer l’utilité de ces contrôles, et difficile de trouver des données qui appuient la pertinence de poursuivre leur utilisation. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut plus encourager la police à continuer de parler aux gens dans la rue. Mais la preuve de l’utilité des pratiques d’interpellation, de questionnement et/ou de fouille ainsi que de la consignation et de la conservation de ces renseignements pour la simple et bonne raison que la police et les citoyen(ne)s « sont là » nous semble largement compensée par des éléments de preuve convaincants relativement aux préjudices causés par de telles pratiques, et ce, non seulement à l’endroit de personne concernée, mais aussi sur la relation à long terme et globale de la police avec la collectivité (Gartner et Doob, 2017, p. A22).
La conservation des renseignements personnels recueillis lors du fichage ou des contrôles de routine constitue l’un des problèmes associés à de telles interactions entre la police et la population civile. Comme il a été mentionné précédemment, la police soutient que ces renseignements ont une grande valeur en ce qui concerne les futures enquêtes criminelles. Elle soutient que ces données peuvent contribuer à l’identification des victimes, des suspect(e)s et des témoins d’actes criminels. Récemment, on a également fait valoir que la conservation de ce type de données liées au renseignement pourrait aider la police à enquêter et, en fin de compte, à faire la lumière sur des affaires non résolues. Cependant, les critiques ont soutenu que la conservation, à même les données policières, de renseignements sur des personnes « connues de la police » peut entraîner des préjudices graves. De plus, étant donné que les personnes noires et d’autres minorités raciales sont souvent largement surreprésentées dans les ensembles de données provenant du fichage ou des contrôles de routine, ces dernières sont également beaucoup plus susceptibles de subir les impacts négatifs découlant de la conservation de ces renseignements.
Malheureusement, aucune recherche n’a été publiée concernant la façon dont les services de police ont utilisé, par le passé, les données provenant des contrôles de routine et la fréquence à laquelle ils les utilisent, ni concernant l’incidence que ces données ont eue sur les personnes ou les collectivités racialisées. Pour pouvoir procéder à une évaluation systématique de l’incidence des données provenant des contrôles de routine, la police doit accroître considérablement la transparence de ces données et les transmettre aux chercheur(euse)s. Voici des questions importantes auxquelles il ne sera possible de répondre qu’avec un meilleur accès aux données :
Bien que les données pertinentes à grande échelle sur l’utilisation — et la possible mauvaise utilisation — des renseignements sur les contrôles de routine n’aient pas été rendues accessibles au public et aux chercheur(-euse)s, certaines préoccupations ont été soulevées. Les exemples suivants illustrent comment la conservation des données relatives aux contrôles de routine peut avoir un impact négatif sur la population civile :
Préoccupé par cette interaction et l’idée qu’il pourrait avoir un casier judiciaire, M. Tysowski a fini par déposer une plainte auprès du Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police de l’Ontario (BDIEP). Lorsque le BDIEP a publié son rapport sur la plainte, M. Tysowski a appris que son « casier » découlait d’un incident survenu en 2006, alors que des agent(e)s l’avaient interpellé à bord d’un autobus et l’avaient interrogé au sujet d’un vol qualifié. Bien que M. Tysowski ait été blanchi de tout soupçon, les agent(e)s qui ont effectué un contrôle de routine ont indiqué prendre note de l’attitude négative de M. Tysowski à l’égard de la police, au cas où il présenterait sa candidature au Service de police d’Ottawa.
M. Tysowski a déclaré qu’il voulait que son dossier de contrôle de routine soit radié parce qu’il pourrait « apparaître n’importe où » et avoir une incidence négative sur ses futures possibilités d’emploi et ses interactions avec la police. Cette affaire reflète bien les cas dans lesquels des renseignements subjectifs négatifs provenant d’un contrôle de routine antérieur ont apparemment été utilisés pour justifier un traitement policier plus sévère lors d’un contrôle routier. Il est également clair que les renseignements recueillis lors du contrôle de routine auraient pu nuire aux possibilités d’emploi subséquentes de M. Tysowski (Adam, 2012; Davies, 2015).
M. Singh a longtemps fait du bénévolat auprès de jeunes à risque dans des secteurs de la ville à forte criminalité et démunis sur le plan social, et il croit que c’est ainsi que son association à des personnes « criminelles » a été établie. Un(e) porte-parole de la police a par la suite confirmé que les dossiers en lien avec les contrôles de routine sont souvent examinés avant d’approuver une demande d’accompagnement lors de patrouilles policières et que l’association antérieure à des personnes criminelles peut avoir une incidence négative sur le processus d’approbation. Cet exemple fournit des éléments de preuve quant à la façon dont les contrôles de routine — effectués au nom du renseignement policier — peuvent être utilisés dans les vérifications de sécurité et, en fin de compte, nuire aux possibilités des civil(e)s (Rankin, 2016).
Les exemples ci-dessus, bien que limités, illustrent des préoccupations réelles au sujet de la conservation, de l’utilisation et de la transmission de données personnelles provenant des contrôles de routine. Ils démontrent que l’utilisation de renseignements sur les contrôles de routine s’étend souvent au-delà de l’enquête sur des incidents criminels précis. En fait, les renseignements recueillis lors d’un contrôle de routine peuvent accroître les soupçons de la police à l’égard de personnes ayant déjà fait l’objet d’un fichage et pourraient être utilisés pour justifier un traitement plus sévère. Les données sur les contrôles de routine peuvent également être utilisées comme solution de rechange, à l’image d’un casier judiciaire sans condamnation, qui pourrait avoir une incidence négative sur les perspectives d’emploi, de bénévolat et d’éducation.
Étant donné que les communautés noires sont largement surreprésentées dans les ensembles de données sur les contrôles de routine, les répercussions négatives de la conservation des données seront probablement plus importantes pour les personnes noires que pour celles appartenant à d’autres groupes raciaux. Heureusement, en 2017, le gouvernement de l’Ontario a adopté de nouvelles réglementations ayant permis de réduire considérablement à la fois le nombre de contrôles de routine réalisés par la police et l’accès de la police aux données personnelles provenant des contrôles de routine. De plus, au cours des cinq dernières années, le service de police de Toronto et la Commission de services policiers de Toronto visant à restreindre davantage l’accès aux données historiques relatives aux contrôles de routine et aux renseignements provenant des interactions réglementées (voir service de police de Toronto, 2016; Commission de services policiers de Toronto, 2016). J’estime que ces politiques permettront probablement de limiter les préjudices futurs causés par la conservation de ce type de renseignements. Toutefois, ces politiques n’abordent pas les préjudices que l’utilisation passée des données provenant des contrôles de routine a déjà causés aux communautés noires. Ces politiques n’apaisent pas non plus les craintes de la communauté selon lesquelles les données historiques relatives aux contrôles de routine, ainsi que les renseignements du SPT sur d’autres situations n’ayant pas abouti à des condamnations, pourraient encore avoir des conséquences négatives pour les membres des communautés noires.
Ce qui est peut-être le plus remarquable dans la recherche sur le profilage racial, c’est que, quelle que soit la stratégie de recherche utilisée, nous obtenons la même étendue de résultats. En général, les recherches réalisées à Toronto et dans d’autres administrations indiquent que :
Un grand nombre d’initiatives stratégiques ont été identitifiées comme pouvant réduire le recours à des pratiques policières biaisées sur le plan racial et l’incidence négative des pratiques d’interpellation, de questionnement et de fouille disproportionnées sur le plan racial. Ces initiatives comprennent : 1) l’amélioration de l’évaluation des préjugés raciaux et des compétences culturelles chez les recrues de la police (Nicholson-Crotty et coll., 2019; Miles-Johnson, 2019; Conti and Doreian, 2014; Zimny, 2015); 2) l’amélioration du recrutement d’agent(e)s racialisé(e)s afin que la police incarne la diversité des communautés qu’elle sert (Benton, 2020; Donahue, 2019); 3) l’amélioration de la formation sur les relations raciales, les préjugés implicites et la compétence culturelle (Miller et coll., 2020; Davis, 2015; Moon et coll., 2018); 4) la formation portant sur des façons moins agressives et plus respectueuses d’interagir avec les civil(e)s lors des interpellations policières (Rosenbaum et Lawrence, 2017); 5) l’amélioration des services de police communautaires et des stratégies de dissuasion ciblées (Braga et coll., 2020; Thomas et Burns, 2019); 6) l’élaboration de réglementation et de politiques qui orientent le pouvoir discrétionnaire des agent(e)s en ce qui a trait aux interpellations et aux fouilles (Tulloch, 2019); 7) le renforcement des mécanismes de surveillance civile et de responsabilisation de la police (Kwon et Wortley, 2020; Nolan, 2019; Walsh et Conway, 2011). Plusieurs membres de la collectivité et chercheur(-euse)s ont également demandé une plus grande transparence de la part de la police en ce qui a trait à la collecte et à la diffusion de données — y compris des données fondées sur la race — qui permettront de perfectionner la recherche sur les activités policières, d’améliorer l’évaluation des efforts de lutte contre le racisme et d’accroître la responsabilisation de la police.
Au Canada, depuis les 20 dernières années, un débat houleux entoure la collecte et la diffusion de données officielles sur les activités d’interpellation et de fouille policières. D’une part, de nombreux organismes communautaires et groupes de défense des droits civiques ont réclamé la collecte systémique de données sur les interpellations et les fouilles. Ils ont également soutenu que ces données devraient être rendues publiques sur une base annuelle. D’autre part, de nombreuses organisations et associations policières ont résisté farouchement aux demandes de collecte obligatoire de données sur les activités policières d’interpellation, de questionnement et de fouille. Cette section du rapport passe brièvement en revue les principaux arguments pour et contre la collecte de données. Il importe de revisiter ces arguments historiques afin de souligner les progrès récents en ce qui a trait aux politiques du STP en matière de collecte de données fondées sur la race.
La collecte de données permet de véritablement diminuer le profilage racial et d’autres formes de pratiques policières biaisées sur le plan racial. La collecte de données ne constitue pas un simple exercice de recherche. Il s’agit d’une forme de surveillance policière et de responsabilisation. Les agent(e)s qui pratiquent le profilage racial — motivé(e)s par une animosité raciale, des stéréotypes raciaux ou toute autre raison — seront moins susceptibles de se livrer à des activités de fouille et d’interpellation biaisées, sachant que leurs superviseur(e)s évalueront nécessairement leurs actions. La collecte de données permet de rendre plus « visible » le côté « invisible » des services de police. L’analyse comparative interne aidera également les gestionnaires de la police à repérer les agent(e)s qui pourraient avoir un parti pris et à les cibler en vue d’un recyclage ou de mesures disciplinaires.
La question est la suivante : sans surveillance, comment les superviseur(e)s de la police peuvent-ils (elles) savoir ce que font leurs agent(e)s une fois dans la rue? Cet argument est également conforme aux résultats obtenus dans le cadre d’autres pratiques de surveillance policière. Par exemple, aux États-Unis, il est bien connu que les disparités raciales dans le recours à la force par la police ont diminué considérablement après que les agent(e)s ont été tenu(e)s de remplir des formulaires de « recours à la force » chaque fois qu’ils (elles) dégainaient leur arme ou utilisaient la force contre un(e) civil(e) (voir l’examen dans Wortley, 2006). Bien que limitées, les recherches menées en Angleterre (Miller, 2010) et aux États-Unis (Warren et coll.,2009) laissent également entendre que la collecte de données pourrait avoir contribué à une diminution des pratiques policières biaisées sur le plan racial dans de nombreux secteurs de compétence. En somme, sans surveillance adéquate, il est plus facile pour les agent(e)s de police de cacher ou de dissimuler des pratiques de profilage racial.
La collecte de données peut améliorer les relations entre la police et les communautés racialisées. Comme nous l’avons expliqué en détail ci-dessus, la population canadienne noire et les autres groupes issus de minorités raciales font beaucoup moins confiance à la police que les personnes blanches. La surveillance des données sur les activités d’interpellation et de fouille de la police pourrait améliorer ces perceptions de plusieurs façons. Tout d’abord, la surveillance pourrait permettre de diminuer le nombre d’agent(e)s entretenant des préjugés raciaux. Deuxièmement, la surveillance des données assure la transparence. Cela démontre que la police n’a rien à cacher et qu’elle est prête à partager ses actions avec le public. En revanche, le refus de recueillir et de divulguer des données pourrait être perçu comme une preuve que la police « est sur la défensive » et tente d’empêcher la divulgation de renseignements qui pourraient nuire à son image. Enfin, la volonté de recueillir et de diffuser des données sur les activités d’interpellation et de fouille peut convaincre le public que la police prend au sérieux la question des pratiques policières biaisées sur le plan racial et qu’elle tente de réduire l’incidence du profilage sur les communautés racialisées. À ce jour, très peu de recherches ont exploré l’incidence de la collecte de données policières sur les attitudes du public. Cependant, des chercheur(-euse)s britanniques ont démontré que, depuis que la collecte de données sur les interpellations et les fouilles est devenue obligatoire en Angleterre et au pays de Galles, la confiance des groupes issus de minorités raciales à l’égard de la police s’est considérablement améliorée (voir Bradford, 2011; Myhill et Beak, 2008).
La collecte de données contribuera à l’évaluation des programmes de lutte contre le racisme et le profilage racial. Au cours des 20 dernières années, les services de police canadiens ont lancé une vaste gamme d’initiatives de lutte contre le racisme visant à réduire les pratiques policières biaisées sur le plan racial et à améliorer les relations de la police avec les communautés racialisées. Ces initiatives comprennent une formation sur la lutte contre le racisme et la sensibilisation aux différences culturelles, des programmes visant à accroître le recrutement d’agent(e)s racialisé(e)s et l’établissement de comités consultatifs dirigés conjointement par la police et des membres de la communauté. Plusieurs services de police, dont le Service de police d’Ottawa, ont récemment élaboré des politiques claires visant à abolir le profilage racial. Malheureusement, comme le souligne Stenning (2003), aucune de ces initiatives de lutte contre le racisme n’a fait l’objet d’une évaluation de grande qualité[24]. La question qui se pose est donc la suivante : sans la collecte de données sur les activités d’interpellation et de fouille de la police, comment savoir si les politiques anti-profilage sont efficaces ou non? C’est tout simplement impossible. De plus, sans la collecte de données, il serait également difficile, voire impossible, d’évaluer correctement l’efficacité d’autres stratégies de lutte contre le profilage racial, y compris la formation anti-profilage, les caméras dans les voitures de police, etc.
La surveillance des activités d’interpellation et de fouille de la police constitue un outil de gestion important. L’un des plus grands défis que pose la mise en œuvre de programmes de collecte ou de surveillance des données vient de la perception que l’utilité de tels programmes se limite aux enquêtes sur les préjugés raciaux. Rien n’est plus faux. Les formulaires de collecte de données devraient être conçus pour recueillir des renseignements sur la race du (de la) civil(e), mais également son âge, son sexe et l’adresse de son domicile, s’il s’agissait d’un contrôle piétonnier ou routier, l’heure et le lieu de l’interpellation, le motif de l’interpellation, si une fouille a eu lieu ou non, et la conclusion de l’interpellation (aucune mesure, avertissement, contravention, citation à comparaître, arrestation, etc.).
Ainsi, en plus de documenter les différences raciales dans l’exposition aux interactions avec la police, ces données peuvent être utilisées à d’autres fins, notamment : 1) mesurer les différences de sexe et d’âge dans l’exposition aux interactions avec la police; 2) documenter les comportements de la police en matière d’interpellation et de fouille dans des quartiers particuliers; 3) évaluer les raisons pour lesquelles les agent(e)s décident d’arrêter les conducteur(-trice)s et les piéton(ne)s; et 4) mesurer l’efficacité des interpellations policières. Autrement dit, un système de collecte de données efficace peut aider les superviseur(e)s de la police à surveiller les activités de leurs agent(e)s sur le terrain et à établir des mesures d’efficacité et de productivité.
Comme Tillyer et ses collègues (2010, p. 87) le font remarquer, une fois qu’un système de collecte de données a été établi : Les organismes de maintien de l’ordre peuvent maintenant évaluer et
mieux comprendre le processus décisionnel de leurs agent(e)s à l’aide de ces données. La tendance à la collecte de données sur les contrôles routiers partout au pays offre plusieurs avantages aux services de police. En particulier, ces efforts peuvent aider à communiquer aux organismes les tendances et les modèles en matière de disparités dans les résultats de recherche sur les interpellations et les fouilles pour des groupes raciaux ou ethniques particuliers. En procédant à cette autoévaluation, les organismes démontrent leur engagement à l’égard d’un maintien de l’ordre impartial, particulièrement dans les situations où ils entreprennent volontairement la collecte de données ou transcendent ce qui est exigé par la loi ou les tribunaux. De plus, la compréhension des habitudes relatives aux contrôles routiers et de leurs résultats peut aider les organismes à affecter les ressources de façon plus efficace et efficiente, ce qui représente souvent le principal objectif dans le contexte budgétaire actuel .
De toute évidence, les avantages d’un tel système de collecte de données s’étendraient aux contrôles piétonniers ainsi qu’aux contrôles routiers.
Le dernier argument en faveur de la collecte de données est plus philosophique que pratique. Il concerne la propriété de l’information sur les mesures prises par la police. Il faut se rappeler que, depuis leur création, les services de police ont tendance à se développer en tant qu’organisations paramilitaires. Par conséquent, ils considèrent souvent l’information comme du « renseignement » et essaient de l’utiliser à leur avantage. En effet, en plus des données sur les activités d’interpellation et de fouille, il est aussi très difficile d’accéder à de nombreux types de renseignements sur les opérations policières coercitives, y compris les renseignements en lien avec le recours à la force par la police, les données sur les arrestations locales, les données sur les décisions de la police en matière de détention provisoire, les plaintes contre la police, etc. Souvent, ces renseignements ne sont accessibles que par le biais d’une demande d’accès à l’information.
Il est également important de noter que les organisations policières modernes ont souvent des services de relations publiques ou du personnel spécialisé en relations publiques. Comme pour d’autres entreprises, on pourrait soutenir qu’il incombe au personnel des relations publiques de la police de divulguer de façon sélective des renseignements qui généreront une image positive du service de police, tout en empêchant la divulgation de renseignements qui pourraient nuire à la réputation du service. Des défenseur(-euse)s des services de police ont soutenu qu’une telle gestion de l’image est essentielle au maintien de la confiance du public à l’égard de la police ainsi que du bon fonctionnement du système de maintien de l’ordre. D’autres ont cependant soutenu que la police travaille pour le public, du moins en théorie. À ce titre, la police doit être transparente et à la fois recueillir et divulguer tous les renseignements exigés par le grand public ou par certains groupes du secteur public. Comme le soutient Kane (2007, p. 778), les services de police agissent parfois sans considération, comme si les données figurant dans les dossiers produits par la police leur appartenaient.
Les fonds publics financent les services de police et tous les volets de leurs activités coercitives. Le public détient tous les renseignements liés aux opérations et aux processus de la police. Par conséquent, les services de police devraient être tenus non seulement de recueillir des données sur les résultats et les processus coercitifs, mais aussi de les mettre à la disposition du public (italique dans l’original) .
Comme nous le verrons, il est rare que les agent(e)s de police ou leurs superviseur(e)s partagent ces points de vue.
Il est également important de souligner que les avantages de la collecte de données policières doivent être soupesés par rapport aux inconvénients ou aux conséquences possibles de telles entreprises. Nous présentons ci-dessous quelques-uns des principaux arguments contre la collecte de données qui ont été avancés par les organisations policières et leurs défenseur(-euse)s.
Malheureusement, nous n’avons pu trouver aucune recherche portant sur cette allégation. Par exemple, nous n’avons trouvé aucune information laissant entendre que les agent(e)s de police de la Grande-Bretagne ou des États-Unis — où la collecte de données est obligatoire — présentent un moral inférieur à celui des agent(e)s à l’emploi de services de police où la collecte de données n’a pas encore été instaurée. Cependant, des éléments de preuve donnent à penser que l’argument du « moral bas » a été utilisé à maintes reprises par les organisations policières et les syndicats des services policiers pour résister à d’autres mesures de responsabilisation publique, y compris les règlements sur le recours à la force par la police, les commissions des plaintes du public, les organismes de surveillance civils, le port de l’insigne avec le nom des agent(e)s et la création de l’Unité des enquêtes spéciales de l’Ontario (voir Sewell, 2010; Morin, 2008; Wortley, 2006).
En somme, l’incidence potentielle de la collecte de données sur le moral des agent(e)s et leur satisfaction au travail constitue une importante question de recherche qui mérite d’être creusée. Cependant, nous devons aussi envisager la possibilité que, malgré la résistance initiale, les policier(-ière)s acceptent éventuellement d’effectuer des tâches en lien avec la collecte de données dans le cadre de leur description de poste et se conduisent de façon professionnelle. Enfin, il est possible que l’incidence de la collecte de données sur le moral des agent(e)s soit minimisée si la collecte de données est présentée dans le cadre d’un système plus vaste de collecte de renseignements et de surveillance du rendement plutôt que comme un outil de repérage du profilage racial.
D’autres ont fait valoir que la collecte de données privera la police de ressources et d’un temps précieux pour lutter contre la criminalité ainsi que la prévenir, ce qui entraînera son augmentation. Cependant, nous n’avons trouvé aucune preuve empirique à l’appui de cette affirmation. En effet, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, depuis que la collecte de données est obligatoire, les taux de criminalité — y compris les taux de crimes violents — ont considérablement diminué (Siegel et coll., 2010). Fait intéressant : les taux de criminalité ont également diminué dans les régions où il n’y a pas de collecte de données, ce qui indique peut-être que les procédures de collecte de données ont peu à voir avec les causes de la criminalité. Enfin, peu d’éléments de preuve laissent croire que la collecte de données a en fait permis de diminuer les activités d’interpellation et de fouille de la police. En effet, le nombre d’interpellations et de fouilles enregistrées par la police en Angleterre et à New York a considérablement augmenté depuis le début de la collecte des données (voir Jones-Brown et coll., 2010; Miller, 2010).
Il est toutefois vrai que certaines des techniques d’analyse comparative les plus avancées, dont il a été question ci-dessus, peuvent être très coûteuses. Néanmoins, les coûts de l’utilisation de ces approches peuvent être compensés lorsque des partenariats sont conclus entre la police et des chercheur(-euse)s universitaires. Ces partenariats permettent souvent d’obtenir du financement externe, et donc, de réduire au minimum les répercussions sur les budgets de la police. De plus, plusieurs chercheur(-euse)s universitaires seraient disposé(e)s à fournir gratuitement leur expertise méthodologique et leurs compétences analytiques, pourvu qu’ils (elles) et leurs étudiant(e)s au cycle supérieur puissent avoir accès aux données de la police à des fins de publication ou de dissertation. Autrement dit, il est beaucoup moins coûteux de travailler avec des chercheur(-euse)s universitaires qu’avec des expert(e)s-conseils. Enfin, les services de police de l’Angleterre et des États-Unis ont été en mesure de composer avec la charge financière de la collecte de données sans affecter leur service. Il n’existe aucune raison de croire que les services de police canadiens ne peuvent pas faire de même[26].
Il est également important de noter que des préoccupations semblables au sujet de la sécurité des agent(e)s ont été exprimées lorsque le nouveau règlement sur le recours à la force a rendu obligatoire la production de formulaires sur le recours à la force chaque fois qu’un(e) agent(e) dégaine son arme à feu ou utilise la force physique contre un(e) civil(e). L’argument invoqué était que les agent(e)s pourraient hésiter à recourir à la force dans des situations dangereuses pour ne pas avoir à remplir plus de paperasse. Aujourd’hui, plusieurs décennies plus tard, nous savons que ces préoccupations n’étaient pas fondées. En effet, des recherches américaines suggèrent que depuis la mise en œuvre de la réglementation sur le recours à la force, le nombre d’agent(e)s gravement blessé(e)s dans l’exercice de leurs fonctions a considérablement diminué, tout comme le nombre de civil(e)s tué(e)s ou blessé(e)s par la police (voir Wortley, 2006).
Il est intéressant de noter que cette justification paternaliste en lien avec l’interdiction de la collecte de données fondées sur la race sert également à empêcher l’identification efficace des préjugés raciaux dans le système de justice. De plus, l’interdiction actuelle de produire des statistiques sur la criminalité raciale n’a pas empêché l’émergence de stéréotypes raciaux liés à la criminalité au Canada. En effet, les images dépeignant la criminalité racialisée dominent les médias — endroit d’où la grande majorité des citoyen(ne)s puisent leurs renseignements sur les questions liées à la criminalité. En fait, même avec l’interdiction actuelle de produire des statistiques sur la criminalité raciale, la population canadienne a tendance à surestimer considérablement la participation des minorités raciales aux activités criminelles (voir Wortley et Owusu-Bempah, 2011).
Ce ne sont là que quelques-uns des arguments avancés par les personnes qui se montrent réticentes envers la collecte de données policières sur les activités d’interpellation et de fouille, voire contre celle-ci. Nous sommes très loin d’arriver à un consensus sur la question. À bien des égards, le débat est divisé entre des gens qui accordent la priorité aux intérêts des membres d’une minorité raciale et des chercheur(-euse)s qui veulent recueillir des données, et des gens qui sont plus sensibles aux intérêts de la police et des organisations policières. Quoi qu’il en soit, la dernière section du présent rapport sert à présenter une stratégie potentielle comprenant plusieurs méthodes visant à recueillir des données de grande qualité sur la question des pratiques policières biaisées à Toronto.
On pourrait affirmer que de nombreux arguments — voire tous — contre la collecte de données fondées sur la race au sein des forces de l’ordre ont été répondus et ne méritent donc pas de discussions supplémentaires. En effet, au cours des deux dernières années, le SPT et plusieurs autres services de police de l’Ontario semblent avoir reconnu la nécessité de disposer de données fondées sur la race et élaboré des politiques encourageant la collecte et l’analyse de ce type de renseignements. Enfin, un quart de siècle après la recommandation en matière de collecte de données fondées sur la race formulée par la Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale en Ontario (1994), il semble que les services de police de l’Ontario reconnaissent que la collecte de données peut contribuer à réduire les préjugés raciaux, à améliorer la perception du public à l’égard de la police et à promouvoir l’équité raciale au sein des forces de l’ordre. Je suis d’un optimisme prudent. Au cours des deux dernières années, j’ai observé davantage de changements positifs sur le plan de la collecte de données fondées sur la race qu’au cours des 25 années précédentes. Mais il y a aussi des raisons de se montrer cynique. À mon avis, certains arguments contre la collecte de données peuvent subsister, en particulier parmi les agent(e)s de première ligne. De plus, la réticence face à la collecte de données peut encore entraîner des retards importants en ce qui concerne la collecte et la publication de données fondées sur la race et affecter la qualité de ces données, une fois compilées.
Comment les agent(e)s de première ligne perçoivent-ils (elles) l’enjeu de la collecte de données fondées sur la race? Estiment-ils (elles) qu’une telle collecte de données est nécessaire? Ont-ils (elles) le sentiment qu’une telle collecte de données pourrait avoir un impact négatif sur leur carrière? Les données fondées sur la race produites par la police seront-elles de bonne ou de mauvaise qualité? Le type de données recueillies permettra-t-il une analyse approfondie de l’enjeu du profilage racial ou au contraire y fera-t-il obstacle? Malheureusement, au moment de l’achèvement du présent rapport (septembre 2021), le SPT n’a encore publié aucune des données fondées sur la race exigées par la Politique sur la collecte, l’analyse et la rédaction de rapports publics sur les données relatives à la race (Commission de services policiers de Toronto, 2019). De plus, comme nous l’expliquons ci-dessous, les projets de collecte de données sur les tactiques d’interpellation, de questionnement et de fouille de la police n’ont pas encore été finalisés. Ainsi, la dernière section du présent rapport sert à présenter une stratégie potentielle comprenant plusieurs méthodes visant à recueillir des données de grande qualité sur la question des pratiques policières biaisées sur le plan racial à Toronto.
Comme le suggère l’examen ci-dessus, aucune étude n’est parfaite. Le recours à différents types de méthodologies permet de présenter différents types de forces et de faiblesses. Les forces des études qualitatives (détails contextuels, information sur les répercussions émotives, etc.) diffèrent des forces des études quantitatives (échantillon de grande taille, reproductibilité, etc.). Par conséquent, les chercheur(-euse)s recommandent souvent une approche à méthodes multiples pour aborder des questions complexes comme les pratiques policières d’interpellation et de fouille. Cette stratégie est parfois appelée triangulation (voir Hammersley, 2008; Denzin et coll., 2006; Bryman, 2007). L’argument servi est qu’en utilisant plusieurs méthodes de recherche pour aborder un même sujet, nous sommes mieux en mesure de comprendre les réalités sociales.
De plus, si différentes méthodes de recherche ont tendance à produire les mêmes types de résultats, nous pouvons avoir davantage confiance en leur exactitude. Par exemple, les données tirées des sondages ainsi que les statistiques officielles de la police, y compris les données de plusieurs études menées à Toronto, indiquent que les personnes noires sont plus susceptibles d’être interpellées, questionnées et fouillées par la police que les personnes blanches, et ce, même si d’autres facteurs pertinents ont été pris en compte. Le fait que deux méthodes de recherche très différentes aient mené aux mêmes conclusions devrait nous convaincre que ces conclusions reflètent la réalité. De plus, les résultats obtenus à l’aide d’un type de méthode peuvent nous aider à comprendre les résultats d’une étude utilisant une stratégie de recherche totalement différente. Par exemple, les entrevues qualitatives nous aideront à comprendre les répercussions émotives du profilage racial et à expliquer les résultats obtenus dans le cadre des sondages, qui laissent entendre que les minorités raciales ont une opinion moins favorable de la police que les personnes blanches.
De plus, bien que la collecte de données officielles puisse nous aider à mesurer l’ampleur de la disproportion raciale dans les activités d’interpellation et de fouille de la police, les méthodes qualitatives peuvent nous aider à mieux comprendre les processus décisionnels de la police. Comme Tillyer et coll. (2010, p. 87) l’indiquent :
Les recherches futures devront peut-être aller au-delà de l’analyse quantitative et explorer les études qualitatives pour examiner les motivations sous-jacentes au processus décisionnel des agent[e]s. Cette autre approche ayant pour but d’examiner l’existence et l’étendue des pratiques policières fondées sur les préjugés nécessitera probablement de demander aux agent[e]s de décrire leur processus décisionnel au moyen d’entrevues ou de groupes de discussion .
À la lumière de ces constatations, nous recommandons que tous les services de police canadiens adoptent une approche reposant sur plusieurs méthodes de collecte de données fondées sur la race et de recherche concernant les questions de diversité et les initiatives de lutte contre le racisme. Il convient en outre de noter que la Politique sur la collecte et l’analyse de données relatives à la race, et la production de rapports publics de la CSPT (https://www.tpsb.ca/policies-by-laws/board-policies/177-race-based-data-collection-analysis-and-public-reporting) concorde en grande partie avec bon nombre des recommandations suivantes :
La sélection des chercheur(-euse)s constitue une étape importante. Idéalement, les représentant(e)s de la police et de la collectivité du comité de recherche devraient approuver la sélection des chercheur(-euse)s. S’il est impossible d’obtenir un consensus sur un(e) chercheur(-euse) ou une équipe de recherche, le comité devrait former une équipe de recherche composée à la fois de chercheur(-euse)s qui conviennent à la police et aux membres de la collectivité. La priorité devrait être accordée aux personnes noires et autochtones ainsi qu’aux autres chercheur(-euse)s de couleur possédant un vécu lié aux enjeux pertinents. Il faut faire preuve de prudence à l’égard des chercheur(-euse)s qui entretiennent des relations de longue date avec les organismes policiers. En effet, les critiques ont fait remarquer que certain(e)s chercheur(-euse)s « s’appuyant sur des données probantes », qui sont populaires auprès des représentant(e)s du gouvernement et de la police, entretiennent un préjugé favorable envers la police, car il leur assure l’accès aux données et aux contrats de recherche lucratifs.
De tels renseignements permettraient aux chercheur(-euse)s de déterminer si les personnes sont plus susceptibles d’être interpellées dans leur propre quartier ou lorsqu’elles se rendent dans d’autres secteurs de la ville. Par exemple, des données antérieures laissent entendre qu’aux États-Unis, les personnes noires sont plus susceptibles d’être interpellées lorsqu’elles se rendent dans des quartiers à prédominance blanche. Cette constatation correspond à l’hypothèse voulant qu’elles sont perçues comme n’étant « pas à leur place » (voir Meehan et Ponder, 2002). Bien sûr, le comité de recherche pourrait cibler d’autres renseignements devant être consignés[28].
Vu leur coût élevé, les analyses comparatives basées sur l’observation ne pourraient être menées en continu. Par conséquent, nous recommandons que des études comparatives basées sur l’observation soient menées périodiquement (p. ex., tous les deux à cinq ans) afin de compléter la collecte régulière de données sur les interpellations et les fouilles.
Il serait également impossible de réaliser des analyses comparatives dans tous les quartiers. Nous suggérons donc qu’une analyse comparative basée sur l’observation soit effectuée sur un échantillon aléatoire issu de quartiers du secteur de compétence à l’étude où les interpellations sont fréquentes.
Enfin, si possible, nous recommandons que le comité de recherche travaille avec les chercheur(-euse)s universitaires pour obtenir un financement externe dans le cadre de ces études secondaires d’analyse comparative.
De telles stratégies qualitatives pourraient également permettre de mesurer la sensibilisation du public aux efforts de collecte de données et aux résultats de recherche, et d’évaluer l’incidence de la recherche sur l’opinion publique. Comme nous l’avons vu, des méthodes qualitatives pourraient également être utilisées pour examiner l’incidence des politiques de lutte contre le profilage et de la collecte de données sur le moral des agent(e)s, de même que la façon dont ces politiques ont influencé le comportement des policier(-ière)s dans la rue. De plus, les entrevues et les groupes de discussion pourraient être utilisés pour enquêter sur la prise de décisions de la police et sur la façon dont la race et d’autres facteurs influencent — ou n’influencent pas — les mesures prises par la police dans l’exercice de ses fonctions de patrouille.
En conclusion, il apparaît clair que la collecte, par le SPT, de données de grande qualité fondées sur la race est nécessaire pour examiner à fond les activités d’interpellation, de questionnement et de fouille menées par la police, et évaluer l’efficacité des politiques de lutte contre le racisme du SPT. Au cours des dernières années, certains services de police se sont inspirés des modèles de grandes entreprises. Ils ont élaboré des « énoncés de mission » et des « plans d’affaires », et ont commencé à considérer le public comme leur clientèle. Il est difficile d’imaginer qu’une grande société élabore une politique importante sans également mettre en œuvre une stratégie pour évaluer l’efficacité de cette politique. Les services de police doivent faire de même. Sans une surveillance et une évaluation appropriées, la politique de lutte contre le racisme peut être perçue comme une simple façade. Ainsi, sans une surveillance adéquate, les relations que la police entretient avec les minorités raciales demeureront les mêmes au cours de la prochaine décennie.
Selon les renseignements fournis par la CODP, le service de police de Toronto devait
commencer à recueillir des données fondées sur la race en lien avec les contrôles routiers et piétonniers à partir du 1er janvier 2021. Toutefois, à ce stade, le SPT prévoit recueillir des données sur les interpellations qui donnent lieu à des avertissements écrits, des contraventions, des arrestations ou des accusations seulement. En d’autres termes, il prévoit recueillir des données uniquement sur les interpellations « réussies » qui mettent clairement en évidence une activité illégale. Si c’est le cas, cette stratégie est hautement inefficace, en plus de se révéler incohérente par rapport aux pratiques exemplaires en matière de recherche sur le profilage racial. Cette stratégie est également incohérente avec l’accent mis par le juge Tulloch sur l’élimination du « fichage ». Rappelons que le juge Tulloch définit le fichage comme des interpellations ou des interactions policières aléatoires ou arbitraires qui donnent lieu à la collecte de renseignements personnels sur des civil(e)s à des fins de renseignement policier. Il est clair que les interpellations policières qui aboutissent à des avertissements formels, des contraventions, des arrestations ou des accusations ne peuvent jamais être considérées comme des incidents de « fichage » parce que la justification de l’interpellation sur le plan juridique est transparente. En d’autres termes, bien que le SPT veuille éliminer le « fichage », il semble mettre au point une stratégie de collecte de données qui ne permettra en aucun cas de documenter les incidents de « fichage ».
Comme mentionné précédemment, un élément important de la recherche sur le profilage racial est la documentation de toutes les interpellations policières et des activités suivant l’interpellation (p. ex., les fouilles de véhicules, les fouilles corporelles, les résultats des affaires, etc.). Au cœur du débat sur le profilage racial se trouvent les affirmations selon lesquelles les personnes noires et les autres personnes racialisées sont plus susceptibles de faire l’objet d’interpellations et de fouilles policières inutiles ou non justifiées : des « recherches à l’aveuglette » fondées sur la race qui ne permettent que rarement de déceler des activités illégales. Des chercheur(-euse)s ont récemment soutenu qu’une stratégie permettant de révéler les préjugés raciaux consiste à analyser les taux de réussite fondés sur la race, soit la proportion de toutes les interpellations qui aboutissent à la détection d’une activité illégale.
Bien que les données canadiennes ne soient pas disponibles, les recherches américaines et britanniques (évoquées précédemment) nous indiquent que les pratiques policières d’interpellation, de questionnement et de fouille révèlent rarement des preuves directes d’activités criminelles. Les résultats de la recherche méritent d’être réitérés. Entre 2004 et 2012, le NYPD a mené environ 4 135 000 enquêtes sur les interpellations, les questionnements et les fouilles[29]. Ainsi, seulement 46 000 de ces interpellations, soit un faible 1,1 %, ont mené à la perquisition de produits de contrebande et seulement une interpellation sur mille (0,01 %) a mené à la perquisition d’une arme à feu illégale (voir Torres, 2015). L’Angleterre connaît une situation semblable. Comme l’ont documenté Bowling et Phillips (2007), en Angleterre et au pays de Galles, le taux d’interpellations policières par habitant des personnes noires est environ 6,5 fois plus élevé que celui des personnes blanches. Cependant, les données concernant les personnes noires et les personnes blanches sont presque identiques : chez les deux groupes, environ 1 % des interpellations permettent de détecter une activité illégale. Le fait que ces taux ne varient pas selon la race pourrait être interprété comme une absence de préjugés raciaux. Cependant, les données sur les résultats, combinées au taux d’interpellation et de fouille par habitant(e), mettent en lumière une autre réalité : chaque année, en Angleterre et au pays de Galles, les personnes noires innocentes sont 6,5 fois plus susceptibles que les personnes blanches innocentes de faire l’objet d’une interpellation et d’une fouille non nécessaires de la part de la police.
À ce stade, le SPT ne recueille pas de données fondées sur la race pour les interpellations policières qui ne donnent pas lieu à une action en justice, ce qui représente sans doute la majorité des interpellations policières. Une telle approche empêcherait la collecte de données sur les incidents de « fichage » et rendrait impossible l’analyse des taux de réussite fondés sur la race. En d’autres termes, les projets du SPT empêcheraient un examen adéquat de la question du profilage racial et ne feraient en fin de compte que semer davantage de confusion, provoquer des dénégations et entraîner des retards.
Comme mentionné précédemment, le SPT a initialement déclaré qu’il commencerait à recueillir des données sur les interpellations policières en janvier 2021. Cependant, dans une correspondance datée du 8 septembre 2021, le SPT indique clairement que la collecte de données sur les interpellations de police n’a toujours pas été lancée. La correspondance révèle que : « Le SPT travaille actuellement à mettre à jour la capacité de ses systèmes et le flux de travail des ressources afin de pouvoir recueillir les données sur les interpellations, y compris les contrôles routiers et piétonniers, ainsi que les recours à la force de
faible intensité. Ces domaines sont centraux pour assurer une collecte durable qui favorise l’obtention de renseignements solides et exploitables » . S’il veut mener une véritable lutte contre le profilage racial, le SPT doit recueillir des renseignements sur toutes les interpellations et les fouilles, en particulier celles qui n’aboutissent pas à la détection d’une activité illégale.
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[1] Il convient de souligner que le présent rapport vise les recherches impliquant le service de police de Toronto. Pour un examen d’autres recherches canadiennes et internationales en matière de profilage racial et de maintien de l’ordre biaisé sur le plan racial, veuillez consulter (Wortley, 2019).
[2] De nombreuses appellations ont été attribuées à la pratique policière consistant à consigner, à des fins de renseignement, des informations personnelles sur des civil(e)s recueillies lors d’interactions fondées sur des motifs non criminels. Le terme « fichage » provient de l’utilisation de « fiches de contact » ou « fiches 208 », en lien avec la consignation de renseignements sur les civil(e)s recueillis lors de situations n’ayant pas donné lieu à une arrestation ou à une accusation. Au fil des ans, cette pratique a été renommée « rapports de collecte d’informations sur le terrain », « contrôles de routine » et, plus récemment, « interactions réglementées ». Ainsi, la définition initiale du terme « fichage » est très semblable à celle des rapports de collecte d’informations sur le terrain et des contrôles de routine. Toutefois, le juge Tulloch a redéfini le « fichage » afin qu’il désigne les interactions aléatoires ou arbitraires et non pas toutes les situations au cours desquelles la police recueille des renseignements personnels.
[3] Il est également important de souligner que le profilage racial peut exister, même si les agent(e)s décident de ne pas consigner, à des fins de renseignement, les informations recueillies lors de situations liées aux interpellations, aux questionnements et aux fouilles (IQF). Même lorsqu’ils ne sont pas documentés, les incidents liés aux IQF ont une incidence sur les personnes et les collectivités.
[4] Bien que l’animosité raciale ait diminué en Amérique du Nord, elle est toujours présente. En fait, les recherches indiquent que les personnes qui entretiennent ouvertement des opinions racistes ou des sentiments d’animosité raciale sont beaucoup plus susceptibles d’appuyer des politiques plus sévères en matière de justice pénale (voir Brewer et coll., 2008). D’autres personnes ont fait valoir que le racisme manifeste n’a pas diminué autant que le laissent entendre les résultats de recherche. Ces critiques soutiennent que les personnes racistes sont tout simplement moins susceptibles d’exprimer publiquement leurs opinions en raison du changement de culture (voir Murakawa et Becket, 2010; Henry et Tator, 2005).
