Annexe B : Glossaire des termes associés à l’identité sexuelle et à l’expression de l’identité sexuelle

Les mots qu’utilisent les gens pour se définir et définir les autres sont très importants. L’utilisation de termes appropriés peut servir à affirmer l’identité et à contester les attitudes discriminatoires. L’utilisation de termes non appropriés peut miner les capacités, rabaisser et renforcer l’exclusion. Les termes et explications qui suivent sont jugés à jour et appropriés au moment de mettre sous presse, mais leur sens et usage peuvent évoluer au fil du temps. Généralement, en cas de doute, l’approche la plus respectueuse consiste à demander à la personne visée comment elle s’auto-identifie.

Sexe : Classification des individus selon les catégories « femmes », « hommes » et « personnes intersexuées ». Le sexe est habituellement assigné à la naissance après évaluation de l’appareil génital, des hormones, des chromosomes et d’autres caractéristiques physiques.

Emprunté de l’anglais, le terme « genre » est utilisé par certains en français pour établir une distinction entre la composante physique de la notion de « sexe » et sa composante sociale ou « sexospécifique », c’est-à-dire ce que signifie le fait d’être homme ou femme au sein de la société[176]. Cela inclut les attentes et stéréotypes à propos des comportements, actions et rôles liés au fait d’être un « homme » ou une « femme ». Les normes sociales sexospécifiques peuvent varier selon la culture et évoluer au fil du temps[177].

Classification binaire hommes/femmes : Système social reposant sur l’idée que les individus appartiennent soit au sexe masculin, soit au sexe féminin, conformément à leur sexe assigné à la naissance. Le système de classification binaire hommes/femmes ne laisse aucune place à l’interprétation ou au positionnement ou mouvement de l’individu entre les sexes. Aux yeux de nombreuses personnes qui considèrent que leur sexe physique (assigné à la naissance) ne correspond pas au sexe auquel elles s’identifient, ou que ce dernier est fluide et non fixe, ce système est rigide et restrictif[178].

Normes sexospécifiques : La classification binaire hommes/femmes exerce une influence sur ce que la société juge « normal » ou acceptable sur le plan du comportement, du code vestimentaire, de l’apparence et des rôles des femmes et des hommes. Les normes sexospécifiques exercent un pouvoir dominant dans la vie de tous les jours. La force, l’action et la dominance sont perçues de façon stéréotypée comme des traits « masculins », tandis que la vulnérabilité, la passivité et la réceptivité sont perçues de façon stéréotypée comme des traits « féminins ». Une femme qui adopte des traits « masculins » peut être qualifiée de façon stéréotypée de trop « agressive », tandis qu’un homme qui adopte des traits « féminins » peut se voir traité de « faible ». Les normes sexospécifiques peuvent contribuer aux déséquilibres de pouvoir et inégalités entre les sexes qui ont cours à la maison, au travail et au sein de la collectivité[179].

Identité sexuelle (ou identité de genre) : Expérience intime et personnelle de son sexe, telle que vécue par chacun. Elle a trait au fait de se sentir femme, homme, les deux, aucun ou autrement, selon où l’on se positionne sur le continuum de l’identité sexuelle. L’identité sexuelle d’une personne peut correspondre ou non au sexe qui lui a été assigné à la naissance.

Dans la plupart des cas, le sexe physique de la personne et son identité sexuelle correspondent. Chez certaines personnes, cependant, ce n’est pas le cas. Une personne peut être née homme mais se définir comme une femme, ou être née femme mais se définir comme un homme. D’autres peuvent se positionner à l’extérieur de ces deux catégories ou ressentir une identité sexuelle fluide qui se meut à différents moments de la vie.

En français, le terme « identité de genre » tend à s’installer en remplacement du terme « identité sexuelle ». La présente politique utilise le terme « identité sexuelle » étant donné qu’il s’agit du terme figurant dans le Code des droits de la personne de l’Ontario. La CODP reconnaît toutefois la valeur synonymique du terme « identité de genre ».

Expression de l’identité sexuelle (ou expression de genre) : Manière dont une personne exprime ou présente ouvertement son sexe. Cela peut inclure ses comportements et son apparence, comme ses choix vestimentaires, sa coiffure, le port de maquillage, son langage corporel et sa voix. De plus, l’expression de l’identité sexuelle inclut couramment le choix d’un nom et d’un pronom pour se définir. Ces attributs déterminent comment l’identité sexuelle sera perçue par autrui.

Toutes les personnes, quelle que soit leur identité sexuelle, ont une expression de l’identité sexuelle pouvant prendre une variété de formes. Chez les personnes trans, le choix d’un nom et d’un pronom adaptés et l’apparence vestimentaire sont des façons courantes d’exprimer son identité sexuelle. Certaines personnes trans prennent aussi des moyens médicaux pour assurer la correspondance entre leur corps et leur identité sexuelle.

