Profil de la commissaire Brian Eyolfson

Brian Eyolfson: Nous devons prêter une oreille attentive aux expériences vécues par les peuples autochtones


En 2016, Brian Eyolfson a été nommé commissaire de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. « Lors de cette enquête nationale, mon travail consistait à exécuter les missions d’un mandat très large en plaçant les membres des familles et les survivantes des violences au cœur du processus, et en privilégiant une approche informée des traumatismes vécus, décolonisatrice et inclusive », déclare Brian Eyolfson, membre bispirituel de la Première Nation de Couchiching sur un territoire visé par le Traité no 3. 

« Je me suis senti privilégié d’y participer et d’être le témoin du courage, de la force et de la résilience de tant de membres de familles et de survivantes des violences, qui ont livré leurs vérités propres non seulement aux commissaires de l’enquête nationale, mais également à tous les Canadiens et Canadiennes, lors d’audiences publiques. » Brian Eyolfson a été profondément marqué par les histoires et le récit des expériences de ces femmes. Cela a renforcé sa compréhension des nombreux facteurs systémiques qui continuent d’affecter la vie des personnes autochtones, et rendent vulnérables les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA autochtones.

« Il y a des mesures qui peuvent être prises pour changer cet état de fait, explique-t-il. L’éducation et la sensibilisation sont fondamentales. Et nous avons aussi besoin de volonté politique et que chaque membre de la société agisse à son niveau. »

Le rapport final 2019 de cette enquête a rendu des conclusions générales faisant état de violence coloniale, d’infractions aux droits de la personne, de racisme, et plus particulièrement, de génocide. « Nous avons aussi abouti à la nécessité de changer de modèle afin d’éliminer le colonialisme qui imprègne la société canadienne, et ce, à tous les niveaux des institutions fédérales et publiques. Il faut en finir avec les idéologies et les instruments, passés et actuels, du colonialisme, du racisme et de la misogynie », affirme Brian Eyolfson.

M. Eyolfson a grandi à Fort Frances dans le nord-ouest de l’Ontario. Il a obtenu un baccalauréat ès sciences en psychologie et a travaillé bénévolement pour des organismes engagés dans le traitement des problèmes de santé mentale. À la même époque, les dispositions relatives à l’égalité des droits de la Charte canadienne des droits et libertés entraient en vigueur. Parallèlement, celles de la Loi sur les Indiens qui privaient de leur statut les femmes indiennes mariées à des hommes non inscrits étaient modifiées. Brian Eyolfson a alors commencé à penser davantage aux répercussions du colonialisme sur sa propre communauté.

« J’ai constaté que la discrimination sexuelle directe et la discrimination sexuelle intergénérationnelle ont déconnecté de nombreuses personnes de leur communauté. J’ai également beaucoup réfléchi aux conséquences des pensionnats indiens sur les familles et les communautés autochtones, car mes grands-parents maternels ont été placés dans ces établissements. »

Son intérêt pour les droits de la personne et les droits des Autochtones a conduit Brian Eyolfson à devenir avocat, et il dispense actuellement le fruit de plus de deux décennies d’expertise en matière juridique auprès de la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP). Il est spécialisé dans le règlement extrajudiciaire des différends et fournit des services d’enquête indépendante, de médiation et d’arbitrage, principalement dans le domaine des droits de la personne.

M. Eyolfson voit dans les enquêtes publiques un moyen efficace de rassembler des preuves, de résoudre des problèmes et d’introduire des changements positifs. Fort de ses expériences en tant que commissaire de l’enquête nationale, ainsi que dans le domaine de la réconciliation avec les Autochtones, M. Eyolfson est convaincu que les personnes disposant d’expérience vécue possèdent une véritable expertise et que leur parole doit être entendue.

D’après lui, « les enquêtes publiques peuvent jouer un rôle pédagogique, sensibiliser et mettre en avant des questions importantes ». « Pour la CODP, les enquêtes publiques représentent un moyen efficace de rassembler les preuves et les renseignements nécessaires afin de formuler des recommandations dans le but de créer un changement positif dans le domaine des droits de la personne, par exemple pour améliorer les politiques et les pratiques visant à prévenir et à éliminer la discrimination, à favoriser l’équité et à résoudre des situations de conflit. »

M. Eyolfson est également très au fait des enjeux qui touchent les différentes communautés de l’Ontario, notamment les peuples et les communautés autochtones. En tant que co-président du Groupe consultatif pour la réconciliation avec les Autochtones de la CODP, il collabore activement avec les peuples et les communautés autochtones pour promouvoir la réconciliation et l’égalité réelle.

« Je pense qu’il est important que des peuples autochtones guident ou mènent la discussion sur la réconciliation, ajoute M. Eyolfson. La Commission doit écouter pour pouvoir tisser des liens… il est nécessaire de prêter une oreille attentive à l’expérience vécue des peuples autochtones et aux solutions qu’ils pourraient apporter. Il s’agit de mettre leur parole au cœur du processus et de travailler à leurs côtés de manière respectueuse. »

Auparavant, Brian Eyolfson a rempli les fonctions de sous-directeur intérimaire de la Direction des services juridiques au ministère des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation de l’Ontario. De 2007 à 2016, il occupait le poste de vice-président à temps plein du Tribunal des droits de la personne de l’Ontario, où il a siégé comme arbitre et médiateur dans de nombreuses requêtes en matière de droits de la personne. Par ailleurs, Brian Eyolfson a été avocat interne principal des Aboriginal Legal Services of Toronto, où il exerçait dans le domaine des droits de la personne, du droit relatif aux Autochtones et du droit administratif. Il a représenté les Aboriginal Legal Services of Toronto dans le cadre de la Commission d’enquête sur Ipperwash. Brian Eyolfson a aussi travaillé comme avocat à la CODP.

Au cours de sa carrière, Brian Eyolfson s’est efforcé d’inclure les expériences vécues dans les travaux sur les droits de la personne. Son positionnement et ses expériences personnelles et singulières représentent des atouts inestimables dans le cadre de son rôle de commissaire de la CODP.