[5] En effet, la tendance des agent(e)s de police à considérer les allégations de profilage racial comme une accusation de racisme manifeste a mené certain(e)s chercheur(-euse)s à réclamer une modification du langage utilisé pour présenter la question. Par exemple, certains membres de la communauté scientifique ont proposé de remplacer le terme « profilage racial » par celui d’« interpellations disproportionnées », car ce dernier met davantage l’accent sur les données et l’impact communautaire que sur l’intention des agent(e)s (voir Paulhamus et coll., 2010, p. 249).
[6] Les pratiques policières proactives font référence à la surveillance policière ou aux comportements d’enquête — y compris les activités d’interpellation et de fouille de la police — dans le cadre desquelles les agent(e)s de police cherchent activement à cibler des infractions criminelles, des infractions au code de la circulation, des personnes ou des activités suspectes. En revanche, les interventions policières réactives sont celles qui surviennent en réponse à des appels de service précis.
[7] Les recherches démontrent que la population des collectivités à forte criminalité est plus susceptible d’être interpellée et fouillée que celle des collectivités à faible criminalité. Cependant, une analyse supplémentaire révèle que, dans les collectivités à forte criminalité, la population racialisée est plus susceptible d’être interpellée et fouillée par la police que la population blanche (voir Wortley et Owusu-Bempah, 2011).
[8] Il convient de noter que le modèle de déploiement des forces de l’ordre ne parvient pas à expliquer convenablement les conclusions de la recherche, qui suggèrent que la population civile racialisée est encore plus susceptible d’être interpellée et fouillée par la police si elle réside dans une collectivité à revenu élevé et à faible taux de criminalité — principalement des collectivités blanches — ou si elle se trouve dans ces collectivités (voir Meehan et Ponder, 2002).
[9] Pour un examen détaillé de la recherche sur le profilage racial à l’échelle internationale, voir Wortley, 2019a et 2019b. Cet examen, mené dans le cadre d’une enquête sur les pratiques de maintien de l’ordre biaisées sur le plan racial à Halifax, en Nouvelle-Écosse, porte sur la recherche britannique, américaine et canadienne. Il examine plus en détail les forces et les faiblesses relatives des cinq principales méthodes de recherche qui ont exploré cet enjeu.
[10] Toutes les différences raciales mises en évidence dans cette section du texte sont statistiquement significatives à p > 0,01.
[11] Dans le cadre d’une nouvelle analyse de l’étude menée en 2000, les résultats de l’échantillon de l’école secondaire ont été comparés à ceux d’un échantillon de plus de 300 jeunes de la rue dans la région de Toronto (voir Hayle, Wortley et Tanner, 2016). À nouveau, les résultats révèlent que les élèves noir(e)s du secondaire sont beaucoup plus susceptibles d’être interpellé(e)s et fouillé(e)s par la police que les élèves d’autres origines raciales, et ce, même après contrôle d’autres variables comme la participation à des activités criminelles et l’appartenance à des gangs. Les résultats indiquent en outre que les différences raciales sont plus importantes chez les étudiant(e)s présentant un faible niveau de criminalité, et plus faibles chez les personnes profondément impliquées dans des modes de vie déviants. Il est intéressant de noter que les différences raciales dans l’exposition aux activités de fouille et d’interpellation de la police ne sont pas statistiquement significatives chez les jeunes sans-abri de la rue. Toutefois, cette absence de différence raciale s’explique par le fait que l’ensemble des jeunes de la rue ont déclaré une participation à des niveaux extrêmement élevés de criminalité et beaucoup de temps passé dans des lieux publics. Il est probable que l’adoption de tels modes de vie déviants attire l’attention légitime de la police. Une fois de plus, cependant, les résultats ont confirmé que le profilage racial est plus susceptible de se manifester parmi les populations présentant un faible niveau d’activité criminelle. Il semble que le bon comportement protège les personnes blanches contre les enquêtes de la police plus qu’il ne protège les personnes noires, et que le fait d’avoir la peau noire attire l’attention de la police.
[12] La méthode d’enquête par sondage a également servi à documenter les expériences et les opinions des policier(-ière)s américain(e)s. Par exemple, un récent sondage mené auprès de la police en Virginie a révélé que 26 % des agent(e)s de police croient que les pratiques policières biaisées sur le plan racial sont courantes, et que cette opinion est plus largement partagée par les agent(e) noir(e)s que les agent(e)s blanc(he)s (Ioimo et coll., 2007). De même, la majorité des répondant(e)s d’un échantillon de policier(-ières)s noir(e)s du Wisconsin estimaient avoir été victimes de profilage racial à un moment donné de leur vie (voir Barlow et Barlow, 2002).
[13] Toutes les différences entre les sexes documentées à la figure 1 sont statistiquement significatives à p > 0,01.
[14] Il convient de souligner que le sondage mené par le Black Experience Project comporte certaines limites. Tout d’abord, comme le sondage ne prend en compte que les répondant(e)s qui se sont déclarés membres de la communauté noire, il ne permet pas de comparer les opinions et les expériences des personnes noires avec celles des personnes d’autres origines raciales. De plus, en ce qui concerne les interpellations de la police, le sondage ne portait que sur les expériences uniques. Aucune question n’a été posée sur les interpellations policières réalisées au cours de la dernière année. Par conséquent, il nous est impossible de déterminer dans quelle mesure les jeunes, en particulier les jeunes hommes noirs, font l’objet d’activités de surveillance policière. Néanmoins, les résultats de cette enquête concordent avec ceux d’autres enquêtes qui ont donné lieu à une analyse plus nuancée. En somme, les résultats de cette enquête mettent en évidence la cohérence des constatations issues de différentes sources de données. Les personnes noires sont touchées de façon disproportionnée par les activités d’interpellation, de questionnement et de fouille par la police.
[15] Entre 2008 et novembre 2013, le service de police de Toronto a rempli 2 026 258 fiches de contact ou rapports de collecte d’informations sur le terrain. Cependant, il manquait des renseignements sur la race des civil(e)s dans 179 328 cas (environ 9 % de l’échantillon). Ces cas ont été exclus de la présente analyse.
[16] La présente analyse se base sur les données du Recensement de 2006. Le Recensement de 2011 a été remplacé par une enquête non obligatoire auprès des ménages qui a été critiquée pour avoir produit des estimations inexactes de la population. Toutefois, il convient de souligner que l’utilisation des chiffres du Recensement de 2016 révèle des disparités raciales très semblables.
[17] Il convient de souligner que le nombre de contrôles de routine impliquant des personnes noires pourrait être sous-estimé. Par exemple, des éléments de preuve suggèrent que les personnes à la peau plus claire, qui s’identifient comme étant noires, étaient parfois qualifiées comme ayant la peau brune par les agent(e)s du SPT. La façon de qualifier la couleur de la peau différait également d’un(e) agent(e) à l’autre. Par exemple, au cours d’un contrôle de routine, un(e) agent(e) pourrait identifier une personne comme étant noire. Cependant, lors d’une interaction ultérieure, cette même personne pourrait être identifiée comme ayant la peau brune par un(e) autre agent(e). De plus, notre analyse révèle que la population somalienne, qui s’identifie généralement comme noire, a souvent été qualifiée comme ayant la peau brune par les agent(e)s du SPT.
[18] De toutes les interpellations, 55,5 % étaient pour motif d’enquête générale, 16,4 % étaient en lien avec la circulation, 5,3 % avec un véhicule et 3,7 % avec le flânage. En fait, les enquêtes générales ainsi que les interpellations liées à la circulation, aux véhicules et au flânage concernaient 81 % de toutes les fiches de contact pour l’ensemble de données de 2008. Les autres motifs ne représentaient que 19 % des interpellations enregistrées.
[19] Comme il a été mentionné ci-dessus, les personnes noires représentaient 8 % de la population de Toronto en 2008, mais étaient concernées par 24 % de toutes les interpellations en lien avec une fiche de contact et 24 % de toutes les interpellations effectuées à des fins d’enquête générale. Les personnes noires étaient aussi nettement surreprésentées dans les interpellations liées à la circulation (27 %), au flânage (30 %), à la drogue (26 %), à une intrusion (28 %), à des activités suspectes (25 %), au respect des conditions de mise en liberté sous caution (45,9 %), à des armes à feu (48,7 %), et à d’éventuelles activités de gangs de rue (62,1 %). En revanche, les personnes blanches représentent plus de 90 % des interpellations liées aux gangs de motards. Toutefois, il convient de souligner que seulement 182 des 289 413 interpellations enregistrées dans l’ensemble de données de 2008 (0,06 %) impliquaient des activités de gangs de motards présumées.
[20] Bien que les enquêtes de 1994 et de 2007 aient porté uniquement sur la population de Toronto, l’enquête de 2019 comprenait des résident(e)s de toute la région du Grand Toronto (ville de Toronto, régions de Peel, de Durham, Halton et de York).
[21] Voir Wortley, 2019b pour un examen plus détaillé de la littérature publiée à l’international sur le profilage racial par les forces de l’ordre. Ce document comprend un examen des données sur les contrôles routiers et diverses techniques d’analyse comparative qui ont été utilisées pour documenter les disparités raciales au sein des activités de surveillance policière.
[22] Même si les personnes noires ne représentent que 23 % de la population de la ville de New York, elles ont été la cible de plus de la moitié (52 %) des interpellations effectuées par le NYPD au cours de cette période. En revanche, les personnes blanches représentent 10 % de la population de la ville de New York et sont visées par 10 % des interpellations policières.
[23] Bien sûr, il est absurde de prétendre que l’on peut expliquer toutes les augmentations récentes du nombre d’homicides et de crimes commis avec une arme à feu à Toronto par l’élimination des contrôles de routine. Les criminologues reconnaissent que la criminalité est un phénomène très complexe et que les changements de comportement criminel reflètent une variété de facteurs sociaux et économiques, en plus des pratiques policières. Il convient également de souligner qu’à Toronto, le nombre d’homicides est passé de 96 en 2018 à 65 en 2019, et ce, malgré l’absence continue de contrôles de routine. Les chiffres de 2018 sur les homicides ont également été gonflés par un seul incident, soit l’attaque par fourgonnette sur la rue Yonge qui a fait 10 victimes. Il est très peu probable que cette attaque aurait pu être évitée par un contrôle de routine.
[24] Au moins une évaluation de grande qualité qui a été rendue publique.
[25] Ce fut le cas à Kingston, en Ontario. Bien qu’il s’agisse d’un service de police relativement petit, le service de police de Kingston recueille depuis des années des fiches de contact à des fins de renseignement. Par conséquent, pour mener à bien le projet pilote de Kingston sur les interpellations, seuls de petits changements au système actuel de fiches de contact — y compris l’ajout d’un champ pour indiquer la race — étaient nécessaires. De plus, dans le cadre du projet pilote, les agent(e)s devaient désormais remplir une fiche de contact pour toutes les interpellations et non seulement pour celles jugées importantes à des fins de renseignement.
[26] Nous sommes également tout à fait en désaccord avec l’argument de Melchers (2006) selon lequel les universitaires canadien(ne)s ne possèdent tout simplement pas les compétences quantitatives nécessaires pour analyser adéquatement les données sur les pratiques d’interpellations de la police. Melchers semble fonder ces conclusions sur un rapport de 1998 (rapport très controversé parmi les universitaires). Tout d’abord, depuis ce temps, les universités ont tenté d’accroître la formation quantitative des chercheur(-euse)s en sciences sociales. Ensuite, au cours de la dernière décennie, plusieurs Canadien(ne)s ont reçu leur formation dans des universités américaines qui proposent une approche très quantitative. Bon nombre de ces personnes enseignent maintenant dans des universités canadiennes et américaines. Enfin, de nombreux(-euses) universitaires américain(e)s souscrivant à une approche quantitative seraient tout à fait disposé(e)s à travailler avec des données canadiennes (dans la mesure où elles pourraient être utilisées à des fins de publication).
[27] Malheureusement, certain(e)s membres du public ont l’impression que les opinions des consultant(e)s privé(e)s peuvent être influencées par des considérations financières et les intérêts de leur clientèle.
[28] Une autre option serait de consigner uniquement les renseignements sur les interpellations effectuées dans le cadre d’une enquête ou celles qui impliquent le recours à la force, plutôt que sur tous les contrôles routiers effectués par la police. Par exemple, en Angleterre, et ce, depuis 1984, la police doit consigner les renseignements sur toutes les interpellations nécessitant une fouille. Elle est toutefois en voie d’instaurer un système qui consignera toutes les interpellations (Riley et coll., 2009). Comme mentionné précédemment, un système semblable a été établi à New York, dans lequel seules les interpellations comportant une fouille par palpation, une fouille, un recours à la force ou une détention sont consignées (Jones-Brown, 2010). Comme le fait remarquer Fridell (2004), cette approche présente une lacune en raison du fait qu’elle ne tient pas compte des opérations effectuées en invoquant de faux motifs (p. ex., les contrôles routiers qui visent en fait à enquêter sur d’autres infractions possibles).
[29] Même si les personnes afro-américaines ne représentent que 23 % de la population de la ville de New York, elles ont été la cible de plus de la moitié (52 %) des interpellations effectuées par le NYPD au cours de cette période. En revanche, bien que les personnes blanches représentent 10 % de la population de la ville de New York, elles n’ont été impliquées que dans 10 % des interpellations policières.
Scot Wortley et Ayobami Laniyonu
Centre de criminologie et d’études sociolégales
Université de Toronto
Préparé pour la Commission ontarienne des droits de la personne
Novembre 2022
Le présent document constitue un rapport complémentaire au rapport Un impact disparate publié par la Commission ontarienne des droits de la personne dans le cadre de leur enquête sur le racisme envers les personnes noires au sein du service de police de Toronto (SPT). Ce rapport complémentaire présente des données qui n’étaient pas disponibles lors de la préparation du rapport Un impact disparate : (https://www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Use%20of%20force%20by%20the%20Toronto%20Police%20Service%20Final%20report.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black — en anglais seulement).
Notre rapport initial sur le recours à la force (Wortley, Laniyonu et Laming, 2020) a révélé que, comparativement à leur présence dans la population générale, les personnes noires sont largement surreprésentées dans les cas de recours à la force qui impliquent le service de police de Toronto (SPT). En effet, nous avons constaté que cette surreprésentation concerne à la fois les cas de recours à la force ayant entraîné la mort de civil(e)s ou des blessures graves (comme en témoignent les enquêtes de l’UES) et les cas de recours à la force de faible intensité n’ayant pas entraîné de blessure qui justifierait un examen par l’UES (mesurés par une analyse des données tirées des rapports sur les blessures du SPT et des rapports généraux d’incidents)[2].
L’analyse comparative des données tirées de la population générale rend compte de l’impact global du recours à la force par la police sur les communautés racialisées. Certaines personnes soutiennent que la comparaison des données provenant des personnes d’origines raciales différentes avec celles de la population générale permet d’établir la probabilité que ces personnes soient amenées à interagir avec la police ou soient victimes d’un cas de recours à la force par la police. De plus en plus de chercheur(-euse)s reconnaissent que l’analyse comparative de données tirées du recensement constitue une première étape clé dans le processus de recherche, et qu’elle permet de documenter de façon efficace la mesure dans laquelle les groupes raciaux expérimentent différents types d’interactions avec la police. Par exemple, une étude récente du Home Office a conclu que : « Lorsqu’elles proviennent d’une zone géographique suffisamment large, les statistiques fondées sur les populations résidentes nous donnent une indication importante de la fréquence à laquelle les membres d’autres communautés ethniques sont interpellés et fouillés dans cette zone [traduction] » (MVA et Miller, 2000, p. 84). De même, Riley et ses collègues (2009, pp. 26-27) concluent que « les comparaisons fondées sur la population résidente conservent leur importance parce qu’elles illustrent l’expérience des différents groupes ethniques sans égard aux raisons pouvant expliquer les disparités. La disproportionnalité constitue un problème crucial pour le service de police parce que les preuves montrent que les pratiques policières négatives peuvent nuire à la confiance du public et parce que pour un individu, le fait d’être interpellé et fouillé a été associé à des niveaux moins élevés de satisfaction envers les services de police [traduction]. » Miller (2010) a également fait valoir que l’analyse comparative des données tirées du recensement est probablement la meilleure méthode pour documenter les disparités raciales au fil du temps (voir Miller, 2010). Benjamin Bowling et Coretta Phillips (2007) sont du même avis. En effet, après voir réalisé un examen des différentes stratégies d’analyse comparative utilisées dans la recherche sur le profilage racial, ces éminent(e)s chercheur(-euse)s britanniques ont conclu que :
À notre avis, la mesure la plus rigoureuse de la disproportion dans le recours aux pouvoirs d’interpellation et de fouille de la police, et celle qui repose sur le moins d’hypothèses, est le taux d’interpellation et de fouille par habitant […]. La question de la disponibilité ne constitue pas un argument en réponse à l’accusation selon laquelle les pratiques courantes ont un impact disproportionné sur les membres de groupes minoritaires; incitant ainsi le rapport The Stephen Lawrence Inquiry à qualifier le tout de « racisme institutionnel ». Le point le plus important est que le taux par habitant fournit, par définition, une estimation de l’expérience vécue par le groupe de population. Ainsi, dans un contexte géographique étendu comme celui du district de la police métropolitaine de Londres, ou de la police d’Angleterre et du pays de Galles réunies, les statistiques fondées sur les populations résidentes fournissent un indicateur important de la fréquence à laquelle les membres de différentes communautés ethniques sont effectivement interpellés et fouillés dans cette région. Comme l’ont dit sans détour les chercheur(-euse)s du Home Office, les taux d’interpellation et de fouille par habitant montrent clairement que le fait d’être une personne noire signifie être plus souvent interpellée [traduction] (Bowling et Phillips, 2007, pp. 952-953).
Nous croyons fermement qu’en ce qui a trait aux interpellations et aux fouilles policières, la logique utilisée pour justifier l’analyse comparative des données tirées du recensement peut être appliquée aux études sur le recours à la force par la police. Cependant, nous reconnaissons également que, bien que l’analyse comparative des données provenant de la population générale puisse mettre en évidence la surreprésentation ou la sous-représentation des personnes racialisées dans les statistiques sur le recours à la force, celles-ci n’expliquent pas complètement les disparités raciales. En d’autres termes, l’analyse comparative des données tirées de la population générale n’est pas la seule méthode qui permette de déterminer la « population à risque » d’être victime d’un recours à la force par la police. On pourrait faire valoir, par exemple, que les groupes raciaux ayant de nombreuses interactions avec la police sont plus à risque d’être victimes de violence policière que ceux qui en ont peu. On pourrait également énoncer que les personnes qui ont enfreint la loi — et qui sont visées par une arrestation — courent un risque particulièrement élevé de subir un recours à la force par la police. De plus, on a soutenu que les individus présentant des comportements délinquants à caractère violent (p. ex., ceux qui sont impliqués dans des arrestations pour crime violent) sont plus susceptibles de faire preuve de « résistance » avec la police, ce qui augmente les risques qu’ils soient exposés à des incidents de recours à la force par la police (voir Tregle, Nix et Alpert, 2019). C’est donc en gardant ces arguments à l’esprit que, dans cette section, nous élargissons notre analyse comparative initiale des données tirées de la population générale grâce à des points de repère qui documentent les différences raciales lors des interactions avec la police (contrôles de routine) et des arrestations.
À notre connaissance, au cours de la période à l’étude (du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017), le SPT n’a pas recueilli ni diffusé de données documentant les différences raciales lors des interactions avec la police. Par exemple, le SPT n’a pas publié de données sur les différences raciales en ce qui concerne les contrôles routiers, les contrôles piétonniers ou les appels de service. Ainsi, nous avons décidé d’utiliser les données relatives aux contrôles de routine du SPT recueillies entre 2008 et 2013 pour estimer les différences raciales dans les interactions avec la police[3].
Pendant l’élaboration de notre rapport initial, nous ne savions pas si le SPT avait compilé des statistiques sur la race et la criminalité ou s’il était disposé à le faire. Toutefois, à la suite de la publication de rapport Un impact disparate, la CODP a demandé au SPT des données relatives à l’origine raciale des personnes arrêtées et accusées de diverses infractions violentes et non violentes entre 2014 et 2017, et les a reçues.
Les données présentées dans le tableau A1 révèlent que les personnes noires sont largement surreprésentées dans les contrôles de routine et les interpellations du SPT. Bien qu’elles ne représentent que 8,8 % de la population générale de Toronto (selon le Recensement de 2016), les personnes noires ont été impliquées dans 22,8 % des contrôles de routine, 24,8 % des arrestations, 23,3 % des arrestations pour crime contre les biens, 27,6 % des arrestations pour crime violent, 38,6 % des arrestations pour voie de fait grave, 44,5 % des arrestations pour homicide, 42,3 % des arrestations pour tentative de meurtre et 51,6 % des arrestations pour des infractions en lien avec des armes à feu.
Il convient de noter que les arrestations pour violence grave sont assez rares. Par exemple, entre 2014 et 2017, le SPT a procédé à 110 218 arrestations parmi lesquelles seules 164 (0,1 %) concernaient des homicides. De même, sur l’ensemble des arrestations, seulement 0,2 % concernait des tentatives de meurtre, 0,8 % des voies de fait graves et 2,2 % des infractions en lien avec des armes à feu.
Le présent rapport complémentaire ne vise pas à fournir une explication approfondie de la surreprésentation des personnes noires dans les statistiques sur les arrestations. Toutefois, comme nous l’avons mentionné dans notre rapport précédent, la plupart des criminologues conviennent qu’il s’agit probablement d’une combinaison de préjugés raciaux au sein du système de justice pénale et de taux plus élevés de délinquance « de rue » (voir Wortley et Jung, 2020). Les préjugés raciaux contribuent de différentes façons aux disparités raciales dans les statistiques sur les arrestations. D’abord, les personnes noires font souvent l’objet d’une surveillance policière plus étroite que les personnes blanches. Par exemple, de nombreuses études révèlent que les personnes noires sont largement surreprésentées lors des interpellations et les fouilles réalisées par la police. En raison des pratiques de surveillance policière discriminatoires, les personnes noires et autres personnes racialisées sont plus susceptibles d’être appréhendées — puis arrêtées — pour avoir enfreint la loi que les personnes blanches qui adoptent exactement le même comportement. La recherche indique également que, lorsqu’elles sont prises à commettre une activité illégale, les personnes noires sont plus susceptibles d’être accusées d’un crime par la police que de recevoir un avertissement ou se voir offrir de participer à des programmes de déjudiciarisation. Comme l’ont souligné Goff et ses collègues dans leur rapport intitulé The Science of Justice :
Malheureusement, il est impossible de prendre une mesure réelle de la criminalité au sein d’une population, et l’estimation la plus proche est problématique. Les données sur les arrestations, qui fournissent l’estimation la plus proche de l’activité criminelle au sein d’une population (sans observation directe), sont compromises par la nature même des individus qui procèdent aux arrestations. C’est-à-dire que, parce que c’est la police qui arrête les gens et que nous craignons que la police agisse de manière partiale lorsqu’elle a recours à la force, il est fort probable que les données sur les arrestations soient biaisées de la même façon que les données sur le recours à la force. L’analyse comparative des données sur le recours à la force durant une arrestation sous-estime probablement le niveau de biais qu’on retrouve dans le recours à la force par la police [traduction] (Goff et coll., 2016, p. 5).
Néanmoins, nous ne pouvons écarter la possibilité qu’une partie des disparités raciales en matière de recours à la force soit liée aux différences raciales dans le comportement délinquant. Comme le démontre l’enquête ontarienne Roots of Youth Violence Inquiry (McMurtry et Curling, 2008), les taux plus élevés de délinquance chez la population canadienne noire et autochtone peuvent être attribués au colonialisme et à l’institution de l’esclavage. Ces processus historiques ont entraîné un racisme systémique, un traumatisme multigénérationnel et une inégalité raciale contemporaine. Par conséquent, la population canadienne noire est plus susceptible de vivre dans des collectivités défavorisées et de subir les impacts du chômage, de la pauvreté, d’un capital social limité, de l’aliénation sociale et du désespoir. Un grand nombre de recherches en criminologie révèle que ces facteurs sont étroitement liés à la criminalité. Il est également important de noter que, bien que les personnes noires puissent être statistiquement surreprésentées dans certaines catégories de crimes du SPT — y compris la violence armée — la grande majorité des personnes noires respectent les lois. Malgré le spectre du racisme et de l’inégalité, la plupart des personnes noires font preuve de résilience et n’enfreignent jamais la loi. Cette majorité ne mérite pas de faire l’objet d’un profilage basé sur les actions d’un petit nombre de délinquant(e)s noir(e)s. Nous reviendrons sur cette question à la fin de cette section.
Conformément à la stratégie utilisée dans nos rapports précédents, les rapports de cotes ont été mesurés à l’aide de différents groupes de référence pour déterminer la représentation des personnes noires dans les cas de recours à la force par le SPT. Les rapports de cotes ont été calculés en divisant le pourcentage de tous les cas de recours à la force impliquant des personnes noires par leur représentation en pourcentage dans chaque critère. Un rapport de cotes se rapprochant de 1,00 indique que les personnes noires ne sont ni surreprésentées ni sous-représentées dans les cas de recours à la force. Un rapport de cotes inférieur à 1,00 révèle que les personnes noires sont sous-représentées dans les incidents impliquant le recours à la force. Un rapport de cotes supérieur à 1,00 signale que les personnes noires sont surreprésentées dans les cas de recours à la force. Par exemple, un rapport de cotes de 2,00 indiquerait que les personnes noires sont deux fois plus impliquées dans les cas de recours à la force par le SPT que dans le groupe de référence à l’étude. En revanche, un rapport de cotes de 0,50 signifierait que les personnes noires sont 50 % moins représentées dans les cas de recours à la force que ce que le laisserait présager leur représentation au sein de la population de référence.
Comme nous l’avons mentionné dans notre rapport précédent, il n’existe pas de niveau établi pour déterminer si la disproportion raciale (sous-représentation ou surreprésentation d’un groupe racial donné par rapport à un résultat social spécifique) doit susciter l’inquiétude. Toutefois, aux fins de la présente étude, nous avons utilisé un seuil relativement élevé de 50 %. En d’autres termes, pour la présente analyse, nous utiliserons un rapport de cotes de 1,50 ou plus pour déterminer si la surreprésentation des personnes noires dans les cas de recours à la force par le SPT est significative ou non. Nous discuterons parfois de la notion de disparité raciale « considérable » (notamment en utilisant le terme « largement »). Aux fins du présent rapport, il existe une disparité raciale considérable lorsque le niveau de surreprésentation est de 200 % ou plus (comme le révèle un rapport de cotes de 3,00 ou plus).
Comme indiqué dans nos rapports précédents, les données présentées dans le tableau A2 démontrent que, comparativement à leur présence dans la population générale de Toronto, les personnes noires sont fortement surreprésentées dans les cas de recours à la force du SPT documentés entre le 1er janvier 2013 et le 30 juin 2017[4]. Par exemple, comparativement à leur présence dans la population générale, les personnes noires sont 3,27 fois plus susceptibles d’être impliquées dans une enquête de l’UES sur le recours à la force, 4,09 fois dans une enquête de l’UES sur des coups de feu, 4,42 fois dans un cas de recours à la force de faible intensité, 6,99 fois dans un car de recours à la force par le SPT ayant entraîné la mort de civil(e)s, et 7,95 fois dans un décès lié à des coups de feu du SPT (voir le tableau A2 ci-dessous).
Nous avons ensuite comparé les incidents impliquant le recours à la force aux contrôles de routine réalisés par le SPT entre 2008 et 2013. Cette autre méthode d’analyse comparative révèle que les personnes noires demeurent surreprésentées dans les statistiques sur le recours à la force par le SPT. En effet, les personnes noires sont largement surreprésentées dans les incidents impliquant le recours à la force de faible intensité (rapport de cotes = 1,71), les enquêtes de l’UES sur les coups de feu (rapport de cotes = 1,58) et les incidents impliquant le recours à la force par le SPT ayant entraîné la mort de civil(e)s (rapport de cotes = 2,69). En outre, en utilisant les contrôles de routine comme point de repère, on constate que les personnes noires sont encore largement surreprésentées dans les décès causés par des coups de feu du SPT (rapport de cotes = 3,07). Il importe toutefois de souligner qu’un utilisant les contrôles de routine comme points de repère, nous avons obtenu des ratios de cotes inférieurs à ceux de la population générale. Cette constatation suggère que des taux plus élevés d’interactions avec la police peuvent contribuer à expliquer la surreprésentation des personnes noires dans les statistiques sur le recours à la force par le SPT. Ces résultats concordent également avec d’autres conclusions du rapport qui suggèrent que, comparativement aux cas impliquant des personnes blanches, les incidents comportant un recours à la force à l’endroit d’une personne noire sont plus susceptibles d’impliquer des pratiques policières proactives (p. ex., des contrôles routiers). Dans l’ensemble, ces conclusions coïncident avec l’argument selon lequel le profilage racial contribue à la surreprésentation des personnes noires dans les incidents impliquant le recours à la force en augmentant le nombre d’interactions négatives et involontaires entre la police et les résident(e)s noir(e)s. En effet, plus le nombre d’interactions négatives et involontaires est élevé, plus la probabilité que certains cas se transforment en incident impliquant le recours à la force par la police augmente.
Nous avons ensuite comparé les cas de recours à la force par le SPT aux statistiques d’arrestations du SPT. Comme pour les contrôles de routine, cette méthode d’analyse comparative produit des rapports de cotes plus faibles que les points de repère de la population générale. Cependant, même lorsque le critère des arrestations est utilisé, les personnes noires demeurent largement surreprésentées dans les incidents impliquant le recours à la force de faible intensité (rapport de cotes = 1,57), les enquêtes de l’UES sur les décès (rapport de cotes = 2,48) et les décès par balle causés par le SPT (rapport de cotes = 2,82). Les personnes noires sont également surreprésentées en ce qui concerne les fusillades du SPT (rapport de cotes = 1,45) et les enquêtes sur le recours à la force de l’UES (rapport de cotes = 1,16), mais le rapport de cotes est inférieur au seuil critique de 1,50 utilisé dans la présente étude. Dans l’ensemble, la surreprésentation des personnes noires dans les statistiques d’arrestation du SPT ne peut expliquer celle que l’on retrouve dans les incidents impliquant le recours à la force par le SPT.
Par la suite, les incidents impliquant le recours à la force par le SPT ont été comparés aux arrestations du SPT pour crime contre les biens. Les résultats sont très similaires à ceux obtenus avec le critère des arrestations totales. L’utilisation du critère des crimes contre les biens révèle une surreprésentation considérable des personnes noires dans les incidents impliquant le recours à la force de faible intensité (rapport de cotes = 1,67), les enquêtes de l’UES sur les coups de feu (rapport de cotes = 1,54), les enquêtes de l’UES sur les décès (rapport de cotes = 2,64) et les décès par balle causés par le SPT (rapport de cotes = 3,00). Toutefois, la surreprésentation des personnes noires dans les enquêtes de l’UES sur le recours à la force est inférieure au seuil critique de 1,50 établi pour la présente étude.
Suivant l’exemple récent de chercheur(-euse)s américain(e)s (Tregle et coll., 2019), nous avons ensuite comparé les incidents impliquant le recours à la force par le SPT aux arrestations du SPT pour crime violent. Il convient de noter que lorsque Tregle et ses collègues (2019) ont comparé les fusillades mortelles impliquant des agent(e)s américain(e)s avec les arrestations pour crime violent aux États-Unis, l’équipe a constaté que les citoyen(ne)s noir(e)s étaient moins susceptibles d’être abattu(e)s par la police que leurs homologues blanc(he)s. Ce n’est pas le cas avec le SPT. En effet, en utilisant les arrestations pour crime violent du SPT comme point de repère, on constate que les personnes noires demeurent 2,23 fois plus susceptibles d’être impliquées dans un incident mortel impliquant le recours à la force par le SPT et 2,54 fois plus susceptibles d’être impliquées dans une fusillade mortelle impliquant un(e) agent(e) de police[5]. De plus, en utilisant les arrestations pour crime violent comme point de repère, on observe que les personnes noires sont également surreprésentées dans les incidents impliquant le recours à la force de faible intensité par le SPT (rapport de cotes = 1,41) et les enquêtes de l’UES sur des coups de feu (rapport de cotes = 1,30). Cependant, ces rapports de cotes n’atteignent pas le seuil critique de 1,50 établi pour cette étude.
Même lorsque les arrestations pour violence « grave » sont utilisées comme critère, les personnes noires affichent une surreprésentation considérable dans les fusillades mortelles du SPT. Par exemple, lorsque le critère des arrestations pour voie de fait grave est utilisé, les personnes noires sont encore 1,81 fois plus susceptibles d’être impliquées dans une fusillade mortelle impliquant un(e) agent(e) de police. Lorsque nous utilisons le critère des arrestations pour tentative de meurtre, les personnes noires demeurent 1,65 fois plus susceptibles d’être abattues par un(e) agent(e) du SPT. Enfin, le critère des arrestations pour homicide démontre que les personnes noires sont 1,57 fois plus susceptibles d’être atteintes par des coups de feu mortels de la part de la police.
Le seul point de repère pour lequel la surreprésentation des personnes noires ne se révèle pas considérable concerne les arrestations pour des infractions liées aux armes à feu (voir le tableau A2). En utilisant ce critère, on constate que les personnes noires ne sont que 1,36 fois plus susceptibles d’être impliquées dans une fusillade mortelle du SPT. Ce rapport de cotes est inférieur au seuil critique de 1,50 établi pour cette étude. De plus, le critère des arrestations liées aux armes à feu révèle que les personnes noires sont sous-représentées, tant dans les incidents impliquant le recours à la force de faible intensité (rapport de cotes = 0,75) que dans les enquêtes de l’UES sur le recours à la force (rapport de cotes = 0,55).
Il convient de souligner qu’en raison du très petit nombre de cas de « violence grave », l’utilisation de ce critère pour évaluer les incidents impliquant le recours à la force peut se révéler problématique sur le plan statistique. Par exemple, entre 2014 et 2017, le SPT n’a procédé qu’à 164 arrestations pour homicide (41 par année), 281 arrestations pour tentative de meurtre (70 par année), 911 arrestations pour voie de fait grave (228 par année) et 2 469 arrestations pour des infractions liées aux armes à feu (617 par année). En revanche, au cours de cette même période, le SPT a procédé à un total de 110 218 arrestations (27 554 par année), dont 43 245 pour crime violent (10 811 par année). D’après ces chiffres, les points de repère relatifs aux arrestations totales et aux arrestations pour crime violent sont probablement beaucoup plus stables que ceux en lien avec la « violence grave » (c.-à-d. les homicides, les tentatives de meurtre, les voies de fait graves et les infractions liées aux armes à feu).
L’analyse présentée ci-dessus révèle que les pratiques en matière d’analyse comparative des contrôles de routine et des arrestations réduisent — sans les éliminer — la surreprésentation des personnes noires dans les incidents impliquant le recours à la force par le SPT. En d’autres termes, même en tenant compte de la proportion d’arrestations de suspect(e)s noir(e)s, les personnes noires restent largement surreprésentées dans les incidents impliquant le recours à la force par le SPT, y compris les coups de feu tirés par la police et les décès par balle. Nous sommes d’avis que ces constatations fournissent une preuve supplémentaire que les préjugés raciaux contribuent aux disparités raciales dans le recours à la force par le SPT. Comme l’ont déclaré Goff et ses collègues :
Toutefois, si un service devait démontrer des disparités raciales dans l’application de la force même en contrôlant les taux d’arrestation, cela justifierait de s’y arrêter. Si cette tendance se maintenait dans différents services, elle jetterait également le doute sur l’idée que les disparités au sein des comportements criminels expliquent les disparités en matière de recours à la force. Dans cette optique, l’analyse comparative des taux de recours à la force par la police durant les arrestations peut s’avérer un exercice avantageusement conservateur (sujet à de faux négatifs, le cas échéant) quant à la présence de préjugés au sein du service malgré le problème de l’endogénéité.
Néanmoins, les résultats révèlent également que plus la catégorie des arrestations est grave, moins la surreprésentation des personnes noires est importante. Certaines personnes pourraient interpréter ces conclusions comme une « preuve » que c’est un « comportement criminel grave » et non la race qui explique pourquoi les personnes noires sont plus susceptibles d’être impliquées dans des cas de recours à la force par le SPT. Une telle interprétation des données ne doit être envisagée qu’avec grande prudence. En effet, au niveau agrégé, les associations entre les statistiques sur les arrestations et celles sur le recours à la force divergent de façon significative des renseignements fournis dans les dossiers individuels.
Par exemple, le fait que les personnes noires soient surreprésentées dans les statistiques d’arrestations du SPT peut être interprété à tort comme une preuve que les personnes noires qui sont impliquées dans des cas de recours à la force par la police possèdent un lourd casier judiciaire comprenant des crimes violents et sont donc « reconnues comme dangereuses » lors des interactions avec la police. Cependant, entre 2013 et 2017, 55,6 % des personnes noires impliquées dans les enquêtes de l’UES sur le recours à la force n’avaient aucun antécédent criminel. De plus, le fait que les personnes noires soient surreprésentées dans les arrestations liées à des armes à feu peut donner l’impression que les personnes noires impliquées dans les cas de recours à la force par le SPT étaient généralement en possession d’une arme à feu au moment de l’incident, mais ce n’est pas le cas. En effet, les données indiquent qu’entre 2013 et 2017, les deux tiers des personnes noires concernées par des enquêtes de l’UES n’étaient pas armées lors de l’incident impliquant le recours à la force. Seulement 8,3 % d’entre elles étaient en possession d’une arme à feu. Une analyse plus approfondie révèle que, parmi les incidents impliquant le recours à la force par le SPT ayant été documentés par cette étude — y compris les cas de recours à la force de faible intensité —, très peu impliquaient une tentative d’arrestation pour une infraction grave avec violence, comme l’homicide, la tentative de meurtre, les voies de faits graves ou la possession d’armes à feu.
Comment expliquer le fait que, bien que les personnes noires soient surreprésentées dans les arrestations du SPT pour crimes violents, la plupart de personnes noires impliquées dans des cas de recours à la force par le SPT n’étaient pas armées au moment de l’incident et n’avaient pas de casier judiciaire? Il est possible que, même si la violence grave demeure assez rare à Toronto, les agent(e)s de police savent que les hommes noirs sont surreprésentés dans de tels cas. Cette prise de conscience peut découler de l’exposition à des statistiques relatives aux arrestations fondées sur la race, aux représentations négatives d’hommes noirs dans les médias, ou à la transmission de récits informels au sein de la sous-culture policière. La sensibilisation des agent(e)s à la surreprésentation des hommes noirs dans les crimes violents peut en amener certain(e)s à considérer toutes les personnes noires comme potentiellement dangereuses[6]. Par conséquent, les agent(e)s peuvent entretenir des craintes ou faire preuve d’hypervigilance dans leurs interactions avec la population noire. Cette peur ou cette hypervigilance peut amener certain(e)s agent(e)s à interpréter les incidents impliquant des personnes noires comme « plus dangereux » et justifiant donc le recours à la force. En résumé, les données appuient l’argument selon lequel les stéréotypes raciaux peuvent contribuer à expliquer la surreprésentation des personnes noires dans les incidents impliquant le recours à la force. Cet argument est également appuyé par l’analyse des données de 2020 sur le recours à la force réalisée par le service de police de Toronto. Cette analyse démontre en outre la surreprésentation des personnes noires dans les incidents impliquant le recours à la force par le SPT, et le fait que cette surreprésentation ne peut s’expliquer par d’autres facteurs comme l’âge, le sexe, la nature des interactions avec la police, les statistiques d’arrestation ou la possession d’armes. Par exemple, conformément à l’argument de la crainte et des stéréotypes fondés sur la race, l’analyse du SPT révèle qu’en 2020, ses agent(e)s étaient 2,3 fois plus susceptibles de pointer une arme à feu sur une personne noire non armée que sur une personne blanche non armée (service de police de Toronto, 2022).
Dans la section suivante de ce rapport complémentaire, nous poursuivons notre examen de la question en fournissant une analyse multivariée qui documente davantage l’association entre les caractéristiques relatives aux zones de patrouille, les statistiques d’arrestations fondées sur la race, les contrôles de routine et les incidents impliquant le recours à la force.
TABLEAU A1 : Représentation des personnes noires dans les contrôles de routine du SPT (2008-2013) et les statistiques sur les arrestations (2014-2017), par type de crime
Type de point de repère |
Nombre total |
Nombre impliquant des personnes noires |
Pourcentage impliquant des personnes noires |
Rapport de cotes |
Contrôles de routine |
2 026 258 |
461 468 |
22,8 % |
2,59 |
Arrestations totales |
110 218 |
27 314 |
24,8 % |
2,82 |
Arrestations pour crime contre les biens |
50 093 |
11 664 |
23,3 % |
2,65 |
Arrestations pour crime violent |
43 245 |
11 940 |
27,6 % |
3,14 |
Arrestations pour voies de fait graves |
911 |
352 |
38,6 % |
4,39 |
Arrestations pour homicide |
164 |
73 |
44,5 % |
5,06 |
Arrestations pour tentative de meurtre |
281 |
119 |
42,3 % |
4,81 |
Arrestations pour des infractions liées aux armes à feu |
2 469 |
1 275 |
51,6 % |
5,87 |
TABLEAU A2 : Représentation des personnes noires dans les cas de recours à la force par le SPT entre 2013 et 2017,
par type de point de repère
Point de repère |
Recours à la force de faible intensité |
Enquêtes de l’UES sur le recours à la force |
Enquêtes de l’UES sur les fusillades |
Enquêtes de l’UES sur les décès |
Enquêtes de l’UES sur les décès par balle |
Population générale |
4,42 |
3,27 |
4,09 |
6,99 |
7,95 |
Contrôles de routine (2008-2013) |
1,71 |
1,26 |
1,58 |
2,69 |
3,07 |
Arrestations totales |
1,57 |
1,16 |
1,45 |
2,48 |
2,82 |
Arrestations pour crime contre les biens |
1,67 |
1,24 |
1,54 |
2,64 |
3,00 |
Arrestations pour crime violent |
1,41 |
1,04 |
1,30 |
2,23 |
2,54 |
Arrestations pour voie de fait grave |
0,99 |
0,66 |
0,93 |
1,59 |
1,81 |
Arrestations pour homicide |
0,87 |
0,57 |
0,81 |
1,38 |
1,57 |
Arrestations pour tentative de meurtre |
0,92 |
0,68 |
0,85 |
1,45 |
1,65 |
Arrestations pour des infractions liées aux armes à feu |
0,75 |
0,55 |
0,70 |
1,19 |
1,36 |
Les résultats de l’analyse multivariée présentée dans le rapport principal portaient sur la comparaison des incidents impliquant le recours à la force avec la prévalence de la population de chaque groupe racial dans les zones de patrouille du SPT. Comme il a été mentionné dans le rapport principal, ces modèles visaient principalement à déterminer si les disparités raciales observées dans les probabilités d’une personne d’être victime du recours à la force par la police persistaient après avoir contrôlé les effets indépendants des caractéristiques globales relatives aux zones de patrouille. Rappelons que les caractéristiques relatives aux zones de patrouille, comme les taux de crimes violents ou les taux de pauvreté, peuvent avoir une incidence sur les probabilités qu’une personne soit impliquée dans un cas de recours à la force (voir la section B du rapport principal). Comme nous l’avons expliqué dans la partie A du présent rapport complémentaire, ces analyses se fondaient sur des repères démographiques, qui rendent compte de l’incidence globale du recours à la force par la police sur les communautés racialisées.