En français, le terme « expression de genre » tend à s’installer en remplacement du terme « expression de l’identité sexuelle ». La présente politique utilise le terme « expression de l’identité sexuelle » étant donné qu’il s’agit du terme figurant dans le Code des droits de la personne de l’Ontario. La CODP reconnaît toutefois la valeur synonymique du terme « expression de genre ».

Transtransgenre : Termes génériques regroupant des personnes à identités sexuelles et expressions de l’identité sexuelle variées qui s’écartent des idées stéréotypées de ce que signifie être une fille/femme ou un garçon/homme au sein de la société. Le terme « trans » peut signifier « aller au-delà » des catégories hommes/femmes, passer d’une catégorie à l’autre ou se situer en quelque part entre les deux. Il inclut sans s’y limiter les personnes qui se définissent comme des personnes transgenres ou transsexuelles, des travestis, ou des personnes non conformistes (queer ou hors norme) sur le plan du sexe.

Le terme « trans » s’applique aux personnes dont l’identité sexuelle diffère du sexe leur ayant été assigné à la naissance. Les personnes trans peuvent ou non suivre un traitement médical comme l’hormonothérapie ou une variété d’autres interventions chirurgicales pour que leur corps corresponde à leur identité sexuelle ressentie.

Certaines personnes qui ont effectué la transition d’un sexe à l’autre se définissent simplement en tant que femmes ou qu’hommes. D’autres se qualifient aussi de trans, c’est-à-dire d’hommes trans ou de femmes trans. Certaines personnes pourraient aussi se qualifier de trans sans utiliser les termes « femme » ou « homme ». D’autres pourraient considérer qu’elles existent en quelque part entre l’identité de femme et l’identité d’homme, au-delà de notre conception binaire du sexe.

Les personnes trans peuvent définir leur identité sexuelle de nombreuses façons. Il n’existe pas d’expérience définitive ou universelle de la réalité trans. Par conséquent, différentes personnes trans font face à différentes formes de discrimination au sein de la société, ce qui peut avoir trait au fait qu’elles se définissent comme un homme, une femme, une personne ayant des antécédents trans, une personne en période de transition, un homme trans, une femme trans, ou encore une personne transsexuelle ou non conformiste sur le plan du sexe.

Personne non conformiste, queer ou hors norme sur le plan du sexe[180] : Personne qui ne suit pas les stéréotypes sexospécifiques correspondant au sexe lui ayant été assigné à la naissance. Ces personnes peuvent se définir comme des « hommes féminins », des « femmes masculines », ou des « personnes androgynes » se situant à l’extérieur des catégories d’« homme/garçon » ou de « femme/fille », ou exprimer ainsi leur identité sexuelle. Les personnes non conformes sur le plan du sexe peuvent ou non se définir comme des personnes trans.

Homme/femme trans : Une personne qui se définit comme un homme mais dont le sexe assigné à la naissance est « féminin » peut aussi se définir comme un homme trans (femme à homme). Une personne qui se définit comme une femme mais dont le sexe assigné à la naissance est « masculin » peut aussi se définir comme une femme trans (homme à femme).

Transsexuel : Personne dont l’identité sexuelle ne correspond pas au sexe lui ayant été assigné à la naissance. Les transsexuels peuvent ou non suivre un traitement médical pour que leur corps corresponde à leur identité sexuelle, comme une hormonothérapie, une inversion sexuelle chirurgicale ou d’autres interventions. Ces personnes peuvent aussi apporter d’autres modifications pour faire en sorte que leurs caractéristiques extérieures et leur apparence concordent avec leur identité sexuelle.

Transition : Terme faisant référence à une variété d’activités que peuvent entreprendre certaines personnes trans afin d’affirmer leur identité sexuelle. Ces activités peuvent inclure la modification de leur nom, de la désignation de leur sexe et de leurs habitudes vestimentaires, l’usage de pronoms spécifiques et l’obtention de traitements médicaux comme l’hormonothérapie, l’inversion sexuelle chirurgicale ou d’autres interventions. Il n’existe pas de liste de vérification de la transition, de durée moyenne du processus de transition ou de visée ou objectif universel. Chaque personne détermine ce qui correspond à ses besoins.

Intersexué : Terme utilisé pour décrire une personne qui possédait à la naissance un appareil génital, des chromosomes et (ou) des hormones n’étant pas facilement associables au sexe féminin ou masculin. Cela peut inclure une femme possédant des chromosomes XY ou un homme possédant des ovaires au lieu de testicules. Des caractéristiques intersexuées sont présentes dans une naissance sur 1 500. En règle générale, les personnes intersexuées se font assigner le sexe masculin ou le sexe féminin à la naissance. Certaines personnes intersexuées s’identifient au sexe leur ayant été assigné, et d’autres non. Certaines personnes choisissent de se définir en tant que personne intersexuée. Les personnes intersexuées ne se qualifient habituellement pas de personnes transgenres ou transsexuelles[181].