Toutefois, les points de repère de la population générale peuvent, comme nous l’avons vu plus haut, ne pas mesurer parfaitement la population susceptible d’être victime du recours à la force par la police. Prenons l’exemple suivant. Supposons que, dans le cadre des politiques de la police, tous les enfants de moins de 12 ans — quelle que soit leur race — ne courent aucun risque d’être victime d’un recours à la force. Si les jeunes de moins de 12 ans représentent une plus grande proportion de la population noire que de la population blanche, les mesures de la disparité basées sur la population pour les personnes noires seront biaisées à la baisse ou sous-estimeront le risque pour une personne noire d’être victime d’un recours à la force. Cela s’explique par le fait que la population noire risquant d’être victime d’un recours à la force est moins importante que ce que suppose le point de repère, et que la force est davantage concentrée au sein des individus qui sont réellement exposés au risque. De même, si les personnes noires adoptent des comportements illégaux à des taux plus élevés que les personnes blanches — et attirent ainsi légitimement l’attention de la police —, alors les points de repère de disparité basés sur la population générale peuvent être biaisés à la hausse ou faire en sorte de surestimer les disparités raciales.
Puisque les données administratives de la police ne permettent pas de déterminer la population réelle susceptible d’être victime d’un cas de recours à la force par la police (voir KNOX, Lowe et Mummolo, 2019; KNOX et Mummolo, 2020), certaines personnes recommandent d’estimer les disparités en matière de recours à la force en se basant sur plusieurs points de repère potentiels (voir l’analyse dans la partie A). Encore une fois, les recherches antérieures portent sur trois méthodologies, soit les points de repère fondés sur la population générale, ceux fondés sur les interactions avec la police et ceux fondés sur les arrestations. Les mesures fondées sur les interactions comparent le recours à la force par la police aux taux d’interactions avec la police de différentes populations. Ces dernières sont généralement estimées au moyen de sondages réalisés auprès de la population générale, de rapports d’interactions avec la police (contrôle de routine) ou d’appels de service. Les mesures fondées sur la criminalité comparent les taux de recours à la force aux taux d’arrestation pour comportement criminel de différents groupes.
À ce stade, nous notons que les points de repère fondés sur les interactions et ceux fondés sur les arrestations peuvent sous-estimer les disparités raciales dans le recours à la force par la police (KNOX, Lowe et Mummolo, 2019). Comme nous l’avons vu, si les agent(e)s de police font preuve de discrimination dans leurs décisions d’interpeller, de fouiller ou d’arrêter un individu — par exemple, en interpellant ou en accusant de façon disproportionnée des personnes noires, ou en enquêtant plus souvent sur elles — cela augmentera la taille de la population noire jugée à risque d’être impliquée dans un cas de recours à la force par la police et réduira ainsi la probabilité estimée pour une personne noire d’être impliquée dans un cas de recours à la force. En d’autres termes, le biais racial aura pour effet de faire augmenter le dénominateur dans un rapport de risques estimé, biaisant ainsi à la baisse l’estimation du risque global. Un nombre considérable de documents (résumés dans le rapport principal) suggèrent que les pratiques d’interpellation et d’arrestation de la police canadienne sont teintées de préjugés raciaux, et donc que les mesures des disparités raciales fondées sur les interactions et les arrestations seront biaisées à la baisse. Comme nous l’avons mentionné, à Toronto, les personnes noires sont largement surreprésentées dans les contrôles de routine et les arrestations du SPT. Cette surreprésentation est presque certainement une conséquence, du moins en partie, des préjugés raciaux entretenus par les agent(e)s du SPT. Dans l’ensemble, cela signifie que l’analyse comparative des contrôles de routine et des arrestations devrait être considérée comme une estimation prudente des disparités raciales.
Cela dit, nous présentons ci-dessous les résultats d’une série de modèles binomiaux négatifs qui : 1) comparent les taux de recours à la force contre les personnes noires, les personnes blanches et les autres Torontois(es) avec les taux d’arrestation pour chaque groupe; 2) comparent les taux de recours à la force avec les taux d’interaction avec la police pour chaque groupe, tels que mesurés par les rapports de collecte d’informations sur le terrain (contrôles de routine)[7]. Autrement dit, nous estimons si les taux de recours à la force sont disproportionnés par rapport aux taux d’arrestation ou d’interaction avec la police des membres de chaque groupe. Ces modèles tiennent également compte des caractéristiques des zones de patrouille qui peuvent avoir une incidence sur les risques qu’une personne soit impliquée dans un cas de recours à la force (voir la section B du rapport principal). Afin de tenir compte du rôle potentiel de la perception des agent(e)s de police quant au danger présent dans la zone de patrouille, la marginalisation économique, et la position désavantageuse ou le désordre social du quartier dans les risques pour une personne d’être impliquée dans un cas de recours à la force, nous prenons en considération les taux de crimes violents dans les zones de patrouille, le revenu médian des ménages et la proportion des ménages dirigés par une mère seule dans chaque zone de patrouille.
Dans l’ensemble, les résultats de cette analyse concordent avec ceux présentés dans le rapport principal. Toutefois, quelques mises en garde s’imposent. Nous constatons que la population torontoise noire demeure beaucoup plus susceptible d’être impliquée dans un cas de recours à la force que la population torontoise blanche, et que les autres minorités racialisées le sont moins que la population torontoise blanche, et ce, même lorsque les points de repères utilisés concernent les taux d’interaction avec la police et les taux d’arrestation propre à la race. L’estimation de ces modèles quant au risque relatif que la population torontoise noire soit impliquée dans un cas de recours à la force est toutefois plus faible que celle du rapport principal. De plus, nous n’avons soulevé aucune différence significative sur le plan statistique entre le risque encouru par la population torontoise noire et la population torontoise blanche d’être impliquée dans un cas de recours à la force à l’intérieur même du bassin de population des individus arrêtés pour crimes violents.
Nous analysons également séparément les disparités dans les cas de recours à la force qui donnent lieu à des enquêtes de l’UES et les cas de recours à la force de faible intensité. Ici, nous constatons que la population torontoise noire est plus susceptible d’être victime d’un cas de recours à la force de faible intensité lorsque les taux d’interaction avec la police et les taux d’arrestation propres à la race sont fixés comme points de repère. Le fait que la surreprésentation des personnes noires dans les incidents impliquant le recours à la force de faible intensité persiste même lorsque nous employons ces deux points de repère — plus conservateurs — renforce notre conclusion que les personnes noires sont effectivement surreprésentées dans ce type de recours à la force. Les résultats des modèles portant spécifiquement sur les cas de recours à la force qui donnent lieu à des enquêtes de l’UES tendent à indiquer une disparité, mais une disparité qui n’atteint pas le seuil de signification statistique. Dans l’ensemble, les résultats présentés dans ce rapport complémentaire soulignent toujours l’implication injustifiée et disparate de la population torontoise noire dans les cas de recours à la force par le SPT.
Les tableaux B1, B2 et B3 présentent les résultats des analyses qui comparent le recours à la force pour chaque groupe racial au nombre total d’interactions avec la police des membres de ce groupe racial. Bien que ces interactions ne soient pas nécessairement associées à un acte criminel et qu’elles ne conduisent pas toujours à une arrestation, elles peuvent servir de mesure pour les interactions avec la police. Nos estimations des interactions avec la police propres à la race proviennent des données tirées des rapports de collecte d’informations sur le terrain (FIR) du SPT, communément appelés « contrôles de routine », produits entre 2008 et 2013. Au moment de la rédaction du présent rapport, les interactions avec la police propres à la race après 2013 n’étaient pas disponibles. Cependant, les données collectées pendant cette période peuvent servir de mesure pour les taux d’interaction avec la police propres à la race entre 2014 et 2017 (voir l’analyse à la section A).
Comme dans le rapport principal, nous rapportons les résultats de notre modèle final — le modèle 5 — en tenant compte, simultanément, de plusieurs caractéristiques relatives à la zone de patrouille, y compris le taux de crimes violents (enregistré), le revenu médian du ménage (enregistré) et la proportion de ménages dirigés par une mère seule dans la zone de patrouille. Les résultats présentés dans le tableau B1 suggèrent qu’en considérant les taux d’interaction avec la police et le contrôle de ces caractéristiques relatives à la zone de patrouille, la population noire de Toronto est 1,59 fois plus susceptible d’être impliquée dans un cas de recours à la force donnant lieu à une enquête de l’UES que la population blanche de Toronto lorsque les interactions avec la police pour lesquelles un rapport de collecte d’informations sur le terrain du SPT est produit font office de points de repère ou de population à risque d’être victime d’un cas de recours à la force. Selon le même critère, les autres minorités racialisées semblent être légèrement moins exposées au risque d’être impliquées dans un tel incident, mais les résultats ne sont pas significatifs sur le plan statistique.
Tableau B1 : Variables explicatives de l’ensemble des cas de recours à la force à Toronto par race et par facteurs relatifs à la zone de patrouille avec, comme point de repère, les interactions avec la police propres à la race
(du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017)
Modèle 1 |
Modèle 2 |
Modèle 3 |
Modèle 4 |
Modèle 5 |
|
Race (la race blanche faisant office de groupe de référence) |
|||||
Personnes noires |
1,61 |
1,59 |
1,58 |
1,60 |
1,59 |
Autre minorité raciale |
0,94 |
0,94 |
0,94 |
0,94 |
0,94 |
Facteurs relatifs à la zone de patrouille |
|||||
Taux de crimes violents (enr.) |
1,78 |
1,60 |
|||
Revenu médian du ménage (enr.) |
0,42 |
0,53 |
|||
% des ménages dirigés par une mère seule |
1,00 |
0,98 |
|||
Remarque : Modèles binomiaux négatifs pour les cas de recours à la force de faible intensité dans les zones de patrouille de Toronto. Les intervalles de crédibilité de 95 % sont indiqués entre parenthèses. L’impact de la race est fonction du groupe de référence de la population blanche. Les valeurs des cellules donnent l’effet d’une modification d’unité sur les probabilités de recours à la force. Les valeurs en gras sont celles où les intervalles de crédibilité de 95 % ne chevauchent pas 1. Les données sur les cas de recours à la force importante couvrent la période du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017. Les données pour les cas de recours à la force de faible intensité couvrent la période du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017. |
Les tableaux B2 et B3 estiment respectivement les disparités raciales dans les dossiers de l’UES et les cas de recours à la force de faible intensité. Dans le tableau B2, bien que nous estimions que la population torontoise noire est plus susceptible d’être impliquée dans un cas de recours à la force que la population torontoise blanche lorsque les individus ayant eu des interactions avec la police font office de point de repère, les résultats ne sont pas significatifs sur le plan statistique. De même, en utilisant le même point de repère, nous n’observons pas de différence significative sur le plan statistique entre le risque que d’autres minorités racialisées soient victime d’un incident impliquant le recours à la force par rapport à la population torontoise blanche.
Tableau B2 : Variables explicatives des dossiers de l’UES à Toronto par race et
par facteurs relatifs à la zone de patrouille avec, comme point de repère, les interactions propres à la race
(du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017)
Modèle 1 |
Modèle 2 |
Modèle 3 |
Modèle 4 |
Modèle 5 |
|
Race (la race blanche faisant office de groupe de référence) |
|||||
Personnes noires |
1,26 |
1,23 |
1,24 |
1,28 |
1,28 |
Autre minorité raciale |
0,94 |
0,94 |
0,93 |
0,94 |
0,95 |
Facteurs relatifs à la zone de patrouille |
|||||
Taux de crimes violents (enr.) |
1,30 |
1,25 |
|||
Revenu médian du ménage (enr.) |
0,86 |
0,76 |
|||
% des ménages dirigés par une mère seule |
0,98 |
0,97 |
|||
Remarque : Modèles binomiaux négatifs des dossiers de l’UES dans les zones de patrouille de Toronto. Les intervalles de crédibilité de 95 % sont indiqués entre parenthèses. L’impact de la race est fonction du groupe de référence de la population blanche. Les valeurs des cellules donnent l’effet d’une modification d’unité sur les probabilités de recours à la force. Les valeurs en gras sont celles où les intervalles de crédibilité de 95 % ne chevauchent pas 1. |
En revanche, nous estimons dans le tableau B3 que la population torontoise noire est largement (1,71 fois) plus susceptible d’être victime d’un cas de recours à la force de faible intensité par la police lorsque la population qui entretient des interactions avec la police fait office de point de repère. Bien que nous estimons que les autres minorités racialisées sont légèrement moins à risque de subir un recours à force de faible intensité que la population torontoise blanche (toujours en utilisant le même point de repère), cette estimation ne se révèle pas significative sur le plan statistique.
Tableau B3 : Variables explicatives des cas de recours à la force de faible intensité à Toronto par race et par facteurs relatifs à la zone de patrouille avec, comme point de repère, les interactions avec la police propres à la race
(du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017)
Modèle 1 |
Modèle 2 |
Modèle 3 |
Modèle 4 |
Modèle 5 |
|
Race (la race blanche faisant office de groupe de référence) |
|||||
Personnes noires |
1,74 |
1,71 |
1,72 |
1,73 |
1,71 |
Autre minorité raciale |
0,92 |
0,91 |
0,91 |
0,91 |
0,91 |
Facteurs relatifs à la zone de patrouille |
|||||
Taux de crimes violents (enr.) |
2,08 |
1,79 |
|||
Revenu médian du ménage (enr.) |
0,28 |
0,46 |
|||
% des ménages dirigés par une mère seule |
1,01 |
0,98 |
|||
Remarque : Modèles binomiaux négatifs pour les cas de recours à la force de faible intensité dans les zones de patrouille de Toronto. Les intervalles de crédibilité de 95 % sont indiqués entre parenthèses. L’impact de la race est fonction du groupe de référence de la population blanche. Les valeurs des cellules donnent l’effet d’une modification d’unité sur les probabilités de recours à la force. Les valeurs en gras sont celles où les intervalles de crédibilité de 95 % ne chevauchent pas 1. |
Ensemble des infractions criminelles
Les tableaux B4, B5 et B6 montrent les résultats obtenus lors de la comparaison entre le recours à la force et les personnes arrêtées pour des infractions criminelles. Pour les cas de recours à la force qui donnent lieu à une enquête de l’UES, nous comparons le nombre total d’arrestations pour chaque groupe racial dans chaque zone de patrouille, de 2014 à 2017[8]. Étant donné que les données sur les cas de recours à la force de faible intensité couvrent la période de juillet 2016 à juin 2017, nous avons établi comme point de repère le nombre moyen d’arrestations pour chaque groupe dans chaque zone de patrouille en 2016 et 2017. Lors de l’analyse des disparités pour tout niveau de force confondu, le nombre total d’arrestations entre 2014 et 2017 a servi de point de repère.
Le tableau B4 regroupe tous les cas de recours à la force. Les résultats du modèle 5 suggèrent que la population torontoise noire est environ 1,27 fois plus susceptible de subir une forme quelconque de force que la population torontoise blanche, lorsque les personnes arrêtées pour une infraction criminelle font office de point de repère ou de population à risque d’être impliquée dans un cas de recours à la force. Nous estimons également que, en utilisant le même point de repère, les autres populations torontoises racialisées sont 50 % moins susceptibles d’être victimes d’un incident impliquant le recours à la force que la population torontoise blanche.
Tableau B4 : Variables explicatives de l’ensemble des cas de recours à la force à Toronto par race et par facteurs relatifs à la zone de patrouille avec, comme point de repère, les arrestations
(du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017)
Modèle 1 |
Modèle 2 |
Modèle 3 |
Modèle 4 |
Modèle 5 |
|
Race (la race blanche faisant office de groupe de référence) |
|||||
Personnes noires |
1,28 |
1,26 |
1,26 |
1,27 |
1,27 |
Autre minorité raciale |
0,51 |
0,50 |
0,50 |
0,50 |
0,50 |
Facteurs relatifs à la zone de patrouille |
|||||
Taux de crimes violents (enr.) |
1,60 |
1,42 |
|||
Revenu médian du ménage (enr.) |
0,42 |
0,54 |
|||
% des ménages dirigés par une mère seule |
1,01 |
0,99 |
|||
Remarque : Modèles binomiaux négatifs des dossiers de l’UES dans les zones de patrouille de Toronto. Les intervalles de crédibilité de 95 % sont indiqués entre parenthèses. L’impact de la race est fonction du groupe de référence de la population blanche. Les valeurs des cellules donnent l’effet d’une modification d’unité sur les probabilités de recours à la force. Les valeurs en gras sont celles où les intervalles de crédibilité de 95 % ne chevauchent pas 1. |
Les tableaux B5 et B6 analysent séparément les dossiers de l’UES et les cas de recours à la force de faible intensité. Les résultats du tableau B4 suggèrent que la population torontoise noire n’est que légèrement plus à risque que son homologue blanche de subir un recours à la force donnant lieu à une enquête de l’UES, lorsque la population arrêtée est fixée comme point de repère, mais le résultat n’est pas significatif sur le plan statistique. Toutefois, l’utilisation de ce critère indique que les autres groupes minoritaires racialisés sont 48 % moins susceptibles d’être impliqués dans un cas de recours à une force importante que la population torontoise blanche.
Tableau B5 : Variables explicatives des dossiers de l’UES à Toronto par race
et par facteurs relatifs à la zone de patrouille avec,
comme point de repère, les arrestations
(du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017)
Modèle 1 |
Modèle 2 |
Modèle 3 |
Modèle 4 |
Modèle 5 |
|
Race (la race blanche faisant office de groupe de référence) |
|||||
Personnes noires |
1,02 |
1,02 |
1,02 |
1,03 |
1,04 |
Autre minorité raciale |
0,52 |
0,52 |
0,52 |
0,52 |
0,52 |
Facteurs relatifs à la zone de patrouille |
|||||
Taux de crimes violents (enr.) |
1,17 |
1,11 |
|||
Revenu médian du ménage (enr.) |
0,80 |
0,69 |
|||
% des ménages dirigés par une mère seule |
0,99 |
0,98 |
|||
Remarque : Modèles binomiaux négatifs des dossiers de l’UES dans les zones de patrouille de Toronto. Les intervalles de crédibilité de 95 % sont indiqués entre parenthèses. L’impact de la race est fonction du groupe de référence de la population blanche. Les valeurs des cellules donnent l’effet d’une modification d’unité sur les probabilités de recours à la force. Les valeurs en gras sont celles où les intervalles de crédibilité de 95 % ne chevauchent pas 1. |
Cependant, dans le tableau B6, nous estimons que la population torontoise noire est environ 1,35 fois plus à risque de subir un recours à la force de faible intensité que son homologue blanche, lorsque la population arrêtée est définie comme la population exposée au risque de recours à la force. Ces résultats sont significatifs sur le plan statistique. De même, par rapport à l’estimation présentée au tableau B5, nous estimons que les autres minorités racialisées de Toronto sont 46 % moins susceptibles d’être impliquées dans un cas de recours à la force que la population torontoise blanche.
Tableau B6 : Variables explicatives des cas de recours à la force de faible intensité à Toronto par race et par facteurs relatifs à la zone de patrouille avec les arrestations comme point de repère
(du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017)
Enfin, les tableaux B7, B8 et B9 présentent les résultats de modèles binomiaux négatifs dans lesquels les arrestations pour crime violent font office de point de repère. Comme précédemment, lorsque nous analysons les cas de recours à la force de l’UES, nous comparons le nombre total d’arrestations pour crime violent de chaque groupe racial dans chaque zone de patrouille, entre 2014 et 2017. Lorsque nous analysons le recours à la force de faible intensité, nous utilisons le nombre moyen d’arrestations pour crime violent en 2016 et 2017. Pour analyser les disparités entre tous les niveaux de force, nous avons établi comme point de repère le nombre total d’infractions criminelles entre 2014 et 2017.
Le tableau B7 présente les résultats de l’analyse des disparités, toute forme de force confondue, avec comme point de repère les arrestations pour crime violent. Ici, alors que nous estimons que la population noire de Toronto est légèrement plus susceptible d’être victime d’un cas de recours à la force (tous niveaux de force confondus) que la population blanche de Toronto, les résultats ne sont pas significatifs sur le plan statistique. En ce qui a trait aux autres minorités raciales, celles-ci sont 50 % moins à risque d’être impliquées dans un cas de recours à la force (tous niveaux de force confondus) que la population torontoise blanche, lorsque le point de repère concerne les arrestations pour crime violent. Les résultats sont significatifs sur le plan statistique.
Tableau B1 : Variables explicatives des dossiers de l’UES à Toronto par race
et par facteurs relatifs à la zone de patrouille avec les arrestations pour crime violent comme point de repère
(du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017)
Modèle 1 |
Modèle 2 |
Modèle 3 |
Modèle 4 |
Modèle 5 |
|
Race (la race blanche faisant office de groupe de référence) |
|||||
Personnes noires |
1,14 |
1,13 |
1,13 |
1,14 |
1,13 |
Autre minorité raciale |
0,50 |
0,50 |
0,50 |
0,50 |
0,50 |
Facteurs relatifs à la zone de patrouille |
|||||
Taux de crimes violents (enr.) |
1,89 |
1,68 |
|||
Revenu médian du ménage (enr.) |
0,35 |
0,50 |
|||
% des ménages dirigés par une mère seule |
1,01 |
0,98 |
|||
Remarque : Modèles binomiaux négatifs des dossiers de l’UES dans les zones de patrouille de Toronto. Les intervalles de crédibilité de 95 % sont indiqués entre parenthèses. L’impact de la race est fonction du groupe de référence de la population blanche. Les valeurs des cellules donnent l’effet d’une modification d’unité sur les probabilités de recours à la force. Les valeurs en gras sont celles où les intervalles de crédibilité de 95 % ne chevauchent pas 1. |
Le tableau B2 présente les résultats propres aux dossiers de l’UES et suggère que la population torontoise noire est légèrement moins exposée au risque de subir un recours à la force que son homologue blanche, lorsque les arrestations pour infractions violentes font office de point de repère. Toutefois, les résultats ne sont pas distinguables de zéro d’un point de vue statistique. Nous estimons toutefois que les autres groupes minoritaires racialisés sont environ 49 % moins susceptibles d’être impliqués dans un cas de recours à la force donnant lieu à une enquête de l’UES, lorsque nous comparons ces incidents impliquant le recours à la force aux taux d’arrestations pour crime violent.
Tableau B2 : Variables explicatives des dossiers de l’UES à Toronto par race
et par facteurs relatifs à la zone de patrouille avec les arrestations pour crime violent comme point de repère
(du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017)
Modèle 1 |
Modèle 2 |
Modèle 3 |
Modèle 4 |
Modèle 5 |
|
Race (la race blanche faisant office de groupe de référence) |
|||||
Personnes noires |
0,91 |
0,90 |
0,89 |
0,92 |
0,92 |
Autre minorité raciale |
0,52 |
0,51 |
0,51 |
0,51 |
0,51 |
Facteurs relatifs à la zone de patrouille |
|||||
Taux de crimes violents (enr.) |
1,39 |
1,32 |
|||
Revenu médian du ménage (enr.) |
0,68 |
0,69 |
|||
% des ménages dirigés par une mère seule |
0,99 |
0,97 |
|||
Remarque : Modèles binomiaux négatifs des dossiers de l’UES dans les zones de patrouille de Toronto. Les intervalles de crédibilité de 95 % sont indiqués entre parenthèses. L’impact de la race est fonction du groupe de référence de la population blanche. Les valeurs des cellules donnent l’effet d’une modification d’unité sur les probabilités de recours à la force. Les valeurs en gras sont celles où les intervalles de crédibilité de 95 % ne chevauchent pas 1. |
Enfin, le tableau B3 présente les résultats qui portent sur les incidents impliquant le recours à la force de faible intensité. Encore une fois, bien que nous estimions qu’en comparaison aux arrestations pour crimes violents — et en tenant compte de diverses caractéristiques des zones de patrouille —, la population noire de Toronto est légèrement plus susceptible de subir un recours à la force de faible intensité que son homologue blanche, les résultats de cette analyse ne se révèlent pas significatifs sur le plan statistique. Nous considérons cependant que les autres minorités racialisées sont environ 50 % moins à risque de subir un recours à la force de faible intensité que la population torontoise blanche, lorsque nous comparons ces incidents en lien avec le recours à la force à l’implication dans les arrestations pour crime violent.
Tableau B9 : Variables explicatives des cas de recours à la force de faible intensité à Toronto selon la race et les facteurs relatifs à la zone de patrouille avec, comme point de repère, les arrestations pour crime violent
(du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017)
Modèle 1 |
Modèle 2 |
Modèle 3 |
Modèle 4 |
Modèle 5 |
|
Race (la race blanche faisant office de groupe de référence) |
|||||
Personnes noires |
1,24 |
1,20 |
1,21 |
1,23 |
1,21 |
Autre minorité raciale |
0,50 |
0,50 |
0,50 |
0,50 |
0,50 |
Facteurs relatifs à la zone de patrouille |
|||||
Taux de crimes violents (enr.) |
2,23 |
1,93 |
|||
Revenu médian du ménage (enr.) |
0,27 |
0,42 |
|||
% des ménages dirigés par une mère seule |
1,00 |
0,98 |
|||
Remarque : Modèles binomiaux négatifs pour les cas de recours à la force de faible intensité dans les zones de patrouille de Toronto. Les intervalles de crédibilité de 95 % sont indiqués entre parenthèses. L’impact de la race est fonction du groupe de référence de la population blanche. Les valeurs des cellules donnent l’effet d’une modification d’unité sur les probabilités de recours à la force. Les valeurs en gras sont celles où les intervalles de crédibilité de 95 % ne chevauchent pas 1. |
Nos résultats montrent que lorsque les interactions avec la police et les arrestations sont utilisées pour estimer la population exposée au risque d’être impliquée dans un cas de recours à la force par la police, la population noire de Toronto fait face à un risque plus élevé que son homologue blanche, tandis que les autres minorités racialisées sont exposées à un risque moindre. Toutefois, nous n’observons pas les différences raciales significatives lorsque nous comparons étroitement les incidents impliquant un recours à la force aux arrestations pour infraction violente, ou lorsque nous examinons spécifiquement les incidents impliquant un recours à la force donnant lieu à des enquêtes de l’UES.
Comme prévu, l’ampleur de la disparité estimée entre les populations noire et blanche en comparant les incidents impliquant un recours à la force aux arrestations et aux interactions avec la police est plus faible que lorsque la population générale fait office de point de repère. Encore une fois, il s’agit probablement d’une conséquence — du moins en partie — des pratiques d’interpellation et d’arrestations biaisées sur le plan racial qu’adoptent les agent(e)s du SPT. L’interférence des préjugés raciaux dans les décisions en matière d’interpellation et d’arrestation a pour effet de gonfler le dénominateur utilisé pour calculer les rapports de risque et donc, de biaiser à la baisse le risque estimé que les personnes noires subissent un cas de recours à la force. Il peut également s’agir d’une conséquence de la participation différentielle à des comportements et des activités qui entraînent le recours à la force par la police. À l’imagine du rapport principal, nous constatons également que le recours à la force devient généralement plus probable lorsque les crimes violents sont plus nombreux. Malgré la lutte contre les crimes violents et d’autres facteurs relatifs aux zones de patrouille, notre conclusion générale est que les disparités raciales persistent et demeurent préoccupantes. Autrement dit, elles soulignent l’implication injustifiée et disparate de la population torontoise noire dans les cas de recours à la force, qui peuvent affecter le bien-être mental et physique des individus, la légitimité du service de police, la réussite scolaire des enfants et la confiance de la population dans le gouvernement.
Notre rapport précédent (Wortley et Jung, 2020) a démontré que, comparativement à leur présence dans la population générale de Toronto, les personnes noires sont largement surreprésentées dans les infractions routières « hors de vue ». Ces infractions comprennent les accusations de conduite sans permis, de conduite avec un permis suspendu, de conduite sans assurance et de conduite sans immatriculation valide. Ces infractions sont souvent qualifiées d’infractions « hors de vue » parce que, contrairement aux infractions pour excès de vitesse ou autres pratiques de conduite illégales, elles ne peuvent pas être observées par les agent(e)s depuis la rue ou les véhicules de patrouille. Ce n’est que pendant un contrôle routier qu’elles peuvent être relevées. Les spécialistes soutiennent que la surreprésentation des personnes noires dans les accusations pour infraction routière hors de vue fournit des preuves supplémentaires de l’interférence des préjugés raciaux et du profilage racial lorsqu’il est question d’interpeller une personne, de la questionner ou d’enquêter sur elle. Ainsi, les différences raciales dans les infractions de la route « hors de vue » — particulièrement celles qui ne s’accompagnent pas d’autre infraction visible (comme l’excès de vitesse) — reflètent le pouvoir discrétionnaire de la police en matière de surveillance et d’enquête proactive (Harris, 2003; Wortley et Tanner, 2003). Conformément aux disparités raciales observées dans les données de contrôles de routine du SPT, les personnes noires sont possiblement surreprésentées dans les contrôles routiers « aléatoires », par rapport aux personnes blanches (voir Foster et Jacobs, 2018). En fin de compte, une plus grande exposition aux contrôles routiers « aléatoires » constitue une forme de biais racial qui augmente la probabilité que des personnes noires soient accusées d’avoir commis une infraction routière « hors de vue ». Puisque, dès le départ, elles sont moins susceptibles d’être arrêtées par la police au volant de leur voiture, les personnes blanches sont également moins susceptibles de se faire arrêter pour une infraction de la route « hors de vue » que leurs homologues noires.
Le tableau C1 documente la représentation des personnes noires dans les infractions routières « hors de vue » à l’aide de groupes de référence provenant de la population générale. Ces données ont été présentées dans notre rapport précédent. Les résultats indiquent que, bien qu’elles ne représentent que 8,8 % de la population de Toronto, les personnes noires ont été accusées de 35,2 % des infractions de la route hors de vue documentées par le SPT entre 2013 et 2017. Cela signifie que les personnes noires ont une probabilité d’être impliquées dans une infraction routière hors de vue quatre fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population. De plus, le taux d’accusations hors de vue des personnes noires (1 194 pour 100 000 personnes) est 4,9 fois supérieur au taux des personnes blanches (244 pour 100 000 personnes) et 6,9 fois supérieur au taux des autres minorités raciales (174 pour 100 000 personnes).
Les chercheur(-euse)s, les défenseur(euse)s de la collectivité ainsi que les agent(e)s de police ont tou(te)s identifié que, lorsqu’il s’agit de comparer les activités de conduite, les estimations de la population générale comportent des limites et devraient être complétées par des estimations de la population réelle de conducteur(-trice)s. Ainsi, pour répondre à ces préoccupations, nous nous appuyons sur les données du Recensement canadien de 2016 qui indiquent le nombre de résident(e)s de Toronto qui se rendent au travail en voiture, en camion ou à bord d’autres types de véhicule automobile personnel. Les estimations des trajets domicile-travail peuvent être considérées comme supérieures aux repères démographiques, car elles tiennent mieux compte de la population qui conduit (c.-à-d. les personnes qui ont l’âge légal de conduire et qui ont accès à un véhicule automobile). Les points de repère des trajets domicile-travail peuvent également englober des personnes qui conduisent beaucoup et qui sont donc plus à risque d’être interceptées par la police en voiture. Cependant, ces points de repère comportent aussi leurs limites. Par exemple, ces chiffres ne tiennent pas compte des personnes qui se rendent au travail à pied ou en transport en commun, mais qui utilisent fréquemment une voiture à des fins récréatives. Ils ne prennent pas non plus en considération les personnes qui ont accès à des véhicules automobiles, mais qui n’occupent pas d’emploi, y compris les personnes à la retraite, au chômage ou au foyer. Les estimations des trajets domicile-travail ne tiennent pas compte non plus des jeunes qui peuvent conduire pour se rendre à l’école secondaire, au collège ou à l’université, ou qui conduisent souvent à des fins de loisirs. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé d’autres points de repère pour la population de conducteur(-trice)s de Toronto qui pouvaient être déclinés en fonction de l’origine raciale de la personne au volant.
Le tableau C2 compare les infractions routières « hors de vue » à la population de Toronto qui se rend au travail en véhicule automobile. L’utilisation de ce point de repère en lien avec la conduite révèle que la surreprésentation des personnes noires est encore plus importante dans les infractions de la route hors de vue. Par exemple, bien qu’elles ne représentent que 6,9 % de la population torontoise qui se rend au travail en véhicule automobile, les personnes noires ont été impliquées dans 35,2 % de toutes les infractions de la route hors de vue documentées par le SPT entre 2013 et 2017. Cela signifie que les personnes noires ont une probabilité d’être impliquées dans les infractions routières hors de vue 5,1 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans la population de conducteur(-trice)s. Ainsi, le rapport de cotes documentant la représentation des personnes noires dans les accusations pour une infraction routière hors de vue passe de 4,00 (point de repère de la population générale) à 5,10 (point de repère de la conduite). De plus, le taux d’infractions hors de vue chez les personnes noires (7 182 pour 100 000 personnes) est 6,8 fois supérieur à celui des personnes blanches (1 054 pour 100 000 personnes) et 8,1 fois supérieur à celui des autres minorités raciales (889 pour 100 000 personnes).
TABLEAU C1 : Total des accusations pour des infractions routières hors de vue, par race de civil(e)s, service de police de Toronto, du 5 novembre 2013 au 31 juillet 2017
(point de repère : population générale de 2016)
Groupe racial |
Estimation de la population |
Pourcentage de la population |
Nombre d’accusations |
Pourcentage d’accusations |
Rapport de cotes |
Taux d’accusation (pour 100 000) |
Personnes blanches |
1 322 656 |
48,4 |
3 230 |
39,7 |
0,82 |
244,2 |
Personnes noires |
239 850 |
8,8 |
2 864 |
35,2 |
4,00 |
1 194,1 |
Autres minorités |
1 169 065 |
42,8 |
2 035 |
25,0 |
0,58 |
174,1 |
TOTAL |
2 731 571 |
100,0 |
8 129 |
100,0 |
1,00 |
297,6 |
TABLEAU C2 : Total des accusations pour des infractions routières hors de vue, par race de civil(e)s, service de police de Toronto, du 5 novembre 2013 au 31 juillet 2017
(point de repère : recensement de 2016 de la population torontoise qui utilise un véhicule automobile pour se rendre au travail)
Groupe racial |
Population qui se rend travail en conduisant |
Pourcentage de la population |
Nombre d’accusations |
Pourcentage d’accusations |
Rapport de cotes |
Taux d’accusation (pour 100 000) |
Personnes blanches |
306 380 |
53,3 |
3 230 |
39,7 |
0,74 |
1 054,2 |
Personnes noires |
39 875 |
6,9 |
2 864 |
35,2 |
5,10 |
7 182,4 |
Autres minorités |
229 005 |
39,8 |
2 035 |
25,0 |
0,63 |
888,6 |
TOTAL |
575 260 |
100,0 |
8 129 |
100,0 |
1,00 |
1 413,1 |
Les tableaux C3 comparent les infractions routières hors de vue aux estimations de la population générale ventilées à la fois par race et par sexe. L’analyse comparative de la population générale révèle que les hommes noirs sont largement surreprésentés dans les infractions routières hors de vue. Bien qu’ils ne représentent que 4,0 % de la population de Toronto, ils ont été impliqués dans 30,1 % de toutes les infractions de la route hors de vue relevées par le SPT entre 2013 et 2017. Cela signifie que les hommes noirs ont une probabilité d’être impliqués dans une infraction routière hors de vue qui est 7,5 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population. En revanche, selon les estimations de la population générale, les femmes noires ne sont ni surreprésentées ni sous-représentées dans les infractions routières hors de vue. Elles représentent 4,8 % de la population de Toronto et 5,2 % des personnes accusées d’une infraction routière hors de vue (rapport de cotes = 1,08).
Le tableau C4, quant à lui, compare les infractions routières hors de vue aux estimations du recensement de la population de conducteur(-trice)s de Toronto ventilées par race et par sexe. Les résultats indiquent que les hommes noirs demeurent largement surreprésentés dans les infractions routières hors de vue, quelle que soit la méthode d’analyse comparative utilisée. Les hommes noirs sont encore 7,5 fois plus susceptibles d’être impliqués dans une infraction de la route hors de vue qu’ils ne sont présents dans la population générale des personnes qui conduisent. Également, le taux d’accusation des hommes noirs (10 596 pour 100 000 personnes) demeure 6,8 fois supérieur au taux des hommes blancs (1 547 pour 100 000 personnes) et 8,7 fois supérieur à celui des autres minorités raciales (1 214 pour 100 000 personnes).
Ainsi, bien que l’utilisation du critère de conduite n’a aucune incidence sur la représentation des hommes noirs dans les infractions routières hors de vue, ce n’est pas le cas pour celle des femmes noires. Comme nous l’avons vu, lorsque nous utilisons le critère de la population générale, les femmes noires ne sont pas surreprésentées dans ce type d’infractions. Cependant, lorsque nous utilisons le critère de la conduite, les femmes noires deviennent largement surreprésentées (voir tableau C4). Bien qu’elles ne représentent que 2,9 % de la population de conducteur(-trice)s de Toronto, les femmes noires ont été impliquées dans 5,2 % de toutes les infractions routières hors de vue documentées par le SPT entre 2013 et 2017. Cela signifie que les femmes noires ont une probabilité d’être impliquées dans les infractions routières hors de vue 1,8 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population. En outre, le taux d’accusation des femmes noires pour des infractions hors de vue (2 498 pour 100 000) est maintenant 6,9 fois plus élevé que celui des femmes blanches (361 pour 100 000) et 8,1 fois plus élevé que celui des femmes appartenant aux autres minorités raciales (309 pour 100 000). En fait, en utilisant le critère de la population qui conduit, le taux d’accusation des femmes noires pour des infractions hors de vue (2 498 pour 100 000) est 1,6 fois plus élevé que celui des hommes blancs (1 547 pour 100 000) et 2,1 fois plus élevé que celui des hommes d’autres minorités (1 214 pour 100 000).
En somme, lorsque nous utilisons une estimation de la population de conducteur(-trice)s de Toronto comme point de repère, les personnes noires demeurent largement surreprésentées dans les accusations du SPT pour des infractions routières hors de vue. En fait, la surreprésentation des personnes noires — en particulier des femmes noires — augmente lorsque nous utilisons le critère de la conduite par opposition au critère de la population générale. Ces résultats concordent avec les statistiques policières et les données d’enquête qui suggèrent que les personnes noires sont beaucoup plus susceptibles d’être interpellées et questionnées par les agent(e)s du SPT que celles d’autres origines raciales. Ensemble, ces constatations appuient fortement l’argument selon lequel le SPT s’est livré au profilage racial.
TABLEAU C3 : Total des accusations pour infraction routière hors de vue, par race et sexe des civil(e)s, service de police de Toronto, du 5 novembre 2013 au 31 juillet 2017
(point de repère : population générale de 2016)
Groupe racial |
Estimation de la population |
Pourcentage Estimation |
Nombre d’accusations |
Pourcentage d’accusations |
Rapport de cotes |
Taux d’accusation (pour 100 000) |
Homme blanc |
645 960 |
23,6 |
2 766 |
34,0 |
1,44 |
428,2 |
Femme blanche |
676 690 |
24,8 |
461 |
5,7 |
0,23 |
68,1 |
Homme noir |
109 870 |
4,0 |
2 444 |
30,1 |
7,53 |
2 224,4 |
Femme noire |
129 980 |
4,8 |
420 |
5,2 |
1,08 |
323,1 |
Homme d’autre minorité raciale |
557 760 |
20,4 |
1 781 |
21,9 |
1,07 |
319,3 |
Femme d’autre minorité raciale |
611 315 |
22,4 |
254 |
3,1 |
0,14 |
41,5 |
TOTAL |
2 731 571 |
100,0 |
8 126 |
100,0 |
1,00 |
297,5 |
TABLEAU C3 : Total des accusations pour infraction routière hors de vue, par race et sexe des civil(e)s, service de police de Toronto, du 5 novembre 2013 au 31 juillet 2017
(point de repère : recensement de 2016 de la population torontoise qui utilise un véhicule automobile pour se rendre au travail)
Groupe racial |
Population qui se rend travail en conduisant |
Pourcentage de la population |
Nombre d’accusations |
Pourcentage d’accusations |
Rapport de cotes |
Taux d’accusation (pour 100 000) |
Homme blanc |
178 500 |
31,0 |
2 766 |
34,0 |
1,10 |
1 549,6 |
Femme blanche |
127 880 |
22,2 |
461 |
5,7 |
0,26 |
360,5 |
Homme noir |
23 065 |
4,0 |
2 444 |
30,1 |
7,53 |
10 596,1 |
Femme noire |
16 810 |
2,9 |
420 |
5,2 |
1,79 |
2 498,5 |
Homme d’autre minorité raciale |
146 705 |
25,5 |
1 781 |
21,9 |
0,86 |
1 214,0 |
Femme d’autre minorité raciale |
82 300 |
14,3 |
254 |
3,1 |
0,22 |
308,6 |
TOTAL |
575 260 |
100,0 |
8 126 |
100,0 |
1,00 |
1 412,6 |
Dans notre rapport précédent (Wortley et Jung 2020), nous avons exploré la représentation des personnes noires dans les accusations pour omission de se conformer documentées par le SPT. En utilisant la population de Toronto comme point de repère, nous avons constaté que les personnes noires étaient largement surreprésentées dans les accusations pour omission de se conformer (voir le tableau D1). En effet, bien qu’elles ne représentent que 8,8 % de la population de Toronto, les personnes noires sont impliquées dans 32,7 % des accusations pour omission de se conformer documentées par le SPT entre 2013 et 2017. Cela signifie que les personnes noires ont une probabilité d’être accusées d’omission de se conformer qui est 3,7 fois supérieure à ce que supposerait leur représentation dans l’ensemble de la population. À l’inverse, les personnes blanches et les personnes issues d’autres groupes racialisés sont sous-représentées. Le taux d’accusation des personnes noires pour omission de se conformer (2 013 pour 100 000 personnes) est 4,1 fois supérieur à celui des personnes blanches (493 pour 100 000 personnes) et 6,9 fois supérieur à celui des autres minorités raciales (292 pour 100 000 personnes).
Tableau D1 : Total des accusations pour omission de se conformer, par race de civil(e)s,
service de police de Toronto, du 5 novembre 2013 au 31 juillet 2017
(point de repère : population générale de 2016)
Groupe racial |
Estimation de la population |
Pourcentage de la population |
Nombre d’accusations |
Pourcentage d’accusations |
Rapport de cotes |
Taux d’accusations (pour 100 000) |
Personnes blanches |
1 322 656 |
48,4 |
6 514 |
44,1 |
0,91 |
492,5 |
Personnes noires |
239 850 |
8,8 |
4 828 |
32,7 |
3,71 |
2 012,9 |
Autre minorité |
1 169 065 |
42,8 |
3 417 |
23,2 |
0,54 |
292,3 |
Total |
2 731 571 |
100,0 |
14 759 |
100,0 |
1,00 |
540,3 |
Bien que l’analyse comparative de la population générale documente l’incidence de ces types d’accusations sur la communauté noire en général, certaines critiques soutiennent que cette méthode d’analyse comparative ne tient pas compte de la population « à risque » d’être accusée d’omission de se conformer. La population qui a été arrêtée pendant la période d’étude pourrait représenter un meilleur point de repère. Après tout, pour qu’une personne soit soumise à des conditions de remise en liberté, celle-ci doit avoir été arrêtée[9]. Ainsi, dans le tableau D2, nous comparons les accusations pour omission de se conformer avec la population ayant été arrêtée par le SPT entre 2014 et 2017. Les données suggèrent que l’utilisation de l’arrestation comme point de repère, plutôt que la population générale, réduit considérablement la surreprésentation des personnes noires en matière d’accusations pour omission de se conformer. La population noire représente 24,8 % des personnes arrêtées par le SPT entre 2014 et 2017. Elle représente également 32,7 % des personnes accusées d’omission de se conformer au cours de cette période (rapport de cotes = 1,32). Ainsi, en utilisant le critère de la population générale, on constate que les personnes noires sont 272 % plus susceptibles d’être accusées d’omission de se conformer. Toutefois, selon le critère des arrestations, les personnes noires sont seulement 32 % plus susceptibles d’être accusées de ce type d’infraction. De même, en utilisant le critère de la population générale, le taux d’accusation des personnes noires pour omission de se conformer est 4,1 fois plus élevé que celui des personnes blanches. Cependant, lorsque nous utilisons le point de repère des arrestations, le taux d’accusations des personnes noires n’est que 1,3 fois plus élevé que celui des personnes blanches.
En somme, l’utilisation du point de repère des arrestations plutôt que de celui de la population générale a pour effet de réduire considérablement la surreprésentation des personnes noires dans les accusations d’omission de se conformer. En fait, en utilisant le point de repère des arrestations, le rapport de cotes pour les personnes noires tombe sous le seuil de 1,50 établi par la présente enquête. Il faut toutefois souligner que cette réduction de la surreprésentation des personnes noires n’élimine pas pour autant les preuves relatives aux préjugés raciaux. En effet, les données révèlent toujours que les personnes noires qui ont été arrêtées sont 32 % plus susceptibles d’être accusées d’omission de se conformer que ce que suggère leur présence au sein de la population arrêtée. De plus, l’application et l’exécution des conditions de remise en liberté impliquent de nombreuses étapes. Il faut d’abord que la police procède à l’arrestation de l’individu. Ainsi, comme le démontrent des recherches antérieures, si la surveillance policière et les décisions d’arrestation sont teintées de préjugés raciaux, ces derniers contribueront directement à la surreprésentation des personnes noires dans les accusations d’omission de se conformer (voir l’analyse dans Wortley et Jung, 2020; Goff et coll., 2016). En outre, après l’arrestation d’un individu, la police doit décider s’il convient de le libérer ou de le détenir pour une audience de justification. Les individus détenus en vue d’une audience de justification courent un risque accru de se voir imposer des conditions de remise en liberté. Ainsi, comme l’indiquent des recherches antérieures, si la police est plus susceptible de détenir des personnes noires pour des audiences de justification, ce biais contribuera à la surreprésentation des personnes noires dans les accusations pour omission de se conformer (voir Kellough et Wortley, 2002). Ensuite, lors d’une audience de justification, les personnes accusées peuvent soit être détenues sous garde, soit être libérées avec ou sans condition. Ainsi, comme le démontrent les recherches antérieures, comme les personnes noires faisant face à des accusations sont plus susceptibles de se voir imposer de nombreuses conditions lors de leur libération, ce biais accentue le risque d’être accusées d’omission de se conformer (voir Kellough et Wortley, 2004). Enfin, comme les travaux antérieurs l’indiquent, lors de leur libération, les personnes noires faisant face à des accusations sont soumises à des niveaux de surveillance policière plus élevés que les personnes d’autres origines raciales. Ce type de profilage racial contribue, une fois de plus, à la surreprésentation des personnes noires dans les accusations d’omission de se conformer. De toute évidence, ces conclusions soulignent la nécessité d’approfondir les recherches — par la collecte de données fondées sur la race — sur la façon dont les préjugés raciaux peuvent teinter les prises de décisions à diverses étapes du système de justice.
Tableau D2 : Total des accusations pour omission de se conformer, par race de civil(e)s,
service de police de Toronto, du 5 novembre 2013 au 31 juillet 2017
(point de repère : arrestations par le SPT entre 2014 et 2017)
Groupe racial |
Arrestations totales |
Pourcentage d’arrestations |
Nombre d’accusations d’omission de se conformer |
Pourcentage d’accusations d’omission |
Rapport de cotes |
Taux d’accusations (pour 100 000) |
Personnes blanches |
46 067 |
41,8 |
6 514 |
44,1 |
1,06 |
14 140,3 |
Personnes noires |
27 314 |
24,8 |
4 828 |
32,7 |
1,32 |
17 675,9 |
Autre minorité |
36 837 |
33,4 |
3 417 |
23,2 |
0,69 |
9 276,0 |
Total |
110 218 |
100,0 |
14 759 |
100,0 |
1,00 |
13 390,7 |
Amanda Geller et Jeffrey Fagan, « Pot as Pretext: Marijuana, Race, and the New Disorder in New York City Street Policing », Journal of Empirical Legal Studies, 2010, vol. 7, no 4, pp. 591–633.
Andrew Gelman, Jeffrey Fagan et Alex Kiss, « An Analysis of the New York City Police Department’s ‘Stop-and-Frisk’ Policy in the Context of Claims of Racial Bias », Journal of the American Statistical Association, 2017, vol. 102, no 479, pp. 813–23
Andrew Gelman et Jennifer Hill, « Data Analysis Using Regression and Multilevel/Hierarchical Models », 2006, Cambridge, Cambridge University Press
Ben Bowling et Coretta Phillips, « Disproportionate and Discriminatory: Reviewing the Evidence on Police Stop and Search », Modern Law Review, 2007, vol. 70, no 6, pp. 936–961
Brandon Tregle, Justin Nix et Geoffrey Alpert, « Disparity does not mean bias: Making sense of observed racial disparities in fatal officer-involved shootings with multiple benchmarks », Journal of crime and Justice, vol. 42, no1, pp. 18-31 Scot Wortley, Ayobami Laniyonu et Erick Laming, « Race and the Use of Lethal and Non-Lethal Force by the Toronto Police Service: Final Report », 2020, Toronto, Commission ontarienne des droits de la personne http://www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Use%20of%20force%20by%20the%20...
Frank Edwards, Michael H. Esposito et Hedwig Lee, « Risk of Police-Involved Death by Race/Ethnicity and Place, United States, 2012–2018 », American Journal of public Health, 2018, vol. 108, no 9, pp. 1241–48
Gail Kellough et Scot Wortley, « Remand for Plea: The Impact of Race, Pre-trial Detention and Over-Charging on Plea Bargaining Decisions », British Journal of Criminology, 2002, vol. 42, no 1, pp. 186-210
James Riley, Davnet Cassidy et Jane Becker, « Statistiques sur la race et le système de justice pénale », 2000, Londres, Angleterre, Ministère de la Justice Cody T. Ross, « A Multi-Level Bayesian Analysis of Racial Bias in Police Shootings at the County-Level in the United States, 2011–2014 », 2015, PloS One, vol. 10, no 11 : e0141854
Joel Miller, « Stop and Search in England: A Reformed Tactic or Business as Usual? », British Journal of Criminology, 2010, vol. 50, no 5, pp. 954-974
MVA et Joel Miller, « Profiling Populations Available for Stops and Searches: Police Research Series Paper 131 », 2000, Londres, Angleterre, Home Office
Paul-Christian Bürkner, « Brms: An R Package for Bayesian Multilevel Models Using Stan », Journal of Statistical Software, 2017, vol. 80, no 1, pp. 1–28
Phillip Atiba Goff, Tracey Lloyd, Steven Rapheal et Jack Glaser, « The Science of Justice: Race, Arrests and Police Use of Force », 2016, Los Angeles, CA, Centre for Policing Equity, University of California
Services de police de Toronto, « Race and Identity-Based Data Collection Strategy: Understanding Use of Force and Strip Searches in 2020 », service de police de Toronto et Commission des services policiers de Toronto
Scot Wortley et Gail Kellough, « Racializing Risk: Police and Crown Discretion and the Over-representation of Black People in the Ontario Criminal Justice System », 2004, pp. 173-205 dans Anthony Harriott, Farley Brathwaite et Scot Wortley (eds.), « Crime and Criminal Justice in the Caribbean and Among Caribbean Peoples », Kingston, Jamaïque, Arawak Publications
Scot Wortley et Maria Jung, « Documenting Racial Disparity: An Analysis of Arrest and
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Timo Pew, Richard L. Warr, Grant G. Schultz et Matthew Heaton, « Justification for Considering Zero-Inflated Models in Crash Frequency Analysis », Transportation Research Interdisciplinary Perspectives, vol. 8, 100249, doi : 10.1016/j.trip.2020.100249
Annexe méthodologique A
Nous fournissons ici de plus amples détails sur les modèles bayésiens[10] à niveaux multiples utilisés pour évaluer les disparités raciales en matière de recours à la force entre les différentes zones de patrouille tout en tenant compte des caractéristiques relatives aux zones de patrouille. Nous exposons les détails suivants : a) le nettoyage supplémentaire des données qui a été nécessaire pour effectuer l’analyse; b) une description précise de nos modèles; c) les détails techniques de la façon dont les modèles ont été adaptés.
Nettoyage et manipulation des données
Géocodage des cas de recours à la force — nous avons utilisé un logiciel SIG pour géolocaliser certains incidents impliquant le recours à la force de faible intensité, et l’absence de données géographiques dans certains dossiers de l’UES a fait en sorte qu’ils ont dû être retirés de l’analyse. Sur les 198 cas de l’UES figurant dans les données totales, 9 cas (4,5 %) ne contenaient aucune information sur la zone de patrouille dans laquelle ils avaient eu lieu ou encore s’étaient déroulés à l’extérieur de la ville de Toronto. Ils ont donc été retirés de l’analyse.
Sur les 578 cas de recours à la force de faible intensité analysés, 3 incidents (3 %) ont été retirés de l’analyse puisqu’il était indiqué qu’ils avaient eu lieu à l’extérieur de la ville de Toronto. De plus, 26 incidents ne portaient aucune mention de la zone de patrouille dans laquelle ils s’étaient produits. Cependant, 13 d’entre eux affichaient les coordonnées XY quant au lieu où l’incident s’était déroulé. Un logiciel SIG a permis de géolocaliser avec succès ces incidents afin de les associer à la zone de patrouille pertinente. Les 13 autres incidents restants ont été retirés de l’analyse.
Dans S1, nous caractérisons la composition raciale des 26 cas qui n’ont pas été géolocalisés.
S1 : Cas retirés en raison d’un manque d’identifiants géographiques |
||
Race |
Total |
% de cas |
Recours à la force de faible intensité |
578 |
100 % |
Personnes noires |
1 |
0,2 % |
Personnes blanches |
8 |
1,4 % |
Autre |
4 |
0,7 % |
À l’extérieur de Toronto |
3 |
0,5 % |
Dossiers de l’UES |
198 |
100 % |
Personnes noires |
4 |
2,0 % |
Personnes blanches |
4 |
2,0 % |
Autre |
1 |
0,5 % |
Tous les cas de recours à la force |
25 |
3,2 % |
Comme nous le décrivons dans le texte principal, nous utilisons des modèles binomiaux négatifs à niveaux multiples pour évaluer si les disparités raciales dans le recours à la force par la police persistent lorsque les caractéristiques relatives au poste de police sont prises en compte, puis nous les estimons dans un cadre bayésien. Nous procédons ainsi afin de tenir compte à la fois de la surdispersion du nombre de cas de recours à la force et du regroupement des cas de recours à la force par zones de patrouille[11]. Nous estimons le nombre total de cas de recours à la force pour chaque groupe racial dans les zones de patrouille en utilisant le modèle suivant :
où yij représente le nombre total de cas de recours à la force impliquant un membre du groupe racial i dans la zone de patrouille j, popij représente la population raciale à risque de subir un cas de recours à la force, ai est une variable explicative pour chaque groupe racial, βj représente un vecteur qui stocker les variables spécifiques à la zone de patrouille (y compris le logarithme du taux de crime violent, le logarithme du revenu médian des ménages et le pourcentage des ménages dirigés par une mère seule), βp contrôle la variation non mesurée au niveau des zones de patrouille, et le paramètre ϕ — estimé à partir des données — contrôle la forme de la distribution binomiale négative (voir Gerlman et Hill, 2006; Jiang et coll., 2019; Pew et coll., 2020). En nous basant sur les recherches de Bürkner (2017), nous avons défini des valeurs antérieures non informatives sur u, ai, et βj
Nous avons adapté le modèle en exécutant (R)Stan avec le moteur de règles (brms) (Bürkner, 2017). Pour l’échantillonnage Monte Carlo hamiltonien (MCMC), nous avons utilisé quatre chaînes, avec 1 000 tirages d’échauffement et 2 000 tirages d’échantillonnage chacune, composant ainsi les 8 000 tirages du total ultérieur. Des tracés ont été utilisés pour confirmer la convergence du modèle.
[1] Les parties A, C et D de ce rapport complémentaire ont été préparées par le professeur Scot Wortley du centre de criminologie de l’Université de Toronto. La partie B du rapport a été rédigée par le professeur Ayobami Laniyono du centre de criminologie et d’études sociolégales de l’Université de Toronto.
[2] L’Unité des enquêtes spéciales (UES) est un organisme de surveillance de la police de l’Ontario qui est chargé d’enquêter sur les incidents lors desquels des civil(e)s sont tué(e)s ou gravement blessé(e)s lors d’une intervention policière. L’UES enquête également sur les allégations d’agression sexuelle commise par des agent(e)s assermenté(e)s. L’UES n’enquête pas sur les incidents impliquant le recours à la force lorsqu’aucune blessure grave n’a été subie. Toutefois, de tels cas doivent être documentés dans des rapports sur les blessures ou les rapports généraux d’incidents du SPT.
[3] Nous reconnaissons qu’après 2013, la documentation du SPT sur les contrôles de routine a considérablement diminué. Cependant, les résultats des sondages suggèrent que les personnes noires sont encore beaucoup plus susceptibles de déclarer avoir été interpellées, questionnées et fouillées par la police que les personnes d’autres origines (Wortley, 2021). Ainsi, nous estimons que les données sur les contrôles de routine réalisés par le SPT entre 2008 et 2013 fournissent une mesure raisonnable des différences raciales dans les interactions avec la police. Il s’agit également de la seule mesure disponible à l’heure actuelle. Ce fait souligne l’importance des futures activités de collecte de données fondées sur la race en ce qui concerne les interpellations réalisées par le SPT et d’autres formes d’interaction avec la police.
[4] Comme l’a révélé le rapport Un impact disparate, les renseignements sur les enquêtes de l’UES ont été recueillis pour la période du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017, tandis que les données sur les cas de recours à la force de faible intensité par le SPT couvrent la période du 1er janvier 2016 au 30 juin 2017. Il s’agit là des données dont nous disposions au moment de la rédaction du rapport.
[5] Tregle et coll. (2019) utilisent une stratégie différente pour calculer les rapports de cotes. En analysant les données du SPT à l’aide de cette méthodologie, nous avons obtenu la même étendue de résultats que celle décrite ci-dessus.
[6] Pour une analyse plus approfondie sur la façon dont les stéréotypes et les peurs fondés sur la race peuvent contribuer à expliquer les différences raciales dans l’exposition au recours à la force par la police, veuillez consulter les modèles de « stéréotypes raciaux » et de « peur assimilée » présentés dans le rapport Un impact disparate.
[7] L’annexe A du présent rapport fournit une brève explication des techniques de modélisation binomiale. L’objectif général de ces modèles est de déterminer si les disparités raciales observées dans les cas de recours à la force par la police persistent une fois que les autres variables théoriquement pertinentes ont été prises en compte dans les statistiques. Par exemple, certaines hypothèses ont été soulevées voulant que la surreprésentation des personnes noires dans les cas de recours à la force n’était pas reliée à la race ou aux préjugés raciaux, mais au fait que ces personnes sont plus susceptibles d’habiter au sein de quartiers défavorisés présentant un taux élevé de criminalité. L’analyse présentée ci-dessous répond à ces préoccupations.
[8] Le SPT n’a fourni aucune donnée sur les arrestations pour 2013.
[9] Il convient de souligner que l’analyse comparative des arrestations comporte elle aussi ses limites. En effet, de nombreuses personnes arrêtées sont relâchées sans condition. Ainsi, la population de personnes arrêtées qui sont libérées sous conditions constituerait un meilleur point de repère. Il s’agit de la population la plus susceptible d’être accusée d’omission de se conformer. Malheureusement, nous n’avons pas été en mesure d’obtenir de telles données.
[10] Les modèles bayésiens sont des modèles statistiques qui emploient le théorème de Bayes pour générer une distribution a posteriori de certaines quantités ou variables d’intérêt. Pour ce faire, ils combinent un ensemble de croyances préalables au sujet de ces variables d’intérêt avec une probabilité (p. ex., des données). Les modèles bayésiens à niveaux multiples constituent la norme dans les analyses du recours à la force par la police lorsque les incidents sont géolocalisés dans un poste de police, un comté ou un état (voir Edwards, Esposito, et Lee, 2018; Geller et Fagan, 2010; Gelman, Fagan, et Kiss, 2007; Ross, 2015). Cette méthode de modélisation présente de nombreux avantages (voir Gelman et Hill, 2006). Dans ce contexte, la modélisation du recours à la force dans un cadre bayésien nous permet d’utiliser des modèles à niveaux multiples malgré le fait que l’on compte relativement peu de zones de patrouille à Toronto.
[11] La surdispersion fait référence à des niveaux plus élevés de variance ou de variabilité des données (ici, le recours à la force dans les zones de patrouille) que ce à quoi on pourrait s’attendre si la distribution des cas de recours à la force se présentait plus simplement (par exemple, une répartition de Poisson).
Par : le service de police de Toronto
[Rapport PACER]
En ligne (PDF) : https://tpsb.ca/The%20PACER%20Report.pdf
En 2012, William Blair, chef du service de police de Toronto, donne mandat à l’unité du Chief’s Internal Organization Review (CIOR) (unité chargée d’étudier l’organisation interne sous la direction du chef des services de police) de passer au crible les interactions du service de police de Toronto avec le public, et plus particulièrement le processus de Field Information Report (FIR) (processus de recueil de renseignements sur le terrain). Cet examen constitue le socle de la phase II du rapport intitulé The Police and Community Engagement Review (PACER) (examen des interactions de la police avec le public). Le rapport PACER s’intéresse aux mesures à adopter pour que le service de police de Toronto parvienne à renforcer la confiance du public et sa sécurité, tout en assurant une prestation de services exempte de tout préjugé. Plus précisément, l’équipe d’examen reconnaît la nécessité de s’attaquer aux préjugés systémiques et au profilage racial au sein du service.
La phase II de l’examen est axée sur des consultations avec des membres de la communauté et des membres internes du service de police de Toronto (SPT), afin d’obtenir des renseignements permettant d’accroître l’engagement de la communauté et d’améliorer le processus de FIR. Lors des consultations, les membres de la communauté font part de leurs préoccupations en lien avec les pratiques de maintien de l’ordre biaisées et le profilage racial. Le service fait remarquer qu’il doit soutenir les membres du SPT en leur fournissant les outils et la formation nécessaires afin d’offrir des services de police impartiaux. L’examen donne lieu à 31 recommandations à l’intention du chef, qui portent sur 11 domaines du service. Ces domaines couvrent la gouvernance des services, la gestion du rendement, les normes professionnelles et la responsabilité publique.
Par : Logical Outcomes
[Rapport de Logical Outcomes]
En ligne (PDF) : https://youthrex.com/wp-content/uploads/2019/02/CAPP-Final-Report.pdf
En 2014, Logical Outcomes dirige un projet de recherche communautaire appelé Community Assessment of Police Practices (évaluation communautaire des pratiques policières — CAPP) afin d’examiner la satisfaction de la collectivité à l’égard de la division 31 du SPT. Dans le cadre du projet, plus de 400 membres de la collectivité sont interrogé(e)s au sein de la division 31, et deux forums communautaires sont organisés. Les conclusions du rapport indiquent que très peu de membres du public sont au courant de la nouvelle politique et des procédures formelles en matière de « fichage ». De plus, le public est largement insatisfait des interactions de la police avec les membres de la communauté. Dans l’ensemble, le projet révèle un faible niveau de confiance de la communauté envers la police, ainsi que l’existence de situations de profilage racial et d’abus de pouvoir.
Sur la base de ces conclusions, le rapport formule dix recommandations à l’intention de la CSPT. Ces recommandations proposent une série d’améliorations, y compris :
Par : l’honorable Frank Iacobucci pour William Blair, chef du service de police de Toronto
[Rapport Iacobucci]
En ligne (PDF) : https://www.tps.ca/media/filer_public/2b/db/2bdb73f0-d271-4d8b-8e68-f59a34816fb6/police_encounters_with_people_in_crisis_2014.pdf
En août 2013, le chef de police Willliam Blair du SPT demande à l’honorable Frank Iacobucci de procéder à un examen indépendant de l’usage de force létale mené par le SPT. L’examen porte en particulier sur les interactions entre la police et des « personnes en crise » ou des personnes en situation de crise mentale ou émotionnelle qui nécessitent des soins urgents du système de santé mentale. Il se penche notamment sur les politiques, les pratiques, les procédures et les services du SPT en matière de recours à la force létale à l’égard des personnes en situation de crise. De plus, il comprend des rencontres avec les intervenant(e)s, l’examen du matériel, l’observation de la formation, la comparaison des meilleures pratiques, l’analyse de la littérature académique et la consultation d’expert(e)s. Le rapport final est rendu public et fournit 84 recommandations pour prévenir les conséquences létales.
Le rapport identifie un thème clé en matière de coopération interdisciplinaire entre la police et les professionnel(le)s de la santé mentale, ainsi que les consommateur(-trice)s-survivant(e)s des services de santé mentale. De plus, bien que le mandat de l’ancien juge Iacobucci ne prévoit pas l’examen du système de santé mentale, celui-ci note que la disponibilité de l’accès aux services de santé mentale contribue au taux élevé d’interactions entre la police et les personnes en situation de crise. Sur la base de ces conclusions, les recommandations vont du renforcement de la formation et de la surveillance aux stratégies de désescalade, en passant par l’appel à l’action d’autres institutions, comme le ministère de la Santé et des Soins de longue durée.
Par : Anthony N Doob et Rosemary Gartner
[Rapport de la CSPT sur les interpellations policières]
En ligne (PDF) : https://www.crimsl.utoronto.ca/sites/crimsl.utoronto.ca/files/DoobGartnerPoliceStopsReport-17Jan2017r.pdf
S’appuyant sur les travaux du Centre de criminologie et d’études sociolégales de l’Université de Toronto, Anthony Doob et Rosemary Gartner rédigent un rapport pour la Commission des services policiers de Toronto (CSPT) afin d’examiner les enjeux liés aux interpellations policières. Le rapport présente quelques-unes des recherches fiables portant sur les répercussions des « interpellations de routine » sur les citoyen(ne)s ordinaires. En outre, le rapport vérifie si les interpellations de routine ont un effet à court terme sur la criminalité locale. Bien que le rapport ne constitue pas un examen exhaustif de la documentation, il fournit néanmoins des résumés d’une page des articles cités.
À la suite de cet examen, le rapport conclut qu’il est évident que l’efficacité des interpellations est peut-être exagérée, et qu’il est difficile de trouver des données permettant de justifier la poursuite de leur utilisation dans le cadre des pratiques policières. Le rapport ne trouve que peu de preuves à l’appui des pratiques d’interpellation, de questionnement et de fouille des citoyen(ne)s par la police. Les préjudices causés par ces pratiques l’emportent sur les preuves de l’efficacité des interpellations policières.
Par : Scot Wortley, Ayobami Laniyonu, Erick Laming
[Rapport sur le recours à la force 2020]
En ligne (PDF) : https://www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Use%20of%20force%20by%20the%20Toronto%20Police%20Service%20Final%20report.pdf
Ce rapport d’expert sur le recours à la force fait partie intégrante du deuxième rapport provisoire de la CODP relatif à l’enquête sur le racisme envers les personnes noires au sein du SPT.
Le rapport fournit une analyse plus approfondie des données recueillies par l’Unité des enquêtes indépendantes (UES) entre 2013 et 2017, que la CODP avait analysées dans le cadre de son premier rapport provisoire, ainsi qu’une analyse des cas de recours à la force de faible intensité survenus entre 2016 et 2017. La force de faible intensité désigne une force qui n’atteint pas le seuil de blessures graves, de décès ou d’allégations d’agression sexuelle déclenchant le mandat de l’UES, mais qui peut tout de même avoir des conséquences physiques et émotionnelles graves.
Les expert(e)s indiquent que les personnes noires sont largement surreprésentées dans les cas de recours à la force de l’UES ainsi que dans les cas de recours à la force de faible intensité qui entraînent des blessures physiques (telles que des contusions et des lacérations) sans toutefois atteindre le seuil établi par l’UES.
Cette surreprésentation ne peut pas s’expliquer par des facteurs tels que les zones de patrouille dans les quartiers à faible et à forte criminalité, les taux de crimes violents et/ou le revenu moyen. Les expert(e)s estiment que les résultats sont compatibles avec les préjugés raciaux.
Par : la Ville de Toronto
[Rapport sur le projet pilote de soutien communautaire en situation de crise]
En ligne (PDF) : https://www.toronto.ca/legdocs/mmis/2021/ex/bgrd/backgroundfile-160016.pdf
En 2020, à la demande du conseil de la Ville de Toronto, le directeur général de la ville de Toronto est chargé d’élaborer un autre modèle de sécurité communautaire, non dirigé par la police, pour les cas impliquant des personnes en situation de crise. Le conseil municipal a relevé un usage disproportionné de la force et le recours à des fouilles abusives et à une surveillance accrue de la part des forces de l’ordre à l’égard des communautés autochtones et noires et des autres communautés méritant l’équité, dans les situations de crise de santé mentale. La Ville organise des tables rondes avec des partenaires communautaires, mène des entrevues avec des expert(e)s en la matière, réalise des enquêtes et des sondages publics et étudie les modèles d’intervention en situation de crise en vigueur sur d’autres territoires.
Le rapport propose de mettre à l’essai un nouveau service communautaire d’intervention en situation de crise en réponse à certains appels de service non urgents. Ce service est composé d’équipes mobiles d’intervention de crise dotées d’une expérience multidisciplinaire et formées en matière d’intervention en situation de crise et de désescalade. Il s’agit d’équipes chargées de répondre aux appels de service non urgents et d’effectuer des vérifications du bien-être de la population. Les partenaires des services de santé communautaires fournissent des soins adaptés et centrés sur les besoins de la personne, en veillant au maintien de l’offre de services après la première intervention en situation de crise. Le rapport fournit également des renseignements complémentaires sur les consultations avec les expert(e)s et une rétroaction de leur part. Il présente également des détails sur le développement et la mise en œuvre du service proposé. Enfin, le rapport présente les modifications réglementaires requises dans la province de l’Ontario et formule des recommandations pour que la Ville s’engage à élaborer des règlements en vertu de la Loi sur la sécurité communautaire et les services policiers.
Par : l’honorable Gloria J. Epstein
[Rapport Missing and Missed]
En ligne (PDF) : https://tpsb.ca/jdownloads-categories/category/61-missing-and-missed?Itemid=-1
En 2018, à la suite de plusieurs affaires très médiatisées, un examen indépendant du SPT est ordonné afin d’étudier la manière dont les enquêtes sur les personnes disparues sont menées à Toronto. L’examen porte en particulier sur les enquêtes liées aux personnes disparues impliquant des personnes LGBTQ2S+ ou des communautés marginalisées et vulnérables. Dirigé par l’honorable Gloria Epstein, l’examen porte sur les politiques, les pratiques et les procédures de la Commission et du service afin de déterminer si elles favorisent des enquêtes efficaces et appropriées. En outre, l’examen se penche à nouveau sur plusieurs cas très médiatisés. À la suite de ce travail, l’examen établit un groupe consultatif communautaire, lance un plan de sensibilisation et d’engagement du public, interroge les parties prenantes, les personnes concernées et les têtes dirigeantes de la police, et commande quatre documents de recherche à des universitaires de premier plan. Au terme de ces efforts, l’examen révèle que la discrimination systémique contribue aux lacunes observées lors des enquêtes sur les personnes disparues.
Dans ses conclusions, l’examen met l’accent sur des questions clés telles que l’accès à une expertise compétente sur le plan culturel, le partage adéquat des renseignements, la communication avec le public et la mobilisation de la communauté, ainsi que des considérations suffisantes en matière d’enquête. L’examen propose 151 recommandations détaillées visant à améliorer les enquêtes à différents niveaux. Ces recommandations portent notamment sur les changements à apporter à la surveillance civile, à la gestion des cas, aux interactions de la police avec le public, aux stratégies de prévention, à la communication, à l’établissement de relations et au perfectionnement professionnel.
Par : le Toronto Neighbourhood Centres en partenariat avec l’Association canadienne des libertés civiles, Black Lives Matter et le Gerstein Crisis Centre, et coll.
[Rapport Rethinking Community Safety]
En ligne (PDF) : https://ccla.org/wp-content/uploads/2021/07/Rethinking-Community-Safety-A-Step-Forward-For-Toronto-Full-Report-12.pdf
Des organismes de services, des groupes de défense d’intérêt et des associations communautaires s’associent pour rédiger un rapport sur les enjeux de sécurité communautaire et trouver des solutions de rechange aux services policiers. D’emblée, le rapport fait état des injustices systémiques dont sont victimes les communautés noires, racialisées et autochtones, lorsque celles-ci ont recours à la police pour résoudre des problèmes de sécurité communautaire. À la suite de certaines affaires récentes très médiatisées, le rapport vise à résoudre les problèmes liés à la surveillance policière disproportionnée. Le rapport présente un résumé des recherches et des discussions, soulignant les principaux défis posés par le modèle de services de police existant. Le rapport identifie également les secteurs dans lesquels des changements peuvent être apportés.
Le rapport délimite cinq secteurs d’action immédiate : l’itinérance, la santé mentale, la jeunesse, la violence fondée sur le sexe et la répartition des appels au 9-1-1. Le rapport présente un certain nombre de solutions de rechange, dont un élargissement des programmes existants. Les services communautaires civils constituent la visée principale de ces solutions de rechange. Le rapport formule également des recommandations invitant la Ville à redistribuer les ressources et à mettre en œuvre les programmes ou les solutions de rechange nécessaires.
Par : l’honorable juge Clare Lewis et le Groupe d’études sur les relations entre la police et les minorités raciales
[Rapport du Groupe d’études sur les relations entre la police et les minorités raciales]
En ligne : https://www.siu.on.ca/pdfs/clare_lewis_report_1989.pdf
En 1988, le Solliciteur général de l’Ontario crée le Groupe d’étude sur les relations entre la police et les minorités raciales, dont la présidence est confiée à l’honorable juge Clare Lewis. Le Groupe d’étude lance une enquête sur la formation, les politiques, les pratiques et les attitudes de la police à l’égard des minorités visibles de l’Ontario. En outre, le Groupe d’étude examine les mémoires écrits et oraux de diverses parties prenantes et communautés, ainsi que les rapports et enquêtes antérieurs. Le rapport qui en résulte établit que les relations entre la police et les minorités visibles demeurent un enjeu critique et omniprésent dans la province.
Le Groupe d’étude formule 57 recommandations dans le but de réformer les services de police et les commissions de services de police. Les recommandations visent directement l’amélioration de la formation, des politiques, des pratiques et l’adoption d’une attitude plus positive par la police. Par exemple, les recommandations comprennent la création de comités consultatifs des minorités visibles afin de permettre aux communautés de discuter avec les chefs de police de sujets qui les concernent directement. De plus, le Groupe d’étude recommande de diversifier les normes en matière d’emploi et de recrutement afin que celles-ci reflètent de manière plus adéquate les communautés desservies. Il recommande également la création d’une commission ontarienne d’examen des relations interraciales et des pratiques policières, chargée d’élaborer une politique sur l’équité en matière d’emploi, des pratiques de recrutement équitables, des plans de promotion et des formations sur les relations interraciales.
Par : Stephen Lewis
[Rapport Lewis au premier ministre]
En ligne (PDF) : www.siu.on.ca/pdfs/report_of_the_advisor_on_race_relations_to_the_premier_of_ontario_bob_rae.pdf
À la suite des émeutes qui ont eu lieu à Toronto en 1992, l’ancien premier ministre Bob Rae nomme Stephen Lewis au titre de conseiller en relations interraciales afin de mener une consultation et de formuler des recommandations. La consultation comprend plus de 70 réunions avec divers(es) représentant(e)s des communautés, des fonctionnaires et des chefs de police. Le rapport révèle que le racisme et la discrimination systémique, en particulier le racisme envers les personnes noires, sont des problèmes omniprésents dans de nombreux domaines sociaux. Ces problèmes se manifestent dans des domaines allant du système de justice pénale à l’équité en matière de logement, d’éducation et d’emploi.
Le rapport émet un certain nombre de recommandations dans chacun de ces domaines. Plus précisément, le rapport recommande que des réformes soient réalisées dans le domaine de la justice pénale, notamment :
Par : Margaret Gittens, David Cole, Toni Williams, Moy Tam, Ed Ratushny, Sri-Guggan Sri-Skanda-Rajah
[Rapport sur le racisme systémique en Ontario]
En ligne (PDF) : https://ia600303.us.archive.org/6/items/reportracismont00comm/reportracismont00comm.pdf
En 1992, le gouvernement de l’Ontario crée la Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale en Ontario. La Commission enquête sur la police, les tribunaux et les établissements correctionnels afin de déterminer dans quelle mesure le racisme systémique est présent dans le système de justice pénale en Ontario. La Commission procède à des consultations, réalise des entrevues et effectue des études empiriques avant de publier son rapport en 1995. Le rapport présente un large éventail de conclusions concernant notamment la surreprésentation des personnes noires en prison, la sous-représentation des personnes noires et des personnes racialisées dans le système judiciaire, la présence de discrimination raciale dans le processus de dépôt d’accusations par la police et l’existence de disparités en matière de condamnations.
Le rapport de la Commission souligne que la mise en place de services de police communautaires représente une solution de rechange. Il indique qu’un partenariat entre la police et la communauté est incontournable, et que l’accent doit être mis sur le maintien de la paix, la résolution de problèmes et la prévention de la criminalité. Toutefois, le rapport souligne que les membres des communautés noires et d’autres communautés racialisées se sentent exclu(e)s des partenariats de coopération avec la police et s’inquiètent du fait que l’égalité raciale ne fait pas partie du programme des services de police communautaires. Le rapport contient neuf recommandations visant à améliorer la prestation des services de police communautaires, notamment la création de comités locaux et de plans d’action, ainsi que la mise en place d’un système de plaintes.
La Commission formule de nombreuses autres recommandations, notamment :
Par : la Commission ontarienne des droits de la personne
[Rapport Un prix trop élevé de la CODP]
En ligne (PDF) : https://www3.ohrc.on.ca/sites/default/files/attachments/Paying_the_price%3A_The_human_cost_of_racial_profiling_fr.pdf
En 2003, la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) lance une enquête sur les retombées du profilage racial sur les personnes, les familles, les communautés et la société dans son ensemble. L’objectif de l’enquête est de fournir une analyse démontrant la manière dont les communautés sont affectées par le profilage racial et de permettre aux personnes qui ont fait l’objet de profilage racial de s’exprimer sur la façon dont elles ont été affectées. Grâce à ces expériences, la CODP cherche à sensibiliser le public aux effets néfastes et au coût social engendrés par le profilage racial. Ces conséquences comprennent des effets néfastes sur des institutions telles que le système éducatif, les forces de l’ordre et d’autres prestataires de services, de même que des pertes économiques. Le rapport fournit des renseignements sur les politiques et les interprétations du Code des droits de la personne de la CODP en matière de discrimination raciale.
Dans son rapport, la CODP présente des recommandations pour lutter contre le profilage racial par l’adoption de mesures visant à sensibiliser et à mobiliser le public. La CODP envisage d’appliquer ces recommandations à toutes les organisations et institutions où le profilage racial est susceptible de se produire. Ces recommandations comprennent des mesures telles que :
Par : Scot Wortley
[Rapport Wortley de 2006 sur le recours à la force]
African Canadian Legal Clinic (clinique juridique africaine canadienne) pour la soumission à la Commission d’enquête sur Ipperwash, pp. 6-12 et 37. En ligne (PDF) : http://www.attorneygeneral.jus.gov.on.ca/inquiries/ipperwash/policy_part/projects/pdf/AfricanCanadianClinicIpperwashProject_SIUStudybyScotWortley.pdf
Dans le cadre de la Commission d’enquête sur Ipperwash concernant la mort du manifestant autochtone Dudley George, le professeur Scot Wortley de l’Université de Toronto prépare un projet de recherche pour le compte de la clinique juridique africaine canadienne. Le rapport se penche sur le recours à la force par la police en Ontario — et plus particulièrement celle utilisée à l’encontre des minorités raciales — et tente de combler les lacunes observées dans la recherche canadienne. Grâce à son analyse des données de I'Unité des enquêtes spéciales de la province, à sa revue de la littérature et à sa rencontre avec les leaders des communautés noires de Toronto, le rapport permet d’établir l’existence de préjugés raciaux dans le cadre du recours à la force par la police. Plus précisément, bien qu’elles ne représentent qu’un faible pourcentage de la population totale de l’Ontario, les personnes noires et autochtones sont largement surreprésentées dans les enquêtes de l’UES.
Le rapport propose également des stratégies pour surveiller le recours à la force par la police et réduire l’incidence des préjugés raciaux dans la prise de décisions de la police. Ces stratégies comprennent :
Par : l’honorable Roy McMurtry et Alvin Curling
[Rapport McMurtry sur les causes de la violence chez les jeunes]
En ligne (PDF) : https://youthrex.com/wp-content/uploads/2021/11/Examen-des-causes-de-la-violence-chez-les-jeunes-Volume-1.pdf
À la suite de la fusillade mortelle d’un élève du secondaire, l’ancien premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty, nomme l’honorable Roy McMurtry et Alvin Curling pour réaliser une analyse des causes sous-jacentes concourant à la violence chez les jeunes. Grâce à la recherche et à la consultation, l’examen permet d’identifier de multiples facteurs de risque qui exacerbent la violence chez les jeunes, tels que la pauvreté, le racisme, les problèmes familiaux et les problèmes du système de justice pour les personnes mineures. Ces facteurs de risque sont largement répandus et reliés les uns aux autres. Plus précisément, l’examen révèle une utilisation excessive du système judiciaire pour des affaires mineures et non violentes, ce qui se traduit par une surcriminalisation de la population juvénile. L’étude met également en évidence le fait que les interactions entre la police et les jeunes, en particulier les jeunes racialisés, sont caractérisées par une agressivité excessive.
L’étude formule un certain nombre de recommandations visant les facteurs structurels et contextuels qui exacerbent la violence chez les jeunes. Ces recommandations s’articulent autour de quatre piliers : un contexte social restauré, un cadre stratégique pour la jeunesse, un renforcement des capacités locales et une autonomisation, ainsi qu’une gouvernance intégrée. Dans le contexte de la justice pénale, l’étude recommande la création d’un conseil consultatif de justice pour la jeunesse et la prise de mesures pour réduire la surcriminalisation des jeunes de l’Ontario par rapport à d’autres grandes juridictions.
Par : le Bureau de l’Ombudsman de l’Ontario
[Rapport 2016 de l’Ombudsman]
En ligne (PDF) : https://www.ombudsman.on.ca/Files/sitemedia/Documents/OntarioOmbudsmanDeescalationFR_1.pdf
En 2013, à la suite du meurtre de Sammy Yatim, l’Ombudsman de l’Ontario lance une enquête sur le recours à la désescalade par la police et la formation à l’usage de la force létale. Les enquêteur(-trice)s examinent le bilan des décès impliquant la police en Ontario, les lignes directrices et directives provinciales sur le recours à la force et en matière de formation, ainsi que les théories de la désescalade et les pratiques exemplaires au Canada et à l’étranger. En outre, les enquêteur(-trice)s interrogent des agent(e)s de police, des expert(e)s en santé mentale, des intervenant(e)s et des familles concernées par ces enjeux.
L’Ombudsman constate que la formation sur le recours à la force est largement axée sur l’utilisation des armes et très peu sur les outils de communication permettant de calmer un individu armé en situation de crise. Les tactiques de recours à la force aggravent souvent l’état mental d’une personne en crise. Les enquêteur(-trice)s constatent également que la formation de base offerte aux agent(e)s de police de l’Ontario est limitée par rapport à celle d’autres juridictions canadiennes et qu’elle n’aborde que brièvement les tests en matière de techniques de désescalade. Après la formation de base, la formation sur la désescalade est laissée à la discrétion des services de police, sans qu’aucun suivi ne soit réalisé par la province afin de veiller à la cohérence entre les services. De plus, les enquêteur(-trice)s estiment que la culture policière perpétue l’idée que les fusillades mortelles sont tout simplement inévitables dans le cas de personnes atteintes de maladie mentale. Dans son rapport, l’Ombudsman formule 22 recommandations à l’intention du ministère de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels. Les recommandations vont de l’élaboration de lignes directrices et de modèles législatifs à la formation à tous les niveaux, en passant par un meilleur suivi et une meilleure évaluation des interactions entre la police et les personnes en situation de crise.