Le terme « identité sexuelle vécue » fait référence à l’identité sexuelle (le long du continuum du sexe) que la personne ressent intérieurement et exprime publiquement (« expression de l’identité sexuelle ») dans sa vie quotidienne, y compris au travail ou au moment de se procurer des biens et services, dans le contexte du logement et au sein de la collectivité.

Travesti : Personne qui, pour des raisons variées, porte des vêtements atypiques pour une personne de son sexe. Ces personnes peuvent se définir ou non comme des travestis. Le terme « travesti » fait habituellement référence à des hommes hétérosexuels qui ont souvent une préférence marquée pour les vêtements portés par des femmes.

« Orientation sexuelle » et « identité sexuelle » font référence à des notions distinctes : L’orientation sexuelle décrit l’orientation de la sexualité de la personne, selon qu’elle est gaie, lesbienne, bisexuelle ou hétérosexuelle[182]. L’identité sexuelle d’une personne n’a aucun rapport avec l’orientation sexuelle, dont elle est fondamentalement différente. Le fait qu’une personne se définisse en tant que « personne trans » ne prédit ou ne révèle pas son orientation sexuelle. Tout comme les personnes qui ne se qualifient pas de « trans », les personnes trans peuvent se définir comme étant gaies, lesbiennes, queer, hétérosexuelles ou bisexuelles.

Bispirituel : Terme utilisé par les peuples autochtones pour décrire du point de vue culturel les personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles, trans ou intersexuées. On l’utilise pour rendre un concept présent dans bien des langues et cultures autochtones. Pour certains, le terme « bispirituel » décrit un rôle sociétal et spirituel, comme celui de médiateur ou de gardien de certaines cérémonies, qu’exerçaient au sein de sociétés traditionnelles certaines personnes qui transcendaient les rôles masculin et féminin acceptés pour créer un troisième sexe situé entre les deux[183].

Cissexuel et cisnormativité : La plupart des personnes sont « cissexuelles » (non trans). Autrement dit, leur identité sexuelle se conforme ou « correspond » au sexe qui leur a été assigné à la naissance. La « cisnormativité » (« cis » signifie « le même que ») fait référence à la supposition répandue selon laquelle nous sommes tous cissexuels et nous acceptons tous qu’il s’agit de la « norme ». Ce terme est utilisé pour décrire les préjugés à l’égard des personnes trans qui sont moins manifestes ou directs mais davantage répandus ou systémiques au sein de la société et de ses organisations et institutions. Cette forme de préjugés systémiques peut même être véhiculée de façon non intentionnelle, à l’insu des personnes ou organisations qui en sont responsables.

Transphobie : Aversion, crainte ou haine irrationnelle à l’égard des personnes et communautés trans. Il s’agit d’un préjugé qui, comme tous les autres, est fondé sur des stéréotypes et des idées fausses que l’on utilise ensuite pour justifier la haine, la discrimination, le harcèlement et la violence à l’endroit des personnes trans.


 

[176] Il existe de nombreuses théories médicales et sociales sur ce qui relèverait du « sexe » et ce qui relèverait du « genre ». Aucun consensus n’a pu être établi relativement à la délimitation de ces notions, et aucune définition définitive de ces termes n’a été adoptée. Voir Australian Human Rights Commission. Sex Files, 2009, en ligne à l’adresse : Australian Human Rights Commission www.humanrights.gov.au/sex-files-sex-gender-diversity-project-2008.

[177] Voir l’Organisation mondiale de la Santé. Thèmes de santé : Sexospécificité, en ligne à l’adresse : Organisation mondiale de la Santé http://www.who.int/topics/gender/fr/ (page consultée le 19 février 2014). Voir aussi Anne Enke, Transfeminist Perspectives in and beyond Transgender and Gender Studies, Philadelphie, Temple University Press, 2012.

[178] N. Teich. Transgender 101: A Simple Guide to a Complex Issue, New York, Columbia University Press, 2012, p. 5.

[179] MenEngage. Engaging Men, Changing Gender Norms: Directions for Gender-Transformative Action, 2012, en ligne à l’adresse : MenEngage Alliance www.unfpa.org/webdav/site/global/shared/documents/publications/2014/Advo....

[180] Personnes queer sur le plan du sexe : « Les personnes qui, sur le plan du sexe, se positionnent à l’extérieur des catégories traditionnelles et pourraient ne pas se qualifier d’hommes ou de femmes trans. Certaines personnes queer sur le plan du sexe font appel aux options médicales de transition, tandis que d’autres ne le font pas. » Pynesupra note 34, au par. 9.

[181] Santé arc-en-ciel Ontario. RHO Fact Sheet: Intersex Health, en ligne à l’adresse : Santé arc-en-ciel Ontario www.rainbowhealthontario.ca/admin/contentEngine/contentDocuments/Interse...

[182] L’orientation sexuelle est aussi un motif protégé aux sens du Code.

[183] 2-Spirited People of the 1st Nations. Our Relatives Said: A Wise Practices Guide, 2008, en ligne à l’adresse : 2-Spirited People of the 1st Nations, www.2spirits.com.