Par : l’honorable Michael H. Tulloch
[Rapport Tulloch sur la surveillance de la policière]
En ligne (PDF) : https://www.policeoversightreview.ca/Rapportdel’exameninde%CC%81pendantdesorganismesdesurveillancedelapolice.pdf
Mandaté par le gouvernement de l’Ontario en 2016, l’honorable juge Michael Tulloch entreprend un examen des trois organismes de surveillance de la police civile de l’Ontario : l’Unité des enquêtes spéciales (UES), le Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police (BDIEP) et la Commission civile de l’Ontario sur la police (CCOP). En 2017, le juge Tulloch publie un rapport comportant des recommandations qui visent à améliorer la transparence, la responsabilisation et l’efficacité de ces trois organismes. Ces recommandations ont pour objectifs de rétablir la confiance de la population dans les forces de l’ordre et, par conséquent, d’accroître la sécurité publique. En outre, le rapport fournit des commentaires sur le rôle des commissions de services de police, qui constituent un élément essentiel de la surveillance civile.
Après avoir mené des consultations publiques et participé à des réunions privées, le juge Tulloch constate que la quasi-totalité des intervenant(e)s s’accorde à dire que le système actuel de traitement des plaintes du public ne fonctionne pas et qu’il ne favorise pas la confiance du public. Le rapport contient un certain nombre de recommandations, notamment :
Par : la Commission ontarienne des droits de la personne
[Rapport Pris à partie de la CODP]
En 2017, la CODP publie son rapport de recherche et de consultation, décrivant les résultats d’une enquête sur le profilage racial menée en 2015. Dans ce rapport, la CODP combine des travaux de recherche en sciences sociales et des témoignages concrets de la part des communautés touchées. Il est notamment prévu de mener un sondage en ligne, d’analyser les requêtes au Tribunal des droits de la personne de l’Ontario (TDPO), d’organiser des groupes de discussion et de tenir des séances d’échange sur les politiques. En établissant des liens avec différentes communautés et parties prenantes, le rapport présente divers points de vue sur la question. Ce rapport atteste que le profilage racial est une pratique concrète qui porte préjudice aux communautés et jette le discrédit sur les institutions publiques. De plus, le rapport confirme que le profilage racial se manifeste dans de nombreux autres secteurs que celui des services policiers, tels que l’éducation, le commerce de détail, la protection de l’enfance, les transports et la sécurité nationale. Le rapport révèle que les participant(e)s ont souvent été confronté(e)s à de multiples expériences de profilage racial, et ce, dans plus d’un secteur.
À la suite de ce rapport, la CODP décide de prendre une série de mesures pour prévenir le profilage racial et y remédier. Plus précisément, la CODP cherche à élaborer des orientations stratégiques, à accroître la sensibilisation du public, à collaborer avec les communautés autochtones, à réclamer la collecte de données fondées sur la race et à modifier sa définition du profilage racial en fonction des points de vue des participant(e)s. Parallèlement à ces mesures, la CODP continue de mener des enquêtes et de réaliser des interventions axées sur la lutte contre le profilage racial dans le système judiciaire.
Par : Gerry McNeilly
[Rapport provisoire sur l’examen systémique du BDIEP]
En ligne (PDF) :
Après le meurtre de Sammy Yatim en 2013 et à la suite de nombreuses autres plaintes du public, le directeur du Bureau de l’examen indépendant de la police (BDIEP) décide de procéder à un examen systémique du recours à la force par le SPT dans le cadre de ses interactions avec des personnes en situation de crise. L’examen porte sur les plaintes du public, les enquêtes sur les plaintes, les incidents très médiatisés liés au recours à la force et les examens antérieurs portant sur des questions semblables. En outre, le BDIEP examine les politiques, les pratiques et les procédures du SPT liées au recours à la force et au matériel, ainsi que la formation des agent(e)s et les pratiques exemplaires d’autres juridictions. L’examen porte également sur les contributions des intervenant(e)s et du public, ainsi que sur les recherches et les données pertinentes. En 2017, le BDIEP publie un rapport provisoire afin de documenter les recommandations pertinentes et de susciter des discussions éclairées avec le public et les intervenant(e)s, tout en décrivant les prochaines étapes de l’examen.
Le rapport provisoire contient une série de recommandations basées sur les propositions des jurys d’un certain nombre d’enquêtes du coroner. Ces conclusions s’appuient sur celles formulées par l’honorable juge Iacobucci dans un rapport similaire. Les recommandations portent notamment sur la modification du système de santé mentale en Ontario, la culture policière et le recrutement, l’utilisation du matériel et de l’armement, la supervision de la police et le modèle utilisé dans le cadre du recours à la force. Le rapport contient également des recommandations appelant à l’expansion des équipes mobiles d’intervention en cas de crise. Ces équipes, formées grâce à des partenariats entre les hôpitaux participants et le SPT, sont habilitées à intervenir auprès des personnes en situation de crise de santé mentale afin de les orienter vers les services de santé mentale appropriés. Des programmes semblables sont proposés partout en Ontario. Le rapport provisoire conclut que l’examen systémique porte sur la mesure dans laquelle les recommandations ont été adoptées et mises en œuvre par les services de police de la province. L’objectif final de l’étude consiste à identifier les pratiques exemplaires en matière de maintien de l’ordre à l’égard des personnes en situation de crise.
Par : l’honorable Murray Sinclair
[Rapport Sinclair sur la Commission des services policiers de Thunder Bay]
En ligne (PDF) :
https://tribunalsontario.ca/documents/ocpc/TBPSB_Investigation_Final_Report_-_EN-FINAL-1.pdf
En juillet 2017, l’ancien sénateur Murray Sinclair entreprend une enquête sur la Commission des services policiers de Thunder Bay (CSPTB). Les dirigeant(e)s de la nation Nishnawbe Aski, du Grand Conseil du Traité no 3 et des Premières Nations de Rainy River soulèvent des préoccupations en lien avec la surveillance policière après une série d’incidents de violence raciale envers les peuples autochtones à Thunder Bay. La Commission civile de l’Ontario sur la police fait appel au sénateur Sinclair pour mener une enquête portant notamment sur les relations entre le service de police de Thunder Bay (SPTB) et la communauté autochtone.
Le rapport final souligne que la discrimination systémique envers les peuples autochtones constitue un problème majeur au sein de la Commission des services policiers de Thunder Bay. Le sénateur Sinclair réitère que les commissions de services de police ont l’obligation positive d’examiner les allégations en matière de discrimination systémique. Les résultats mettent en évidence les expériences de la communauté autochtone en matière de racisme et de violence, qui se traduisent par une méfiance et une crainte à l’égard de la police. En outre, le rapport relève des problèmes systémiques dans le cadre de la politique et de la planification de la Commission des services policiers de Thunder Bay, qui ont une incidence sur les mécanismes de responsabilisation et de surveillance.
Le rapport contient 45 recommandations adressées à différents niveaux de l’organisation. Il recommande au conseil d’administration les mesures suivantes :
Par : le Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police
[Rapport sur la confiance trahie]
En ligne (PDF) : http://oiprd.on.ca/wp-content/uploads/OIPRD-BrokenTrust-FR.pdf.
En 2016, le Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police (BDIEP) entreprend un examen systémique des Services de police de Thunder Bay (SPTB). Au cours des années précédentes, le BDIEP a reçu un certain nombre de plaintes concernant des comportements discriminatoires lors d’enquêtes du SPTB sur le décès de personnes autochtones. Le directeur dirige une équipe chargée d’examiner 37 enquêtes portant sur le décès de personnes autochtones, d’interroger 36 personnes du SPTB et d’organiser des réunions avec des dirigeant(e)s autochtones et des membres de la communauté.
Le BDIEP constate que les enquêtes du SPTB sont teintées de discrimination raciale et qu’il y a présence de racisme systémique à un niveau institutionnel au sein de l’organisation. Le rapport révèle que l’absence d’enquêtes adéquates est en partie imputable à des attitudes racistes et à des stéréotypes raciaux. Le BDIEP constate également des préjugés institutionnels dans les politiques et les pratiques, qui conduisent à des lacunes organisationnelles en matière de formation et de ressources.
Le rapport contient 44 recommandations portant sur une série d’enjeux, notamment :
Par : l’honorable Michael H. Tulloch
[Rapport des contrôles de routine]
En ligne : https://www.ontario.ca/fr/page/rapport-de-lexamen-independant-des-controles-de-routine
En 2017, le gouvernement de l’Ontario nomme l’honorable juge Michael Tulloch pour diriger un examen indépendant du Règlement de l’Ontario 58/16 (Règl. de l’Ont. 58/16) concernant les contrôles de routine, également connus sous le nom de fichage. L’examen porte sur le contenu du règlement et sur le respect de celui-ci par les agent(e)s, les chefs de police et les commissions de services policiers. En s’appuyant sur des consultations approfondies et à des mémoires écrits, l’examen révèle que les contrôles de routine aléatoires ne présentent que peu ou pas d’avantages vérifiables en ce qui concerne le niveau de criminalité, et que de nombreux services de police ont abandonné cette pratique vu son manque d’efficacité.
L’examen formule plusieurs recommandations visant à améliorer l’application du Règl. de l’Ont. 58/16. En particulier, le juge Tulloch recommande que le Règ. de l’Ont. 58/16 stipule expressément que son but ou son objectif est d’empêcher les interpellations arbitraires ou aléatoires de personnes. Les recommandations précisent ensuite les circonstances dans lesquelles la police peut tenter de recueillir des renseignements identificatoires sur des personnes, en soulignant un aspect essentiel du Règl. de l’Ont. 58/16. Plus précisément, il existe une distinction entre une enquête portant sur une infraction, qui fait l’objet d’une exemption en vertu du règlement, et une enquête portant sur des activités suspectes et des activités criminelles générales, qui relèvent du champ d’application du Règl. de l’Ont. 58/16. L’examen formule également des recommandations sur la formation offerte aux agent(e)s de police qui tentent de recueillir des renseignements identificatoires. Il s’agit notamment de recommandations sur la conception et la mise en œuvre de la formation sur les préjugés et les préjugés implicites.
Par : la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse
[Rapport sur le profilage racial de la CDPDJ]
En ligne (PDF) : https://www.cdpdj.qc.ca/storage/app/media/publications/Profilage_rapport_FR.pdf
Après avoir mené des travaux antérieurs dans ce domaine, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse lance une consultation publique sur le profilage racial et ses conséquences, qui met l’accent sur les jeunes racialisé(e)s âgé(e)s de 14 à 25 ans. La Commission estime qu’il est devenu évident que les jeunes sont plus susceptibles d’être la cible de profilage racial en raison de leur fréquentation des espaces publics, de l’attribution de certains stéréotypes et de leur propension à adopter un comportement antisocial. En outre, la Commission reconnaît que le profilage racial persiste dans de nombreux secteurs, mais elle préfère axer son rapport sur les services publics fournis par des institutions qui jouent un rôle clé dans la vie des jeunes : la sécurité publique, le système d’éducation et le système de protection de la jeunesse.
Grâce à des consultations et des recherches approfondies auprès des communautés concernées et des parties prenantes, la Commission émet des recommandations ciblant chaque secteur afin de prévenir le profilage racial et d’y mettre un terme. Cela comprend l’élaboration de politiques et de mesures pertinentes, la mise en place de régimes de collecte de données et la création d’une formation en matière de lutte contre le racisme. Dans le secteur de la sécurité publique, la Commission recommande également des mesures telles que :
Par : le Département des droits civiques du ministère de la Justice des États-Unis
[Rapport Ferguson du ministère de la Justice des États-Unis]
En ligne (PDF) www.justice.gov/sites/default/files/opa/press-releases/attachments/2015/03/04/ferguson_police_department_report.pdf
En 2014, le Département des droits civiques du ministère de la Justice des États-Unis ouvre une enquête sur le service de police de Ferguson (SPF). L’enquête révèle l’existence d’un modèle ou d’une pratique de conduite illégale au sein de ce département, qui enfreint la Constitution américaine et le droit législatif fédéral. L’enquête comprend diverses entrevues, des examens sur place, la collecte de données, l’analyse des dossiers de la police et des échanges avec la communauté locale. Le rapport qui en résulte fait état de disparités raciales évidentes qui ont une incidence sur les personnes afro-américaines, et montre que ces disparités sont le fruit d’une intention discriminatoire. Il en résulte une profonde méfiance de la communauté à l’égard des services de police, ce qui nuit à la légitimité des services d’application de la loi. Par ailleurs, le rapport souligne que les pratiques de maintien de l’ordre à Ferguson sont déterminées par l’importance accordée par la Ville aux revenus plutôt qu’aux besoins en matière de sécurité publique, ce qui contribue à la mise en place d’un système de maintien de l’ordre anticonstitutionnel.
Le rapport formule un certain nombre de recommandations générales à l’intention du SPF afin de remédier aux violations constitutionnelles relevées lors de l’enquête. Parmi ces recommandations figurent des appels à améliorer la formation, à renforcer la surveillance civile et à viser l’équité en matière d’emploi. Le rapport recommande également :
Par : le Département des droits civiques du ministère de la Justice des États-Unis
[Rapport Baltimore du ministère de la Justice des États-Unis]
En ligne : www.justice.gov/crt/file/883296/download
En 2016, la Département des droits civiques du ministère de la Justice des États-Unis publie son rapport après avoir ouvert une enquête sur le Baltimore Police Department (BPD). Le ministère de la Justice ouvre une enquête à la demande de la Ville de Baltimore et de son service de police, après qu’ils aient constaté l’existence d’un modèle ou d’une pratique de conduite illégale, contrevenant à la Constitution américaine et à la législation fédérale. En réalisant des entretiens, en animant des consultations, en examinant les politiques de la police et en analysant les données, le ministère de la Justice identifie quatre principaux secteurs lacunaires :
Le ministère de la Justice présente ces lacunes sous la forme de recommandations générales. Ces recommandations comprennent des mesures telles que la mise à jour des politiques, l’établissement de programmes de formation solides ainsi que la réorganisation de l’infrastructure et des capacités. Le rapport recommande au BPD d’instaurer des services de police communautaires à titre de stratégie proactive de maintien de l’ordre. Dans son enquête, le ministère de la Justice souligne l’incapacité du département à gérer de manière uniforme la mobilisation communautaire. Le rapport constate que la mise en place de services de police communautaires exigerait du BPD qu’il modifie sa formation, qu’il se dote de principes et de politiques, et qu’il adopte une nouvelle conception de son rôle au sein de la communauté.
Par : le Département des droits civiques du ministère de la Justice des États-Unis
[Rapport du ministère de la Justice des États-Unis sur les tendances et pratiques]
En ligne : https://www.justice.gov/d9/pages/attachments/2017/01/04/police-reform-report-2017.pdf
Le Département des droits civiques du ministère de la Justice des États-Unis publie un rapport décrivant la structure de ses enquêtes sur les tendances ou les pratiques et leur mise en œuvre dans le cadre de la réforme de la police. Le ministère de la Justice décrit les enquêtes sur les tendances ou les pratiques comme un outil essentiel « pour réformer la police, restaurer la confiance entre la police et la communauté et renforcer la sécurité des agent(e)s et du public » [traduction]. En expliquant en détail l’approche de la Division en matière d’enquêtes, le rapport vise à rendre accessible et transparent son travail dans le cadre de la réforme de la police. Le rapport illustre également le modèle de réforme durable de la Division, les points communs entre les ententes de réforme, ainsi que l’incidence des travaux actuels et leur orientation future.
Le rapport indique que la Division amorce les affaires de tendances ou pratiques en lançant une enquête formelle sur un organisme de maintien de l’ordre afin de déterminer si l’organisme a adopté des tendances ou des pratiques en matière de maintien de l’ordre qui enfreignent la Constitution et la loi fédérale. Les enquêtes comprennent généralement une analyse complète des politiques et des pratiques de services policiers dans une communauté donnée, et se concentrent sur les fautes systémiques commises par la police. Si les allégations de mauvaise conduite sont fondées, la Division publie ses conclusions dans un rapport public. Après cette publication, la Division négocie des ententes de réforme, généralement sous la forme de jugements convenus, qui sont supervisés par un tribunal fédéral et une équipe de contrôle indépendante. Ces ententes se concentrent sur les réformes institutionnelles telles que l’amélioration des politiques, de la formation et du matériel, ainsi que la mise en place d’une méthode optimisée en matière de collecte de données et de responsabilisation. Une fois qu’un organisme de maintien de l’ordre a rempli les conditions prévues dans l’entente de réforme et les a maintenues, l’affaire est finalement close. Tout au long du processus, la Division met l’accent sur la consultation des groupes communautaires et des intervenant(e)s.
Par : l’Assemblée générale des Nations Unies — Conseil des droits de l’homme
[Rapport du Groupe de travail des Nations Unies]
En ligne (PDF) : https://digitallibrary.un.org/record/1304262/files/A_HRC_36_60_Add-1-FR.pdf?ln=fr
À la demande du gouvernement du Canada, le Groupe de travail d’expert(e)s sur les personnes d’ascendance africaine effectue une mission au Canada en octobre 2016. Les expert(e)s rencontrent des représentant(e)s des gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que de leurs différents ministères. Ces expert(e)s entrent également en relation avec un grand nombre d’organisations de la société civile et d’autres parties prenantes. Dans leur rapport, les expert(e)s soulignent que si le Canada a pris des mesures pour promouvoir la diversité et l’inclusion, il n’a pas adopté de mesures spéciales pour les personnes afro-canadiennes. Le rapport note cette lacune à la lumière des disparités, de la discrimination et du racisme systémique envers les personnes noires auxquels sont confrontées les personnes afro-canadiennes dans l’exercice de leurs droits sociaux, économiques et culturels. Le rapport soulève ces disparités dans divers secteurs, notamment le système de justice pénale, l’éducation, la santé, le logement et l’emploi. Le Groupe de travail reconnaît que ces disparités résultent souvent de formes de discrimination multiples et croisées.
Bien que le Groupe de travail salue les efforts déployés par le Canada pour lutter contre la discrimination raciale, le rapport souligne les préoccupations du Groupe concernant les enjeux de racisme structurel et de racisme systémique envers les personnes noires au sein des institutions canadiennes. Le Groupe de travail est particulièrement préoccupé par l’absence de données fondées sur la race et par la pratique du profilage racial qui affecte de manière disproportionnée les personnes d’ascendance africaine. Le Groupe de travail est également préoccupé par le recours excessif à la force et par les décès de personnes vulnérables d’ascendance africaine causés par la police. Le rapport émet un certain nombre de recommandations, notamment :
Par : la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH)
[Rapport de la CIDH sur la violence policière]
En ligne (PDF) : https://www.oas.org/en/iachr/reports/pdfs/PoliceUseOfForceAfrosUSA.pdf
La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) entreprend un examen de la discrimination structurelle à l’encontre des personnes afro-américaines aux États-Unis, ainsi que de la disparité raciale dans le système de maintien de l’ordre et le système de justice pénale. À la suite d’affaires très médiatisées survenues ces dernières années, la CIDH fait part de ses préoccupations quant aux obligations internationales des États-Unis en matière de droits de la personne. La CIDH rédige ce rapport dans le cadre de son mandat de surveillance et de promotion des droits de la personne dans les États membres de l’Organisation des États Américains (OEA). Grâce à plusieurs audiences publiques organisées depuis 2014, la CIDH a recueilli des renseignements auprès de l’État, d’organisations de la société civile et de victimes de violence policière. De plus, la CIDH a examiné des rapports publics et s’est rendue en Floride, en Louisiane et dans le Missouri en 2015. La CIDH considère que l’histoire de l’esclavage et de la ségrégation aux États-Unis a des répercussions persistantes sur les droits de la personne de la population afro-américaine. Dans cette optique, la CIDH analyse de nombreuses questions, notamment celles portant sur le maintien de l’ordre, le profilage racial et le recours excessif à la force.
Dans son rapport, la CIDH souligne l’obligation positive des États-Unis d’adopter des mesures pour bâtir une société inclusive exempte de toute forme de discrimination raciale, et demande que des mesures soient prises pour modifier la culture du maintien de l’ordre et les relations entre la police et les personnes afro-américaines. Le rapport souligne que certains de ces problèmes peuvent enfreindre le droit international, comme le recours excessif à la force qui équivaut à un traitement cruel, inhumain ou dégradant. La CIDH insiste sur le fait que les États-Unis doivent adopter une approche transformatrice pour remédier à l’inégalité sous-jacente à la discrimination raciale et à son contexte permanent. Le rapport propose plusieurs recommandations, notamment :
Par : Scot Wortley
[Rapport Wortley sur les contrôles de routine]
En ligne (PDF) : https://humanrights.novascotia.ca/sites/default/files/editor-uploads/halifax_street_checks_report_march_2019_0.pdf
La Commission des droits de la personne de la Nouvelle-Écosse sollicite l’expertise du professeur Scot Wortley, à la suite de la publication d’un rapport sur la race et les « contrôles de routine » de la police régionale de Halifax, en 2017. Le professeur Wortley est chargé de mener une enquête sur la relation entre la race et les contrôles de routine de la police dans la région de Halifax, en analysant les données recueillies sur une période de 12 ans. L’enquête comprend également une série de consultations avec la communauté noire de la Nouvelle-Écosse, les résultats d’une enquête communautaire et des consultations avec des agent(e)s de police. En s’appuyant sur ses constatations, le professeur Wortley publie son rapport et formule des recommandations sur la réglementation et/ou la suspension des pratiques de la police en lien avec les contrôles de routine.
Dans son rapport, le professeur Wortley examine les données recueillies par la police régionale de Halifax et la Gendarmerie royale du Canada (GRC) entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2017. L’analyse révèle un certain nombre de disparités, notamment le fait que le taux de contrôles de routine à Halifax est relativement élevé par rapport à d’autres juridictions canadiennes. Plus particulièrement, entre 2006 et 2012, la population noire était cinq fois plus susceptible de faire l’objet d’un contrôle de routine, alors qu’elle représentait moins de 4 % de la population. Sur la base de ces résultats, le professeur Wortley formule des recommandations parmi lesquelles figurent l’interdiction des contrôles de routine et la restriction de l’accès des agent(e)s aux données historiques sur les contrôles de routine. Si aucune interdiction n’est mise en œuvre, le professeur Wortley suggère d’élaborer des règles régissant l’utilisation des contrôles de routine qui soient conformes au code de déontologie de la police régionale de Halifax et au Nova Scotia Human Rights Code (code de la Nouvelle-Écosse sur les droits de la personne).
Par : la Chambre des communes et le Comité permanent de la sécurité publique et nationale
[Rapport du Comité permanent de la sécurité publique et nationale sur le racisme systémique]
En ligne (PDF) : https://www.ourcommons.ca/Content/Committee/432/SECU/Reports/RP11434998/securp06/securp06-f.pdf
En 2021, le Comité permanent de la Chambre des communes sur la sécurité publique et nationale (le Comité) publie un rapport soulignant la nature omniprésente du racisme systémique dans les services de police et appelant à un effort national de transformation pour prévenir une telle discrimination. Le Comité organise de nombreuses audiences afin de recueillir les témoignages de représentant(e)s des communautés racialisées, du milieu universitaire et des responsables de la police canadienne. Ces témoignages décrivent des interventions policières excessives et insuffisantes, une surreprésentation des communautés racialisées dans les systèmes de justice pénale et les recoupements entre la race et la santé mentale. Le Comité estime qu’il est essentiel de renforcer la responsabilisation, la transparence et le contrôle, ainsi que de recueillir des données fondées sur la race. Le Comité prend également connaissance des appels à la modification de la structure et de la gouvernance de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), à l’accroissement de la diversité dans les services de police et à la réforme de la culture « toxique » au sein de la GRC.
À l’issue de ces audiences, la commission formule 42 recommandations dans son rapport visant à réformer fondamentalement les services de police canadiens afin qu’ils soient exempts de racisme et de toute autre forme de discrimination. Parmi ces recommandations, on trouve notamment :
En mars 2017, la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) a retenu les services de Scot Wortley, Ph. D. (professeur et coordonnateur des études supérieures au Centre de criminologie et d’études sociolégales de l’Université de Toronto) pour fournir du soutien professionnel dans le cadre de l’enquête[1]. Son rôle consistait notamment à analyser les données obtenues par la CODP auprès du service de police de Toronto (SPT) et de l’Unité des enquêtes spéciales (UES) pour la période du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017, de même que les données d’enquête liées aux éléments suivants :
M. Wortley a collaboré avec M. Ayobami Laniyonu[2] (professeur adjoint, Centre de criminologie et d’études sociolégales, Université de Toronto) et M. Erick Laming[3] (doctorant, Centre de criminologie et d’études sociolégales, Université de Toronto) pour l’analyse des données sur le recours à la force, et Mme Maria Jung[4] (professeure adjointe, Faculté de criminologie, Université métropolitaine de Toronto, pour l’analyse des données sur les arrestations, les accusations et les remises en liberté.
Scot Wortley a analysé des données touchant deux périodes : du 1er janvier 2000 au 6 juin 2006 et du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017. La CODP a limité son analyse à la période allant du 1er janvier 2013 au 30 juin 2017 étant donné que certaines informations requises n’étaient pas disponibles en version électronique pour la période antérieure au 1er janvier 2013.
En ce qui concerne les données de 2000 à 2006, elles avaient déjà été recueillies et classifiées par M. Wortley en 2006 dans le cadre de la Commission d’enquête sur Ipperwash[5]. Les données de 2013 à 2017 ont été recueillies et classifiées par la CODP dans le cadre de cette enquête.
Comme il en a été question dans Un impact collectif, une grande partie de l’information recueillie provenait des rapports de la direction de l’UES. Ces rapports comprenaient des renseignements détaillés sur toutes les enquêtes de l’UES, y compris le moment, la date et le lieu de l’incident, les caractéristiques du ou des civil(e)s impliqué(e)s, la cause de la blessure ou du décès, une description des circonstances de l’incident et les motifs à l’origine de la décision du membre de la direction d’innocenter les agent(e)s concerné(e)s ou de déposer des accusations contre eux (elles) au criminel.
Au cours des deux périodes, l’UES n’a recueilli aucune donnée fondée sur la race. Dans le cas des données visant la période de 2000 à 2006, la détermination de la race a été effectuée à partir de photographies, d’entrevues avec les enquêteur(-trice)s de l’UES, de leurs notes et/ou de photos du (de la) civil(e) dans les médias. Pour la période de 2013 à 2017, la détermination de la race a été effectuée à partir des notes de l’enquêteur(-trice) de l’UES, de photographies, de la couverture médiatique, des médias sociaux et/ou des documents du SPT (p. ex., notes de l’agent(e), rapports généraux d’incidents, documents d’inculpation du SPT, résumés d’incident). L’analyse de M. Wortley comprenait plusieurs facteurs susceptibles d’entrer en jeu au moment de choisir le recours à la force, tels que les caractéristiques des civil(e)s (âge, sexe, etc.) et les facteurs conjoncturels (milieu communautaire, comportement des civil(e)s, maladie mentale, affaiblissement des facultés, présence d’une arme, etc.). Cette analyse est présentée dans son rapport sur la race et le recours à la force par la police, Use of Force : An Examination of Special Investigations Unit Cases Involving the Toronto Police Service à l’annexe E de Un impact collectif[6] :
Après la publication de Un impact collectif, la CODP a examiné les cas fournis par l’UES et a classifié des variables supplémentaires, notamment :
M. Wortley et son équipe ont analysé ces facteurs pour déterminer s’ils pouvaient expliquer les grandes disparités raciales ressortant des données. D’autres chercheur(-euse)s ont également soulevé certains des facteurs dans le but de réfuter les conclusions du rapport Un impact collectif. Pour plus de détails sur cette analyse, voir la section E du rapport de M. Wortley, Use of Force by the Toronto Police Service : Final Report (rapport sur le recours à la force)[7].
La CODP a également passé en revue les rapports de la direction de l’UES sur les enquêtes impliquant des personnes noires menées entre le 1er janvier 2013 et le 30 juin 2017. Ces rapports contiennent les descriptions d’incidents et les analyses réalisées par l’UES. La CODP a cerné des thèmes liés au SPT et à la population civile noire. Des exemples de cas où ces thèmes ont été cernés dans les rapports de la direction de l’UES ont été inclus dans Un impact collectif et sont également inclus dans le présent rapport[8].
La CODP a examiné les incidents de recours à la force qui n’ont pas causé de blessures graves ou la mort et qui n’ont pas justifié une enquête de l’UES.
Avant le 1er janvier 2020, le SPT ne recueillait pas de données fondées sur la race lors des incidents impliquant un recours à la force. Afin de déterminer la race des personnes impliquées dans les incidents de recours à la force de faible intensité, la CODP et M. Wortley ont examiné trois types de documents : les rapports sur le recours à la force, les rapports de maladies/blessures et les rapports généraux d’incidents (RGI). Comme M. Wortley le mentionne en détail dans le Rapport sur le recours à la force, la démarche qu’ont dû suivre la CODP et l’équipe de recherche pour identifier et classifier chaque cas de recours à la force de faible intensité consistait à compiler, rapprocher et extraire des renseignements issus de trois rapports distincts du SPT.
Les rapports sur le recours à la force doivent être remplis lorsqu’un(e) agent(e) :
Toutefois, ils ne contiennent pas de renseignements permettant d’identifier le sujet, y compris son origine ethnique. Chaque fois qu’un(e) agent(e) a une interaction avec un(e) civil(e) au cours de laquelle une blessure ou une maladie est identifiée, il (elle) doit remplir un rapport de blessures/maladies, peu importe la cause de la blessure, et y décrire comment la blessure est survenue[10]. Bien que les rapports de blessures/maladies ne contiennent pas de renseignements permettant d’identifier le sujet, y compris son origine ethnique, ils comportent le numéro du RGI correspondant. Les RGI fournissent une description des événements ainsi que des informations permettant d’identifier la population civile, y compris leur origine ethnique dans la plupart des cas[11].
La CODP a demandé les rapports sur le recours à la force, les rapports de blessures/maladies et les RGI correspondants du SPT pour la période du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017. Ces documents ont fait l’objet de recoupements rigoureux pour en extraire les données fondées sur la race des civil(e)s ayant été blessé(s) lors d’une interaction avec la police.
En collaboration avec l’équipe de recherche de M. Wortley, la CODP a entrepris un processus de jumelage manuel de longue haleine. Les personnes responsables de la classification ont déterminé si les rapports de blessures/maladies étaient visés par la portée de l’enquête (c.-à-d. si la blessure a été causée par le recours à la force de la police). Dans le cas des rapports de blessures/maladies qui étaient visés, les personnes responsables de la classification ont identifié le RGI correspondant et ont tenté d’identifier le rapport de recours à la force correspondant en comparant la date et l’heure, le type d’affectation de la police, le lieu de l’incident, le nom des agent(e)s impliqué(e)s, le type de force utilisée et d’autres détails propres au cas. Des rapports sur le recours à la force n’ont pas été identifiés dans tous les cas. Par exemple, certaines blessures peuvent avoir entraîné la production d’un rapport de blessure, mais la gravité de la blessure n’a pas nécessité de soins médicaux, et donc, la production d’un rapport de recours à la force.
Une fois les documents correspondants identifiés, l’information a été classifiée dans un modèle de données contenant des renseignements démographiques sur la personne, y compris sa race, le type de force utilisé, les blessures subies, la zone de patrouille où l’incident a eu lieu et la nature de l’interaction qui a mené au recours à la force (c.-à-d. intervention policière réactive ou proactive). Dans l’ensemble de données, un petit nombre de cas ont atteint le seuil de « blessure grave » et ont fait l’objet d’une enquête de l’UES, de sorte qu’ils ont également figuré dans l’ensemble de données et l’analyse de l’UES.
M. Wortley a analysé les données sur la population établies à l’aide des estimations du Recensement de 2016. À l’instar de l’analyse du recours à la force causant des blessures graves ou la mort, M Wortley a examiné les facteurs qui pourraient expliquer le recours à la force, comme les caractéristiques de la population civile (âge, sexe, etc.) et les facteurs conjoncturels (milieu communautaire, comportement des civil(e)s, maladie mentale, affaiblissement des facultés, présence d’une arme, etc.). Cette analyse est détaillée dans le rapport sur le recours à la force[12].
L’équipe de M. Wortley a également effectué une analyse multivariée qui visait à déterminer si les disparités raciales dans le recours à la force « de faible intensité » et le recours à la force qui ont causé des blessures graves ou la mort persistaient après la prise en compte des caractéristiques des zones de patrouille (c.‑à‑d. le taux d’actes criminels violents, le revenu médian du ménage, le pourcentage des ménages dirigés par une mère seule)[13].
Après la publication de Un impact disparate, MM. Wortley et Laniyonu ont relevé une erreur de classification de l’origine ethnique de la population civile au sein de l’analyse multivariée. La CODP (CODP) a retenu les services de Maria Jung[14] pour procéder à un examen indépendant de l’erreur. Comme il a été mentionné précédemment, Mme Jung a effectué une partie de l’analyse à partir de Disparité raciale dans les interpellations et les accusations : analyse des données sur les interpellations et les accusations transmises par le service de police de Toronto. Toutefois, elle n’a pas participé au rapport d’expert de M. Wortley sur le recours à la force, qui faisait également partie de Un impact disparate.
Un impact disparate[15] et le Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto[16] ont énoncé à tort qu’en contrôlant les caractéristiques des zones de patrouille :
Les disparités raciales dans l’analyse multivariée diminuent de façon significative une fois l’erreur corrigée. De plus, lorsque les autres personnes racialisées sont regroupées dans les données, elles sont désormais moins susceptibles que les personnes blanches de subir un recours à la force lorsque l’on contrôle les caractéristiques des zones de patrouille[17]. Cependant, il existe toujours une disparité raciale flagrante dans le risque que les personnes noires subissent la force par rapport aux personnes blanches, ce qui demeure « cohérent avec les aux arguments de préjugés raciaux [:] »[18]
À la suite de cet examen indépendant, l’analyse révèle que les personnes noires sont nettement plus susceptibles de subir tous les types de recours à la force par la police que leurs homologues blanches. Ces disparités raciales flagrantes subsistent après le contrôle statistique des caractéristiques de la zone de patrouille, y compris le taux de crimes violents, le revenu médian des ménages et la proportion de ménages dirigés par une mère seule. Cela correspond aux conclusions tirées dans le rapport initial. Cependant, l’étendue de la disparité raciale est plus faible dans l’analyse corrigée que dans le rapport initial. Au lieu d’un risque de recours à la force 30 à 58 fois plus élevé pour la population noire que pour la population blanche, comme indiqué dans le rapport initial, les résultats de cette analyse corrigée montrent que la population noire est 4 à 5 fois plus susceptible de subir un recours à la force que son homologue blanche.
Cependant, pour les civil(e)s d’autres groupes raciaux minoritaires, les conclusions de l’analyse corrigée sont sensiblement différentes de celles tirées dans le rapport initial, dans lequel les civil(e)s appartenant à d’autres groupes raciaux minoritaires étaient 5 à 14 fois plus susceptibles de faire l’objet d’un recours à la force que leurs homologues blanc(he)s, en tenant compte des caractéristiques de la zone de patrouille, notamment le taux de crimes violents, le revenu médian des ménages et la proportion de ménages dirigés par une mère seule. Dans l’analyse corrigée, les civil(e)s appartenant à d’autres groupes raciaux minoritaires sont environ 40 % moins susceptibles que leurs homologues blanc(he)s de subir un recours à la force, en tenant compte des caractéristiques de la zone de patrouille [traduction].
L’examen indépendant a confirmé que « des civil(e)s blanc(he)s ont été incorrectement classifié(e)s comme des civil(e)s noir(e)s; des civil(e)s noir(e)s ont été incorrectement classifié(e)s comme appartenant à d’autres groupes minoritaires racialisés; des civil(e)s d’autres groupes minoritaires racialisés ont été incorrectement classifié(e)s comme des personnes dont la race n’a pas pu être identifiée; et des personnes dont la race n’a pas pu être identifiée ont été classifiées comme des personnes blanches » [traduction][19]. L’erreur s’est produite lorsque les données ont été transférées d’un programme d’analyse statistique (SPSS) vers un autre programme d’analyse statistique (R)[20].
Après avoir découvert cette erreur, MM. Wortley et Laniyonu ont revu et corrigé le rapport d’expertise sur le recours de la force. Les tableaux présentés dans l’examen indépendant sont « essentiellement et substantiellement les mêmes que la série de tableaux corrigés »[21] [traduction] dans le rapport d’expertise sur le recours à la force.
Les versions corrigées des rapports Un impact disparate et Recours à la force par le service de police de Toronto sont mentionnées dans ce rapport final.
La CODP a demandé à obtenir les données suivantes provenant du système Versadex du SPT en lien avec neuf infractions précises :
Comme le décrit M. Wortley dans le rapport Un impact disparate, ces accusations ont été choisies parce que la recherche — ainsi que les consultations avec les avocats de la défense et les membres de la communauté — suggère que, par rapport aux infractions plus graves, ces accusations sont plus susceptibles d’être affectées par les pratiques de surveillance policière ou par le pouvoir discrétionnaire de la police.[23] Outre les accusations énumérées, la CODP a demandé des renseignements sur toute accusation connexe, sur les détails de la libération des délinquant(e)s et sur les décisions relatives aux accusations. La CODP a également demandé des renseignements sur les antécédents criminels de la personne au moment de chaque arrestation ou inculpation. La demande initiale visait à obtenir ces données pour la période couvrant les années 2010 à 2017. En 2013, le SPT a changé de système de données, passant du Criminal Information Processing System (CIPS) à Versadex. Cependant, en raison des limites associées aux données du CIPS[24], M. Wortley a limité son analyse aux données de Versadex (de 2013 à 2017).
La CODP a fourni à M. Wortley cinq ensembles de données différents. Le premier comprenait les principales accusations comprises dans la demande de données initiale et toutes les accusations connexes associées à l’arrestation. Le deuxième comprenait les arrestations résultant de ces accusations, et le troisième fournissait des renseignements démographiques (âge, sexe, race, etc.) sur chaque personne impliquée dans les accusations et les arrestations. Quant au quatrième, il comprenait les incidents d’arrestation lors desquels la personne a été remise en liberté dans la rue ou sur engagement, tandis que le cinquième comprenait les incidents d’arrestation lors desquels la personne a été mise en état d’arrestation et transportée au poste de police pour être « mise en détention ».
M. Wortley a analysé les données sur la base des six catégories raciales différentes fournies par le SPT : les personnes blanches, noires, asiatiques, autochtones, brunes et inconnues, en combinant les catégories asiatiques, brunes et autochtones en une seule catégorie intitulée « autres groupes raciaux minoritaires »[25]. Il y a eu 111 972 accusations pour lesquelles la race de la personne présumée délinquante était connue, ce qui représente 96 % des accusations dans l’ensemble des données[26].
Les résultats de cette analyse sont présentés dans le rapport de M. Wortley intitulé Documenting Racial Disparity : An analysis of arrest and charge data from the Toronto Police Service[27].
Ces données présentaient certaines limites. Dans certains domaines, les données étaient manquantes. M. Wortley a noté que dans 4 % des cas, la race de l’accusé(e) n’était pas indiquée et que dans 20 % des cas, la décision relative à l’accusation n’était pas disponible[28]. En outre, en raison de problèmes de communication entre le SPT et la CODP, M. Wortley n’a pas été en mesure de déterminer si une personne avait été arrêtée, mais libérée au poste de police, ou si elle avait été détenue en vue d’une audience de justification, et il n’a donc pas analysé les disparités dans ce domaine. M. Wortley n’a pas non plus été en mesure d’analyser d’autres détails de l’arrestation, notamment si la personne a été fouillée à nu, photographiée, si ses empreintes digitales ont été relevées ou si elle a été placée dans une cellule de détention, car ces champs n’étaient pas obligatoires et n’apparaissaient souvent pas dans les données[29]. Enfin, en réponse à la demande de la CODP d’obtenir tous les antécédents criminels des délinquant(e)s au moment de l’arrestation, le SPT n’a fourni des renseignements sur l’historique des accusations qu’à partir de 2013, et n’a pas fourni de renseignements sur les accusations et les condamnations liées à d’autres services de police[30]. M. Wortley a noté que « les renseignements sur les antécédents criminels fournis par le SPT sont inutiles pour mener une analyse de tous les facteurs susceptibles d’influer sur le traitement après l’arrestation » [traduction][31].
Les professeurs Wortley et Laniyonu ont complété l’analyse comparative du recensement ou de la population générale sur l’usage de la force et les accusations figurant dans le rapport Un impact disparate en incluant des analyses comparatives supplémentaires basées sur des données additionnelles obtenues par la CODP auprès du SPT. Le rapport complémentaire en fait état.
Le recensement ou l’analyse comparative des données tirées de la population générale rend compte de l’impact global du recours à la force par la police sur les communautés racialisées. Selon M. Wortley[32] :
Certaines personnes soutiennent que la comparaison des données provenant des personnes d’origines raciales différentes avec celles de la population générale permet d’établir la probabilité que ces personnes soient amenées à interagir avec la police ou soient victimes d’un incident impliquant le recours à la force par la police. De plus en plus de chercheur(-euse)s reconnaissent que l’analyse comparative de données tirées du recensement constitue une première étape clé dans le processus de recherche, et qu’elle permet de documenter de façon efficace la mesure dans laquelle les groupes raciaux expérimentent différents types d’interactions avec la police [traduction].
M. Wortley reconnaît également que, « bien que l’analyse comparative des données provenant de la population générale puisse mettre en évidence la surreprésentation ou la sous-représentation des personnes racialisées dans les statistiques sur le recours à la force,celles-ci n’expliquent pas complètement les disparités raciales »[33].
Les professeurs Wortley et Laniyonu ont réalisé une analyse comparative supplémentaire des données sur le recours à la force en utilisant des données fondées sur la race lors des situations suivantes[34] :
Cette disposition répond aux arguments selon lesquels, par exemple[35] :
M. Wortley a noté que « les préjugés raciaux contribuent de différentes façons aux disparités raciales dans les statistiques sur les arrestations » et a donc mis en évidence la recherche selon laquelle « l’analyse comparative des données sur le recours à la force durant une arrestation sous-estime probablement le niveau de biais qu’on retrouve dans le recours à la force par la police ». De même, M. Laniyonu a déclaré[36] :
« Les personnes noires sont largement surreprésentées dans les contrôles de routine et les arrestations du SPT. Cette surreprésentation est presque certainement une conséquence, du moins en partie, des préjugés raciaux entretenus par les agent(e)s du SPT. Dans l’ensemble, cela signifie que l’analyse comparative des contrôles de routine et des arrestations devrait être considérée comme une estimation prudente des disparités raciales. [traduction] »
M. Wortley s’est appuyé sur les données du Recensement canadien de 2016 quant au « nombre de résident(e)s de Toronto qui se rendaient au travail en voiture, en camion ou à bord d’autres types de véhicules automobiles personnels. » Selon M. Wortley, « [l]es estimations des trajets domicile-travail peuvent être considérées comme supérieures aux repères démographiques, car elles tiennent mieux compte de la population qui conduit (c.-à-d. les personnes qui ont l’âge légal de conduire et qui ont accès à un véhicule automobile) ». Toutefois, elles « comportent aussi leurs limites » (par exemple, elles ne tiennent pas compte des gens qui conduisent fréquemment à des fins récréatives ou pour se rendre à l’école)[37].
Enfin, le Dr Wortley a complété l’analyse des données fondées sur la race relative aux accusations pour omission de se conformer en utilisant les statistiques d’arrestation basées sur la race du SPT comme point de repère. Cette mesure répond aux arguments selon lesquels l’analyse comparative des accusations pour omission de se conformer sur la base des statistiques de la population générale « ne tient pas compte de la population “à risque” d’être accusée d’omission de se conformer[38]. »
M. Wortley a examiné les contrôles de routine, les interpellations et les fouilles du SPT dans son rapport d’expert intitulé Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques (voir annexe 2)[39].
Les données relatives aux contrôles de routine comprenaient les contrôles de routines étant survenus avant l’adoption de la réglementation à cet effet et les interactions survenues après l’adoption de la réglementation à cet effet, de 2008 à 2019. Les contrôles de routine sont survenus avant l’adoption de la réglementation, soit entre 2008 et 2013. Seuls les cas où l’agent(e) a enregistré la race de la personne fichée ont été pris en compte dans son analyse. Ces données comprennent le nom et l’adresse de la personne, le motif de l’interpellation, l’endroit et l’heure de l’interaction, l’âge de la personne, son sexe et la couleur de sa peau, et souvent des renseignements sur les personnes associées à la personne interpellée (c’est-à-dire les personnes accompagnant le [la] civil[e] en question) et des commentaires précis sur l’interaction avec la police. M. Wortley a réparti les données par race, en analysant les résultats pour les résident(e)s de Toronto, et en tenant compte d’éléments tels que les personnes qui ont été interpellées à plusieurs reprises, les incidents impliquant de jeunes hommes âgés de 15 à 24 ans, et le motif des interpellations[40].
Il a effectué une analyse semblable pour les données du SPT de 2014. Il n’y a pas de données sur les contrôles de routine pour 2015 et 2016, car le SPT a imposé un moratoire sur les contrôles de routine. M. Wortley a utilisé les estimations démographiques du Recensement de 2006 pour son analyse des données de 2008 à 2013, et les estimations démographiques du Recensement de 2016 pour son analyse des données de 2014 à 2019[41].
M. Wortley a examiné les statistiques du SPT sur les interactions réglementées en vertu du règlement de l’Ontario sur les contrôles de routine, intitulé Collecte de renseignements identificatoires dans certaines circonstances[42], pour la période allant de 2017 à 2019[43].
M. Wortley a également comparé les données issues des contrôles de routine effectués à Toronto à celles d’autres villes de l’Ontario, notamment Peel, Ottawa, London, Kingston et Hamilton, et a analysé les incidences liées au sexe des personnes concernées[44].
M. Wortley a examiné des recherches qualitatives et des données d’enquête sur les interpellations et les fouilles à Toronto, notamment :
M. Wortley a de nouveau analysé les données du Black Experience Project (Environics Institute 2017) – un sondage réalisé en 2015 qui a permis d’examiner les opinions de 150 personnes noires de la région du Grand Toronto âgées de 16 ans et plus[47].
M. Wortley a également examiné deux sondages réalisés à partir de 2017 :
La CODP a examiné la jurisprudence, y compris la jurisprudence établie par la cour d’appel et les décisions des tribunaux criminels et civils.
La jurisprudence établie par la Cour d’appel sur les concepts clés liés au racisme envers les personnes noires, au racisme systémique et à la discrimination raciale systémique est examinée au chapitre 3 – Le racisme envers les personnes noires au sein des services maintien de l’ordre de Toronto.
Au chapitre 9 – Mécanismes de responsabilité et de surveillance : lacunes dans la gestion des données, l’examen des performances et la transparence publique, la CODP a identifié :
La CODP a demandé au SPT et à la CSPT de lui fournir les politiques, procédures et documents de formation en vigueur entre 2010 et 2017[50]. La CODP a reçu et examiné les documents du SPT et de la CSPT relatifs aux accusations, aux arrestations et aux remises en liberté, aux activités d’interpellation et de fouille, au recours à la force et aux initiatives de lutte contre le racisme.
La CODP a également demandé des documents actualisés et supplémentaires, en particulier ceux qui se rapportent à des recommandations potentielles. Le SPT et la CSPT ont fourni la plupart de ces documents. Les seules exceptions étaient les suivantes :
La CODP a analysé les documents à la lumière des recherches sur les meilleures pratiques, de la jurisprudence relative aux droits de la personne, de la législation et de la réglementation, ainsi que des recommandations formulées dans le cadre d’enquêtes et de rapports antérieurs, telles que l’enquête du coroner sur le décès d’Andrew Loku[51]. Cette analyse comprenait l’identification des éléments positifs et négatifs des politiques, des procédures et de la formation, ainsi que l’identification des domaines susceptibles d’être améliorés. La CODP a également identifié les domaines dans lesquels des renseignements complémentaires étaient nécessaires, et a ensuite posé ces questions au SPT et à la CSPT.
Lors du lancement de l’enquête, la CODP s’est engagée à recueillir des renseignements auprès des personnes, des groupes et des organisations concernés, y compris les agent(e)s du SPT.
La CODP a envoyé un courriel au SPT en décembre 2019, et une version actualisée de ce courriel a été envoyé à tou(te)s les agent(e)s en mars 2021, les invitant à faire part de leurs réflexions sur l’enquête et les domaines connexes, tels que[52] :
Seulement cinq agent(e)s ont accepté de participer à une entrevue ou ont fourni des commentaires détaillés.
La CODP a mené un sondage confidentiel à participation volontaire en ligne auprès des agent(e)s en uniforme du SPT de rang inférieur à celui d’inspecteur(-trice). Le sondage a été accessible entre le 12 et le 26 octobre 2022. La CODP a invité les agent(e)s à partager leurs points de vue sur les enjeux du racisme, en particulier le racisme envers les personnes noires, tant au sein du SPT qu’en matière d’interactions entre les agent(e)s avec les civil(e)s. Le SPT a appuyé l’enquête et a fourni une description et un lien vers le sondage à tou(te)s les agent(e)s et aux membres du personnel civil(e)s par courrier électronique interne et sur l’intranet du SPT.
La CODP a reçu 113 réponses dans le cadre de ce sondage. En outre, 152 réponses au sondage ont été exclues de l’analyse pour les raisons suivantes : parmi les répondant(e)s, 11 personnes ont refusé de donner leur consentement à ce que la CODP recueille leurs réponses au sondage, 110 personnes ont refusé de fournir leur nom ou leur numéro d’insigne afin de participer au sondage, et 31 personnes ont été disqualifiées parce qu’elles n’étaient pas des agent(e)s en uniforme de rang inférieur à celui d’inspecteur(-trice)[53].
La CODP a interrogé des membres civil(e)s et en uniforme du Black Internal Support Network (BISN), un groupe d’affinité du SPT, afin de connaître leur expérience en matière de racisme envers les personnes noires au sein du SPT, de culture policière, de formation, de politiques, de procédures, de mécanismes de responsabilité en matière de profilage racial et de discrimination, et de relations entre le SPT et les communautés noires. Une directive du chef (note de service 649) a été émise, permettant ainsi à la CODP de communiquer directement avec les membres du BISN et précisant qu’aucune mesure disciplinaire ne serait prise à la suite des entrevues.
Lors du lancement de l’enquête, la CODP a également communiqué avec les agent(e)s au moyen d’un appel public et a interrogé deux ancien(ne)s agent(e)s et un(e) agent(e) en poste dans le cadre de ce processus.
La CODP a également mené des entrevues avec le haut commandement du SPT au sujet des politiques et procédures, des initiatives antiracistes, des mécanismes de responsabilisation et des réponses aux rapports afin de comprendre comment les procédures du SPT sont mises en œuvre. La CODP a fourni à l’avance au SPT une liste des domaines de questions et des documents qui seraient évoqués lors des entrevues. Les entrevues ont été menées avec les personnes suivantes; les titres ci-dessous reflètent les fonctions qu’elles occupaient au moment de l’entretien :
La CODP a également interrogé Peter Duncan, instructeur au Toronto Police College.
Lorsqu’il n’a pas été possible de répondre à certaines questions au cours des entrevues, la CODP a fait un suivi par écrit et le SPT a fourni une réponse. La CODP a également reçu des réponses écrites de Ian Williams, gestionnaire de l’analyse et de l’innovation.
La CODP a fourni à la CSPT une liste de questions concernant ses politiques et procédures, ses initiatives en matière de lutte contre le racisme, ses mécanismes de responsabilisation et ses réponses aux rapports. La CSPT a fourni des réponses par écrit.
Les personnes suivantes ont été interrogées par la CSPT :
La CODP a également interviewé Notisha Massaquoi, ancienne co-présidente communautaire du Groupe consultatif sur la lutte contre le racisme de la CSPT, ainsi que Steven Lurie et Jennifer Chambers, co-président et coprésidente de la communauté du Groupe consultatif sur la santé mentale et les toxicomanies de la CSPT (MHAAP).
La CODP a dressé une liste de huit décisions rendues par le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario (TDPO) entre 2009 et 2017, dans lesquelles il a été conclu à l’existence d’un profilage racial ou d’une discrimination raciale. La CODP a également identifié quatre décisions des tribunaux dans lesquelles les juges n’ont pas évalué s’il y avait eu profilage racial ou discrimination raciale, mais on peut en déduire qu’il y a eu profilage racial ou discrimination raciale à l’égard des personnes noires en raison des constatations faites par les juges.
La CODP a demandé au SPT de lui communiquer les avis d’audience ou les décisions du tribunal disciplinaire du SPT[54], ainsi que tous les documents relatifs à des consultations mineures au niveau de l’unité ou à une formation d’appoint qui n’ont pas été transmis au bureau du chef ou à l’unité des normes professionnelles, en rapport avec la conduite mentionnée dans ces cas.
De manière plus générale, la CODP a également souhaité connaître le nombre d’agent(e)s ayant fait l’objet de mesures disciplinaires pour discrimination raciale, harcèlement racial ou maintien de l’ordre fondé sur des préjugés raciaux depuis 2010, ainsi que les décisions du tribunal disciplinaire du SPT qui en ont découlé.
Enfin, la CODP a examiné les lettres adressées par le directeur de l’UES au chef de la police entre 2013 et 2017 à la suite d’enquêtes de l’UES, dans lesquelles le directeur de l’UES faisait part de ses préoccupations quant à un éventuel comportement répréhensible de la police ou à des problèmes liés à l’enquête. La CODP a identifié 27 cas d’inconduite potentielle de la part d’agent(e)s signalés par le directeur de l’UES. La CODP a identifié trois cas qui soulèvent des préoccupations en matière de profilage racial ou de discrimination raciale envers les personnes noires. Les lettres adressées au chef ne mentionnent pas que les civil(e)s sont noir(e)s, et l’UES n’a pas expressément soulevé la question du profilage racial ou de la discrimination raciale dans ces lettres.
La CODP a demandé au SPT de fournir toutes les décisions du tribunal disciplinaire du SPT et tous les avis d’audience du tribunal disciplinaire du SPT liés aux cas d’inconduite signalés par le directeur de l’UES dans les lettres adressées au chef.
La CODP s’est engagée à « recevoir de l’information de personnes touchées, et de groupes et d’organisations intéressés[55]. » Consciente de la diversité des communautés noires, la CODP a invité les organisations et membres de la collectivité à discuter de leur vécu sur le plan du racisme envers les personnes noires mettant en cause le SPT. Une ligne téléphonique et un courriel ont été mis à la disposition de la collectivité pour recevoir les récits d’expérience. La CODP a mené des entrevues de suivi en personne et par téléphone avec des personnes qui ont fait état d’expériences relevant du champ d’application de l’enquête.
Sur avis de dirigeant(e)s de communautés noires, la CODP a aussi collaboré avec plusieurs organisations de services aux communautés noires ou de contestation du racisme envers les personnes noires afin de créer des groupes de discussion et de recueillir les récits d’expérience de personnes noires qui impliquent le SPT et s’inscrivent dans le cadre de l’enquête. Il s’agissait notamment de demander à des personnes et à des organisations comment la police de Toronto devrait lutter contre le racisme envers les personnes noires.
Voici les organisations qui ont contribué à la sensibilisation :
La CODP a rencontré environ 190 membres de communautés noires, dont 125 membres des communautés de Malvern, Central Etobicoke, Jane and Finch, et York South-Weston. Dans la plupart des cas ces rencontres ont eu lieu lors de groupes de discussion organisés en collaboration avec les organisations susmentionnées. La CODP a aussi organisé des rencontres additionnelles avec des personnes souhaitant raconter leurs histoires sans passer par des groupes de discussion.
La CODP a également consulté les dirigeant(e)s de la communauté noire au sujet des recommandations qu’elle a formulées à l’intention du SPT et de la CSPT. Pour chaque consultation, les questions ont été adaptées aux connaissances et à l’expertise des dirigeant(e)s ou de l’organisme communautaire. Voici les dirigeant(e)s rencontré(e)s :
La CODP a examiné les initiatives en cours et postérieures à 2017 du SPT et de la CSPT mises en place pour lutter contre le racisme dans les services de police. Parmi les initiatives, on peut citer :
Les références de ce rapport final aux initiatives et aux documents du SPT et de la CSPT contenues dans le présent rapport sont à jour, en date de juillet 2023, moment de la rédaction du présent rapport. Toutefois, nous reconnaissons que le SPT ou la CSPT peuvent avoir mis à jour certaines initiatives ou en avoir entrepris de nouvelles qui ne sont pas abordées dans le présent rapport.
En mai 2022, la CODP, le SPT et la CSPT ont tenu une table ronde sur les politiques afin de discuter d’importants problèmes relevés au cours de l’enquête et d’examiner des recommandations de changement. Les participant(e)s comprenaient des membres des communautés noires, du gouvernement, du milieu universitaire, des services de police ainsi que d’autres parties prenantes. Les enjeux examinés comprenaient la discipline, la collecte de données, la formation et l’éducation, la nature et l’étendue de l’exercice discriminatoire du pouvoir discrétionnaire et le rôle de l’avocat(e) de la Couronne, le recours à la force, la responsabilisation et les mécanismes d’application.
Les participant(e)s sont énuméré(e)s ci-dessous. Leurs titres reflètent les postes qu’ils (elles) occupaient au moment de leur entrevue :
La CODP a mené des entrevues de suivi avec les personnes suivantes, qui ont participé à la table ronde, afin de recueillir des informations et des points de vue supplémentaires :
Avant la table ronde, la CODP s’est également entretenue avec Joseph Martino, directeur de l’Unité des enquêtes spéciales.
Le 23 mars 2023, la CODP a été invitée à participer à une journée complète de formation au Toronto Police College (TPC). Le TPC a fourni des exemples de séances de formation que les agent(e)s du SPT reçoivent dans le cadre de leur formation en cours d’emploi.
Les exemples comprenaient des cours sur le racisme envers les personnes noires et sur la désescalade, des formations sur les armes à feu, des scénarios de formation au jugement impliquant des interactions virtuelles, et des simulations dynamiques comprenant des interactions avec de vraies personnes.
Les membres de la CODP ont participé activement à chacun des volets de la formation. À la suite de cette visite, le TPC a fourni à la CODP des documents supplémentaires liés à la formation en cours d’emploi de 2023.
La CODP a recherché les meilleures pratiques du Canada, des États-Unis et du Royaume-Uni pour repérer, surveiller et contrôler le profilage racial, la discrimination raciale et le racisme envers les personnes noires dans les forces de l’ordre, y compris les recommandations formulées dans les enquêtes et les rapports précédents, telles que l’enquête du coroner sur la mort d’Andrew Loku.
Les recommandations de la CODP appliquent les principes énoncés dans sa Politique sur l’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre[58]. EIles ont été élaborées en consultation avec les communautés et les organismes noirs, les dirigeant(e)s des communautés noires, les expert(e)s, le SPT, la CSPT, et la TPA. Des commentaires ont également été fournis par le professeur Wortley et la sénatrice Gwen Boniface, ancienne commissaire de la Police provinciale de l’Ontario.
Certaines des recommandations de la CODP nécessitent une action à l’échelle de la province, tandis que d’autres peuvent être mises en œuvre par le SPT et la CSPT.
[1] M. Wortley a été qualifié d’expert par la Cour supérieure de justice de l’Ontario, le Tribunal canadien des droits de la personne et le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario – voir Smith v Canada Customs and Revenue Agency, [2004] OJ No 3410, au par. 70; R. v Douse, [2009] OJ No 2874 au par. 104; Tahmourpour v Canada (RCMP), [2008] C.H.R.D. No. 10 au par. 31; Nassiah v Peel (Regional Municipality) Services Board, 2007 HRTO 14 au par. 23; Maynard v Toronto Police Services Board, 2012 HRTO 1220 aux par. 139 et 142; Voir aussi « Faculty Directory: Scot Wortley ». En ligne : Université de Toronto www.crimsl.utoronto.ca/people/directories/all-faculty/scot-wortley.
[2] « Faculty Directory : Ayobami Laniyonu ». En ligne : Université de Toronto www.crimsl.utoronto.ca/people/directories/all-faculty/ayobami-laniyonu.
[3] « Faculty and Research : Erick Laming ». En ligne : Université Trent https://www.trentu.ca/criminology/faculty-research/erick-laming.
[4] « Faculty Directory : Maria Jung ». En ligne : Université Métropolitaine de Toronto https://www.torontomu.ca/criminology/people/faculty-directory/jung-maria/.
[5] Scot Wortley, « Police use of Force in Ontario: An Examination of Data from the Special Investigations Unit, Final Report », 2006. Projet de recherche mené pour le compte de la Clinique juridique africaine canadienne en vue d’une présentation à la Commission d’enquête sur Ipperwash. En ligne (PDF) : www.attorneygeneral.jus.gov.on.ca/inquiries/ipperwash/policy_part/projects/pdf/AfricanCanadianClinicIpperwashProject_SIUStudybyScotWortley.pdf.
[6] CODP, « Un impact collectif : Rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination envers les personnes noires au sein du service de police de Toronto », 2018, CODP, pp. 94-95. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/enqu%C3%AAte-d%E2%80%99int%C3%A9r%C3%AAt-public-sur-le-profilage-racial-et-la-discrimination-raciale-au-sein-du-service-de/un-impact-collectif-rapport-provisoire-relatif-%C3%A0-lenqu%C3%AAte-sur-le-profilage.
[7] CODP, « Un impact disparate : Deuxième rapport provisoire relatif à l’Enquête de la Commission ontarienne des droits de la personne sur le profilage et la discrimination raciale par le service de police de Toronto », « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », 2020, CODP, pp. 116-124. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/un-impact-disparate-deuxi%C3%A8me-rapport-provisoire-relatif-%C3%A0-l%E2%80%99enqu%C3%AAte-de-la-commission-ontarienne-des.
[8] CODP, « Un impact collectif : Rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination envers les personnes noires au sein du service de police de Toronto », 2018, CODP, pp. 24–28. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/enqu%C3%AAte-d%E2%80%99int%C3%A9r%C3%AAt-public-sur-le-profilage-racial-et-la-discrimination-raciale-au-sein-du-service-de/un-impact-collectif-rapport-provisoire-relatif-%C3%A0-lenqu%C3%AAte-sur-le-profilage.
[9] R.R.O. 1990, Règl. 296, par. 15,5(1).
[10] CODP, « Un impact disparate : Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto », « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », 2020, CODP, p. 87, en ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/un-impact-disparate-deuxi%C3%A8me-rapport-provisoire-relatif-%C3%A0-l%E2%80%99enqu%C3%AAte-de-la-commission-ontarienne-des.
[11] CODP, « Un impact disparate : Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto », « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », (2020), CODP, pp. 87-88. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/un-impact-disparate-deuxi%C3%A8me-rapport-prov....
[12] CODP, « Un impact disparate : Deuxième rapport provisoire relatif à l’Enquête de la Commission ontarienne des droits de la personne sur le profilage et la discrimination raciale par le service de police de Toronto », « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », 2020, CODP, pp. 98-115. En ligne : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Use%20of%20force%20by%20the%20Toronto%20Police%20Service%20Final%20report.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black.
[13] CODP, « Un impact disparate : Deuxième rapport provisoire relatif à l’Enquête de la Commission ontarienne des droits de la personne sur le profilage et la discrimination raciale par le service de police de Toronto », « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », 2020, pp. 116–125. En ligne : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Use%20of%20force%20by%20the%20Toronto%20Police%20Service%20Final%20report.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black.
[14] Maria Jung est professeure adjointe au département de criminologie de l’Université Métropolitaine de Toronto. Elle enseigne entre autres des cours portant sur les méthodes avancées de recherche qualitative et quantitative et possède une expertise en analyse multivariée. Ses travaux sur la race et le système de justice pénale ont été publiés dans des revues à comité de lecture : www.torontomu.ca/criminology/people/faculty-directory/jung-maria/.
[15] CODP, « Un impact disparate – Autres facteurs d’explication », août 2020. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/un-impact-disparate-deuxi%C3%A8me-rapport-provisoire-relatif-%C3%A0-l%E2%80%99enqu%C3%AAte-de-la-commission-ontarienne-des.
[16] Scot Wortley et coll., « Recours à la force par le Service de police de Toronto : rapport final », juillet 2020, CODP, pp. 116-126. En ligne (PDF) : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Use%20of%20force%20by%20the%20Toronto%20Police%20Service%20Final%20report.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black.
[17] Maria Jung, Révision par une experte indépendante des données, de l’analyse et des conclusions de la « Partie E : Analyse multivariée des cas de recours à la force » du « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », décembre 2022. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/corrections-%C3%A0-un-impact-disparate
[18] Maria Jung, Révision par une experte indépendante des données, de l’analyse et des conclusions de la « Partie E : Analyse multivariée des cas de recours à la force » du « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », décembre 2022, p. 10. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/corrections-%C3%A0-un-impact-disparate
[19] Maria Jung, Révision par une experte indépendante des données, de l’analyse et des conclusions de la « Partie E : Analyse multivariée des cas de recours à la force » du « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », décembre 2022, pp. 2-3. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/corrections-%C3%A0-un-impact-disparate
[20] Maria Jung, Révision par une experte indépendante des données, de l’analyse et des conclusions de la « Partie E : Analyse multivariée des cas de recours à la force » du « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », novembre 2022, p. 3. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/corrections-%C3%A0-un-impact-disparate
[21] Maria Jung, Révision par une experte indépendante des données, de l’analyse et des conclusions de la « Partie E : Analyse multivariée des cas de recours à la force » du « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », décembre 2022, p. 3. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/corrections-%C3%A0-un-impact-disparate
[22] CODP, « Cadre de référence, Enquête sur la discrimination raciale et le profilage racial effectué par le service de police de Toronto », 30 novembre 2017. En ligne : www.ohrc.on.ca/fr/cadre-de-référence-tps; voir Annexe 7 – Cadre de référence.
[23] CODP, « Un impact disparate : « Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto », qui documente « Racial Disparity in Arrests and Charges », 2020, p. 13. En ligne : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Racial%20Disparity%20in%20Arrests%20and%20Charges%20TPS.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black.
[24] Par exemple, les données du CIPS ont été fournies dans 15 ensembles de données qui ont dû être nettoyés, triés et fusionnés.
[25] Dans son Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto, M. Wortley a déclaré que les catégories raciales asiatiques, brunes et autochtones ont été combinées en une seule catégorie raciale appelée « autre minorité raciale » parce que : « Tout d’abord, bien que nous puissions conclure que la catégorie ''brune'' est ''non blanche'', nous ne pouvons pas l’utiliser pour comparer un groupe racial spécifique. Deuxièmement, l’enquête est axée sur le racisme envers les personnes noires. Ainsi, l’analyse suivante porte sur la façon dont les personnes noires sont traitées par rapport à leurs homologues blanches et aux “autres minorités raciales”. Enfin, une analyse plus raffinée, qui comprend les catégories autochtones, brunes et asiatiques, montre que ces groupes sont soit sous-représentés dans les arrestations du SPT (personnes asiatiques et à la peau brune), soit représentés à un niveau égal à leur présence dans la population générale (populations autochtones). Par conséquent, comme l’analyse suivante le révélera, la population noire représente le seul groupe racial qui est largement surreprésenté dans les statistiques sur les accusations au centre de cette enquête » [traduction].
CODP, « Un impact disparate : Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto » qui documente « Rapport sur le recours à la force par le service de police de Toronto », 2020, p. 15. En ligne (PDF) : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Use%20of%20force%20by%20the%20Toronto%20Police%20Service%20Final%20report.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black.
[26] CODP, « Un impact disparate : « Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto », qui documente « Disparité raciale dans les interpellations et les accusations », 2020, p. 15. En ligne (PDF) : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Racial%20Disparity%20in%20Arrests%20and%20Charges%20TPS.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black.
[27] CODP, « Un impact disparate : « Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto », qui documente « Racial Disparity in Arrests and Charges », pp. 108-115. En ligne (PDF) : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Racial%20Disparity%20in%20Arrests%20and%20Charges%20TPS.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black.
[28] CODP, « Un impact disparate : « Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto », qui documente « Racial Disparity in Arrests and Charges », p. 12. En ligne (PDF) : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Racial%20Disparity%20in%20Arrests%20and%20Charges%20TPS.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black.
[29] CODP, « Un impact disparate : « Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto », qui documente « Racial Disparity in Arrests and Charges », p. 12. En ligne (PDF) : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Racial%20Disparity%20in%20Arrests%20and%20Charges%20TPS.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black.
[30] CODP, « Un impact disparate : « Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto », qui documente « Racial Disparity in Arrests and Charges », pp. 12-13. En ligne (PDF) : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Racial%20Disparity%20in%20Arrests%20and%20Charges%20TPS.pdf#overlay-context=en/disparate-impact-second-interim-report-inquiry-racial-profiling-and-racial-discrimination-black.
[31] CODP, « Un impact disparate : « Deuxième rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto », qui documente le rapport intitulé « « Racial Disparity in Arrests and Charges: An analysis of arrest and charge data from the Toronto Police Service », 2020, pp. 12-13. En ligne (PDF) : www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Racial%20Disparity%20in%20Arrests%20a....
[32] Scot Wortley et Ayobami Laniyonu, « Addendum report: Additional benchmarking of TPS use of force and charge data », novembre 2022, pp. 3-4.
[33] Scot Wortley et Ayobami Laniyonu, « Addendum report: Additional benchmarking of TPS use of force and charge data », novembre 2022, pp. 3-4.
[34] Scot Wortley et Ayobami Laniyonu, « Addendum report: Additional benchmarking of TPS use of force and charge data », novembre 2022.
[35] Scot Wortley et Ayobami Laniyonu, « Addendum report: Additional benchmarking of TPS use of force and charge data », novembre 2022, p. 4.
[36] Scot Wortley et Ayobami Laniyonu, « Addendum report: Additional benchmarking of TPS use of force and charge data », novembre 2022, pp. 13-14.
[37] Scot Wortley et Ayobami Laniyonu, « Addendum report: Additional benchmarking of TPS use of force and charge data », novembre 2022, pp. 23-24.
[38] Scot Wortley et Ayobami Laniyonu, « Addendum report: Additional benchmarking of TPS use of force and charge data », novembre 2022, pp. 31-32.
[39] Voir annexe 2, Scot Wortley, « Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques », CODP, septembre 2021.
[40] Voir annexe 2, Scot Wortley, « Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques »,CODP, septembre 2021, pp. 45-75
[41] Voir annexe 2, Scot Wortley, « Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques », septembre 2021, CODP, pp. 45-75.
[42] Règl. de l’Ont. 58/16.
[43] Voir annexe 2, Scot Wortley, « Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques », septembre 2021, CODP, pp. 45-75.
[44] Voir annexe 2, Scot Wortley, « Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques », septembre 2021, CODP, pp. 45-75.
[45] Voir annexe 2, Scot Wortley, « Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques », septembre 2021, CODP, pp. 74-75.
[46] Voir annexe 2, Scot Wortley, « Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques », septembre 2021, CODP, p. 27.
[47] Voir annexe 2, Scot Wortley, « Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques », septembre 2021, CODP, pp. 38-43.
[48] Gervan Fearon et Carlyle Farrell, « Perceptions of the Toronto Police and the Impact of Rule Changes Under Regulation 58/16: A Community Survey », Commission de services policiers de Toronto, 2017.
[49] CABL, « Race and Criminal Justice: New report from CABL, Ryerson’s Faculty of Law and the University of Toronto confirms significant racial differences in perceptions and experiences with the Ontario criminal justice system », 10 février 2021. En ligne : https://cabl.ca/race-and-criminal-injustice-new-report-from-cabl-ryersons-faculty-of-law-and-the-university-of-toronto-confirms-significant-racial-differences-in-perceptions-and-experiences-with-the-ontari/; Voir annexe 2, Scot Wortley, « Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques », septembre 2021, CODP, pp. 76-77.
[50] CODP, « Lettres relatives à l’enquête au service de police de Toronto et à la Commission des services de police de Toronto », « Enquête sur la discrimination raciale et le profil racial effectué par le service de police de Toronto à l’endroit des personnes noires », 30 novembre 2017. Voir annexe 10.
[51] Bureau du coroner en chef, recommandations du jury enquête sur le décès d’Andrew Loku (30 juin 2017) aux recommandations 1 et 8.
[52] Lettre de la Commission ontarienne des droits de la personne aux membres en uniforme du service de police de Toronto, « The Ontario Human Rights Commission (OHRC) wants to hear from you », 3 mars 2021.
[53] Pour en savoir plus sur le sondage, veuillez consulter le chapitre 4 – Consultations auprès des communautés noires, des organismes communautaires et de la police.
[54] Les cas qui sont soumis au tribunal disciplinaire du SPT proviennent de plaintes publiques d’inconduite de la direction adressées au Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police ou de plaintes à l’interne.
[55] CODP, Cadre de référence de l’enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto, 30 novembre 2017. En ligne : www.ohrc.on.ca/en/terms-reference-tps; voir annexe 7.
[56] CSPT, « Police Reform in Toronto: Systemic Racism, Alternative Community Safety and Crisis Response Models and Building New Confidence in Public Safety », 2020. En ligne : https://tpsb.ca/jdownloads-categories/send/32-agendas/631-august-18-2020-agenda. CSPT, « Police Reform Implementation Dashboard ». En ligne : https://tpsb.ca/consultations-and-publications/policing-reform-implementation.
[57] SPT, « Race & Identity Based Data Collection Strategy: Understanding Use of Force & Strip Searches in 2020—Detailed Report », juin 2022, à l’annexe A—Action Plan. En ligne : www.tps.ca/media/filer_public/93/04/93040d36-3c23-494c-b88b-d60e3655e88b/98ccfdad-fe36-4ea5-a54c-d610a1c5a5a1.pdf.
[58] CODP, « Politique sur l’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre », 2019. En ligne : https://www.ohrc.on.ca/fr/politique-sur-l%E2%80%99%C3%A9limination-du-profilage-racial-en-contexte-de-maintien-de-l%E2%80%99ordre.
Chronologie des événements en lien avec des actes de profilage racial et de discrimination raciale envers les personnes noires commis par le service de police de Toronto, et initiatives prises par la CODP visant la police de Toronto
Remarques : À l’exception de Sammy Yatim, toutes les victimes mentionnées
ci-dessous étaient noires. De plus, il ne s’agit pas d’une liste exhaustive d’incidents et d’activités. Aux fins du présent document, la CODP ne tire aucune conclusion de profilage racial ou de discrimination raciale liée à l’un ou l’autre de ces événements.
1978
Andrew « Buddy » Evans, 24 ans, est tué par un(e) agent(e) du service de police de Toronto (SPT) devant une discothèque de la rue King Ouest. L’enquête du coroner conclut à l’absence d’acte répréhensible de la part de l’agent(e) de police.
1979
Albert Johnson, 35 ans, est tué par balle dans son appartement par deux agent(e)s du service de police de Toronto. Les deux agent(e)s sont inculpé(e)s d’homicide involontaire, mais seront acquitté(e)s en novembre 1980.
Michael Sargeant est tué par un(e) agent(e) du service de police de Toronto.
1985
Leander Savoury est tué par un(e) agent(e) du service de police de Toronto.
1988
Lester Donaldson, 44 ans, est tué dans sa maison de chambres d’un coup de feu tiré par un(e) agent(e) du service de police de Toronto. Selon la police, l’intervention fait suite à un appel signalant une prise d’otages par un homme, mais une fois sur place, l’agent(e) constate que Lester Donaldson se trouve seul dans sa chambre. M. Donaldson est abattu, car il se serait jeté sur l’agent(e) de police avec un couteau. L’agent(e) de police est inculpé(e) d’homicide involontaire, mais sera acquitté(e) par la suite.
Dudley Laws, Charles Roach, Sherona Hall et Lennox Farrell fondent le Black Action Defence Committee (comité de défense de la communauté noire) en réaction aux tirs policiers sur les personnes noires.
Le gouvernement de l’Ontario crée le Groupe d’étude sur les relations entre la police et les minorités raciales après les meurtres de Lester Donaldson et de Michael Wade Lawson. Clare Lewis, commissaire aux plaintes du public au sein de la Police de la communauté urbaine de Toronto, est nommée responsable du groupe d’étude. Celui-ci est chargé de « répondre rapidement aux très vives inquiétudes des minorités visibles à l’égard des interactions entre la police et leur communauté » [traduction]. Le groupe d’étude préconise d’introduire une obligation de formation pour les agent(e)s dont les états de service révèlent qu’ils (elles) éprouvent des difficultés à appréhender les questions de relations interraciales. Il recommande également que leurs performances fassent l’objet d’un suivi officiel. Le groupe propose aussi de créer une distinction qui sera décernée aux agent(e)s ayant démontré leur capacité à distinguer, dans l’exercice de leurs fonctions, les éléments relevant des relations interraciales.
1989
Sophia Cook, une femme noire de 23 ans, reçoit une balle dans le dos tirée par un(e) agent(e) du service de police de Toronto alors qu’elle se trouve dans une voiture. Elle développera par la suite une paralysie temporaire. Sophia Cook était montée dans la voiture prétendument volée après avoir raté son bus. Accusé(e) d’usage négligent d’une arme à feu, l’agent(e) de police sera acquitté(e) en 1994.
1990
Marlon Neal, 16 ans, est grièvement blessé après avoir reçu une balle tirée par un(e) agent(e) du service de police de Toronto. M. Neal est appréhendé au volant après avoir fui un contrôle de vitesse et se fait tirer dessus par l’agent(e) qui croit apercevoir une arme à sa main. Il tenait simplement le frein à main. En 1991, l’agent(e) de police est reconnu(e) non coupable de négligence criminelle ayant causé des dommages corporels, de tentative de meurtre et de voies de faits graves.
La Loi sur les services policiers est modifiée aux fins de créer l’Unité des enquêtes spéciales (UES). L’UES est chargée de mener des « enquêtes criminelles sur les incidents impliquant des agent(e)s de police et des civil(e)s, et dont s’ensuivent des blessures graves, un décès ou des allégations d’agression sexuelle » [traduction].
1991
Jonathan Howell, 24 ans, est grièvement blessé par balle par un(e) agent(e) du service de police de Toronto. Les blessures causent des lésions irréversibles à son cerveau. L’agent(e) de police est reconnu(e) coupable d’usage négligent d’une arme à feu et reçoit une absolution inconditionnelle.
Royan Bagnaut, 21 ans, est grièvement blessé par balle par un(e) agent(e) du service de police de Toronto. L’agent(e) est inculpé(e) pour négligence criminelle ayant causé des dommages corporels, mais sera acquitté(e) en 1993.
1992
Le gouvernement de l’Ontario met en place la Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale en Ontario. La Commission a pour mandat d’étudier toutes les facettes du système de justice pénale de l’Ontario et de formuler des recommandations.
Publié à l’issue de l’enquête, le Rapport de Stephen Lewis sur les relations interraciales en Ontario conclut que les membres de minorités visibles, notamment les Afro-Canadiennes et Afro-Canadiens, subissent des discriminations de la part des services de police et au sein du système de justice pénale.
1993
Ian Coley est tué par un(e) agent(e) du service de police de Toronto.
1994
Albert Moses, 41 ans, est tué par balle dans sa chambre en centre-ville par des agent(e)s du service de police de Toronto. L’UES ne dépose aucune accusation.
1995
La Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale en Ontario publie un rapport de 450 pages. Elle recommande notamment de définir des lignes directrices pour encadrer la façon dont la police exerce son pouvoir discrétionnaire pour interpeller et interroger les personnes. Cette mesure vise à aplanir les différences de traitement dont font l’objet les personnes noires et d’autres personnes victimes de racisme. La Commission préconise de renforcer ces lignes directrices au moyen d’un suivi (assuré par le biais des rétroactions du public).
1996
Tommy Anthony Barnett, 22 ans, est tué par balle par un(e) agent(e) du service de police de Toronto au motif qu’il aurait dégainé une épée. Il est touché à quatre reprises à la poitrine. L’UES ne dépose aucune accusation.
Andrew Bramwell, 24 ans, est tué par balle par un(e) agent(e) du service de police de Toronto.
1999
Henry Musaka, 26 ans, est abattu. Il a reçu deux balles dans la tête et une balle dans la poitrine par des agent(e)s du service de police de Toronto rattachés au groupe d’intervention d’urgence. Le groupe est intervenu à la suite d’une alerte signalant qu’un médecin de l’Hôpital St. Michael est retenu en otage par Henry Musaka. Un pistolet à plomb non chargé est retrouvé sur le défunt.
2002
Le quotidien Toronto Star publie une série d’articles intitulée Singled Out (Pris pour cible). S’appuyant sur des données sur la criminalité recueillies entre 1996 et 2002 obtenues par le biais d’une demande d’accès à l’information, les articles recensent les affaires dans lesquelles des personnes noires ont fait l’objet d’un écart de traitement par le SPT. L’enquête du Toronto Star fait également la lumière sur le phénomène appelé « Driving While Black » (conduite en état de négritude) et montre qu’un nombre disproportionné de personnes noires sont inculpées pour des infractions au Code de la route dites « non visibles ».
En réponse aux conclusions du Toronto Star, Julian Fantino, chef du service de police de Toronto, déclare : « Nous ne pratiquons pas le profilage racial [traduction]. Nous ne considérons pas l’origine ethnique, la race ou d’autres caractéristiques lorsque nous nous intéressons aux personnes. Nous ne sommes pas parfaits, mais vous faites fausse route. Il n’y a pas de racisme […] et, qu’importe la sincérité des efforts consentis, il semble que certaines personnes seront toujours résolues à poser des problèmes. »
À la veille de la Journée internationale des droits de l’homme, la CODP annonce le lancement d’une enquête sur les retombées du profilage racial sur les personnes, les familles, les communautés et la société dans son ensemble.
2003
L’enquête de la CODP consacrée aux retombées du profilage racial est officiellement lancée. Le rapport afférent, intitulé Un prix trop élevé : Les coûts humains du profilage racial, sensibilise le public au coût social engendré par le profilage racial et formule des recommandations à l’intention des services de police. Il préconise, entre autres, que les personnes qui occupent des postes à responsabilité en Ontario, et parmi elles les fonctionnaires, reconnaissent l’existence du profilage racial et se montrent disposées à prendre des mesures pour endiguer cette pratique. Le rapport prescrit en outre qu’en présence de preuves empiriques attestant l’existence d’un profilage racial, l’organisme en cause recueille des données dans le but de mesurer l’incidence de cette pratique et de définir des mesures propres à y mettre fin.
L’Association of Black Law Enforcers (A.B.L.E.) (association regroupant des personnes noires chargées de l’exécution de la loi) reconnaît l’existence du profilage racial et déclare : « [L’association] reconnaît que dans notre pays, la grande majorité des agent[e]s chargé[e]s de l’exécution de la loi s’acquittent de leurs fonctions avec professionnalisme, honneur et éthique. Cela, nous le savons, car nous appartenons aussi à ces effectifs. Cela étant, nous admettons qu’il existe, au sein de [nos services], un phénomène appelé “profilage racial”. En tant qu’agent[e]s et membres de la communauté noire ou de minorités, nous évoluons dans les deux sphères et disposons d’une connaissance intime des problèmes qui touchent tant notre communauté que notre profession [traduction] ».
Julian Fantino, chef du service de police de Toronto, nie encore l’existence de toute pratique de profilage racial.
2005
La CODP publie un document intitulé Politique et directives sur le racisme et la discrimination raciale. La CODP définit le concept de profilage racial et souligne les éléments qui mettent en évidence l’existence de cette pratique.
2006
Roger Shallow, 37 ans, procureur de la Couronne noir, est arrêté pour tapage et résistance à l’arrestation par des agent(e)s du service de police de Toronto. Il dépose une plainte pour discrimination et racisme auprès du Tribunal des droits de la personne de l’Ontario contre la Commission des services policiers de Toronto (CSPT) et cinq agent(e)s de police.
2007
Charte du Projet des droits de la personne : La CODP, le SPT et la CSPT conviennent d’élaborer la Charte du Projet des droits de la personne. Cet engagement fait suite à une proposition de règlement de plusieurs plaintes pour atteinte aux droits de la personne déposées contre le SPT. Le projet triennal entend aider la CSPT et le SPT à recenser les cas de discrimination à l’embauche et au travail envers les agent(e)s du SPT, et dans les services à la clientèle fournis par le SPT, ainsi qu’à enrayer cette pratique. La CODP a également pour mission de présenter des prescriptions au SPT et à la CSPT au sujet des actions prises par ces organismes pour faire évoluer les pratiques en matière de droits de la personne. Par ailleurs, la CODP travaille de concert avec des sous-comités pour formuler des recommandations visant à faire évoluer ces pratiques. Enfin, la CODP assure le suivi et présente l’état d’avancement des progrès obtenus.
Dalton McGuinty, premier ministre de l’Ontario, nomme Roy McMurtry (ancien juge en chef et procureur général) et Alvin Curling (ex-président de l’Assemblée législative) coprésidents de l’enquête Examen des causes de la violence chez les jeunes.
2008
Le rapport en cinq volumes, intitulé Examen des causes de la violence chez les jeunes est publié. Il met en lumière les problèmes de société qui constituent les causes premières de la violence chez les jeunes. Il brosse également le tableau des principaux obstacles à la réussite, y compris la pauvreté, le racisme, le manque d’infrastructures sociales et physiques accessibles, la mauvaise planification urbaine, les défaillances des systèmes éducatif et judiciaire, les problèmes de santé, les problèmes familiaux, l’absence de canaux d’expression permettant aux jeunes de se faire entendre et l’absence de débouchés économiques.
2009
Dans l’affaire Phipps v Toronto Police Services Board, 2009 HRTO 877, le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario conclut qu’un facteur noir a fait l’objet de profilage racial par la police de Toronto alors qu’il livrait le courrier.
Dans l’affaire Abbott v Toronto Police Services Board, 2009 HRTO 1909, le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario conclut qu’une femme noire a été victime de discrimination fondée sur la race et sur le sexe au cours d’une interaction avec un(e) agent(e) du service de police de Toronto. Le Tribunal estime que si la femme avait été blanche, ce contrôle routier de routine n’aurait pas dégénéré en confrontation physique et l’agent(e) n’aurait pas dressé sept contraventions.
Dans l’affaire R v Ahmed [2009] OJ No. 5092 (SCJ), la Cour supérieure de justice de l’Ontario conclut au manque de fiabilité des preuves présentées par deux agent(e)s de police de Toronto et estime que le défendeur, M. Ahmed, a fait l’objet d’une enquête et d’une détention arbitraire en raison de sa race.
La CODP publie Comptez-moi! Collecte de données relatives aux droits de la personne, un guide pour aider les organisations à recueillir et à analyser des données relatives aux droits de la personne.
William Blair, chef du service de police de Toronto, admet l’existence de préjugés fondés sur la race au sein du SPT.
Le Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police (BDIEP) est créé en application de la Loi sur les services policiers.
2010
Alexander Manon, 18 ans, meurt en garde à vue. L’enquête du coroner conclut que la « cause du décès est une asphyxie posturale due à la course et à l’effort » [traduction]. L’UES ne dépose aucune accusation.
Charte du Projet des droits de la personne : L’engagement pris par la CODP, le SPT et la CSPT par l’entremise de la Charte du Projet des droits de la personne arrive à expiration. Le SPT et la CSPT n’ont pas appliqué les conseils fournis par la CODP pour accroître la responsabilité et la transparence en matière de profilage racial. L’une de ces prescriptions préconisait la collecte de données fondées sur la race lors de contrôles routiers. Entre autres choses, la CODP a recommandé que toutes les personnes employées bénéficient d’une formation sur les droits de la personne, l’équité et la diversité, ainsi qu’un perfectionnement professionnel continu afin de transmettre à ces personnes les compétences et connaissances nécessaires pour instaurer un environnement de travail conforme aux normes établies par le Code des droits de la personne, et qui soit contre le racisme, non discriminatoire, professionnel, respectueux, diversifié et inclusif.
Reyal Jensen Jardine-Douglas, 25 ans, est tué de plusieurs balles tirées par un(e) agent(e) du service de police de Toronto. C’est la famille de Reyal Jensen Jardine-Douglas qui a téléphoné à la police en vue de le faire admettre à l’hôpital, ce dernier étant atteint de troubles de santé mentale. L’UES ne dépose aucune accusation.
Eric Osawe, 26 ans, est tué dans son appartement d’Etobicoke par un(e) agent(e) du service de police de Toronto. À l’issue de l’enquête menée par l’UES, l’agent(e) sera inculpé(e) d’homicide involontaire, et les faits seront plus tard requalifiés en meurtre au deuxième degré. En 2013, les accusations sont rejetées au cours de l’enquête préliminaire.
À l’occasion d’une réunion de son conseil en septembre, la CSPT adopte une résolution qui supprime une interdiction instaurée en 1989 : celle de collecter et d’analyser, dans le cadre des services de police, des données fondées sur la race et d’autres motifs de discrimination relevant du Code.
2011
La CODP publie le guide intitulé Droits de la personne et services policiers : créer et maintenir un changement organisationnel, qui repose sur l’expérience acquise dans le cadre de la Charte du Projet des droits de la personne, un projet auquel ont participé le SPT, la CSPT et la CODP. Le guide présente notamment des assises pour l’instauration et le maintien de services policiers inclusifs, ainsi que pour la prévention des atteintes aux droits de la personne. Il recommande de mettre en place diverses mesures visant la prestation de services de police, telle que la collecte de données relatives aux droits de la personne lors de la prestation de services, ou l’inclusion de principes afférents aux droits de la personne dans la gestion du rendement.
2012
William Blair, chef du service de police, donne mandat à l’unité du Chief’s Internal Organization Review (CIOR) (unité chargée d’étudier l’organisation interne sous la direction du chef des services de police) pour passer au crible les interactions du SPT avec le public, et plus particulièrement le processus de Field Information Report (FIR) (processus de recueil de renseignements sur le terrain). Cet examen constitue le socle de la phase II du rapport intitulé The Police and Community Engagement Review (PACER) (examen des interactions de la police avec le public). Le rapport PACER s’intéresse aux mesures à adopter pour que le SPT parvienne à renforcer la confiance du public et sa sécurité, tout en assurant une prestation de services exempte de tout préjugé.
Michael Eligon, 29 ans, est mortellement blessé par balle par un(e) agent(e) du service de police de Toronto. Interné à l’Hôpital Toronto East General pour des raisons de santé mentale, il est tué alors qu’il tient à la main une paire de ciseaux. L’UES ne dépose aucune accusation.
Frank Anthony Berry, 48 ans, est mortellement blessé par balle par des agent(e)s du service de police de Toronto. Croyant que Frank Anthony Berry s’avance en leur direction armé d’un couteau, les agent(e)s tirent deux balles, dont l’une l’atteint à la poitrine. L’objet qu’il brandissait était en réalité une paire de ciseaux. L’UES ne dépose aucune accusation.
Le quotidien Toronto Star publie une série d’articles intitulée « Known to Police » (Connu des services de police). S’appuyant sur des données sur la criminalité obtenues par le biais d’une demande d’accès à l’information, les articles démontrent, entre autres, que les personnes noires sont nettement surreprésentées dans les données de fichage recueillies par le SPT. Il ressort également de l’enquête que les personnes noires sont plus susceptibles d’être fichées dans les quartiers cossus de Toronto, à majorité blanche.
Dans l’affaire Maynard v Toronto Police Services Board, 2012 HRTO 1220, le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario conclut que la race a constitué un facteur ayant mené à considérer un homme noir comme suspect et à le contraindre à se rendre sous la menace d’une arme. Le Tribunal estime que les arguments fournis par l’agent(e) du SPT ne justifient pas pleinement le comportement adopté envers M. Maynard, et que les causes de l’incident tenaient en partie au fait que M. Maynard était un homme noir. La CODP se joint comme partie à l’action.
2013
La CODP livre une présentation devant la CSPT et adresse un courrier au président de la CSPT pour lui présenter des recommandations en matière de fichage. La CODP préconise que la Commission mette un terme à la pratique du fichage jusqu’à ce que des politiques et des procédures soient pleinement définies, puis évaluées de manière exhaustive et transparente au regard des exigences du Code des droits de la personne de l’Ontario et de la Charte canadienne des droits et libertés.
Dans l’affaire Claybourn v Toronto Police Services Board, 2013 CODP 1298, se fondant entre autres sur les mémoires transmis par la CODP, le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario (TDPO) conclut que le fait de déposer une plainte auprès du Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police (BDIEP) aux fins de dénoncer le comportement d’un(e) agent(e) de police ne fait pas obstacle à ce que la personne à l’origine de cette plainte dépose également une requête pour atteinte aux droits de la personne en raison d’une discrimination.
Le Toronto Star publie, dans le cadre de sa série « Known to Police » (Connu des services de police), une nouvelle analyse des données consignées par le SPT. D’après l’analyse, entre le 1er janvier et le 13 novembre 2013, les personnes noires ont été, une fois encore, plus susceptibles d’être fichées, tous secteurs de patrouille de la ville confondus. Le nombre total de fiches de contact remplies chute de 75 % en juillet 2013. À cette période, le SPT exige que les agent(e)s remettent un récépissé aux personnes faisant l’objet d’un fichage. La proportion des fiches de contact visant des personnes noires progresse toutefois pour s’établir à 27,4 %, alors qu’elle s’élevait à 23,3 % avant la chute constatée en 2013.
Alok Mukherjee, président de la CSPT, présente un rapport à la Commission (rapport Mukherjee) qui porte sur « la pratique du fichage par la police et la question du profilage » [traduction]. Le rapport passe en revue plusieurs décennies de rapports et d’études consacrés au profilage racial et aux tensions liées aux interpellations par la police à Toronto. Il énumère en outre 18 recommandations que la Commission doit adresser à William Blair, chef du service de police de Toronto.
La CSPT invite le public à émettre un avis sur les rapports PACER et Mukherjee. La CODP livre une présentation devant la CSPT et réitère sa position, à savoir que le SPT doit mettre un terme au fichage jusqu’à ce que des politiques et des procédures soient pleinement définies puis évaluées au regard des exigences du Code des droits de la personne de l’Ontario et de la Charte canadienne des droits et libertés. La CODP pointe du doigt le rapport PACER en raison, notamment, de l’absence de renseignements sur l’exploitation des données consignées sur les fiches de contact; de l’absence d’indication laissant à penser que les personnes seront informées, au moment de l’interaction, de leur droit à s’en aller; et de la présence d’éléments indiquant que le simple fait de se trouver dans un quartier à forte criminalité constituera un motif justifiant un contrôle de routine.
Sammy Yatim, 18 ans, est mortellement blessé par balle par un(e) agent(e) du service de police de Toronto. Il se trouve seul dans un tramway et brandit un couteau de huit centimètres. L’agent(e) de police tire sur le jeune homme à huit reprises, dont six alors que celui-ci gisait, semble-t-il, déjà au sol. L’UES dépose une accusation et l’agent(e) de police sera par la suite déclaré(e) coupable de meurtre au deuxième degré.
2014
La CODP livre plusieurs présentations consacrées à la pratique du fichage devant la CSPT. La CSPT adopte une politique intitulée Policy on Community Contacts (politique relative aux contacts initiés avec la communauté).
La CODP entreprend une campagne de sensibilisation du public aux systèmes de protection des droits de la personne, au fichage et au profilage racial par l’entremise d’une série d’événements organisés auprès des groupes communautaires et des groupes de défense d’intérêts.
La CODP présente un mémoire dans le cadre de l’examen indépendant de l’usage de la force létale mené par le SPT exprimant des préoccupations à l’égard de l’usage disproportionné de force auprès de personnes ayant des troubles mentaux.
Dans l’affaire R v A. K., 2014 ONCJ 374, la Cour de justice de l’Ontario conclut qu’un jeune homme noir, lequel a fait l’objet d’une détention arbitraire, a été fiché, plaqué face au sol puis fouillé, a subi une violation des droits que lui confère la Charte canadienne des droits et libertés, notamment les articles 8, 9 et 10. La Cour le libère de toutes les accusations.
Charte du Projet des droits de la personne : l’Institut de la diversité de l’Université Ryerson (institut promouvant l’inclusion et l’avancement des minorités visibles dans le milieu professionnel) a mené une étude indépendante consacrée à la Charte du Projet des droits de la personne. Quarante-six parties prenantes et intervenant(e)s majeur(e)s du Projet ont été interrogé(e)s. Nombre de ces personnes ont relevé l’absence de stratégie ciblée qui viserait à mettre un frein au profilage racial. Entre autres choses, l’Institut de la diversité conseille au service de police de Toronto de perfectionner ses systèmes de collecte et d’analyse de données dans leur globalité. Cela inclut de prendre des mesures afin d’augmenter les taux d’auto-identification et de recueillir des données démographiques sur les répondant(e)s, tant au moyen de sondages internes qu’externes.
La CSPT confie au cabinet Logical Outcomes la rédaction d’un rapport pour dresser le bilan de la Policy on Community Contacts adoptée par la Commission. Le rapport, intitulé A Community-Based Assessment of Police Contact Carding in 31 Division (rapport CAPP), révèle notamment que dans la division 31, les personnes afro-canadiennes sont surreprésentées dans les cas d’interpellations par la police; qu’elles ne se sentent pas libres de s’en aller ou de faire valoir leur droit de s’en aller lorsqu’elles sont arrêtées et interrogées par les agent(e)s du SPT; et que dans la division 31, une écrasante majorité de personnes pense que les agent(e)s du SPT pratiquent le profilage racial.
La CODP présente un mémoire dans le cadre de l’enquête de l’ombudsman sur les directives fournies aux services de police par le ministère de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels pour désamorcer les situations de conflit, et note la surreprésentation des personnes racialisées dans les statistiques sur le recours à la force par la police.
La CODP livre une présentation consacrée aux conclusions du rapport CAPP devant la CSPT. La CODP indique que le SPT et la CSPT doivent, dans le cadre de leurs travaux consacrés au profilage racial : admettre qu’il est urgent d’adopter des réformes; faire preuve de transparence et fournir au public des renseignements pertinents; adopter une approche fondée sur les droits lors de la prestation de services de police communautaires et qui permet de renforcer la confiance du public et sa coopération avec le SPT; et faire acte de responsabilité réelle (jusqu’au renvoi, inclusivement) lorsque le comportement d’un(e) agent(e) s’inscrit dans une pratique de profilage racial.
Daniel Clause, 33 ans, est abattu de quatre balles par un(e) agent(e) de la police de Toronto. L’agent(e) qui avait interpellé M. Clause dans un ensemble de logements communautaires pensait qu’il correspondait à la description d’un individu armé qui avait commis un vol. Durant l’enquête de coroner, l’agent(e) affirme avoir tiré sur Daniel Clause après que ce dernier a sorti un pistolet et l’a pointé dans sa direction. On détermine plus tard qu’il s’agit d’un fusil à plombs. L’UES ne dépose aucune accusation.
2015
William Blair, chef du service de police Toronto, met un terme à la pratique du fichage le 1er janvier. Cette mesure fait suite à une réunion organisée par la CSPT en décembre 2014, lors de laquelle la Commission a adopté une motion demandant au chef d’abolir définitivement les procédures de fichage au plus tard en février 2015. La décision est conforme à la Policy on Community Contacts, qui fait valoir les droits des citoyen(ne)s, notamment le droit d’une personne de mettre un terme à une interaction et de s’en aller si elle n’est pas interrogée en lien avec un acte criminel précis. Le 18 juin 2015, lors de la réunion de la CSPT, Mark Saunders, nouveau chef du SPT, confirme qu’avec la suppression du fichage, les renseignements d’identification consignés dans les notes des agent(e)s ne seront plus saisis dans la base de données de la police. La CSPT adopte une version revue de la politique relative au fichage. Préalablement à la décision de la Commission, la CODP a livré une présentation dans laquelle elle a soulevé divers points préoccupants.
Dans l’affaire R v Smith, 2015 ONSC 3548 : la Cour supérieure de justice de l’Ontario conclut que M. Smith a été arrêté par des agent(e)s du service de police de Toronto en raison du fait qu’il était un jeune homme noir qui conduisait une Mercedes dans une zone fréquentée par les gangs et où l’usage de drogues et d’armes à feu est répandu. La Cour estime que l’arrestation revêt un caractère raciste et constitue une violation des droits conférés à M. Smith par les articles 8 et 9 de la Charte canadienne des droits et libertés. Les éléments de preuve à charge contre M. Smith sont exclus et ce dernier est acquitté de toutes les accusations.
La CODP sollicite l’obtention de la qualité d’intervenante dans le cadre d’une affaire portée devant le tribunal disciplinaire du SPT, souvent surnommée l’« affaire Neptune 4 ». Deux agents sont accusés d’inconduite au cours de l’arrestation sous la menace d’une arme à feu de quatre adolescent(e)s noir(e)s sur une propriété de la Toronto Community Housing Corporation (société de logement communautaire de Toronto). La CODP demande l’autorisation d’intervenir afin de veiller à ce que le tribunal disciplinaire fasse entrer en ligne de compte le profilage racial — une question qui, soutient-elle, constitue un élément patent de l’inconduite présumée des agents.
Andrew Loku est tué par balle par un(e) agent(e) du service de police de Toronto. Il est abattu dans l’entrée de son immeuble d’habitation, quelques secondes après que l’officier(-ière) l’a aperçu, tenant un marteau à la main. L’ensemble d’appartements où réside Andrew Loku est rattaché à l’Association canadienne pour la santé mentale.
Kwasi Skene-Peters, 21 ans, est tué par des agent(e)s de la police de Toronto dans le district des spectacles de la ville. Au moment de son décès, la police de Toronto avait lancé un mandat d’arrêt dans tout le Canada concernant M. Skene-Peters relativement à un crime commis moins d’un mois avant son décès. L’UES a décidé que les deux policier(-ière)s de Toronto avaient agi en état de légitime défense et que M. Skene-Peters avait tiré en premier sur les policier(-ière)s. Une enquête du coroner examinera les événements entourant et précédant sa mort.
La CODP entreprend une consultation d’une année en vue d’étudier plus précisément la nature des pratiques de profilage dans tout l’Ontario et d’aider les organismes, les particuliers et les communautés à discerner ces pratiques, à y remédier et à les prévenir.
Le gouvernement de l’Ontario annonce la création de normes et d’une réglementation visant à encadrer les contrôles de routine menés par la police. La CODP remet au ministère de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels des mémoires sur les contrôles de routine.
2016
En mars, le gouvernement de l’Ontario publie un nouveau règlement qui encadre les contrôles de routine, intitulé Règl. de l’Ont. 58/16 : Collecte de renseignements identificatoires dans certaines circonstances — Interdiction et obligations.
Alexander Wettlaufer, 21 ans, a été tué par balle par des policier(-ière)s de Toronto qui répondaient à un signalement d’homme armé. Les agent(e)s trouvent Alexander Wettlaufer en possession d’une arme et tirent trois fois lorsque celui-ci refuse de déposer son arme. Après la mort de M. Wettlaufer, la police a découvert que l’arme du défunt était une arme à balles BB. L’UES ne dépose aucune accusation.
Après que l’UES a statué à l’absence de motif justifiant le dépôt d’accusations criminelles contre l’agent(e) mis en cause dans l’affaire Andrew Loku, la branche torontoise du mouvement Black Lives Matter organise, en avril, une manifestation communautaire devant le siège du SPT et à Queen’s Park pour réclamer l’ouverture d’une enquête sur la mort d’Andrew Loku.
La demande d’intervention de la CODP dans l’audience disciplinaire du SPT concernant l’affaire « Neptune 4 » est rejetée pour des motifs de compétence.
Le gouvernement de l’Ontario annonce la modification de la Loi sur les services policiers prévue dans la Stratégie pour une meilleure sécurité en Ontario. La CODP présente une série de recommandations au gouvernement qui sont approuvées par plus de 20 groupes communautaires et groupes de défense d’intérêts.
Le Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine des Nations Unies juge profondément préoccupant que le racisme envers les personnes noires se généralise au sein du système de justice pénale au Canada.
La CODP présente un mémoire pour le compte du gouvernement de l’Ontario dans le cadre de l’Examen indépendant des organismes de surveillance de la police. Le rapport remis ultérieurement par l’honorable juge Michael H. Tulloch au ministère du Procureur général énumère une série de recommandations qui visent à renforcer la confiance que porte le public aux organes d’application de la loi, et, en définitive, à améliorer la sécurité publique.
Dans l’affaire R v Ohenhen, 2016 ONSC, la Cour supérieure de justice de l’Ontario conclut à l’absence de fondement juridique dans le cadre de la détention, l’arrestation et la fouille d’un homme noir par des agent(e)s du service de police de Toronto. La Cour estime que les agent(e)s ont violé les droits conférés à cet homme en vertu des articles 8 et 9 et les paragraphes 10 a) et b) de la Charte canadienne des droits et libertés. Elle exclut les éléments de preuve à charge contre M. Ohenhen et l’acquitte de toutes les accusations.
Dans l’affaire R v Thompson [2016] OJ No. 2118, la Cour de justice de l’Ontario conclut que l’arrestation d’un homme noir, conséquence d’un acte de profilage racial, revêt un caractère raciste. Les éléments de preuve recueillis lors de l’arrestation illégale sont exclus et les accusations portées contre M. Thompson sont rejetées.
Dafonte Miller, 19 ans, souffre de blessures graves après avoir été roué de coups, dans la région de Durham, par un(e) agent(e) du service de police qui était de repos et le frère de ce dernier. En dépit de l’implication d’un agent(e) qui n’était pas en service, ni le service de police de Toronto, ni le Durham Regional Police Service (service de police de la région de Durham) ne portent l’affaire à la connaissance de l’UES. L’avocat(e) de Dafonte Miller avertit l’UES par la suite, qui déposera des accusations contre l’agent(e) et son frère.
2017
Andrew Henry, 43 ans, est arrêté après avoir présumément agressé des policier(-ière)s de Toronto. Alors qu’il était étendu face contre terre sur la chaussée, il a reçu deux décharges de pistolet électrique et un(e) sergent(e) de la police de Toronto lui a donné de violents coups de pied, à plusieurs reprises. L’enquête du BDIEP conclut à une inconduite de la part de plusieurs agent(e)s, y compris à une utilisation excessive de la force par le (la) sergent(e), à un manquement au devoir pour ne pas avoir activé les systèmes de caméra et les micros dans la voiture à l’arrivée sur les lieux, et à une conduite déshonorante compte tenu de la façon dont les policier(-ière)s ont parlé à un(e) spectateur(-trice) qui filmait la scène. Les accusations sont retirées au terme d’une médiation.
La CODP publie le document Pris à partie : Rapport de recherche et de consultation sur le profilage racial en Ontario. Ce rapport atteste que le profilage racial est une pratique concrète qui porte préjudice aux communautés et jette le discrédit sur les institutions publiques. Dans ce rapport, la CODP réunit des travaux de recherche en sciences sociales et des témoignages concrets obtenus par le biais de consultations organisées auprès de plus de 1 600 personnes et organismes.
Dans l’affaire Elmardy v Toronto Police Services Board, 2017 ONSC 2074, lors d’une instance civile, la Cour supérieure de justice de l’Ontario conclut qu’un(e) agent(e) du service de police de Toronto s’est rendu(e) coupable de voies de fait contre M. Elmardy, violant ainsi les droits constitutionnels que lui confèrent les articles 8, 9 et 10 de la Charte canadienne des droits et libertés. M. Elmardy reçoit 25 000 $ à titre de dommages-intérêts en réparation de la conduite de l’agent(e). M. Elmardy interjette appel, faisant valoir que le (la) juge de première instance aurait dû conclure qu’il avait fait l’objet de profilage racial, et que le montant des dommages-intérêts est trop faible pour sanctionner les agent(e)s de police qui se livrent au profilage racial et pour les dissuader de recourir à nouveau à cette pratique. La Cour divisionnaire souscrit à cette analyse et accorde 80 000 $ à M. Elmardy à titre de dommages-intérêts. Il s’agit du montant le plus élevé versé à ce jour à titre de dommages-intérêts à une victime d’un acte de profilage racial.
Le gouvernement de l’Ontario présente le projet de loi 175, Loi de 2017 pour plus de sécurité en Ontario, un texte exhaustif consacré à la sécurité publique qui, s’il est adopté, marquera la transformation la plus vaste menée depuis une génération dans le domaine des services de police. Ce projet de loi contribuera, entre autres, à moderniser le système de contrôle des responsabilités de la police au sein de l’Ontario.
La CODP lance une enquête publique sur la discrimination raciale et le profilage racial effectués par le service de police de Toronto à l’endroit des personnes noires. En vertu des pouvoirs d’enquête que lui confère le Code des droits de la personne de l’Ontario, la CODP demande au SPT, à la CSPT et à l’UES de fournir un large éventail de données visant à déterminer avec précision les formes que revêt le profilage racial en contexte de maintien de l’ordre et les domaines dans lesquels il s’exerce.
2018
La CODP présente un mémoire dans le cadre de l’Examen indépendant des contrôles de routine pour le compte du gouvernement de l’Ontario. La présentation soulève des préoccupations concernant le Règl. de l’Ontario 58/16 : Collecte de renseignements identificatoires dans certaines circonstances et le fait qu’il pourrait ne pas atteindre son objectif d’« assurer que les interactions entre la police et la population sont [...] exemptes de préjugés et de discrimination ».
La CODP répond par la présente à la CSPT concernant le compte rendu trimestriel de son Groupe consultatif de lutte contre le racisme (ARAP). La CODP demande à la CSPT d’adopter deux motions :
D’ici janvier 2020, le SPT recueillera des données relatives à la race pour l’ensemble des interpellations, fouilles et incidents de recours à la force et les rendra publiques de façon continue.
Le champ d’action du Groupe consultatif sur la lutte contre le racisme (ARAP) se limite à fournir des conseils à la CSPT sur les méthodes de collecte de données relatives à la race, pour l’ensemble des interpellations, fouilles et incidents de recours à la force, qui respectent le Code des droits de la personne de l’Ontario et qui répondent aux attentes des communautés noires et autochtones et des autres communautés racialisées.
La CODP publie son rapport d’enquête provisoire, Un impact collectif : Rapport provisoire relatif à l’enquête sur le profilage racial et la discrimination envers les personnes noires au sein du service de police de Toronto, qui conclut que les personnes noires sont surreprésentées dans les cas de l’UES impliquant un recours à la force par le SPT. Les rapports du directeur de l’UES font état d’interpellations et de détentions de civil(e)s noir(e)s sans motifs juridiques valables, de fouilles non appropriées ou non justifiées lors d’interactions, et d’arrestations ou de dépôt d’accusations non nécessaires. La CODP s’entretient également directement avec environ 130 membres de communautés noires à propos de leurs interactions avec le SPT et des craintes, des traumatismes, du sentiment d’humiliation, de la méfiance et des attentes de mauvais traitements de la part de la police que ces interactions ont engendrés. Le rapport recommande, entre autres, que le SPT et la CSPT reconnaissent que les disparités raciales et récits d’expérience des communautés noires présentés dans le rapport provisoire soulèvent de graves préoccupations et que la CSPT oblige le SPT à recueillir des données relatives à la race pour l’ensemble de ses interpellations, fouilles et incidents de recours à la force et en fasse rapport au public.
2019
R v Le, 2019 CSC 34 : La Cour suprême du Canada estime que la police de Toronto a violé les droits constitutionnels de M. Le en vertu de l’article 9 de la Charte canadienne des droits et libertés lorsqu’elle a pénétré dans une arrière-cour privée du quartier Alexandra Park de Toronto, sans soupçon raisonnable ni mandat, et a commencé à interroger M. Le et ses ami(e)s, des personnes racialisées. En examinant le contexte social de l’interaction, la Cour cite des rapports de la CODP, Un impact collectif, Un prix trop élevé et Pris à partie, et les qualifie de « sources hautement crédibles et faisant autorité [traduction] ». La Cour reconnaît également que « nous sommes maintenant arrivés au point où les travaux de recherche montrent l’existence d’un nombre disproportionné d’interventions policières auprès des collectivités racialisées et à faible revenu » [traduction].
Lors de sa réunion du 19 septembre 2019, la CSPT approuve sa politique intitulée Policy on Race-Based Data Collection, Analysis and Public Reporting (Politique), exigeant que le SPT recueille, analyse et rende compte publiquement des données relatives à la race sur toutes les interpellations, fouilles, interactions impliquant le recours à la force, accusations et arrestations. La politique prévoit une approche progressive, en commençant par la collecte de données fondées sur la race concernant les rapports sur le recours à la force et les fouilles de niveau 3, à compter du 1er janvier 2020. La CODP fournit un mémoire verbal et écrit.
La CODP publie sa Politique sur l’élimination du profilage racial en contexte de maintien de l’ordre. Cette politique définit le profilage racial et décrit les pratiques individuelles et systémiques. Elle présente également des principes et pratiques clés pour un changement positif et le respect des droits de la personne en contexte de maintien de l’ordre, y compris la reconnaissance de la réalité du profilage racial, la participation active des communautés racialisées, l’orientation stratégique, la collecte de données relatives à la race, la surveillance et la responsabilisation, et le changement organisationnel.
2020
Regis Korchinski-Paquet, 29 ans, décède après avoir chuté d’un balcon du 24e étage, en présence d’agent(e)s de police de Toronto. Des questions sont soulevées au sujet de l’implication de la police dans les circonstances de sa mort. L’UES mène une enquête et ne porte aucune accusation en lien avec le décès de Mme Korchinski-Paquet.
En juin et juillet, lors de plusieurs manifestations communautaires de grande ampleur à Toronto, des personnes dénoncent les meurtres de personnes noires et autochtones perpétrés par des agent(e)s de police et demandent le retrait du financement accordé au SPT.
L’agent de police de Toronto Michael Theriault est reconnu coupable de voies de fait, mais est acquitté des accusations de voies de fait graves et d’entrave à la justice, en lien avec l’agression contre Dafonte Miller. Le frère de Michael Theriault est acquitté de toutes les accusations.
La CODP publie son rapport d’enquête provisoire, Un impact disparate : Deuxième rapport provisoire relatif à l’Enquête de la Commission ontarienne des droits de la personne sur le profilage et la discrimination raciale par le service de police de Toronto, qui conclut que les personnes noires sont beaucoup plus susceptibles de faire face à une arrestation, des accusations, des accusations excessives, des coups et des coups de feu, ainsi que d’être tuées par la police de Toronto.
La CODP fournit un mémoire à l’intention de la Commission des services policiers de Toronto concernant son Rapport sur la réforme de la police à Toronto destiné à lutter contre le racisme systémique, à établir d’autres modèles de sécurité communautaire et d’intervention, et encourage la CSPT à consulter les communautés et organisations noires ainsi que la CODP de même qu’à instaurer un processus permettant d’adopter un recours juridiquement contraignant pour combattre et éliminer le racisme systémique.
La CODP fait une présentation orale lors de la réunion de la CSPT du 18 août 2020, soulevant des préoccupations quant au processus d’élaboration des 81 recommandations de la CSPT sur la réforme policière et soulignant que le processus n’inclut pas suffisamment de consultations avec les communautés noires ou avec la CODP. La présentation soulève également des préoccupations quant au contenu des recommandations de la CSPT, notamment quant à certains domaines qui n’ont pas été abordés.
La CSPT adopte son Rapport sur la réforme de la police Toronto destiné à lutter contre le racisme systémique, à établir d’autres modèles de sécurité communautaire et d’intervention, qui comprend 81 recommandations destinées à la réforme policière. Il s’agit notamment de doter les agent(e)s de première ligne de caméras corporelles.
Le conseil de la ville de Toronto adopte le rapport Changes to Policing in Toronto, qui comprend 36 recommandations destinées à la réforme policière.
2021
L’Association canadienne des libertés civiles (ACLC) publie le rapport Rethinking Community Safety – A Step Forward For Toronto (« Repenser la sécurité communautaire — Un pas en avant pour Toronto »), un rapport décrivant les disparités auxquelles sont confrontées les communautés noires et autochtones lors des interactions avec la police. Le rapport recommande la réaffectation des fonds du système de justice pénale à des services sociaux autres que les interventions policières, notamment des services pour les personnes en situation d’itinérance, une réponse civile aux situations de crises de santé mentale, des travailleur(-euse)s d’approche pour les jeunes et des services axés sur les victimes de la violence fondée sur le sexe.
Le tribunal disciplinaire du SPT juge les deux agents de police dans l’affaire « Neptune 4 », les agents Lourenco et Pais, coupables de conduite déshonorante lors de l’arrestation illégale des jeunes. L’agent Lourenco est également reconnu coupable d’un second chef d’accusation de conduite déshonorante pour avoir fait preuve d’une force excessive en frappant un(e) des jeunes. Il est déclaré non coupable de conduite déshonorante pour avoir dégainé son arme à feu (Remarque : cette décision est infirmée en appel). Le tribunal disciplinaire du SPT impose une confiscation de la solde de 12 jours à l’agent Lourenco et de 3 jours à l’agent Pais.
L’Independent Civilian Review into Missing Person Investigations (examen civil indépendant des enquêtes sur les personnes disparues) publie son rapport final, Missing and Missed. Le rapport comprend 151 recommandations visant à améliorer les relations entre le SPT et les communautés LGBTQ2+, ainsi que d’autres communautés marginalisées et vulnérables.
La Cour d’appel de l’Ontario confirme la condamnation et la peine de l’agent de police de Toronto Michael Theriault pour avoir battu Dafonte Miller.
2022
Le Toronto Community Crisis Service (CCS) est créé. Ce service apporte une réponse non policière aux personnes confrontées à des situations de crise de santé mentale grâce à l’intervention d’équipes multidisciplinaires formées de travailleur(-euse)s spécialisé(e)s dans les interventions d’urgence.
Le SPT publie le rapport intitulé Independent Expert Assessment Report : Toronto Police Service Race-Based Data Collection Strategy Phase I (rapport d’évaluation d’expert indépendant : Phase I de la stratégie de collecte de données fondée sur la race du service de police de Toronto) conformément à sa stratégie de collecte de données relatives à la race. L’analyse des données montre que les personnes noires sont surreprésentées dans les mesures d’exécution de la loi, les incidents impliquant le recours à la force et les fouilles à nu. Le rapport contient 38 mesures pour atteindre les objectifs. Lors du communiqué de presse, le chef de l’époque, M. Ramer, reconnaît l’existence d’une discrimination systémique au sein du SPT et présente ses excuses aux communautés noires.
La CODP fait une présentation orale sur le rapport de collecte de données relatives à la race lors de la réunion de la CSPT du 22 juin 2022. La CODP reconnaît l’incidence sur les communautés noires du racisme envers les personnes noires et l’importance d’un changement concret, mesurable et transparent et d’une réduction des pratiques policières discriminatoires en temps opportun.
2023
L’agent de police de Toronto Christopher Homink plaide coupable de conduite déshonorante devant le tribunal disciplinaire du SPT. Il admet avoir fait des remarques « déplacées » sur les lieux d’une fusillade mortelle, spéculant que « C’est un Somalien qui l’a fait » ou « du moins... un type noir » [traductions]. C’est un(e) agent(e) visionnant les images de la caméra corporelle qui a découvert l’existence des « commentaires inappropriés ».
La Commission civile de l’Ontario sur la police (CCOP) renverse les conclusions du tribunal disciplinaire du SPT dans l’affaire « Neptune 4 », concluant que le constable Lourenco a fait un usage excessif de la force en pointant son arme à feu sur les plaignant(e)s et qu’il est coupable d’inconduite à cet égard.
La Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) est l’organisme provincial créé en vertu d’une loi qui est chargé d’assurer la promotion des droits de la personne et de prévenir la discrimination systémique en Ontario. Le Code des droits de la personne de l’Ontario (le Code) confère à la CODP de vastes pouvoirs lui permettant de mener des enquêtes d’intérêt public, de suivre les questions de droits de la personne, d’en faire rapport et d’intervenir devant les tribunaux, y compris en déposant des requêtes auprès du Tribunal des droits de la personne de l’Ontario et en participant à des actions en justice intentées par d’autres parties.
Le Plan stratégique 2017-2022 de la CODP inclut parmi ses quatre priorités stratégiques le fait de faire respecter les droits de la personne au sein du système de justice pénale. La CODP s’efforce de mettre fin au profilage racial et à la discrimination raciale dans toutes les pratiques policières, d’accroître la responsabilisation du secteur du maintien de l’ordre sur le plan des droits de la personne et de faire de la compétence en matière de droits de la personne une exigence pour les agent(e)s de police.
Depuis plus d’une décennie, la CODP fait part de préoccupations à l’égard du racisme envers les personnes noires au sein des services de maintien de l’ordre de Toronto. Le fichage et d’autres pratiques ayant des répercussions disproportionnées sur la communauté noire ont miné la confiance envers les forces policières — laquelle est essentielle pour assurer un maintien de l’ordre efficace — et ont compromis par le fait même la sécurité publique.
La CODP a entrepris une enquête d’intérêt public pour déterminer si le service de police de Toronto (SPT) effectue du profilage racial et de la discrimination raciale à l’endroit des membres de la communauté noire. Cette enquête est menée en vertu des pouvoirs conférés à la CODP par l’article 31 du Code, qui incluent, sans s’y limiter :
du SPT durant la période allant du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017, dans le but d’évaluer si elles correspondent à du profilage racial et à de la discrimination raciale envers les personnes noires :
Demande de la CODP |
Date de la demande de la CODP |
Réponse de l’UES |
Date de la réponse de l’UES |
Les dossiers complets de toutes les enquêtes sur des agent(e)s du SPT entreprises, complétées ou fermées entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin 2017, et de toutes les enquêtes sur des agent(e)s du SPT en cours et entreprises au plus tard le 31 décembre 2016. |
Le 30 juin 2017 |
La CODP a reçu, de façon électronique, l’information contenue dans les dossiers d’enquête (à l’exception des enquêtes en cours et enquêtes d’affaires devant les tribunaux) des affaires entreprises, complétées ou fermées entre 2013 et 2017. |
La CODP a reçu l’information sur une base continue entre septembre 2017 et juillet 2018. |
Entrevue avec le directeur de l’UES, Joseph Martino. |
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M. Martino a accepté d’être questionné par la CODP. L’entrevue a été enregistrée pour en assurer l’exactitude. |
L’entrevue a eu lieu le 26 mai 2022. |
Demande de la CODP |
Date de la demande de la CODP |
Réponse de la CSPT |
Date de réponse de la CSPT |
1. Politiques, procédures, ordres, matériel de formation et autres documents et choses couvrant la période allant du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017, y compris toute mise à jour effectuée durant cette période, qui donnent des indications sur :
2. Documents et choses couvrant la période allant du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017 qui pourraient évaluer les initiatives antiracistes du SPT et (ou) de la CSPT touchant la prestation de services. |
Le 30 juin 2017 |
La CSPT a soumis les politiques, rapports, procès-verbaux et autres documents pertinents en sa possession. |
La CODP a reçu l’information sur une base continue entre le 5 septembre 2017 et le 16 novembre 2020. |
3. Réponses de la CSPT aux questions écrites portant sur les sujets suivants :
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Le 22 janvier 2020 |
La CSPT a fourni des réponses écrites aux questions de la CODP. |
La CODP a reçu des réponses écrites le 28 mai 2020, le 27 juillet 2020 et le 16 novembre 2020. |
3. Entrevue avec Uppala Chandrasekera, ancienne membre de la CSPT. |
Le 1er octobre 2020 |
L’entrevue a été animée par la CSPT. |
L’entrevue a eu lieu le 28 octobre 2020. |
4. Entrevues avec la professeure Notisha Massaquoi, ancienne coprésidente de l’ARAP de la CSPT. |
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Les entrevues ont été animées par la CSPT. Les entrevues ont été enregistrées pour en assurer l’exactitude. |
Les entrevues ont eu lieu le 22 avril et le 16 mai 2022. |
5. Entrevue avec Steve Lurie et Jennifer Chambers, qui occupent la coprésidence communautaire du comité consultatif sur la santé mentale et les toxicomanies de la CSPT. |
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Les entrevues a été animées par la CSPT. Les entrevues ont été enregistrées pour en assurer l’exactitude. |
Les entrevues ont eu lieu le 6 mai et le 9 juin 2022. |
6. Entrevues avec le président de la CSPT de l’époque, Jim Hart, et Ryan Teschner (directeur général et chef de cabinet de l’époque, CSPT). |
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Le président de l’époque, M. Hart, et M. Teschner ont accepté d’être questionnés. Ils ont participé conjointement aux entrevues. Les entrevues ont été enregistrées pour en assurer l’exactitude. |
Les entrevues ont eu lieu le 14 octobre 2022 et le 9 décembre 2022. |
État des demandes de la CODP |
Date de la demande de la CODP |
Réponse du SPT |
Date de réponse du SPT |
1. Manuels, définitions, étiquettes de variables et de valeurs, guides, instructions et autres documents de référence qui concernent les bases de données Criminal Information Processing System, Field Information Report et Versadex, et donnent des indications sur l’entrée et l’extraction des données sur le fichage/les contrôles de routine, le recours à la force, les accusations déposées et les arrestations effectuées. |
Le 30 juin 2017 |
Le SPT a soumis les documents pertinents en sa possession.
Le SPT a fourni des descriptions écrites sur les variables et codes de valeur qui concernent les données produites jusqu’à présent. |
Le 18 décembre 2017 et le 27 février 2018
Le 4 septembre 2018 |
2. Fichage/contrôles de routine effectués par des agent(e)s du SPT entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin 2017. |
Le 30 juin 2017 |
La CODP a reçu des données sur le fichage d’adultes effectué entre le 1er janvier 2010 et le 6 novembre 2013. La CODP a reçu des données sur le fichage d’adultes effectué entre le 6 novembre 2013 et le 30 juin 2018. |
Le 1er février 2018
Le 4 septembre 2018 |
3. Rapports de recours à la force et données tirées des constats d’incidents connexes couvrant la période allant du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017. |
Le 30 juin 2017 |
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4. Demande modifiée : Rapports de recours à la force couvrant la période allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 et liés aux constats d’incidents. |
Le 8 novembre 2017 |
La CODP a reçu les rapports de recours à la force pour la période allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017. |
Le 18 décembre 2017 |
5. Demande additionnelle : Rapports de maladies/blessures. |
Le 8 mars 2018 |
La CODP a reçu les rapports de maladies/blessures pour la période allant du 1er janvier 2015 au 30 juin 2017. |
Le 11 avril 2018 |
6. Constats d’incidents correspondant aux rapports de blessures couvrant la période allant du 1er janvier 2015 au 30 juin 2017. |
Le 25 juillet 2018 |
La CODP a reçu les rapports généraux d’incidents afférents aux rapports de blessures pour la période allant du 1er janvier 2015 au 30 juin 2017. |
Le 4 septembre 2018 |
7. Documents et choses qui indiquent si, comment et quand l’information présentée aux points (3) et (4) est actuellement conservée et consultée, et si, comment et quand elle a été conservée et consultée entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin 2017. |
Le 30 juin 2017 |
Le SPT a fourni des documents qui comprenaient ses procédures de recours à la force, rapports à la CSPT sur l’accès aux données de fichage des deux premiers trimestres de 2017 et l’examen des pratiques organisationnelles internes de fichage de 2012 du chef de police. Le SPT a fait part à la CODP de la façon de visionner les données sur le fichage. |
Le 18 décembre 2017, le 9 février 2018 et le 2 octobre 2018 |
8. Données relatives aux accusations portées et à toutes les accusations connexes déposées et arrestations connexes effectuées, y compris la forme/le type de remise en liberté, entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin 2017, pour les catégories d’accusations/d’infractions ci-après :
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Le 30 juin 2017 |
La CODP a reçu des données relatives à l’accusation, à l’arrestation et à la remise en liberté d’adultes. |
Le 1er février 2018 |
9. Politiques, procédures, ordres, matériel de formation et autres documents et choses couvrant la période allant du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017, y compris toute mise à jour effectuée durant cette période, qui donnent des indications sur :
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Le 30 juin 2017 |
Le SPT a soumis les documents pertinents en sa possession. |
Le 27 février 2018, le 6 mars 2018, le 27 avril 2018, le 9 mars 2020, le 28 avril 2020, le 13 juin 2020, le 19 juin 2020, le 4 septembre 2020, le 16 mars 2021, le 31 mars 2021 et le 15 juin 2021 |
10. Procédures et formulaires additionnels relatifs au rendement et à la responsabilisation, pour la période allant du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017. |
Le 25 juillet 2018 |
La CODP a reçu ces documents. |
Le 2 septembre 2018 |
11. Lettres, protocoles d’entente ou autres ententes autorisant le SPT à agir à titre d’agent de la Toronto Community Housing Corporation afin d’assurer l’application de la Loi sur l’entrée sans autorisation. |
Le 30 juin 2017 |
Le SPT n’a pas fourni ces documents en raison de ses ressources. |
Le 18 décembre 2017 |
12. Demande modifiée : Ententes visant deux complexes, comme point de départ. |
Le 25 juillet 2018 |
Le SPT a fourni les documents pertinents sur les divisions suivantes : 11‑14, 22, 23, 31‑33, 41‑43, 53‑55. |
Le 2 septembre 2018 |
13. Documents et choses, y compris les recherches qui ont été menées ou commandées par le SPT du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017 et qui peuvent démontrer que le SPT a élaboré des systèmes visant à déterminer si les pratiques ci-après du SPT ont un effet disproportionné sur les personnes racialisées, ou a analysé la situation d’autres façons :
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Le 30 juin 2017 |
Entre autres, le SPT a fourni des rapports sur les groupes de discussion communautaires organisés pour le compte du SPT, des ententes signées de recherche, conclues avec des parties externes, et du matériel relatif à la charte de projet. |
Le 18 décembre 2017, le 9 février et le 27 février 2018 |
14. Documents et choses couvrant la période du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017 qui pourraient démontrer comment, d’un point de vue disciplinaire, le SPT réagit au profilage racial ou à la discrimination raciale mettant en cause des agent(e)s du SPT, et y met fin, y compris les déterminations contenues dans les décisions du TDPO et des tribunaux civils et criminels.
15. Documents et choses qui démontrent dans quelle mesure et comment le SPT a réagi et a donné suite aux conclusions tirées dans des dossiers spécifiques. |
Le 30 juin 2017 |
Le SPT a refusé de fournir l’information sur les mesures disciplinaires prises aux termes de la Partie V de la Loi sur les services policiers.
Le SPT a fourni des plans d’affaires, rapports de rendement des services, documents sur la charte de projet, et le rapport DiversiPro sur la compétence interculturelle. |
Le 17 décembre 2017
Le 9 février 2018 |
16. Demande modifiée : Données agrégées par année, entre 2010 et 2017, sur le nombre d’agent(e)s reconnu(e)s par le SPT coupables de profilage racial, de discrimination raciale ou de harcèlement fondé sur la race des suites d’une détermination de profilage racial ou de discrimination raciale dans des décisions du TDPO, ou de tribunaux civils ou criminels. Résumé de la variété de mesures disciplinaires prises par le SPT à l’égard des agent(e)s susmentionné(e)s sans révéler d’information sur les agent(e)s. |
Le 25 juillet 2018 |
Le SPT a fourni des renseignements pertinents. |
Le 2 octobre 2018 |
17. Décisions du tribunal disciplinaire du SPT et avis d’audience relatifs à la conduite d’agent(e)s, dans le cas de déterminations faites dans certaines affaires. |
Le 25 juillet 2018 Le 8 avril 2019 |
Le SPT a demandé une liste de noms d’agent(e)s. La CODP a fourni cette liste le 6 septembre 2018. Le SPT a fourni des renseignements pertinents. |
Le 31 août 2018 Le 10 mai 2019 |
18. Documents et choses couvrant la période allant du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017 qui pourraient évaluer les initiatives antiracistes du SPT et (ou) de la CSPT touchant la prestation de services. |
Le 30 juin 2017 |
Le SPT a fait parvenir les analyses environnementales de gestion stratégique effectuées entre 2010 et 2013. |
Le 17 décembre 2017 |
19. Taux annuel d’actes criminels violents et taux de criminalité annuel total pour chaque zone de patrouille de Toronto entre 2010 et 2017. |
Le 30 juin 2017 |
Le SPT a fourni les taux de criminalité et nombres d’actes criminels par zone de patrouille relatifs aux crimes contre les personnes et les biens. Le SPT a fourni des consignes sur la façon d’utiliser son application relative aux activités criminelles. |
Le 17 novembre 2017
Le 6 mars 2018 |
20. Entrevues avec le haut commandement du SPT au sujet des politiques et des procédures, des initiatives antiracistes, des mécanismes de responsabilisation et des réponses aux rapports. Des questions de suivi issues des entrevues ont également été posées et ont fait l’objet de réponses écrites.
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Le 23 décembre 2019 |
Le SPT a organisé des entrevues de la CODP avec des membres de son haut commandement, qui ont eu lieu entre février et juillet 2020. Les personnes interrogées ont signé des accusés de réception confirmant que les notes d’entrevue de la CODP reflétaient le contenu des entrevues. Parmi les déclarations les plus importantes, on peut citer celles de :
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De février 2020 à août 2021 |
21. Entrevues supplémentaires avec le haut commandement du SPT au sujet des politiques et des procédures, des initiatives antiracistes, des mécanismes de responsabilisation et des recommandations. Des questions de suivi issues des entrevues ont également été posées et ont fait l’objet de réponses écrites. |
De mars à novembre 2022 |
Le SPT a prévu d’autres entrevues de la CODP avec des membres de son haut commandement, qui ont été menées entre juin et novembre 2022. Ces entrevues ont été enregistrées pour en assurer l’exactitude. |
De mars à novembre 2022 |
22. Entrevues avec des membres du Black Internal Support Network (BISN). |
De mars à mai 2022 |
Une directive du chef (note de service 649) a été émise, permettant ainsi à la CODP de communiquer directement avec les membres du BISN et précisant qu’aucune mesure disciplinaire ne serait prise à la suite des entrevues. |
Les entrevues ont eu lieu entre juillet et septembre 2022. |
23. Un courriel a été envoyé à tou(te)s les agent(e)s pour leur demander leur avis sur l’enquête de la CODP. |
Le 23 décembre 2019, le 17 décembre 2020 et le 3 mars 2021 |
La CODP a communiqué avec le SPT au sujet de la tenue de groupes de discussion avec des agent(e)s du SPT. Toutefois, en raison des préoccupations soulevées par la Toronto Police Association au sujet de la participation de ses agent(e)s à des groupes de discussion, ainsi que des défis logistiques découlant de la pandémie de COVID-19, la CODP n’a pas donné suite à ces groupes de discussion. La CODP a fourni au SPT un courriel qui a été envoyé à tou(te)s les agent(e)s en mars 2021, les invitant à faire part de leurs réflexions sur l’enquête et les domaines connexes. Cinq agent(e)s ont accepté de participer à une entrevue ou ont fourni des commentaires détaillés. |
Mars 2021 |
24. Sondage auprès des agent(e)s. |
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La CODP a réalisé un sondage auprès des agent(e)s en uniforme du SPT de rang inférieur à celui d’inspecteur. Le sondage a été accessible entre le 12 et le 26 octobre 2022. |
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25. Diversité des données sur l’emploi et analyses. |
Le 18 novembre 2019 et le 31 janvier 2020 |
La CODP a demandé à recevoir des données et une analyse sur la diversité de ses agent(e)s selon la race et le sexe, tous grades confondus, entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin 2017. La CODP a également demandé au SPT de produire ses données les plus récentes et les analyses correspondantes. Le SPT a fourni des renseignements pertinents. |
Le 4 février 2020 |
26. Décisions du tribunal disciplinaire du SPT et avis d’audience relatifs à la conduite des agent(e)s pour lesquels le directeur de l’UES a émis des doutes quant à la mauvaise conduite des agent(e)s dans des cas précis. |
Le 6 juin 2019 et le 28 juillet 2021 |
Le SPT a fourni des renseignements pertinents. |
Le 17 octobre 2019 et le 9 août 2021 |
27. Évaluation du Police and Community Engagement Review (PACER). |
Le 3 octobre 2019 Le 20 janvier 2021 Le 9 février 2021 |
La CODP a demandé au SPT de produire le projet de rapport incomplet sur l’évaluation du projet PACER. Le SPT a refusé de produire le rapport au motif qu’il n’est pas pertinent, car « il s’agit d’un rapport inachevé qui, dans sa forme actuelle, contient des données inexactes et est loin d’être complet » [traduction]. |
Le 22 novembre 2019 Le 2 février 2021 |
28. Analyse par le SPT des données demandées par la CODP. |
Le 3 octobre 2019 |
La CODP a demandé au SPT d’analyser les données qu’elle a réclamées, y compris les données de l’UES, les données sur le recours à la force de faible intensité, les données sur les accusations, les arrestations et les remises en liberté, ainsi que les données sur les contrôles de routine. Le SPT a refusé de fournir cette information. Il a affirmé être couvert par le privilège relatif aux litiges et que cette information n’était pas pertinente puisqu’elle aurait été récoltée après l’annonce et le lancement de l’enquête de la CODP. |
Le 22 novembre 2019 |
29. Programme de formation en cours d’emploi 2020. |
Le 10 mars 2020 |
Le SPT a fourni des renseignements pertinents. |
Le 13 juin 2020 Le 3 septembre 2020 Le 31 mars 2021 |
30. Données comparatives supplémentaires sur la race et la criminalité. |
Le 30 avril 2021 Le 27 mai 2021 Le 5 juillet 2021
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Le SPT a fourni des données pertinentes. |
Le 27 mai 2021 Le 21 juin 2021 Le 8 septembre 2021 |
31. Documents concernant les nouvelles initiatives de formation du SPT qui ont été décrits lors de la réunion de la CSPT du 11 octobre 2022. |
Le 21 octobre 2022 |
Le SPT a offert une formation pertinente. Certaines des initiatives de formation décrites lors de la réunion de la CSPT du 11 octobre 2022 étaient en cours de développement et le matériel n’était pas disponible pour la production. |
Le 16 novembre 2022 |
32. Une copie du diaporama ainsi qu’une liste des noms des personnes qui ont animé la présentation pour la CODP lors de la visite de la CODP au Collège de police de Toronto le 23 mars 2023. |
Le 17 avril 2023 |
Le SPT a fourni le diaporama et la liste des animateur(-trice)s. |
Le 21 et le 26 avril 2023 |
Politique relative à la protection des renseignements personnels et de la vie privée : Enquête sur le profilage et la discrimination raciale par le service
de police de Toronto
Le 27 novembre 2017
Sunil Gurmukh, avocat, Services juridiques et enquêtes
Commission ontarienne des droits de la personne
180, rue Dundas Ouest, 9e étage
Toronto (Ontario)M7A 2R9
Téléphone : (416) 314-4519
Courriel : sunil.gurmukh@ohrc.on.ca
[1] L.R.O. 1990, chap. F.31, par. 2(1) (LAIPVP); Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée, R.R.O. 1990, Règl. 460 : DISPOSITIONS GÉNÉRALES, par. 1(1), et numéro 110 de l’annexe (Règl. gén. de la LAIPVO).
[2] LAIPVP, voir supra, note 1, à l’article 10.1; Règl. gén. de la LAIPVP, voir supra, note 1, aux art. 3(1) et 4(3).
[3] Voir à titre d’exemple le document du commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario, Le gouvernement ouvert et la protection de la vie privée, Toronto, CIPVP, 15 mars 2017, p. 8.
Le 30 juin 2017
Tony Loparco, Directeur
Unité des enquêtes spéciales
5090, Commerce Boulevard Mississauga (Ontario), L4W 5M4
Objet : Enquête de la Commission ontarienne des droits de la personne
Monsieur,
Pendant plus d’une décennie, la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) a exprimé son inquiétude devant les actes de racisme envers les personnes noires relevés au sein du service de police de Toronto. Le fichage et d’autres pratiques ayant des répercussions disproportionnées sur la communauté noire ont miné la confiance envers les forces policières, laquelle est essentielle pour assurer un maintien de l’ordre efficace et, par le fait même, la sécurité publique.
Aux termes de l’article 31 du Code des droits de la personne de l’Ontario (le Code), la CODP a entrepris une enquête sur la possibilité que le SPT effectue du profilage racial et de la discrimination raciale à l’endroit des personnes noires, y compris sur le plan du recours à la force.
L’Unité des enquêtes spéciales (UES) possède des documents et autres objets utiles à cette enquête. Conformément aux paragraphes 31(7) et 31(8) du Code (voir l’annexe A), la CODP cherche à obtenir de l’UES les documents et autres objets relatifs à toutes les enquêtes sur des agent(e)s du SPT entreprises, complétées ou fermées par l’UES entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin 2017, ainsi qu’à toutes les enquêtes sur des agent(e)s du SPT en cours et entreprises au plus tard le 31 décembre 2016.
La CODP demande à obtenir le dossier d’enquête complet de chaque affaire examinée par l’UES qui :
Les fichiers complets et exhaustifs des enquêtes entreprises incluent, sans s’y limiter : les notes, déclarations, photographies, images, diagrammes, dossiers médicaux, bandes vidéo et audio, ainsi que tous les autres documents et objets créés ou obtenus par l’UES dans le cadre des enquêtes.
La CODP demande également que lui soit soumise toute lettre envoyée par l’UES au chef du SPT et toute lettre correspondante envoyée par le chef du SPT à l’UES, accompagnées du rapport complet et exhaustif du directeur de l’UES.
Aux termes de l’article 31 du Code (voir l’annexe A), l’UES est tenue de soumettre les documents et objets susmentionnés et de fournir toute aide qui est raisonnablement nécessaire, notamment en ce qui a trait à l’utilisation d’un dispositif ou système de stockage, de traitement ou d’extraction des données, afin de produire un document sous forme lisible.
Conformément à l’article 31 du Code et aux paragraphes 38(2), 39(1) et 42(1) de la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée, la CODP est autorisée à recevoir des renseignements personnels dans le cadre d’enquêtes.
Pour débuter le processus de transmission des documents et choses demandés et d’offre de l’aide requise à la CODP, veuillez demander à votre personnel de communiquer avec Sunil Gurmukh (avocat, Direction des services juridiques et des enquêtes ‒ Tél. : (416) 314-4519, Courriel : sunil.gurmukh@ohrc.on.ca) et Reema Khawja (avocate, Direction des services juridiques et des enquêtes ‒ Tél. : (416) 326-9870, Courriel : reema.khawja@ohrc.on.ca) au plus tard le 21 juillet 2017.
Nous serons heureux de collaborer avec vous et d’obtenir votre aide, conformément aux exigences du Code. Conformément à l’engagement de la CODP en matière de responsabilité publique et à ses obligations envers les Ontarien(ne)s, la présente lettre et votre réponse pourraient être publiées.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Renu Mandhane, B.A., J.D., LL.M.
Commissaire en chef
CC : L’hon. Yasir Naqvi, procureur général
L’hon. Marie-France Lalonde, ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels
Ari Arlani, sous-procureur général adjoint
Mark Saunders, chef du service de police de Toronto
Andrew Pringle, président de la Commission des services policiers de Toronto
Enquêtes
(1) La Commission peut mener une enquête en vertu du présent article aux fins de
l’accomplissement des fonctions que lui attribue la présente loi si elle croit qu’il est dans l’intérêt public de ce faire. 2006, chap. 30, art. 4.
Conduite de l’enquête
Présentation d’une attestation
Entrée
Heure d’entrée
Logement
Pouvoirs d’enquête
Demande écrite
Aide
Interdiction de recourir à la force
Obligation de produire des documents et d’aider
Restitution des choses enlevées
Admissibilité des copies
Entrave
Textes modificatifs — date d’entrée en vigueur (j/m/a)
2006, chap. 30, art. 4. — 30/06/2008
Mandat de perquisition
Idem
Pouvoirs
Conditions du mandat de perquisition
Heures d’exécution
Expiration du mandat
Recours à la force
Interdiction de faire entrave
Application
Le 30 juin 2017
Mark Saunders
Chef Service de police de Toronto
40, rue College
Toronto (Ontario)
M5G 2J3
Andrew Pringle Président
Commission des services policiers de Toronto
40, rue College
Toronto (Ontario) MSG 2J3
Objet : Enquête de la Commission ontarienne des droits de la personne
Messieurs,
Pendant plus d’une décennie, la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) a exprimé son inquiétude devant les actes de racisme envers les personnes noires relevés au sein du service de police de Toronto. Le fichage et d’autres pratiques ayant des répercussions disproportionnées sur la communauté noire ont miné la confiance envers les forces policières, laquelle est essentielle pour assurer un maintien de l’ordre efficace, et compromis par le fait même la sécurité publique. Nos valeurs communes de confiance et de sécurité publique dépendent de l’adoption d’une nouvelle démarche progressiste fondée sur les principes énoncés dans le Code des droits de la personne de l’Ontario (le Code) et la responsabilisation des parties en matière de discrimination raciale.
Conformément aux pouvoirs que lui confère l’article 31 du Code, la CODP a entrepris une enquête pour déterminer si le service de police de Toronto (SPT) effectue du profilage racial et de la discrimination à l’endroit des personnes noires.
Aux termes des paragraphes 31(7) et 31(8) du Code (voir l’annexe A), la CODP demande que le SPT et/oula Commission des services policiers de Toronto (CSPT) soumettent les documents et choses énumérés aux points 1 à 14 ci-après et couvrant la période allant du 1er janvier 2010 au 30 juin 2017.
La demande de la CODP porte entre autres sur les données qui pourraient avoir été versées, sans s’y limiter, aux bases de données suivantes : Criminal Injuries Processing System (CIPS) (système de traitement des blessures de nature criminelle), Field Information Report (FIR) (rapport de collecte d’informations sur le terrain), et Versadex. Les données demandées devraient être transmises via Microsoft Access et liées de la façon suivante :
La CODP demande que le SPT et/ou la CSPT soumettent les documents et choses suivants :
Conformément à l’article 31 du Code, aux paragraphes 38(2) et 39(1) de la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée et à l’article 32 de la Loi sur l’accès à l’information municipale et la protection de la vie privée, la CODP est autorisée à recevoir des renseignements personnels dans le cadre d’enquêtes. Nous collaborerons avec vous pour régler toute question relative à la transmission de renseignements personnels visés par la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.
Aux termes de l’article 31 du Code, le SPT et la CSPT sont tenus de soumettre les documents et choses susmentionnés et de fournir toute l’assistance raisonnablement nécessaire, notamment en ce qui a trait à l’utilisation d’un dispositif ou système de stockage, de traitement ou d’extraction des données, afin de produire un document sous forme lisible.
Pour débuter le processus d’aide à la transmission des documents et choses susmentionnés dans un format convenable à la CODP, veuillez demander à votre personnel de communiquer avec Sunil Gurmukh (avocat à la Direction des services juridiques et des enquêtes ‒ Tél. : (416) 314-4519, Courriel : sunil.gurmukh@ohrc.on.ca) et Reema Khawja (avocate, Direction des services juridiques et des enquêtes ‒ Tél. : (416) 326-9870, Courriel : reema.khawja@ohrc.on.ca) au plus tard le 21 juillet 2017.
Nous serons heureux de collaborer avec vous et d’obtenir votre aide conformément aux exigences du Code. Conformément à l’engagement de la CODP en matière de responsabilité publique et à ses obligations envers les Ontarien(ne)s, la présente lettre et votre réponse pourraient être rendues publiques à l’avenir.
Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Renu Mandhane, B.A., J.D., LL.M.
Commissaire en chef
CC : L’hon. Yasir Naqvi, procureur général
L’hon. Marie-France Lalonde, ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels
Ari Arlani, sous-procureur général adjoint
Tony Loparco, directeur de l’Unité des enquêtes spéciales Commissaires de la CODP
Enquêtes
Conduite de l’enquête
Attestation de nomination
Entrée
Heure d’entrée
Logement
Pouvoirs d’enquête
Demande écrite
Aide
Interdiction de recourir à la force
Obligation de produire des documents et d’aider
Restitution des choses enlevées
Admissibilité des copies
Entrave
Textes modificatifs — date d’entrée en vigueur (j/m/a)
2006, chap. 30, art. 4 - 30/06/2008
Mandat de perquisition
Idem
Pouvoirs
Conditions du mandat de perquisition
Heures d’exécution
Expiration du mandat
Recours à la force
Interdiction de faire entrave
Application
De : CCO Mail
Envoyé : À : Le 6 juillet 2017 14 h 06
Cc : mark.saunders@torontopolice.on.ca; board@tpsb.ca, yasir.naqvi@ontario.ca; marie-france.lalonde@ontario.ca; ali.arlani@ontario.ca; tony.loparco@ontario.ca; COMMISSAIRES
Objet : Enquête de la Commission ontarienne des droits de la personne
Messieurs,
La lettre de la CODP datée du 30 juin 2017 fait faussement référence au « système de traitement des blessures de nature criminelle ». Il aurait dû faire référence au « système de traitement de renseignements de nature criminelle ».
Nous nous excusons pour tout inconvénient que cela aurait pu causer. Salutations distinguées
Renu Mandhane B.A., J.D., LL.M.
Commissaire en chef
Bureau du commissaire en chef
Commission ontarienne des droits de la personne
180, rue Dundas Ouest, bureau 900
Toronto (Ontario) M7A 2R9
Téléphone : (416) 314-4536 Téléc. : (416) 314-7752
De : CCO Mail
Envoyé : 30 juin 2017 10 h
À : mark.saunders@torontopolice.on.ca; board@tpsb.ca
Cc : yasir.naqvi@ontario.ca; marie-france.lalonde@ontario.ca; ali.arlani@ontario.ca; tony.loparco@ontario.ca; COMMISSAIRES
Objet : Enquête de la Commission ontarienne des droits de la personne
Messieurs, Veuillez prendre connaissance de la lettre ci-jointe.
Salutations distinguées
Renu Mandhane B.A., J.D., LL.M.
Commissaire en chef
Bureau du commissaire en chef Commission ontarienne des droits de la personne
180, rue Dundas Ouest, bureau 900,
Toronto (Ontario) M7A 2R9
Téléphone : (416) 314-4536 Téléc. : (416) 314-7752
La Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) mène ce sondage pour appuyer son enquête d’intérêt public sur le racisme envers les personnes noires au sein du service de police de Toronto (SPT). Elle collabore avec le SPT, la Commission des services policiers de Toronto (CSPT), la Toronto Police Association (TPA) et les communautés noires pour s’assurer que ce travail débouche sur des mesures globales, positives et significatives.
Dans un esprit de coopération, le SPT, la CSPT, la TPA et la CODP ont accepté de s’impliquer davantage afin de s’assurer que le rapport inclut un large éventail de points de vue sur les services de police, la sécurité communautaire et le bien-être. La CODP croit que ce sondage offre une occasion importante d’entendre les différents points de vue des agent(e)s du SPT.
Les agent(e)s en uniforme du SPT de rang inférieur à celui d’inspecteur sont invité(e)s à répondre au sondage afin de partager leurs points de vue sur les enjeux du racisme, en particulier le racisme envers les personnes noires, tant au sein du SPT qu’en ce qui concerne les interactions avec les membres du public. Les résultats du sondage éclaireront les conclusions du rapport final de l’enquête qui doit être publié au cours de la prochaine année.
Ce sondage est confidentiel. Nous prendrons toutes les mesures raisonnables pour nous assurer que les renseignements personnels reçus sont traités de manière confidentielle et ne sont utilisés qu’aux fins prévues. Veuillez lire l’avis de collecte de renseignements à la page suivante pour plus de détails.
Il faut compter environ 15 minutes pour répondre à ce sondage. Si vous éprouvez des difficultés ou avez besoin d’aide pour répondre à ce sondage, communiquez avec la CODP par téléphone au (437) 788-7943 ou par courriel à surveys@ohrc.on.ca.
Objectif
L’objectif de la collecte de renseignements dans le cadre de ce sondage est de comprendre les points de vue des agent(e)s en uniforme du SPT de rang inférieur à celui d’inspecteur(-trice) sur les enjeux du racisme, en particulier le racisme envers les personnes noires, tant au sein de l’organisation qu’en ce qui concerne les interactions avec les membres du public, et d’en rendre compte.
Fondement législatif de la collecte de renseignements personnels
En vertu de l’article 31 du Code des droits de la personne de l’Ontario, la CODP est habilitée à recueillir des renseignements dans le cadre d’une enquête d’intérêt public. Cette collecte s’inscrit également dans la logique du paragraphe 38(2) de la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée (LAIPVP).
Restrictions en matière d’exploitation et de divulgation de renseignements personnels
La CODP mesure qu’il est important de protéger les renseignements personnels, de préserver la dignité humaine et de s’assurer la confiance et la considération du public. Nous prendrons toutes les mesures raisonnables requises pour préserver la confidentialité lors du traitement des renseignements personnels reçus, et pour veiller à ce que l’exploitation de ces renseignements serve aux seules fins prévues lors de leur collecte. Nous adopterons toutes les mesures raisonnables requises pour empêcher toute consultation, exploitation ou divulgation non autorisée de vos renseignements personnels, ainsi que l’exige la LAIPVP. Pour en savoir plus, consultez notre Politique relative à la protection des renseignements personnels et de la vie privée.
Analyse et transmission de données
La CODP publiera un rapport pour exposer la procédure et les conclusions de l’enquête et présenter des recommandations concernant les mesures à prendre. Les données et les renseignements recueillis grâce à ce sondage, y compris le taux de réponse, seront anonymisés et/ou compilés par agrégation. Aucun renseignement personnel ne sera divulgué sans le consentement préalable et éclairé de la personne concernée.
Calendrier de conservation des données
Aux termes du paragraphe 5(1) du Règlement 460 pris en application de la LAIPVP, la CODP est tenue de conserver les renseignements personnels pendant au moins un an après leur utilisation, sauf si la personne concernée par ces renseignements consent à leur suppression avant la fin du délai imparti. La CODP détruira tous les duplicata des ensembles de données contenant des renseignements personnels dans les meilleurs délais possibles, dès lors que ces renseignements ne seront plus nécessaires.
Les questions sur les renseignements recueillis par la CODP dans le cadre de ce sondage peuvent être transmises par téléphone au (437) 788-7943 ou par courriel à surveys@ohrc.on.ca.
Toutes les demandes demeureront strictement confidentielles.
Nous avons besoin de votre consentement explicite pour collecter les informations de ce sondage dans le but décrit ci-dessus.
Pour participer au sondage, vous devez fournir votre prénom et nom ou numéro d’insigne. Les renseignements demeureront confidentiels :
Merci d’avoir accepté de répondre à ce sondage.
Nous commencerons ce sondage par quelques questions sur votre statut professionnel.
Ce sondage ne concerne que les agent(e)s en uniforme de rang inférieur à celui d’inspecteur du SPT.
Êtes-vous actuellement un(e) agent(e) en uniforme au sein du service de police de Toronto?
Quel est votre rang actuel?
Depuis combien de temps travaillez-vous en tant qu’agent(e) en uniforme au sein du service de police de Toronto ou d’autres services de police?
Le racisme et ses répercussions néfastes sont systémiques et omniprésents dans toutes les institutions sociales de l’Ontario, y compris dans le système scolaire, le bien-être de l’enfance, les soins de santé, les services correctionnels et les services de police.
Nous aimerions vous interroger plus particulièrement sur le racisme systémique envers les personnes noires au sein du SPT.
Pour chacun des énoncés suivants, veuillez indiquer si vous êtes : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt en désaccord, fortement en désaccord ou ne savez pas.
Il existe un racisme systémique envers les personnes noires au sein du SPT :
Dans les services de police fournis par le SPT.
En emploi.
Je suis satisfait(e) des efforts déployés par le SPT et la CSPT lorsqu’il est question de lutter contre le racisme envers les personnes noires :
Dans les services de police fournis par le SPT.
En emploi.
Le SPT fournit de la formation, des orientations stratégiques et des outils en matière de racisme envers les personnes noires qui guident la façon dont je m’acquitte de mes fonctions.
Commentaires (facultatif) :
Les agent(e)s du SPT qui se livrent au racisme envers les personnes noires sont tenu(e)s responsables de leurs actes, et ce, quel que soit leur rang :
Dans les services de police fournis par le SPT.
En emploi.
Commentaires (facultatif) :
Je me sens à l’aise de parler de racisme envers les personnes noires ou de soulever des questions à ce sujet :
Dans les services de police fournis par le SPT.
En emploi.
Commentaires (facultatif) :
La partie suivante de l’enquête vous demande votre avis sur la relation entre les communautés noires et le SPT, ainsi que sur ce qu’il faudrait faire, le cas échéant, pour lutter contre le racisme envers les personnes noires.
Les membres des communautés noires ont exprimé à maintes reprises leurs préoccupations au sujet de leurs interactions avec la police de Toronto. Ils (elles) ont également déclaré qu’il existe un manque de confiance entre les communautés noires et le SPT. Ces préoccupations ont été soulignées dans de nombreux rapports, y compris celui de la CSPT, intitulé « Police Reform in Toronto: Systemic Racism, Alternative Community Safety and Crisis Response Models and Building New Confidence in Public Safety » (voir, par exemple, la page 84).
Pourquoi pensez-vous que certain(e)s membres de la communauté noire se sentent ainsi?
Que proposeriez-vous, le cas échéant, pour améliorer la relation entre les communautés noires et le SPT?
Le racisme systémique survient lorsque les institutions ou les systèmes créent ou maintiennent une iniquité raciale, souvent en conséquence de préjugés institutionnels dissimulés dans les politiques, les pratiques et les procédures qui favorisent certains groupes et en désavantagent d’autres. Cela pourrait se produire, par exemple, par l’entremise de contrôles routiers, d’interpellations de piéton(ne)s, d’arrestations, d’accusations, du recours à la force, etc.
Existe-t-il des pratiques, des procédures ou des politiques du SPT qui entraînent, favorisent ou accentuent l’inégalité, en particulier l’inégalité pour les membres des communautés noires? Si oui, de quelle manière un tel racisme systémique se manifeste-t-il? Veuillez expliquer.
Voulez-vous ajouter quelque chose?
Nous n’avons que trois questions démographiques à vous poser. Ces questions sont facultatives et aideront la CODP à comprendre la diversité et les défis uniques des personnes qui répondent au sondage.
Le sondage est confidentiel et les réponses à ces questions ne vous seront en aucun cas attribuées.
Quel âge avez-vous?
À quel genre vous identifiez-vous?
À quel groupe racial vous identifiez-vous?
Enfin, acceptez-vous qu’un(e) membre du personnel de la CODP vous contacte en cas de questions de suivi concernant les informations que vous avez fournies, ou pour en savoir plus sur vos expériences?
À titre de rappel, ce sondage et tout suivi de la part de la CODP sont confidentiels. La divulgation de vos coordonnées est volontaire.
Nous vous remercions du temps que vous avez consacré à ce sondage. Vos réponses ont été enregistrées.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur l’enquête publique de la CODP sur le racisme envers les personnes noires par le service de police de Toronto, veuillez visiter le site Web de la CODP.
Résultats du sondage auprès des agent(e)s du SPT
Les résultats quantifiables du sondage auprès des agent(e)s du SPT sont présentés ci-dessous[i].
Il existe un racisme systémique envers les personnes noires au sein du SPT : |
Tout à fait d’accord |
Plutôt d’accord |
Plutôt en désaccord |
Fortement en désaccord |
Je ne sais pas |
Dans les services de police fournis par le SPT |
4 % |
22 % |
12 % |
0 % |
62 % |
En emploi |
5 % |
16 % |
12 % |
0 % |
66 % |
Je suis satisfait(e) des efforts déployés par le SPT et la CSPT lorsqu’il est question de lutter contre le racisme envers les personnes noires : |
Tout à fait d’accord |
Plutôt d’accord |
Plutôt en désaccord |
Fortement en désaccord |
Je ne sais pas |
Dans les services de police fournis par le SPT |
53 % |
24 % |
11 % |
7 % |
5 % |
En emploi |
46 % |
24 % |
7 % |
12 % |
12 % |
Le SPT fournit de la formation, des orientations stratégiques et des outils en matière de racisme envers les personnes noires qui guident la façon dont je m’acquitte de mes fonctions. |
Tout à fait d’accord |
Plutôt d’accord |
Plutôt en désaccord |
Fortement en désaccord |
Je ne sais pas |
52 % |
27 % |
12 % |
8 % |
1 % |
Les agent(e)s du SPT qui se livrent au racisme envers les personnes noires sont tenu(e)s responsables de leurs actes, et ce, quel que soit leur rang : |
Tout à fait d’accord |
Plutôt d’accord |
Plutôt en désaccord |
Fortement en désaccord |
Je ne sais pas |
Dans les services de police fournis par le SPT |
41 % |
26 % |
6 % |
11 % |
17 % |
En emploi |
38 % |
20 % |
6 % |
12 % |
24 % |
Je me sens à l’aise de parler de racisme envers les personnes noires ou de soulever des questions à ce sujet : |
Tout à fait d’accord |
Plutôt d’accord |
Plutôt en désaccord |
Fortement en désaccord |
Je ne sais pas |
Dans les services de police fournis par le SPT |
54 % |
20 % |
10 % |
11 % |
5 % |
En emploi |
48 % |
18 % |
7 % |
10 % |
19 % |
Résumé des réponses qualitatives
En plus de noter leur accord avec les énoncés ci-dessus, les agent(e)s ont été invité(e)s à répondre aux questions suivantes :
Dans leurs réponses à ces questions, la majorité des personnes interrogées ont indiqué qu’elles ne croyaient pas à l’existence d’une discrimination raciale dans les pratiques du SPT ou n’estimaient pas que les pratiques du SPT devaient être modifiées. Certaines personnes interrogées ont suggéré que les disparités raciales résultaient de la composition des quartiers à faibles revenus, qui font l’objet d’une surveillance disproportionnée de la part de la police en raison de leur taux élevé de criminalité de rue, entraînant ainsi la méfiance des membres des communautés noires à l’égard du SPT.
Une personne interrogée a indiqué que les agent(e)s sont formé(e)s pour maintenir une position d’autorité lors des interactions avec le public pour leur propre sécurité, ce qui contribue probablement aux expériences négatives du public. Certain(e)s agent(e)s ont reconnu que les incidents et pratiques antérieures, tels que le fichage, ont eu un impact disproportionné sur les communautés noires et ont probablement miné la confiance de celles-ci à l’égard du SPT. Certain(e)s agent(e)s ont recommandé de rendre publiques les données relatives aux services dans un souci de transparence, et de communiquer davantage avec les communautés noires pour discuter des moyens de remédier à la méfiance qu’elles entretiennent.
Certaines personnes interrogées ont affirmé qu’il existait une discrimination raciale en matière d’emploi au sein du SPT et qu’elles s’attendaient à subir des représailles pour avoir signalé des problèmes sur le lieu de travail. Les agent(e)s s’identifiant comme des personnes noires ont exprimé des inquiétudes quant à l’équité en matière de possibilités de promotion.
Données démographiques
Quel est votre rang actuel?
Cadet(te) en forma-tion |
Constable de 4e classe |
Constable de 3e classe |
Constable de 2e classe |
Constable de 1re classe |
Sergent(e) ou détective |
Sergent(e) d’état-major ou sergent(e)-détective |
Je préfère ne pas répondre |
0 % |
1 % |
2 % |
3 % |
50 % |
29 % |
12 % |
4 % |
Depuis combien de temps travaillez-vous en tant qu’agent(e) en uniforme au sein du service de police de Toronto ou d’autres services de police?
De 0 à 3 ans |
De 4 à 7 ans |
De 8 à 12 ans |
De 13 à 20 ans |
21 ans ou plus |
Je préfère ne pas répondre |
5 % |
4 % |
4 % |
35 % |
49 % |
2 % |
À quel genre vous identifiez-vous?
Femme |
Homme |
Femme trans |
Homme trans |
Non binaire |
Autre |
Je préfère ne pas répondre |
Aucune réponse |
12 % |
80 % |
0 % |
0 % |
0 % |
0 % |
8 % |
1 % |
À quel groupe racial vous identifiez-vous?
Personnes noires |
Personnes originaires de l’Asie de l’Est |
Personnes originaires de l’Asie du Sud-Est |
Personnes autochtones |
Personnes latinophones |
Personnes originaires du Moyen-Orient |
8 % |
3 % |
3 % |
2 % |
0 % |
1 % |
Personnes originaires de l’Asie du Sud |
Personnes blanches |
Autre groupe racialisé |
Je préfère ne pas répondre |
Aucune réponse |
5 % |
54 % |
6 % |
18 % |
1 % |
Autres identités raciales : identité mixte, personne d’origine russe, personne immigrée de race blanche
L’âge moyen déclaré par les personnes interrogées était de 46 ans
[i] Les pourcentages peuvent ne pas totaliser 100 % en raison de l’arrondissement.
ACCP |
Association canadienne des chefs de police |
ACLU |
American Civil Liberties Association |
ACPO |
Association des chefs de police de l’Ontario |
AI |
Armes à impulsions |
ARAP |
Groupe consultatif sur la lutte contre le racisme (CSPT) |
BDIEP |
Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police |
BISN |
Black Internal Support Network (SPT) |
BLAC |
Black Legal Action Centre |
BPD |
Baltimore Police Department |
CABL |
Canadian Association of Black Lawyers |
CABR |
Unité Confronting Anti-Black Racism |
Cadre |
Cadre pour un changement destiné à lutter contre le racisme systémique dans les services policiers |
CC |
Caméras corporelles |
CCDP |
9-1-1 Crisis Call Diversion Pilot (projet pilote de déjudiciarisation des appels d’urgence au 9-1-1) |
CCSSP |
Community Crisis Support Service Pilot program (programme pilote de services de soutien communautaire en situation de crise) |
Charte |
Charte canadienne des droits et libertés |
Charte de projet |
Charte du Projet des droits de la personne (CODP, CSPT, SPT) |
CIPVP |
Commissaire à l’information et à la protection de la vie privée |
CIPVP |
Commissaire à l’information et à la protection de la vie privée |
Code |
Code des droits de la personne de l’Ontario |
CODP |
Commission ontarienne des droits de la personne |
Commission |
Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale de l’Ontario |
CPE |
Center for Policing Equity |
CSPT |
Commission de services policiers de Toronto |
DUC |
Déclaration uniforme de la criminalité |
EIHR |
Equity, Inclusion and Human Rights Unit (unité d’équité, d’inclusion et des droits de la personne) |
EMIC |
Équipe(s) mobile(s) d’intervention en cas de crise |
ENE |
Expérience négative dans l’enfance |
Enquête |
Enquête sur le profilage racial et la discrimination à l’endroit des personnes noires au sein du service de police de Toronto (CODP) |
IA |
Intelligence artificielle |
ICAJ |
Infraction contre l’administration de la justice |
IDI |
Inventaire du développement interculturel |
IQF |
Interpellation, questionnement et fouille |
LRCDAS |
Loi réglementant certaines drogues et autres substances |
LSP |
Loi sur les services policiers |
MHAAC |
Comité consultatif sur la santé mentale et les toxicomanies |
MHAAP |
Groupe consultatif sur la santé mentale et les toxicomanies |
MJ |
Ministère de la Justice |
MSCSC |
Ministère de la Sécurité Communautaire et des Services correctionnels |
Normes relatives aux données sur la lutte contre le racisme |
Normes relatives aux données en vue de repérer et de surveiller le racisme systémique |
PFECE |
Programme de formation en cours d’emploi |
Politique sur la CDRR |
Politique sur la collecte, l’analyse et la rédaction de rapports publics sur les données relatives à la race |
Procédure |
Procédure sur la fouille des personnes |
Procédure 15-01 du SPT |
Réponse aux incidents (recours à la force et désescalade) |
Procédure 15-20 |
Caméras corporelles (SPT) |
Projet de loi C-5 |
Loi modifiant le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances |
Projet de loi C-75 |
Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d’autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois |
Rapport CAPP |
Community-Based Assessment of Police Practices Contact Carding in 31 Division Report (rapport sur l’évaluation communautaire des pratiques policières de fichage dans la division 31) (Rapport CAPP) |
Rapport complémentaire |
Analyse comparative supplémentaire des données relatives au recours à la force et aux accusations transmises par le SPT (CODP) |
Rapport IQF |
Le profilage racial et le service de police de Toronto : Preuves, conséquences et options stratégiques |
Rapport PACER |
Police and Community Engagement Review (le rapport PACER) |
Rapport sur la réforme de la police |
Rapport sur la réforme de la police à Toronto destiné à lutter contre le racisme systémique, à établir d’autres modèles de sécurité communautaire et d’intervention |
RB |
Rapport sur les blessures |
RC |
Rapport de cotes |
Règl. de l’Ont. 58/16 |
Règlement de l’Ontario 58/16 : Collecte de renseignements identificatoires dans certaines circonstances – Interdiction et obligations |
Réponse aux incidents |
Procédure 15-01 du SPT sur la réponse aux incidents (impliquant un recours à la force ou une désescalade) |
RGI |
Rapport général d’incident |
RIPD |
Racial and Identity Policing Board (Californie) |
RIRP |
Regulated Interactions Review Panel (comité d’examen des interactions réglementées) |
RRF |
Rapport sur le recours à la force |
SIP |
Système d’intervention précoce |
SPT |
Service de police de Toronto |
TCD |
Traitement communautaire dynamique |
TDPO |
Tribunal des droits de la personne de l’Ontario |
TPA |
Toronto Police Association |
TPC |
Toronto Police College |
UES |
Unité des enquêtes spéciales de l’Ontario |